Déclaration de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur les stratégies de développement économique dans le cadre de la politique de la ville, Ruitz le 4 avril 2016.

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Je suis venu témoigner devant vous de l'importance que le gouvernement attache au développement économique dans la politique de la ville et à vos missions.
Trop longtemps la politique de la ville a considéré ce sujet comme un enjeu secondaire, un outil de l'insertion sociale et professionnelle.
Les deux sujets sont bien sûr indissociables dans des quartiers aux taux de chômage plus de deux fois supérieurs à la moyenne nationale, mais ils ne doivent pas être confondus.
De leur côté, les stratégies de développement économique de droit commun, que ce soit celles des agglomérations, des régions ou de l'Etat, ont rarement intégré cette dimension territoriale spécifique.
Si bien que les professionnels et acteurs des deux domaines sont longtemps chacun restés « dans leur couloir ».
Ce protocole est la traduction formelle d'une volonté : celle de faire converger ces approches, et de miser sur les ressources propres aux territoires pour leur développement.
Tout ne peut pas venir de l'extérieur, ce n'est ni souhaitable, ni efficace.
Il y a dans les quartiers prioritaires des femmes et des hommes qui ont l'envie et les compétences d'être des entrepreneurs, ou qui le sont déjà.
Des entrepreneurs avec des freins et des obstacles, souvent plus nombreux qu'ailleurs ce qui justifie un effort particulier d'accompagnement.
Deux fois plus de créations et deux fois plus de défections d'entreprise dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : l'enjeu est clairement posé.
Nous avons donc fait du pilier emploi et développement économique un des trois piliers des contrats de ville.
Nous avons mobilisé des moyens ambitieux, pour faire levier sur les dispositifs de droit commun.
A commencer par la convention d'objectifs entre le ministère de la ville et la Caisse des dépôts qui vise en particulier à renforcer l'information et l'accompagnement des créateurs d'entreprises à travers vous, les réseaux d'accompagnement.
Mais rien ne se fera sans une action coordonnée et concrète de tous les acteurs sur le terrain.
L'initiative lancée dans le Pas-de-Calais est à ce titre exemplaire. Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Hauts-de France faudra-t-il s'habituer à dire, est depuis longtemps déjà un territoire modèle en matière de partenariats pour la création d'entreprise avec le programme régional « Je crée en Nord-Pas-de-Calais ».
Mais, à l'initiative de madame la préfète, le constat a été fait que les territoires de la politique de la ville et leurs habitants avaient été relativement oubliés.
C'est pourquoi la mobilisation pour mettre place des « Fabriques à entreprendre » sur les territoires des 11 contrats de ville du Pas-de-Calais, dont ce protocole de partenariat est la première pierre, est une formidable initiative :
- Dans l'objectif concret et opérationnel de garantir aux habitants et entrepreneurs des quartiers prioritaires l'accès à une offre de services complète, lisible et adaptée : sensibilisation, accompagnement, financement, formation et hébergement.
- Dans le partenariat complet que le dispositif mobilise : l'Etat, la CDC et la région bien sûr et les autres collectivités et les acteurs de terrain de l'appui aux entrepreneurs : réseaux, consulaires, pépinières… Je souhaite également que les acteurs privés, notamment les banques, soient associées.
- Dans l'engagement financier significatif de l'Etat (1,5 M€) et de la Caisse des dépôts (1,1 M€) pour soutenir le déploiement des ces Fabriques.
Je souhaite que ces Fabriques trouvent rapidement une traduction concrète et visible pour les habitants et entrepreneurs des quartiers.
La « Fabrique à entreprendre » incarne les objectifs et la méthode de la future agence France Entrepreneur voulue par le Président de la République : garantir un accès à une offre de service à l'entrepreneuriat cohérente et lisible dans les territoires fragiles, en particulier les quartiers prioritaires, en associant tous les partenaires.
C'est l'esprit dans lequel l'Agence sera installée la semaine prochaine.
L'Agence sera le cadre national de coordination entre l'Etat, la CDC, les régions et les acteurs de l'entrepreneuriat, en particulier les réseaux d'accompagnement.
Ce cadre n'existe pas aujourd'hui ; il manque.
L'Agence aura une mission d'impulsion, à travers le financement des têtes de réseaux et d'action innovantes, mais se nourrira également des actions exemplaires venues du terrain.
Je n'ai aucun doute sur le fait que le Pas-de-Calais sera l'une des sources d'inspiration de l'Agence.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 23 juin 2016