Texte intégral
Je suis vraiment heureuse d'être aujourd'hui parmi vous à l'occasion du Festival International des Théâtres Francophones en Limousin. Je voudrais tout d'abord saluer vraiment très sincèrement la qualité et la richesse de la programmation de cette 18ème édition ouverte sur une très belle sélection de talents, jeunes ou confirmés, d'artistes de très nombreux pays francophones d'Afrique, d'Europe ou d'Amérique. Votre Festival, Monsieur le président, monsieur le directeur, est porté je crois par une double conviction que je partage. Pour vous en effet, la création se nourrit d'échanges et de brassages et ne s'enferme pas dans des frontières nationales.
Elle est un chemin qui mène à la découverte de l'autre et elle nous permet d'aller toujours davantage vers ce qui nous est commun, quelles que soient nos différences. Et cette conviction prend, à la lumière de l'actualité que vit notre monde aujourd'hui, un poids, une résonance encore plus grands peut-être que dans les années passées. Nous sommes aujourd'hui obligés de nous interroger justement sur le destin de la planète, la place que l'on peut y faire à nos destins nationaux et sur le comment vivre ensemble. Vous vous êtes engagé dans le même temps à témoigner de la grande diversité de l'espace francophone.
C'est une communauté de langue, qui se recompose sans cesse autour de la poétique des mots. C'est aussi un espace de création, un espace qui d'ailleurs pourrait, devrait être davantage présent dans les programmations de nos scènes, de nos théâtres. Je soutiens donc pleinement votre démarche et j'espère qu'un rendez-vous comme celui-ci permettra à plus de responsables de nos institutions culturelles de se sentir partie prenante à cette francophonie vivante.
La francophonie, vous le savez, est une idée encore jeune, une idée plus jeune que l'idée européenne. Nous devons donc la soutenir, la défendre, nous nous y employons, le gouvernement s'y emploie, mais vous vous y employez, y compris d'ailleurs à travers des actes législatifs, mais aussi par des décisions budgétaires. Mais cette francophonie, elle ne peut être une réalité vivante, partagée, durable, qu'à la condition d'être pour chacun d'entre nous un objet de désir.
C'est le sens de ce Festival, qui atteint donc sa majorité. Il privilégie la diversité des paroles, des artistes qui nous parlent du temps présent comme de leurs traditions. Il restitue aussi le rôle du théâtre qui est de questionner le Monde. J'ai vu d'ailleurs que le Festival avait changé d'intitulé, et que l'on parlait en effet maintenant de théâtre. Je suis sûre que dans vos esprits ça n'est pas une réduction à un genre, à un art, à un lieu, mais c'est sans doute aussi parce que dans la tradition de beaucoup de nos partenaires francophones, et je pense tout particulièrement à l'Afrique, le théâtre c'est le théâtre du monde, c'est le théâtre du village, c'est le théâtre de la place. Et on voit bien que sous ce vocable on est très loin de s'en tenir à un secteur d'activité, à un lieu spécialisé, mais qu'on embrasse au fond toute la puissance et toute l'ambition de la création d'hier et d'aujourd'hui.
L'identité du Festival International des théâtres francophones n'est pas seulement affirmée par l'accueil d'écrivains, de metteurs en scène, de comédiens, mais également - et vous y avez insisté, monsieur le Président - par son ancrage exceptionnel dans cette région. Il ne s'agit pas seulement d'une initiative ponctuelle, festivalière, mais bien d'une activité pérenne, car votre action s'inscrit dans la durée, sur tout le territoire limousin, et dans une relation de fidélité avec les populations de cette région.
