Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
« Les actes et menaces racistes, antisémites et anti-musulmans ont enregistré une hausse globale de 22% en 2015 par rapport à 2014, avec 2032 actes et menaces contre 1662 en 2014. »
Ainsi commence le communiqué publié hier par le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
La possibilité de la co-existence pacifique d'individus qui croient et qui ne croient pas, qui sont de confessions diverses, est mise en cause à double titre :
- de manière tragique, spectaculaire, radicale par l'action terroriste ;
- de manière insidieuse, lente, redoutable, par la montée du racisme et de l'antisémitisme. Il s'agit là d'un poison lent auquel il est urgent d'apporter un antidote, une riposte républicaine.
Cette remise en cause ne se traduit pas nécessairement par une idéologie structurée, une volonté farouche de faire du mal à l'autre, de le rejeter. Il peut s'agir aussi d'une déstructuration de la pensée et du savoir, une perte de confiance dans l'action publique.
L'année 2015 aura été le révélateur de toutes les tensions qui traversent notre pays à propos de ce qui en fonde l'identité depuis plus de deux siècles : la République.
Au cur de ces tensions, il règne une grande confusion mentale et morale :
Qu'est-ce qui est grave ?
Que vaut la vie ?
Quelle différence entre le racisme et le blasphème ? Entre la satire et l'incitation à la haine raciale ?
Entre le premier et le second degré
Cette confusion se pose avec une acuité inédite. Elle est le terreau des idéologies réactionnaires, que le Gouvernement combat : stigmatisation de l'homosexualité, refus de l'égalité des sexes, xénophobie, dénonciation des droits de l'homme
2015, c'est à la fois le bruit assourdissant des armes et le malaise profond causé par les silences.
Bernard Cazeneuve et Jean-Yves le Drian s'occupent du bruit des armes ; je veux répondre aux silences.
Je ne crois pas que les jeunes soient moins attachés à la République que leurs aînés. Les adultes d'aujourd'hui sont les jeunes d'hier
En revanche, il est vrai que beaucoup se joue dans la formation intellectuelle et morale des individus au moment de l'adolescence.
Donc oui, la défense des valeurs républicaines et de la laïcité intéresse le Ministre de la jeunesse.
Dire que l'intolérance et la radication seraient l'apanage des quartiers relève également d'un fantasme.
Pour autant, il fait peu de doutes que ces quartiers concentrent comme nul autres, les difficultés sociales, urbaines, et que leurs habitants peuvent légitimement ressentir une forme d'abandon de la part de la République.
Cette République dont la promesse suscite l'espoir et l'action bien trop souvent la déception.
Dans ces conditions, on comprend que les discours de défiance trouvent prises.
Alors oui, la défense des valeurs républicaines et de la laïcité intéresse le Ministre de la ville.
Face à ce défi immense, le cur de la réponse, c'est de renforcer la présence des adultes.
Renforcer la présence adulte, c'est en augmenter le nombre.
C'est l'objet de notre new deal avec les associations, l'augmentation de leurs crédits pour retrouver le niveau de 2008, le plan citoyens du sport et le recrutement de 400 éducateurs.
Renforcer par la présence adulte, c'est en étendre les horaires.
Quand le service public est en retrait, notamment le soir et le week-end, d'autres doivent prendre le relais pour que jamais ce ne soient les prédateurs qui s'imposent.
Et renforcer la présence adulte, c'est en améliorer la formation.
Le plan national de formation aux valeurs de la République et de la laïcité a été décidé par le Comité interministériel pour l'égalité et la citoyenneté du 6 mars 2015. Il vise à former 10 000 professionnels de terrain en 2016 et 2017 à ces questions essentielles.
Ce kit de formation est le fruit d'un travail d'élaboration et de concertation associant nombre de partenaires. Je tiens à saluer tous ceux qui y ont contribué, les membres du groupe de travail, les membres du comité de rédaction, les experts, les personnes auditionnées et le CGET, Sylvie Roger qui en assuré la coordination.
Ce kit de formation est très grande qualité, à la fois pédagogique et pratique ; j'ai particulièrement apprécié les quizz proposés sur la laïcité à partir d'exemples très concrets.
A l'issue de cette formation, demain, vous serez en mesure de former des formateurs régionaux qui eux-mêmes formeront des formateurs territoriaux, lesquels formeront les professionnels de proximité au contact de la population.
C'est une chaîne vertueuse qui permettra de promouvoir concrètement les valeurs de la République sur le terrain.
Dans votre département, Monsieur le Préfet, ces formations s'inscrivent pleinement dans votre plan d'action de « diffusion des valeurs de la République » qui comprend deux autres axes sur le soutien aux initiatives locales en particulier associatives et sur la mobilisation de l'ensemble des formes d'engagement citoyen, je pense surtout au service civique. J'ai rencontré au centre social « La Clairière » juste avant de vous rejoindre deux jeunes en service civique et j'ai apprécié dialoguer avec eux.
* Rôle des adultes dans les quartiers, contact avec les jeunes
* Les valeurs de la République
La laïcité est mal connue, parfois mal comprise. C'est le droit de croire ou de ne pas croire ; c'est la liberté de conscience, c'est la liberté de culte et c'est la neutralité de l'Etat, du service public.
* Les attentats de 2015 et réactions des jeunes et de la population
* La prévention de la radicalisation : autres formations, plan d'actions dans chaque contrat de ville
Monsieur Jean-Jacques DUFFOURC, Directeur de l'INSET de Nancy, je tiens tout d'abord à vous remercier vivement d'accueillir depuis trois jours cette formation aux valeurs de la République et à la laïcité dans votre centre et de m'avoir permis de vous rendre visite, d'avoir participé même brièvement avec l'un des trois groupes à l'une session pédagogique.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 22 juin 2016