Texte intégral
La France est le premier pays d'accueil des grands évènements sportifs internationaux d'ici 2019.
Une telle performance ne serait pas possible sans le concours d'une pluralité d'acteurs, et notamment des collectivités locales.
En effet, prendre la pôle-position dans une compétition mondiale comme celle de l'accueil des grands événements sportifs, ce ne peut être le fruit du hasard.
Il aura fallu une volonté, une cohérence, une détermination.
Ce résultat est aussi le fruit d'une stratégie bâtie sur trois axes :
- l'installation d'une fiscalité attractive pour les événements porteurs de retombées exceptionnelles,
- le soutien aux investissements pour les infrastructures,
- et enfin la mise en place d'une diplomatie sportive active.
Le sport, à travers les grands évènements sportifs internationaux, agit comme un accélérateur pour l'attractivité de nos villes.
Il assure à nos territoires un rayonnement national, européen, souvent mondial.
De ce point de vue, l'Euro 2016 est une opportunité rare. Il a exigé des mois, des années de travail, et une collaboration solide avec les villes hôtes. Je dois dire, pour ma part, tout le bien que je pense de ce partenariat, mais surtout je note qu'il a été remarqué par les instances internationales puisque sa qualité a été saluée par l'OCDE à travers le rapport qu'elle m'a remis le mois dernier.
Nous sommes pleinement mobilisés au niveau du gouvernement pour que l'Euro 2016 soit une réussite en termes d'organisation, de sécurité, mais aussi d'activité économique.
Je suis particulièrement attaché à ce que cette dynamique économique profite à nos territoires et à nos villes parce que je suis convaincu que le sport, comme la culture, est une « nouvelle source de croissance » pour notre pays.
Le marché du sport, qui représente près de 1.7% du PIB français et génère près de 300 000 emplois non dé-localisables doit pouvoir bénéficier à nos entreprises en France et à l'étranger, dans un contexte mondialisé où le marché des grands évènements sportifs internationaux représente près de 45 milliards d'euros par an.
Avec l'Euro, nous démontrons notre savoir-faire mais nous développons aussi notre savoir-faire.
L'Euro a fait de la France et de ses territoires le plus grand centre d'affaires européens pendant plus d'un mois. Une vitrine pour nos entreprises et une occasion exceptionnelle de développer encore leurs services, d'ajuster leurs prestations.
Après 36 matchs qui se sont tenus dans 10 villes différentes, nous pouvons d'ores et déjà affirmer que cet évènement d'envergure hors norme, avec plus d'un million de visiteurs étrangers, a eu et va avoir un impact économique majeur sur notre économie.
La rénovation du parc de grands stades a par exemple permis de soutenir la filière BTP et de maintenir 20 000 emplois conduisant ainsi au développement d'activités locales et au maintien de l'emploi dans notre pays.
Naturellement, nous devons faire preuve d'agilité dans les financements liés à de tels évènements et être particulièrement attentifs concernant l'articulation de ceux-ci entre l'Etat, les collectivités territoriales et les villes, notamment parce qu'il convient d'agir en deux temps de nature différente :
- le temps long des investissements et des transformations urbaines,
- et le temps court de l'événement et de l'organisation de la compétition proprement dite, avec le débat, légitime, du partage des dividendes.
Ce débat ne peut être mené qu'au niveau européen puisque nos interlocuteurs sont des organisations internationales.
Mais j'en suis persuadé, le temps long de construction et de rénovation des infrastructures sportives sera profitable, car il s'inscrit depuis le départ dans une optique de développement local.
Cet euro aura permis de constituer des installations pérennes et utiles aux villes et à leurs habitants pour l'avenir.
Ce qui est vrai pour l'Euro doit l'être pour les autres compétitions une nous avons l'honneur et la chance d'accueillir. Les installations prévues pour les grands évènements sportifs doivent bénéficier au développement du sport professionnel et amateur dans les villes : c'est l'inspiration qui conduit notamment le projet de candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024.
Pour pouvoir évaluer et améliorer nos pratiques en termes d'organisation d'évènements sportifs, il nous faut disposer des bons outils.
A cette fin, j'ai installé un comité de réflexion interministériel sous l'égide du délégué interministériel aux grands évènements sportifs.
Aussi, les questions auxquelles il convient de répondre et que vous avez abordées durant cette table ronde sont nombreuses :
- Quels événements devons-nous essayer de capter à l'avenir ?
- Comment renforcer les effets leviers des grands événements ?
- Comment renforcer la transparence des procédures ?
Comme je l'évoquais précédemment, nous avons lancé un partenariat inédit entre l'Etat, les villes hôtes et l'OCDE afin d'évaluer les meilleures pratiques au niveau international et de nous en inspirer.
Aussi, une évaluation économique de l'Euro 2016 financée par l'Etat nous permettra de mesurer les écarts entre anticipations et résultats.
Ces travaux sont autant d'éléments précieux pour nous améliorer sans cesse dans la conduite d'évènements sportifs futurs.
Je le dis, grâce à l'Euro 2016, l'Etat et les villes de France sont désormais mieux outillées et se sont professionnalisées.
Nous avons franchi un cap.
Nous pourrons, je crois, tirer trois enseignements de cet évènement extraordinaire :
- Choisir avec parcimonie les manifestations auxquelles nous candidatons en accord avec nos capacités d'accueil et de financement.
- Aligner les besoins liés à la manifestation sur les ambitions futures en termes de développement.
- Utiliser l'évaluation économique ex-ante pour optimiser les retombées économiques.
Au-delà de l'impact économique, je veux aussi rappeler la force à nulle autre pareille du sport et des évènements sportifs dans la cohésion nationale.
Quel souvenir plus prégnant que la coupe du monde 98 dans l'imaginaire de nos concitoyens quand on leur demande d'évoquer un moment de félicité nationale, de joie commune ?
Pour que personne ne se sente oublié, nous avons acheté 20 000 places que nous avons distribuées à des jeunes et des moins jeunes qui se sont illustrés dans des projets d'intérêt général.
Ainsi, nous avons permis à des personnes qui n'auraient sans doute pas pu s'offrir une place au stade de vivre ce moment magique, et dans le même élan, nous avons promu des actions les valeurs qui nous sont chères.
Vibrer ensemble, jouer ensemble, respecter les mêmes règles : voilà une expérience concrète et formatrice de la fraternité.
Si le sport peut être un moyen pour certains jeunes qui se sentent mis à l'écart, de prendre conscience qu'ils ont toute leur place dans ce pays, qu'ils sont des citoyens à part entière, qu'ils sont d'abord des jeunes Français avant d'être des jeunes « de quartier », alors nous avons le devoir de leur faciliter l'accès au sport, où qu'ils se trouvent.
Le Gouvernement a travaillé d'arrache-pied pour que l'Euro soit une fête nationale et populaire.
Mais notre travail aurait été incomplet s'il n'avait pas aussi visé le développement et la prospérité de nos territoires.
L'Etat aux côtés des villes, les villes aux côtés de l'Etat : continuons notre collaboration pour que les faire rayonner le sport français et encourager l'accès de tous à la pratique sportive.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 27 juin 2016