C'est le catalyseur de l'émergence à Limoges et en Limousin d'un véritable Pôle francophone qui va visiblement en s'affermissant. C'est en ce sens que le Conseil régional du Limousin est pleinement engagé à vos côtés et je tiens à saluer les efforts de son Président, Robert Savy, en faveur de la culture. Il s'est constitué autour du Festival un réseau de complicités - mais prenez-le au bon sens du terme - de complicités institutionnelles avec la création de la très belle Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, avec les missions francophones du Centre Régional de Documentation Pédagogique, avec l'Université de Limoges, et des initiatives de nombreuses communes de la région Limousin dans les domaines de la coopération internationale décentralisée
C'est donc toute une région, tout un département, de nombreuses communes, qui se sont sentis, je dirais, gagnés à l'idée de la francophonie. Le Limousin devient ainsi un " lieu de rencontre et de dialogue entre le Sud et le Nord ", entre les francophonies du nord et les francophonies du sud. C'est devenu véritablement un lieu parmi les plus importants, ce qui convient bien à cette région. Vos résultats et vos ambitions, M. le Président et M. le Directeur, viennent d'être encouragés par les partenaires de votre Festival, parmi lesquels l'Etat prend, et prendra sa place.
Mais l'ensemble des collectivités territoriales ont également confirmé et accru leur soutien financier à votre projet. Cette présence en région fait aussi écho à l'activité théâtrale en Limousin qui connaît une reconnaissance nationale et internationale. Je rappelle que vous disposez, comme vous l'avez fait vous-même d'ailleurs, que vous disposez ici d'un Centre Dramatique National, outil de la décentralisation dramatique dans la région. Sa direction sera en effet renouvelée en 2002, après 6 ans de mandat, Silviu Purcarete va partir vers de nouvelles missions. Je tiens à le remercier très chaleureusement pour le travail accompli ici. Par ailleurs le dernier Festival d'Avignon a accueilli les créations de deux des cinq compagnies conventionnées en Limousin.
Il s'agissait de Xavier Durringer avec "La Promise" et Frédéric Fisbach avec "Bérénice". Une troisième compagnie conventionnée a fait les beaux jours du "festival off", c'est le théâtre de La Passerelle de Michel Bruzat. Les arts de la piste ne sont pas absents de votre région, j'ai eu le plaisir de labelliser, le 6 juin 2001, à l'occasion du lancement de l'Année des Arts du Cirque, le Pôle Régional des Arts du Cirque de Nexon où l'Etat a signé une convention triennale avec les collectivités territoriales, le Département de la Haute-Vienne, la Région Limousin et la Ville de Nexon, pour développer une activité qui joue un rôle vraiment croissant dans les politiques culturelles des Français. Et activités qui ont un soutien également croissant des collectivités territoriales.
Mesdames, Messieurs, vous connaissez ma conviction profonde : la création sous toutes ses formes est une nécessité vitale et un désir croissant de notre société pour, d'abord, offrir un projet aux nouvelles générations, et pour mieux résister à la standardisation du monde. La responsabilité de l'Etat et en particulier celle de mon ministère, est d'affirmer la présence de la création artistique au cur des cités et des campagnes, de rendre possible et accessible au plus grand nombre le spectacle vivant dans toute sa diversité, et de veiller aussi à ce que la création se renouvelle.
Vous avez fait allusion à la manière généreuse et exemplaire dont s'opèrent ici les renouvellements, c'est-à-dire les passages de relais. Je tiens à saluer ceci car ce n'est pas une pratique encore générale. Défendre ce que l'on fait, mais penser aussi à ce qui se fera après soi est je crois aujourd'hui à la fois nécessaire et le meilleur garant d'une politique culturelle vivante et résolument tournée vers l'avenir. Il faut lui donner de l'espace, du temps et des moyens. Il faut s'affranchir des contraintes d'un monde marchand, en tout cas d'un monde très absorbé par la consommation et qui pousse au zapping, au commerce du loisir de masse.
C'est le sens, c'est le devoir des politiques publiques en matière de culture, qu'elle soit menée au plan national ou au plan territorial. Le soutien des collectivités territoriales est essentiel en effet dans cet engagement. Je sais que nous avons le même propos, le même but, et que nous savons depuis de nombreuses années lier et nos réflexions, elles peuvent critiques parfois, et nos projets, et nos engagements. Je voudrais saluer ici ce partenariat exemplaire entre les collectivités territoriales et l'Etat dans la région Limousin. Que ce soit au travers des constructions d'équipements culturels comme ceux de La Souterraine, Saint-Junien, Bellac, ou encore par l'installation de l'Ensemble Baroque de Limoges au Château de la Borie pour mieux accueillir les créations de Christophe Coin, nous faisons vraiment ensemble de nos engagements une réalité quotidienne. S'il y a un territoire, une région où on sent le lien fort entre ces projets, les discours et les engagements concrets, c'est bien ici et je veux vraiment vous en rendre hommage.
