Déclaration de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur l'organisation de l'Euro de football et la sécurité des compétitions sportives, Paris le 19 mai 2016.

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Mesdames, Messieurs,
Nous nous étions réunis il y a tout juste un an, avec cette préoccupation centrale : faire que les grands événements sportifs laissent un héritage positif aux territoires qui les organisent.
Le sport n'est pas hors la société. Il ne jouit pas d'un statut extra-territorial et pour tout dire extra-politique. Non, le sport doit s'insérer dans la société, dans un projet global, démocratique.
C'est en tout cas ainsi que la France, qui a l'honneur d'accueillir de très grandes compétitions sportives dans les années à venir, et qui espèrent bien en accueillir d'autres encore – une en particulier – conçoit son action, sa responsabilité.
La France est en cela parfaitement en phase avec l'OCDE et ce n'est pas un hasard si notre collaboration a été si riche autour de l'Euro 2016. Le partenariat inédit qui a été noué entre l'OCDE l'Etat français et les villes hôtes de l'Euro 2016 a conduit à un remarquable travail d'expertise.
Le rapport commis par l'OCDE sur l'Euro 2016 est très précieux pour la France, j'y reviendrai dans un instant, mais je veux aussi souligner, au-delà du cas de la France et de l'Euro 2016, l'intérêt que représentent à mes yeux le benchmarking des meilleures pratiques internationales, et l'élaboration avec les villes hôtes de principes directeurs pour l'organisation de grands événements sportifs internationaux.
Je salue d'ailleurs le rôle des villes hôtes, et le caractère exceptionnel de cette collaboration avec ceux qui, au plus près des événements, sont en charge de l'organisation.
Ce travail collectif doit servir tous ceux qui souhaiteront s'en saisir et je souhaite notamment que nous bénéficions de cette expertise et de cette expérience pour renforcer encore la candidature de Paris aux Jeux de 2024.
Je le disais, l'OCDE remet aujourd'hui son rapport sur l'organisation de l'Euro 2016 en France.
Ce rapport conforte la France dans la mobilisation qui a été la sienne pour l'organisation de cette compétition. Sur tous les fronts : la sécurité, l'animation, l'économie, l'emploi, la rénovation des stades… sur tous les fronts, la France à travers ses pouvoirs publics, ses collectivités, ses entreprises, a déployé une énergie exceptionnelle car nous voulons être au rendez-vous de l'Euro.
Nous voulons être à la hauteur de la confiance qui nous a été accordée.
Nous voulons que les touristes venus du monde entier, et bien sûr nos propres citoyens bénéficient pleinement de la politique sportive que nous menons.
Nous traversons en France, en Europe, et dans plusieurs pays du monde, une période de crise économique et de défiance à l'égard des grandes institutions.
Ce contexte nous oblige à faire preuve d'une extrême vigilance quant à l'utilisation de l'argent public, et d'une grande responsabilité quant aux conséquences économiques, sociales et écologiques de nos décisions.
C'est, dans le domaine du sport, l'acceptabilité même des grandes compétitions qui est en jeu.
Nous sommes donc confrontés à un défi démocratique et l'une des réponses à ce défi réside dans notre capacité à évaluer. Nous devons « rendre des comptes » et des comptes justes.
Je prends donc très au sérieux la recommandation qui est faite par l'OCDE d'associer systématiquement les autorités statistiques nationales à l'évaluation des retombées des grands événements sportifs. C'est le gage d'une évaluation objective, impartiale et donc sincère.
La défiance que j'évoquais à l'instant ne touche pas que les institutions politiques.
Elle touche les grandes entreprises, les médias, et, il faut être lucide, elle touche aussi les grandes organisations sportives. A fortiori quand l'actualité déverse des histoires de dopage, de corruption, de favoritisme.
Je voudrais donc conclure mon propos en évoquant l'impérieux devoir moral qui s'impose à nous en termes de gouvernance du sport. Le sport revêt une puissance symbolique à nulle autre pareille.
Nos concitoyens, en particulier les plus jeunes, nourrissent leurs imaginaires des exploits de leurs champions.
Le sport rassemble, le sport émeut, le sport suscite la passion et parce que le sport a ses vertus, ce pouvoir, pèse sur lui aussi une exigence singulière de probité.
Je souhaite que le partenariat inédit, et donc quelque part expérimental, que la France a lié avec l'OCDE se prolonge et se développe, et il m'apparaît que l'un des axes de développement de ce partenariat devra concerner la gouvernance du sport et le respect de la transparence de l'ensemble des procédures de sélection et d'attribution des grandes compétitions sportives.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 22 juin 2016