Texte intégral
* Lutte contre le terrorisme - États-Unis
D'abord je tenais symboliquement, avant de commencer ma participation à l'Assemblée générale des Nations unies, à me recueillir ici, sur ce site. Il y a maintenant quinze ans que s'est produit cette terrible tragédie du 11 septembre. Je suis là aussi pour dire que la France n'oublie pas et qu'elle reste solidaire du peuple américain. Et, nous n'oublions pas non plus la solidarité que le peuple américain a exprimé à l'attention de la France lorsqu'elle a été elle-même touchée par les attentats qui se sont produits ces derniers mois à Paris et à Nice. Nous n'oublions pas non plus le courage des citoyens américains dans le train entre Bruxelles et Paris, qui ont sauvé des vies, en prenant des risques. Ce sont autant de souvenirs communs que nous avons. Ce que je voudrais aussi souligner, c'est le courage des New Yorkais de voir qu'ici on s'est relevé. On n'a jamais cédé au terrorisme, on n'a jamais cédé à cette forme nouvelle de guerre et de bataille que mènent ceux qui veulent détruire la liberté profonde et la démocratie, ce qui fait que nous vivons ensemble, et que nous partageons aussi ensemble, Américains et Français.
N'oublions pas que la France est le plus vieil allié des États-Unis et ce combat, que nous menons contre le terrorisme, nous allons le poursuivre au Moyen-Orient et partout, et nous continuons aussi sur le plan politique avec cette Assemblée générale des Nations unies, ce sera aussi l'occasion de faire avancer la solution syrienne.
Je crois qu'il était important de venir ici et surtout de recevoir ce bourgeon du seul arbre qui a survécu à cette tragédie. La ville de New York s'est reconstruite. Les Américains ont réussi un Mémorial mais ils ont aussi voulu que la vie continue, et tous ces arbres replantés symbolisent cette vie qui continue. Et il y a parmi ces arbres, un arbre qui a survécu et qui est à la place des deux tours jumelles. Et cet arbre, qui a été soigné et replanté produit maintenant des bourgeons. Et ces bourgeons sont donnés à des villes, des pays qui subissent eux-mêmes des attaques terroristes, tout d'abord Madrid et cette fois c'est Paris. Et la France reçoit ces bourgeons comme San Bernardino et Orlando vont les recevoir aussi. Je suis venu aussi pour ce geste symbolique, qui me touche beaucoup et qui, je crois, touchera beaucoup les Français, et que nous allons soigneusement replanter en France, au moment où on plante les arbres, au mois de novembre.
Q - Où ça ?
R - Je n'ai pas encore choisi. On choisira un lieu symbolique et durable et on fera en sorte que le site soit bien soigné, bien protégé et que les Français, lorsqu'ils passeront devant, verront le symbole, non seulement de la résistance vis-à-vis du terrorisme mais aussi le symbole de l'amitié entre les Américains et les Français. C'est pourquoi je voudrais dire quelques mots en anglais comme signe d'amitié pour nos amis américains. France will never forget what happened here fifteen years ago. We will also never forget the solidarity expressed by American people when France faced terrorist attacks in the past months. France is the United States oldest ally and will always stand firmly together to defend liberty and democracy. This survivor tree is the symbol of hope for all of us. Democracy and freedom will always prevail.
(...).
* Syrie - États-Unis - Russie
(...)
Q - Monsieur, juste peut-être une petite question d'actualité si vous êtes d'accord ? Vous êtes à l'Assemblée générale de l'ONU, qui va être dominée par la crise syrienne. En ce moment il y a beaucoup de développements. Quelle est votre appréciation de la situation ? Qu'est-ce que vous attendez de la réunion du Conseil de sécurité mercredi ? Est-ce que vous pensez que l'accord américano-russe tient toujours et doit être endossé par le conseil de sécurité ?
Q - Cet accord a ses faiblesses, mais il existe, il a le mérite d'exister. On voit bien que le drame syrien est loin d'être terminé. Il faut absolument tout faire pour recréer les conditions de la paix, cela passe bien sûr par un cessez-le-feu durable et solide, qui permette en même temps la reprise des négociations.
Il n'y a pas d'autre solution que la solution politique, la solution militaire ne permettra pas de réussir. Pourtant, tout cela est difficile et fragile, c'est pourquoi j'insiste et je souligne le côté positif de cet accord même s'il a ses faiblesses et ses insuffisances. Il faut s'accrocher à cet accord et le faire vivre à tout prix, donc passer sur les évènements des dernières heures, ne pas oublier qu'il y a le régime qui est toujours là. S'il y a eu ces incidents qui ont conduit à des morts en Syrie, en raison des frappes américaines contre Daech, il ne faut pas oublier que ce qui a porté atteinte au cessez-le-feu américano russe c'est d'abord le régime, c'est toujours le régime de Bachar al-Assad.
