Texte intégral
La situation doit changer : les accords de Minsk, qui prévoyaient un processus, une négociation pour respecter l'intégrité territoriale des frontières de l'Ukraine, ont pris beaucoup de retard. Mais il n'y a pas de plan B, il n'y a pas d'alternative. Donc si la situation s'enlise, c'est dangereux pour la sécurité, pour la paix, et on est toujours dans un climat de tension, notamment un climat de tension entre l'Ukraine et la Russie qui n'est pas bon.
Nous sommes donc venus pour contribuer à la relance du processus lancé par les accords de Minsk dans le cadre de ce qu'on appelle le format Normandie, c'est-à-dire en franco-allemand. Nous venons ici en affirmant une volonté très forte et nous voyons bien que des choses peuvent bouger. Il y a un cessez-le-feu - il est encore fragile - depuis la rentrée scolaire. Il faut l'élargir, mais il y a la possibilité, la semaine prochaine, que les partenaires signent un accord avec la présence de l'OSCE pour avancer dans le cadre d'une plus grande sécurité dans le Donbass.
Q - Alors, précisément, quelle est la nature de cet accord ?
R - Ce serait accepter que, sur une partie du territoire, on commence par expérimenter le départ de toutes les forces militaires. Et garantir la sécurité de ces trois postes d'abord, de ces trois points pour commencer, avec la présence d'observateurs de l'OSCE dont la sécurité serait garantie. C'est possible cet accord.
Parallèlement, il faut que le gouvernement ukrainien présente le projet de loi pour les élections dans le Donbass et présente aussi le futur statut spécial pour cette région du Donbass, qui a sa spécificité. Et puis, ensuite, le processus pourra repartir. Avec le vote des lois au Parlement : une loi d'amnistie, une réforme constitutionnelle puis, par ailleurs, extension de ces zones de sécurité, échange de prisonniers, déminage, déstockage des armes lourdes ; c'est beaucoup de travail. Mais plus on perd de temps, plus le travail sera difficile.
Donc, nous sommes venus pour relancer ce processus avec mon collègue Frank-Walter Steinmeier, et avec un objectif très concret : créer les conditions pour un futur en format Normandie avec les chefs d'État, c'est-à-dire avec le président Hollande, le président Porochenko, le président Poutine et la chancelière Angela Merkel. C'est possible si vraiment il y a de la bonne volonté, nous avons pesé pour cela, pour que chacun prenne ses responsabilités, Russes et Ukrainiens, et pour que cela puisse se passer dans un délai d'un mois. C'est une question de volonté politique.
Q - Sommet qui pourrait donc se tenir en octobre ?
R - C'est tout à fait possible, nous avons vu des signes qui pourraient nous laisser penser qu'on doit aller dans cette direction. En tout cas, il n'y a pas d'autre voie, pas d'autre chemin. Donc, si nous sommes revenus - c'est notre deuxième visite ensemble Steinmeier et moi - c'est parce que nous sommes conscients de nos responsabilités pour aider à trouver la solution.
Q - Mais Monsieur le Ministre, cela fait un an et demi qu'on parle du processus de Minsk. Qu'est-ce qui vous fait dire que maintenant cela peut être possible, cela peut être réalisé ?
R - Parce que nous sommes dans une situation d'enlisement qui est dangereuse, et la politique et la diplomatie ne renoncent jamais. Il n'y a pas d'autre voie, il n'y a pas de plan B. Donc, je crois que c'est la raison qui doit l'emporter, nous ne renoncerons pas, c'est pourquoi nous sommes là.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2016