Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les représentants d'associations anciens combattants,
Mesdames et messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Cher monsieur Philibert Couzon,
Il y a encore quelques mois, vous étiez devant les élèves du collège Claude Lebois et du lycée Sainte-Marie pour raconter, témoigner, transmettre. Inlassablement. Avec force, courage et authenticité. Avec pudeur aussi. C'est ce qui me frappe chez les survivants.
Ces moments d'échanges sont pour nos enfants inestimables. Ils imposent le silence ; ils suscitent des regards qui interrogent.
Aujourd'hui seul témoin de la déportation dans cette région de Saint-Chamond, vous êtes l'unique porteur et passeur de cette mémoire. Vous en êtes le visage. Vous en êtes la voix.
Une voix qui raconte les interrogatoires de la Gestapo, les wagons à bestiaux, le camp de Neuengamme. Une voix qui raconte la violence, la torture, la faim, le froid, l'épuisement, la mort.
Mémoire de la déportation, vous êtes aussi, monsieur Couzon, la mémoire de la Résistance.
Et ce n'est pas qu'un mot. La Résistance. C'est une conviction, un engagement, des valeurs, des actes.
Vous l'embrassez dès l'âge de 15 ans, en rejoignant les Forces Françaises de l'Intérieur à l'aube de l'année 1943. Jusqu'au 10 mai 1944, date de votre arrestation, vous livrez chaque jour des preuves d'amour à la France.
Distribution de tracts, établissement de fausses cartes d'identité, de faux certificats de travail. Participation à des sabotages.
C'était votre quotidien, comme c'était celui de milliers de vos camarades refusant de livrer le destin de leur pays à l'idéologie nazie. Des camarades venant de tous les territoires.
Voilà maintenant près de deux ans que je sillonne la France. Deux ans à arpenter avec émotion les chemins de la mémoire, jalonnés de cérémonies et de lieux qui me font saisir le sens de l'histoire. Des lieux où de simples hommes se sont révélés de véritables héros.
Aujourd'hui ces chemins de la mémoire m'ont conduit ici, à Saint-Chamond dont le souvenir de la Libération nous a réunis tout à l'heure devant la stèle du Souvenir français.
Il y a 72 ans, Saint-Chamond retrouvait sa liberté. Je tiens à ce que perdure, vive et nous survive cette mémoire, au-delà des grands anniversaires décennaux.
C'est pourquoi je saisis toujours l'occasion d'un déplacement dans nos territoires pour rappeler la singularité de chacune de nos mémoires.
Aujourd'hui, plus qu'une histoire, c'est un nom qui nous a réunis. Un nom qui a une résonnance toute particulière ici à Saint-Chamond. Ce nom c'est le vôtre, monsieur Philibert Couzon.
La République se grandit toujours lorsqu'elle rappelle à qui elle doit sa liberté. Vous êtes de ceux à qui nous la devons. Je suis très heureux de pouvoir le rappeler aujourd'hui devant celles et ceux qui vous sont chers.
C'est au nom de votre combat mené il y a 70 ans, combat pour des valeurs qui vous animent encore, que j'ai l'immense honneur de vous remettre les insignes d'Officier de la Légion d'Honneur.
Plus qu'une histoire. Plus qu'une mémoire, cher monsieur, vous incarnez un espoir.
Espoir de liberté pour vos compatriotes il y a 70 ans. Espoir aussi de paix aujourd'hui pour des peuples menacés, massacrés, privés de liberté.
Car vous êtes la preuve que l'humanité porte en elle les ressources pour combattre la haine, le totalitarisme et le fascisme.
Tel est aujourd'hui le message de la cérémonie de Saint-Chamond et je veux remercier le député François Rochebloine et monsieur le maire de m'y avoir associé.
Je vous remercie.Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 septembre 2016