Le ministère a consacré en Limousin près de 20 MF pour les équipements, pour aider tous ces projets à voir le jour, plus de 33 MF en crédits d'intervention chaque année en faveur des différentes structures culturelles régionales. Ces crédits témoignent, s'il en était besoin, de la volonté personnelle de Lionel Jospin que la culture soit un outil, un des outils, mais un outil essentiel dans la lutte pour l'égalité des chances, dont il a fait, vous le savez, une priorité de l'action gouvernementale. J'ai annoncé il y a quelques jours, et je n'en étais pas peu fière, que le budget du Ministère de la culture atteindra en 2002, si le Parlement nous accompagne en ce sens, 1 % du budget de l'Etat.
Le premier Ministre s'y était engagé, il le réalise. Voilà ce que je souhaitais vous dire au moment, non pas où s'ouvre, mais où suit son cours le Festival International des Théâtres Francophones et, tout comme l'ont fait Robert Abirached et Robert Savy, je voudrais dire à quel point ce qui se passe ici depuis tant d'années, sur votre terre, revêt aujourd'hui à mes yeux un sens encore plus profond et plus actuel, par rapport à ce monde désemparé, par rapport à ce monde qui pendant des années a cru trouver dans la technologie et dans l'économie les réponses à tous ces appétits, et peut-être même la clé d'une meilleure égalité, et qui découvre qu'aujourd'hui, faute d'un vrai respect des uns pour les autres, faute aussi d'un cheminement plus décidé vers l'égalité des chances sur le plan économique, sur le plan du développement, sur le plan aussi de la compréhension et de la tolérance à l'égard des modèles divers et non dominants, eh bien ce monde se trouve aujourd'hui traversé par des forces d'une violence inouïe.
Je crois que ce que vous faites ici travaille en profondeur et en particulier avec nos amis du Sud, pour proposer un autre avenir dont je suis sûre qu'il est à la portée de notre main, pour peu que nous le voulions et que nous le voulions tous ensemble.
Merci.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 28 septembre 2001)
Elle est un chemin qui mène à la découverte de l'autre et elle nous permet d'aller toujours davantage vers ce qui nous est commun, quelles que soient nos différences. Et cette conviction prend, à la lumière de l'actualité que vit notre monde aujourd'hui, un poids, une résonance encore plus grands peut-être que dans les années passées. Nous sommes aujourd'hui obligés de nous interroger justement sur le destin de la planète, la place que l'on peut y faire à nos destins nationaux et sur le comment vivre ensemble. Vous vous êtes engagé dans le même temps à témoigner de la grande diversité de l'espace francophone.
C'est une communauté de langue, qui se recompose sans cesse autour de la poétique des mots. C'est aussi un espace de création, un espace qui d'ailleurs pourrait, devrait être davantage présent dans les programmations de nos scènes, de nos théâtres. Je soutiens donc pleinement votre démarche et j'espère qu'un rendez-vous comme celui-ci permettra à plus de responsables de nos institutions culturelles de se sentir partie prenante à cette francophonie vivante.
La francophonie, vous le savez, est une idée encore jeune, une idée plus jeune que l'idée européenne. Nous devons donc la soutenir, la défendre, nous nous y employons, le gouvernement s'y emploie, mais vous vous y employez, y compris d'ailleurs à travers des actes législatifs, mais aussi par des décisions budgétaires. Mais cette francophonie, elle ne peut être une réalité vivante, partagée, durable, qu'à la condition d'être pour chacun d'entre nous un objet de désir.
