Texte intégral
Majesté,
Mesdames et messieurs les ministres
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir, ici au Centre de conférence ministériel du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Je remercie l'Organisation mondiale de la Santé d'avoir choisi d'organiser ici, à Paris, cette deuxième Conférence mondiale sur la santé et le climat, alors que résonne encore le succès de la COP21.
Le lien entre le changement climatique et la santé est en effet désormais bien établi et il fait consensus, tant le climat agit sur les déterminants sociaux et environnementaux de l'état de santé des populations.
Avant de céder la parole aux éminentes personnalités qui nous font l'honneur d'être parmi nous, je souhaite aborder rapidement trois points :
I. Les liens étroits entre politiques climatiques et sanitaires ;
II. L'engagement de l'Organisation mondiale de la Santé sur cette question ;
III. La nécessité de prolonger l'élan donné par l'adoption des ODD et la réussite de la COP21 en 2015.
I. La santé et le climat sont totalement liés
Chaque année, les événements météorologiques extrêmes, dont la fréquence est amenée à augmenter du fait du dérèglement climatique, causent le décès de dizaines de milliers de personnes dans le monde et ont un impact négatif sur la santé de millions d'autres.
Le changement climatique accroît l'insécurité alimentaire ; il aggrave la malnutrition ; il accentue la dissémination des maladies vectorielles, comme le paludisme, la dengue ou plus récemment Zika.
Quant à la pollution atmosphérique, elle influe directement sur la santé des habitants des centres urbains qui représentent déjà plus de la moitié de la population mondiale.
L'OMS estime ainsi à 7 millions, chaque année, les décès prématurés directement liés aux troubles respiratoires dus aux particules fines.
Le coût de l'inaction est lourd : on évalue en effet les dommages directs du changement climatique sur la santé entre 2 et 4 milliards de dollars par an d'ici 2030, sans compter les coûts dans des secteurs déterminants pour la santé tels que l'agriculture ou la gestion de l'eau.
Les exemples sont nombreux et conduisent à une seule et même conclusion : lutter pour un monde résilient et sobre en carbone, c'est améliorer la santé de nos populations.
II. L'engagement de l'OMS sur cette question est remarquable
Je souhaite saluer l'action déterminée de Madame la Directrice générale Margaret Chan sur cette question, qui a permis l'adoption d'un premier plan « santé et climat » en 2008 et qui a organisé la première conférence sur le sujet en août 2014 à Genève.
Je salue notamment la résolution sur la santé et la pollution de l'air adoptée par l'OMS à l'Assemblée mondiale de la Santé de mai 2015, dont la mise en uvre mobilise les Etats-membres, la société civile et le secteur de la santé.
Madame Chan a aussi apporté un soutien sans faille à la France pendant la préparation de la COP 21, en plaçant le sujet « climat/santé » en haut de l'agenda à l'OMS.
L'OMS fait également bénéficier de son expertise scientifique reconnue d'autres instances internationales, et notamment le Groupe Intergouvernemental d'étude sur le climat, le GIEC, dont plusieurs membres sont présents parmi nous.
Et l'OMS appuie aussi la Convention climat (CCNUCC) ainsi que d'autres initiatives internationales, comme la coalition pour le climat et l'air pur (CCAC) qui lutte activement contre les émissions de particules très polluantes dans l'atmosphère.
III. Notre devoir est désormais de renforcer l'élan de la COP21
2015 fut une année historique du fait de l'adoption d'un cadre commun, transversal et intégré pour le développement durable et l'adoption du premier accord universel sur le climat.
Vous savez bien sûr que le préambule de l'Accord de Paris mentionne le « droit à la santé ». Et le paragraphe 109 de la Décision va plus loin puisqu'il « reconnaît l'intérêt social, économique et environnemental des mesures d'atténuation volontaires et leurs retombées bénéfiques sur l'adaptation, la santé et le développement durable ».
C'est aussi le cas de l'Objectif dédié à la santé de l'Agenda 2030 (ODD3) qui comporte une cible spécifique (3.9) visant à « réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses, à la pollution et à la contamination de l'air, de l'eau et du sol ».
Ces principes doivent désormais être déclinés dans l'ensemble de nos politiques nationales et internationales.
Notamment en réorientant les flux financiers vers le développement d'infrastructures et de transports résilients et sobres en carbone, pour réduire au quotidien leurs conséquences néfastes sur la santé publique. C'est le sens de la loi de transition énergétique de 2015 qu'a fait voter Madame Ségolène Royal ministre de l'Environnement et présidente de la COP.
Mesdames et messieurs,
Nous avons pris la bonne direction mais le chemin est long.
Alors, allons plus loin, plus vite et plus fort, dans un effort collectif qui doit associer les Etats, les collectivités locales, la société civile, les entreprises et le secteur de la santé.
Cette conférence va y contribuer et c'est donc, pour moi, une grande satisfaction d'avoir eu l'honneur de l'ouvrir devant vous.
Source http://www.franceoea.org, le 5 août 2016