Texte intégral
Permettez-moi avant toute chose de saluer les rescapés du massacre de Buchères ici présents,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le député,
Monsieur le conseiller départemental,
Monsieur le maire de Buchères,
Madame et messieurs les maires des communes alentours,
Monsieur le directeur départemental de l'ONAC-VG,
Mesdames et messieurs les présidents et représentants d'associations,
Mesdames et messieurs les familles des victimes,
Mesdames, Messieurs,
Il y a 70 ans, les familles des victimes de Buchères décidaient d'ériger un monument dédié aux massacrés du 24 août 1944. Leur mémoire devait perdurer.
Aujourd'hui, ce site de mémoire nous accueille une nouvelle fois, rescapés, familles de victimes, anciens résistants, élus, membres d'associations, Buchérois et habitants des alentours.
Je serai demain à Paris place de l'Hôtel de Ville pour commémorer une journée qui rendit espoir et courage à la France entière.
Mais en tant que Secrétaire d'Etat à la mémoire, je ne peux oublier qu'au même moment des villages entiers allaient être rayés de la carte, alors même que la Libération était en marche.
Eliminer chaque homme, chaque femme, chaque enfant. Effacer de Buchères sa mémoire, telle était la terrible mission que les nazis s'étaient confiée.
En brûlant les cadavres, ils espéraient en faire des corps qui dorment sans nom, sans mémoire. Aujourd'hui leurs noms demeurent gravés dans l'éternité de la pierre.
Il y eut Oradour-sur-Glane où je me suis rendu en juin dernier. Il y eut Maillé où je serai demain. Il y eut Buchères. Il y en eut tant d'autres. Il y eut aussi d'autres crimes atroces, ici dans l'Aube, en ce mois d'août 1944, comme à Mesnil Saint-Père, à Creney ou Lusigny sur Barse.
La mémoire du 24 août 1944 vous réunit ici chaque année, dans le silence du recueillement et de la gravité. Je suis particulièrement ému de venir aujourd'hui briser ce silence. Au nom de l'hommage à rendre aux victimes et de l'immense sentiment de responsabilité qui est le mien face à cette histoire, face à ces mémoires plurielles.
Ce jour-là, vers midi, une compagnie de la 51e Brigade blindée SS, en poste à Troyes, encercle le village, fait irruption dans les maisons et abat toutes celles et tous ceux qui se trouvent sur leur passage.
67 hommes, femmes et enfants âgés de quelques mois à 81 ans sont lâchement assassinés. Ils s'appelaient Edmond Michot, Emilie Milan ou encore Claude Personeni. Ils sont les visages du martyre de Buchères.
D'autres parviennent à prendre la fuite. Ils sont les témoins du massacre, remparts contre l'oubli, passeurs de mémoire. Certains sont parmi nous aujourd'hui. Je veux les remercier du courage avec lequel ils viennent affronter une page si douloureuse de leur passé.
L'Aube, terre martyre fut aussi une terre résistante où les germes de la lutte contre l'Occupant ont été semés dès 1940.
Les réseaux s'organisent et en juin 1941 « Ceux de la Libération » et « Libération Nord » sont déjà en place. A partir de 1943, 1 000 hommes, sous les ordres du commandant Montcalm, constituent l'un des maquis les plus importants de France.
C'est aussi cela que je veux retenir de Buchères. La détermination, le courage, le refus de la résignation, la foi en la France, l'esprit de Résistance.
Et je tiens à remercier monsieur le maire d'avoir fait en sorte que cette cérémonie nous le rappelle. Désormais nous saluons la mémoire, dans un même élan, des victimes du massacre et des résistants tombés sous les coups de la Gestapo ou envoyés dans les camps de l'enfer.
Mesdames et messieurs,
72 ans après, nous rendons hommage aux victimes, nous rappelons ce que peuvent engendrer la haine et le racisme, nous nous engageons à poursuivre le combat pour la dignité humaine.
En le faisant, nous redonnons vie à Buchères comme les survivants ont trouvé la force, au lendemain du massacre, de reconstruire et de se reconstruire.
Et je veux toutes et tous vous remercier une dernière fois de votre fidélité à cette mémoire.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 septembre 2016