Il faut tout faire pour recréer un climat positif pour faire vivre cet accord de cessez-le-feu. Donc d'ici la réunion du conseil de sécurité, la France va multiplier les contacts avec tous ses partenaires, j'ai même j'ai pris l'initiative d'une réunion de ce que l'on appelle le «groupe des affinitaires», comme nous l'avons fait il y a encore quelques jours à Londres. Il y aura aussi la réunion du groupe de soutien. Il faut vraiment que tous prennent leurs responsabilités, il faut retrouver les conditions pour que le cessez-le-feu, petit à petit, soit robuste. Mais aussi permettre, et c'est fondamental, l'accès de l'aide humanitaire. On voit bien que, pour Alep, c'est une catastrophe, voyez les dernières nouvelles qui sont terribles pour la population, et c'est l'objectif prioritaire. Et puis reprendre le plus vite possible les négociations à Genève.
Si quelque chose doit sortir de cette assemblée générale, de la réunion du conseil de sécurité, c'est un nouvel espoir pour que la voie de la négociation, la voie de la paix, soient celles du choix de la communauté internationale. Et que l'on adresse un message au monde, qui soit celui de la négociation et non pas de continuer une guerre qui, si elle devait reprendre, serait encore plus terrible que ce que nous avons connu jusqu'à présent, qui continuerait d'embraser toute une région, qui engendre non seulement de la violence, de la misère, encourage des réfugiés à fuir leur pays par millions mais aussi est la source du terrorisme qui menace tous nos pays et toutes nos démocraties.
Il faut que chacun aille à l'essentiel et ce sera, je l'espère, le message qui sortira, et la France y travaillera, de cette assemblée générale des Nations unies et, en particulier, de la réunion du conseil de sécurité à laquelle je tiens à participer personnellement.
Q - Les Russes parlent d'une résolution mercredi pour endosser l'accord, vous n'avez pas vu l'accord...
R - Il faut que je discute avec les Américains, comme toujours, et avec les Russes, ce que j'ai fait ces dernières heures. On n'endosse pas un accord si on n'en connaît pas les termes principaux et il y a des éléments qui sont secret défense pour des raisons de sécurité et je ne demande pas que l'on prenne le moindre risque avec la sécurité.
Par contre, il faut en connaître les termes politiques : quelle est la construction à laquelle Américains et Russes sont parvenus, pas seulement une trêve et un cessez-le-feu, mais aussi lier la poursuite de la lutte contre le terrorisme, aussi bien contre Daech que al Nosra, mais aussi dans quelles conditions et quel est le calendrier pour la reprise des négociations à Genève.
Il faut en savoir plus et, encore une fois, notre bonne volonté, elle, est totale. Nous recherchons, même si c'est encore un chemin étroit et que certains ne trouveront pas assez audacieux, tout ce qui peut contribuer à une trêve et qui se traduira par un cessez-le-feu et l'accès de l'aide humanitaire le plus vite possible. Alors ce sera déjà un pas et une rupture avec ce que nous vivons depuis des mois et des mois, je dirais des années malheureusement, qui ne cessent de s'aggraver. Si on ne fait pas cela, alors on risque de rentrer dans une spirale de la violence et de chaos, sur laquelle on n'aura plus de maîtrise. Ce n'est l'intérêt de personne.
Q - Comment expliquez-vous les réticences des Américains à rendre public un accord qui va dans le bon sens ? ...Et aussi sur une résolution sur les armes chimiques...