C'est le sens de ce Festival, qui atteint donc sa majorité. Il privilégie la diversité des paroles, des artistes qui nous parlent du temps présent comme de leurs traditions. Il restitue aussi le rôle du théâtre qui est de questionner le Monde. J'ai vu d'ailleurs que le Festival avait changé d'intitulé, et que l'on parlait en effet maintenant de théâtre. Je suis sûre que dans vos esprits ça n'est pas une réduction à un genre, à un art, à un lieu, mais c'est sans doute aussi parce que dans la tradition de beaucoup de nos partenaires francophones, et je pense tout particulièrement à l'Afrique, le théâtre c'est le théâtre du monde, c'est le théâtre du village, c'est le théâtre de la place. Et on voit bien que sous ce vocable on est très loin de s'en tenir à un secteur d'activité, à un lieu spécialisé, mais qu'on embrasse au fond toute la puissance et toute l'ambition de la création d'hier et d'aujourd'hui.
L'identité du Festival International des théâtres francophones n'est pas seulement affirmée par l'accueil d'écrivains, de metteurs en scène, de comédiens, mais également - et vous y avez insisté, monsieur le Président - par son ancrage exceptionnel dans cette région. Il ne s'agit pas seulement d'une initiative ponctuelle, festivalière, mais bien d'une activité pérenne, car votre action s'inscrit dans la durée, sur tout le territoire limousin, et dans une relation de fidélité avec les populations de cette région.
C'est le catalyseur de l'émergence à Limoges et en Limousin d'un véritable Pôle francophone qui va visiblement en s'affermissant. C'est en ce sens que le Conseil régional du Limousin est pleinement engagé à vos côtés et je tiens à saluer les efforts de son Président, Robert Savy, en faveur de la culture. Il s'est constitué autour du Festival un réseau de complicités - mais prenez-le au bon sens du terme - de complicités institutionnelles avec la création de la très belle Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, avec les missions francophones du Centre Régional de Documentation Pédagogique, avec l'Université de Limoges, et des initiatives de nombreuses communes de la région Limousin dans les domaines de la coopération internationale décentralisée
C'est donc toute une région, tout un département, de nombreuses communes, qui se sont sentis, je dirais, gagnés à l'idée de la francophonie. Le Limousin devient ainsi un " lieu de rencontre et de dialogue entre le Sud et le Nord ", entre les francophonies du nord et les francophonies du sud. C'est devenu véritablement un lieu parmi les plus importants, ce qui convient bien à cette région. Vos résultats et vos ambitions, M. le Président et M. le Directeur, viennent d'être encouragés par les partenaires de votre Festival, parmi lesquels l'Etat prend, et prendra sa place.
Mais l'ensemble des collectivités territoriales ont également confirmé et accru leur soutien financier à votre projet. Cette présence en région fait aussi écho à l'activité théâtrale en Limousin qui connaît une reconnaissance nationale et internationale. Je rappelle que vous disposez, comme vous l'avez fait vous-même d'ailleurs, que vous disposez ici d'un Centre Dramatique National, outil de la décentralisation dramatique dans la région. Sa direction sera en effet renouvelée en 2002, après 6 ans de mandat, Silviu Purcarete va partir vers de nouvelles missions. Je tiens à le remercier très chaleureusement pour le travail accompli ici. Par ailleurs le dernier Festival d'Avignon a accueilli les créations de deux des cinq compagnies conventionnées en Limousin.
Il s'agissait de Xavier Durringer avec "La Promise" et Frédéric Fisbach avec "Bérénice". Une troisième compagnie conventionnée a fait les beaux jours du "festival off", c'est le théâtre de La Passerelle de Michel Bruzat. Les arts de la piste ne sont pas absents de votre région, j'ai eu le plaisir de labelliser, le 6 juin 2001, à l'occasion du lancement de l'Année des Arts du Cirque, le Pôle Régional des Arts du Cirque de Nexon où l'Etat a signé une convention triennale avec les collectivités territoriales, le Département de la Haute-Vienne, la Région Limousin et la Ville de Nexon, pour développer une activité qui joue un rôle vraiment croissant dans les politiques culturelles des Français. Et activités qui ont un soutien également croissant des collectivités territoriales.
