Conférence de presse de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les accords de Minsk et la relance du processus de paix en Ukraine, à Kiev le 14 septembre 2016.

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Circonstance : Déplacement conjoint en Ukraine avec M. Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, les 14 et 15 septembre 2016

Texte intégral


C'est effectivement la deuxième visite que nous effectuons ici avec Frank-Walter Steinmeier depuis le début de l'année. C'est un moment important, surtout au moment où l'Ukraine célèbre le 25ème anniversaire de son indépendance. C'est un moment qui est porteur de sens, d'espoir, et c'est aussi l'occasion de saluer le courage et la volonté du peuple ukrainien.
C'est également l'occasion de rappeler notre engagement et notre soutien à l'Ukraine, qui est engagée dans un vaste programme de réformes que nous souhaitons continuer à accompagner, notamment sur le plan bilatéral, comme l'a rappelé Frank-Walter Steinmeier : l'Allemagne et l'Ukraine ; également la France et l'Ukraine. Le 28 octobre [NB : le ministre a annoncé le 28 septembre, mais le forum aura lieu le 28 octobre] aura lieu à Paris une réunion sur l'investissement en Ukraine avec, aussi, le soutien de l'UE, le soutien du FMI pour permettre la réussite de ces réformes. C'est donc une étape importante pour nous, aussi pour faire le point, et nous verrons tout à l'heure le Premier ministre, sur la mise en oeuvre de ces programmes depuis l'investiture du nouveau gouvernement.
Et puis, au président Porochenko, j'ai tenu à redire aussi notre soutien à l'Ukraine pour le respect de son intégrité territoriale, ainsi que notre totale désapprobation avec l'organisation d'élections en Crimée pour la Douma russe, et donc rappelé notre solidarité avec l'Ukraine indépendante.
Nous avons ensemble rappelé notre attachement aux accords de Minsk. Il n'y a pas d'alternative, il n'y a pas de plan B. Ces accords de Minsk doivent être mis en oeuvre. Et puis, il y a une méthode, il y a une démarche qui est celle du format Normandie, à laquelle nous sommes attachés et que nous voulons faire vivre. C'est pourquoi, après quelques mois de stagnation, il nous a paru nécessaire de prendre l'initiative de relancer, et relancer cela veut dire préparer les conditions d'un sommet au niveau des chefs d'État et de gouvernement dans le cadre du format Normandie avec le président Hollande, la chancelière Merkel, le président Porochenko et le président Poutine. Je pense que cette étape aujourd'hui crée les conditions de ce sommet.
Pour réussir, il y a plusieurs conditions à remplir. La première, c'est la question de la sécurité et le respect du cessez-le-feu. Il y a eu ce cessez-le-feu de la rentrée scolaire, c'est positif, mais il faut effectivement le consolider. Frank-Walter Steinmeier a fait référence à des messages qui viennent de Moscou et qui vont dans le bon sens. Donc, c'est une priorité et nous nous rendrons demain près de la ligne de contact justement pour voir la situation sur le terrain.
Une autre condition politique, c'est la présentation du projet de loi ukrainien sur les élections locales et sur le statut du Donbass.
Enfin, concernant la sécurité, la semaine prochaine une étape importante peut être franchie, qui sera, si elle réussit, une étape de consolidation, et qui donnera de l'espoir pour préparer le sommet dans le cadre du format Normandie. Il s'agit de la signature d'un accord sur le désengagement et le début du désengagement dans trois zones pilotes, qui devra être suivi, bien sûr, d'autres étapes. Je ne reprends pas tous les points et toutes les conditions que Frank-Walter Steinmeier a évoquées, et que je partage, bien sûr, mais la semaine prochaine est une étape importante. J'espère que ce sera une réussite. Si chacun y met du sien, toutes les parties, bien sûr, c'est essentiel.
Q - Vous arrivez ici en Ukraine comme des alliés ou comme des arbitres ?
R - Je viens ici comme un ami de l'Ukraine, un pays ami de l'Ukraine, c'est évident. En soutien aux réformes engagées permettant d'assurer l'avenir de ce pays sur le plan démocratique, sur le plan économique, sur le plan social. Et rappelant notre attachement à l'intégrité des frontières de l'Ukraine. Mais face aux problèmes que nous connaissons, en particulier dans le Donbass, que nous n'avons pas cessé de décrire depuis quelques instants, nous venons aussi comme facilitateurs de paix, facilitateurs de négociations pour trouver une solution. Et ce dans le respect des accords qui ont été signés, les accords de Minsk, et une méthode, le format Normandie, c'est-à-dire le partenariat franco-allemand pour faire avancer ces questions.
Q - Pourriez-vous apporter une précision concernant la séquence de la mise en oeuvre de la partie politique des accords de Minsk, notamment la réforme constitutionnelle, l'amnistie et l'organisation des élections ?
R - Pour répondre à votre question, je crois que c'est comme la construction d'une maison. Là nous en sommes aux fondations. Et aux fondations, il y a le cessez-le-feu, je vous en ai parlé. Il y a la signature de l'accord sur le désengagement avec les trois zones pilotes. Et puis, il y a la présentation du projet de loi sur les élections locales et le statut du Donbass. C'est une première étape en quelque sorte.
Ensuite, sans interruption, il y a l'adoption par la Rada des projets de loi : réforme électorale, réforme du statut du Donbass et en même temps, parallèlement, l'extension des zones pilotes de désengagement. On part de trois, on peut passer à huit. Retrait et stockage des armes lourdes, interruption de la pose de mines et des exercices militaires ; accès entier des observateurs de l'OSCE et le déploiement de bases de patrouilles avancées de l'OSCE. Je crois que c'est là le deuxième pilier. Et puis le troisième, c'est la Rada qui fixe la date des élections locales, c'est l'adoption de la réforme constitutionnelle, c'est la loi d'amnistie. Et puis parallèlement encore, toujours en même temps, c'est le désengagement sur toute la ligne de front, l'ouverture de nouveaux points de passage, l'échange de tous les prisonniers, le retour des otages, si on peut faire encore plus vite, et puis l'achèvement du retrait des armes lourdes, et l'arrivée des observateurs jusqu'à la frontière. Voilà, je pense que c'est dans cette direction qu'il faut avancer et la première étape, c'est la semaine prochaine. Si la semaine prochaine il y a effectivement un accord, alors on rentre dans une nouvelle dynamique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 septembre 2016