R - On n'oublie rien et notamment le projet de résolution pour condamner l'usage des armes chimiques. Je crois que c'est attendu par le peuple syrien qui est victime de ces horreurs. C'est aussi attendu par la communauté internationale. Cela serait tragique que les Nations unies ferment les yeux sur l'usage des armes chimiques, aussi continuons ce travail. Quant aux autres éléments que vous évoquez, nous allons poursuivre cette discussion avec nos alliés, avec nos partenaires, c'est ce que j'ai dit à Sergeï Lavrov et John Kerry. Il faut réussir ce cessez-le-feu et ne pas rentrer dans d'autres considérations tactiques ou des arrière-pensées, il en existe. Là, il y a une tragédie, et quand on est ici à l'assemblée générale des Nations unies, on n'en fait pas de tactique, on va à l'essentiel.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2016
D'abord je tenais symboliquement, avant de commencer ma participation à l'Assemblée générale des Nations unies, à me recueillir ici, sur ce site. Il y a maintenant quinze ans que s'est produit cette terrible tragédie du 11 septembre. Je suis là aussi pour dire que la France n'oublie pas et qu'elle reste solidaire du peuple américain. Et, nous n'oublions pas non plus la solidarité que le peuple américain a exprimé à l'attention de la France lorsqu'elle a été elle-même touchée par les attentats qui se sont produits ces derniers mois à Paris et à Nice. Nous n'oublions pas non plus le courage des citoyens américains dans le train entre Bruxelles et Paris, qui ont sauvé des vies, en prenant des risques. Ce sont autant de souvenirs communs que nous avons. Ce que je voudrais aussi souligner, c'est le courage des New Yorkais de voir qu'ici on s'est relevé. On n'a jamais cédé au terrorisme, on n'a jamais cédé à cette forme nouvelle de guerre et de bataille que mènent ceux qui veulent détruire la liberté profonde et la démocratie, ce qui fait que nous vivons ensemble, et que nous partageons aussi ensemble, Américains et Français.
N'oublions pas que la France est le plus vieil allié des États-Unis et ce combat, que nous menons contre le terrorisme, nous allons le poursuivre au Moyen-Orient et partout, et nous continuons aussi sur le plan politique avec cette Assemblée générale des Nations unies, ce sera aussi l'occasion de faire avancer la solution syrienne.
Je crois qu'il était important de venir ici et surtout de recevoir ce bourgeon du seul arbre qui a survécu à cette tragédie. La ville de New York s'est reconstruite. Les Américains ont réussi un Mémorial mais ils ont aussi voulu que la vie continue, et tous ces arbres replantés symbolisent cette vie qui continue. Et il y a parmi ces arbres, un arbre qui a survécu et qui est à la place des deux tours jumelles. Et cet arbre, qui a été soigné et replanté produit maintenant des bourgeons. Et ces bourgeons sont donnés à des villes, des pays qui subissent eux-mêmes des attaques terroristes, tout d'abord Madrid et cette fois c'est Paris. Et la France reçoit ces bourgeons comme San Bernardino et Orlando vont les recevoir aussi. Je suis venu aussi pour ce geste symbolique, qui me touche beaucoup et qui, je crois, touchera beaucoup les Français, et que nous allons soigneusement replanter en France, au moment où on plante les arbres, au mois de novembre.
Q - Où ça ?
R - Je n'ai pas encore choisi. On choisira un lieu symbolique et durable et on fera en sorte que le site soit bien soigné, bien protégé et que les Français, lorsqu'ils passeront devant, verront le symbole, non seulement de la résistance vis-à-vis du terrorisme mais aussi le symbole de l'amitié entre les Américains et les Français. C'est pourquoi je voudrais dire quelques mots en anglais comme signe d'amitié pour nos amis américains. France will never forget what happened here fifteen years ago. We will also never forget the solidarity expressed by American people when France faced terrorist attacks in the past months. France is the United States oldest ally and will always stand firmly together to defend liberty and democracy. This survivor tree is the symbol of hope for all of us. Democracy and freedom will always prevail.
(...).
* Syrie - États-Unis - Russie
(...)
Q - Monsieur, juste peut-être une petite question d'actualité si vous êtes d'accord ? Vous êtes à l'Assemblée générale de l'ONU, qui va être dominée par la crise syrienne. En ce moment il y a beaucoup de développements. Quelle est votre appréciation de la situation ? Qu'est-ce que vous attendez de la réunion du Conseil de sécurité mercredi ? Est-ce que vous pensez que l'accord américano-russe tient toujours et doit être endossé par le conseil de sécurité ?
Q - Cet accord a ses faiblesses, mais il existe, il a le mérite d'exister. On voit bien que le drame syrien est loin d'être terminé. Il faut absolument tout faire pour recréer les conditions de la paix, cela passe bien sûr par un cessez-le-feu durable et solide, qui permette en même temps la reprise des négociations.
Il n'y a pas d'autre solution que la solution politique, la solution militaire ne permettra pas de réussir. Pourtant, tout cela est difficile et fragile, c'est pourquoi j'insiste et je souligne le côté positif de cet accord même s'il a ses faiblesses et ses insuffisances. Il faut s'accrocher à cet accord et le faire vivre à tout prix, donc passer sur les évènements des dernières heures, ne pas oublier qu'il y a le régime qui est toujours là. S'il y a eu ces incidents qui ont conduit à des morts en Syrie, en raison des frappes américaines contre Daech, il ne faut pas oublier que ce qui a porté atteinte au cessez-le-feu américano russe c'est d'abord le régime, c'est toujours le régime de Bachar al-Assad.