Mesdames, Messieurs, vous connaissez ma conviction profonde : la création sous toutes ses formes est une nécessité vitale et un désir croissant de notre société pour, d'abord, offrir un projet aux nouvelles générations, et pour mieux résister à la standardisation du monde. La responsabilité de l'Etat et en particulier celle de mon ministère, est d'affirmer la présence de la création artistique au cur des cités et des campagnes, de rendre possible et accessible au plus grand nombre le spectacle vivant dans toute sa diversité, et de veiller aussi à ce que la création se renouvelle.
Vous avez fait allusion à la manière généreuse et exemplaire dont s'opèrent ici les renouvellements, c'est-à-dire les passages de relais. Je tiens à saluer ceci car ce n'est pas une pratique encore générale. Défendre ce que l'on fait, mais penser aussi à ce qui se fera après soi est je crois aujourd'hui à la fois nécessaire et le meilleur garant d'une politique culturelle vivante et résolument tournée vers l'avenir. Il faut lui donner de l'espace, du temps et des moyens. Il faut s'affranchir des contraintes d'un monde marchand, en tout cas d'un monde très absorbé par la consommation et qui pousse au zapping, au commerce du loisir de masse.
C'est le sens, c'est le devoir des politiques publiques en matière de culture, qu'elle soit menée au plan national ou au plan territorial. Le soutien des collectivités territoriales est essentiel en effet dans cet engagement. Je sais que nous avons le même propos, le même but, et que nous savons depuis de nombreuses années lier et nos réflexions, elles peuvent critiques parfois, et nos projets, et nos engagements. Je voudrais saluer ici ce partenariat exemplaire entre les collectivités territoriales et l'Etat dans la région Limousin. Que ce soit au travers des constructions d'équipements culturels comme ceux de La Souterraine, Saint-Junien, Bellac, ou encore par l'installation de l'Ensemble Baroque de Limoges au Château de la Borie pour mieux accueillir les créations de Christophe Coin, nous faisons vraiment ensemble de nos engagements une réalité quotidienne. S'il y a un territoire, une région où on sent le lien fort entre ces projets, les discours et les engagements concrets, c'est bien ici et je veux vraiment vous en rendre hommage.
Le ministère a consacré en Limousin près de 20 MF pour les équipements, pour aider tous ces projets à voir le jour, plus de 33 MF en crédits d'intervention chaque année en faveur des différentes structures culturelles régionales. Ces crédits témoignent, s'il en était besoin, de la volonté personnelle de Lionel Jospin que la culture soit un outil, un des outils, mais un outil essentiel dans la lutte pour l'égalité des chances, dont il a fait, vous le savez, une priorité de l'action gouvernementale. J'ai annoncé il y a quelques jours, et je n'en étais pas peu fière, que le budget du Ministère de la culture atteindra en 2002, si le Parlement nous accompagne en ce sens, 1 % du budget de l'Etat.
Le premier Ministre s'y était engagé, il le réalise. Voilà ce que je souhaitais vous dire au moment, non pas où s'ouvre, mais où suit son cours le Festival International des Théâtres Francophones et, tout comme l'ont fait Robert Abirached et Robert Savy, je voudrais dire à quel point ce qui se passe ici depuis tant d'années, sur votre terre, revêt aujourd'hui à mes yeux un sens encore plus profond et plus actuel, par rapport à ce monde désemparé, par rapport à ce monde qui pendant des années a cru trouver dans la technologie et dans l'économie les réponses à tous ces appétits, et peut-être même la clé d'une meilleure égalité, et qui découvre qu'aujourd'hui, faute d'un vrai respect des uns pour les autres, faute aussi d'un cheminement plus décidé vers l'égalité des chances sur le plan économique, sur le plan du développement, sur le plan aussi de la compréhension et de la tolérance à l'égard des modèles divers et non dominants, eh bien ce monde se trouve aujourd'hui traversé par des forces d'une violence inouïe.
Je crois que ce que vous faites ici travaille en profondeur et en particulier avec nos amis du Sud, pour proposer un autre avenir dont je suis sûre qu'il est à la portée de notre main, pour peu que nous le voulions et que nous le voulions tous ensemble.
Merci.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 28 septembre 2001)