Déclaration de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur le rôle des missions locales pour l'insertion professionnelle des jeunes, Marseille le 8 avril 2016.

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Une partie de la jeunesse de France s'inquiète pour son avenir.
J'ai rencontré cette semaine les principales organisations de jeunesse : le trouble est diffus.
Il a trait à l'insertion professionnelle et à la crainte du chômage, c'est évident, mais plus globalement au sentiment de ne pas trouver sa place, que la jeunesse serait oubliée.
Sacrifiée disent même certains.
Je ne partage par ce dernier jugement.
Quand on liste les politiques publiques destinées à la jeunesse, on ne peut pas affirmer qu'elle est sacrifiée.
Emplois d'avenir, garantie jeunes, contrats starters, prime d'activité ouverte dès 18 ans, développement exponentiel du service civique, revalorisation des bourses, encadrement des stages, plan 40 000 logements étudiants, mise en place de cautions locatives, 1 milliard et demi pour le programme Erasmus pour la période 2014-2020…
Sacrifié n'est pas le mot.
Mais le trouble – je le disais – est là, il est sincère, et par conséquent, je le prends très au sérieux. C'est un appel à faire encore plus, plus clair, plus universel. Notamment dans le domaine de l'emploi qui reste la préoccupation première.
Vous êtes par rapport à cette préoccupation en première ligne.
Nous devons poser des principes universels : l'accompagnement systématique de tous les jeunes vers l'insertion et ensuite mettre en œuvre des dispositifs sur-mesure, répondant aux situations concrètes dans lesquelles se trouvent ces jeunes.
Le dispositif phare de cette réponse globale, c'est la « garantie jeunes ».
Comme vous le savez, nous visons désormais 200 000 bénéficiaires en 2017, ce qui devrait permettre à tous les jeunes qui en ont besoin et qui le souhaitent de pouvoir accéder à ce dispositif.
Un dispositif qui repose entièrement sur vous. C'est donc une mobilisation exceptionnelle qui est attendue des missions locales mais l'enjeu est de taille.
Le chômage des jeunes, ce n'est pas l'apanage d'un camp politique ; c'est un mur auquel la France se heurte depuis quasiment une trentaine d'années.
Il faut saper les fondations de ce mur, et cela passe par la formation, l'accompagnement et l'accès à une première expérience.
Une fois que les jeunes ont mis le pied à l'étrier, le plus dur est fait, ils sauront convaincre.
Mais c'est cette première marche qui semble parfois infranchissable.
Par ailleurs, la « garantie jeunes », c'est une ressource et un contrat.
La pauvreté frappe de plus en plus de jeunes, et au-delà de la question du chômage, nous devons endiguer cette paupérisation de la jeunesse.
Nous devons apporter le minimum de dignité à ceux qui n'ont rien et qui jusque-là n'avaient droit à rien.
Mais la logique de solidarité, nécessaire, doit se doubler d'une volonté d'insertion.
C'est cela l'originalité et la force de la garantie jeunes : on n'abandonne pas la personne en lui faisant un chèque, mais on l'accompagne pour qu'elle puisse retrouver le chemin de l'autonomie.
Il s'agit de ne jamais perdre de vue cet objectif : l'emploi. L'emploi et donc les revenus propres qui participent à l'autonomie et à l'estime de soi.
Et en même temps, ces revenus doivent permettre de vivre correctement. Parce que trop de travailleurs sont en situation de pauvreté, nous avons réformé le RSA activité et la prime pour l'emploi pour les fusionner et les transformer dans la prime d'activité.
C'est dispositif juste et efficace.
Juste parce que les travailleurs modestes, ceux dont les revenus de leur travail ne suffisent pas à boucler les fins de moi, méritent ce coup de pouce.
Efficace parce que le nombre de demande depuis le 1er janvier a explosé. Déjà plus de 2 millions de Français ont fait valoir leurs droits dont 350 000 jeunes de moins de 25 ans.
Je crois que les missions locales peuvent là aussi jouer un rôle utile d'information auprès de leurs publics, car rien n'est pire pour l'action publique que le non-recours.
C'est un aveu d'échec contre lequel nous devons nous prémunir dans l'intérêt des personnes que nous voulons aider.
Pour résumer mon propos d'une phrase : la jeunesse a besoin des missions locales.
Vraiment. Urgemment.
Merci pour le travail que vous effectuez au quotidien.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 23 juin 2016