Il faut tout faire pour recréer un climat positif pour faire vivre cet accord de cessez-le-feu. Donc d'ici la réunion du conseil de sécurité, la France va multiplier les contacts avec tous ses partenaires, j'ai même j'ai pris l'initiative d'une réunion de ce que l'on appelle le «groupe des affinitaires», comme nous l'avons fait il y a encore quelques jours à Londres. Il y aura aussi la réunion du groupe de soutien. Il faut vraiment que tous prennent leurs responsabilités, il faut retrouver les conditions pour que le cessez-le-feu, petit à petit, soit robuste. Mais aussi permettre, et c'est fondamental, l'accès de l'aide humanitaire. On voit bien que, pour Alep, c'est une catastrophe, voyez les dernières nouvelles qui sont terribles pour la population, et c'est l'objectif prioritaire. Et puis reprendre le plus vite possible les négociations à Genève.
Si quelque chose doit sortir de cette assemblée générale, de la réunion du conseil de sécurité, c'est un nouvel espoir pour que la voie de la négociation, la voie de la paix, soient celles du choix de la communauté internationale. Et que l'on adresse un message au monde, qui soit celui de la négociation et non pas de continuer une guerre qui, si elle devait reprendre, serait encore plus terrible que ce que nous avons connu jusqu'à présent, qui continuerait d'embraser toute une région, qui engendre non seulement de la violence, de la misère, encourage des réfugiés à fuir leur pays par millions mais aussi est la source du terrorisme qui menace tous nos pays et toutes nos démocraties.
Il faut que chacun aille à l'essentiel et ce sera, je l'espère, le message qui sortira, et la France y travaillera, de cette assemblée générale des Nations unies et, en particulier, de la réunion du conseil de sécurité à laquelle je tiens à participer personnellement.
Q - Les Russes parlent d'une résolution mercredi pour endosser l'accord, vous n'avez pas vu l'accord...
R - Il faut que je discute avec les Américains, comme toujours, et avec les Russes, ce que j'ai fait ces dernières heures. On n'endosse pas un accord si on n'en connaît pas les termes principaux et il y a des éléments qui sont secret défense pour des raisons de sécurité et je ne demande pas que l'on prenne le moindre risque avec la sécurité.
Par contre, il faut en connaître les termes politiques : quelle est la construction à laquelle Américains et Russes sont parvenus, pas seulement une trêve et un cessez-le-feu, mais aussi lier la poursuite de la lutte contre le terrorisme, aussi bien contre Daech que al Nosra, mais aussi dans quelles conditions et quel est le calendrier pour la reprise des négociations à Genève.
Il faut en savoir plus et, encore une fois, notre bonne volonté, elle, est totale. Nous recherchons, même si c'est encore un chemin étroit et que certains ne trouveront pas assez audacieux, tout ce qui peut contribuer à une trêve et qui se traduira par un cessez-le-feu et l'accès de l'aide humanitaire le plus vite possible. Alors ce sera déjà un pas et une rupture avec ce que nous vivons depuis des mois et des mois, je dirais des années malheureusement, qui ne cessent de s'aggraver. Si on ne fait pas cela, alors on risque de rentrer dans une spirale de la violence et de chaos, sur laquelle on n'aura plus de maîtrise. Ce n'est l'intérêt de personne.
Q - Comment expliquez-vous les réticences des Américains à rendre public un accord qui va dans le bon sens ? ...Et aussi sur une résolution sur les armes chimiques...
R - On n'oublie rien et notamment le projet de résolution pour condamner l'usage des armes chimiques. Je crois que c'est attendu par le peuple syrien qui est victime de ces horreurs. C'est aussi attendu par la communauté internationale. Cela serait tragique que les Nations unies ferment les yeux sur l'usage des armes chimiques, aussi continuons ce travail. Quant aux autres éléments que vous évoquez, nous allons poursuivre cette discussion avec nos alliés, avec nos partenaires, c'est ce que j'ai dit à Sergeï Lavrov et John Kerry. Il faut réussir ce cessez-le-feu et ne pas rentrer dans d'autres considérations tactiques ou des arrière-pensées, il en existe. Là, il y a une tragédie, et quand on est ici à l'assemblée générale des Nations unies, on n'en fait pas de tactique, on va à l'essentiel.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2016