Texte intégral
F. Laborde : Avec les attentats aussi graves que ceux qui se sont passés aux Etats-Unis, on a franchement changé d'échelle ?
- "Oui, au niveau de la préparation, de la mobilisation des moyens et du choix des cibles, oui, mais ça reste dans le domaine du terrorisme. Je veux dire par-là que le terrorisme nécessite une veille permanente. Je ne suis pas certain que cette veille ait été exercée comme elle devait l'être. Je suis à peu près convaincu aussi qu'il y a un manque de coordination entre tous les services de renseignement, notamment occidentaux, et je pense qu'il faut tirer les leçons de tout cela."
Cela veut dire quoi, qu'on avait baissé la garde ?
- "En dehors du choc émotionnel, en dehors de la compassion que l'on éprouve, en dehors de la solidarité envers les Etats-Unis - ce qui est normal - je pense que le terrorisme est une donnée permanente de nos sociétés. Nous savons aussi que le terrorisme est utilisé par un certain nombre de mouvements qui considèrent que c'est l'arme dont ils disposent par rapport aux grandes puissances. Il faut moins de moyens. Là, manifestement, on a changé d'échelle, c'est clair."
Mais cela veut dire qu'en matière de renseignements, on a baissé la garde et qu'on n'a pas été suffisamment attentif parce que, manifestement, les Américains, pas une seconde, n'ont imaginé qu'on pouvait s'attaquer à leur territoire
- "Les Américains savaient que les Etats-Unis étaient une cible. Ils pensaient probablement que c'était les intérêts américains à l'étranger qui étaient plus faciles à atteindre mais ils avaient aussi l'exemple des attentats qui avaient déjà eu lieu sur leur sol. De là à imaginer un scénario catastrophe comme celui d'hier, il y a naturellement de la marge mais le propre des services de renseignement, c'est non seulement d'essayer de recueillir des informations au travers de leurs oreilles ouvertes en permanence, c'est aussi d'infiltrer. L'important, c'est d'avoir des renseignements à l'avance. Moi, j'ai connu une situation un peu du même ordre, sauf que nous avons pu la neutraliser avant, mais nous avions eu des informations nous disant qu'effectivement, l'avion qui s'était posé à Marseille, en réalité, était destiné à exploser à Paris. C'est pour cela qu'on a bloqué les choses à Marseille et que, finalement, on a donné l'assaut."
Cela aurait pu être un attentat du même type que celui-là ?
- "Oui, je crois. Enfin, les renseignements que nous avions à l'époque et les confirmations que nous avions eues, depuis, nous ont confirmé que c'était bien dans cet esprit que l'avion avait été détourné et qu'il avait été pris comme otage."
On a entendu le porte-parole du Gouvernement dire que toutes les dispositions avaient été prises, que des avions étaient en alerte pour intercepter éventuellement. Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là si jamais il y a, effectivement, un avion de ligne qui ne répond pas ? On fait quoi ? On le descend ?
- "Hier soir, le chef d'état-major de l'armée de l'air a expliqué les choses. Il a dit qu'effectivement si un avion n'est plus sous contrôle et qu'il se dirige vers une zone habitée très importante, etc, les appareils sont susceptibles d'abattre cet avion, mais la décision est prise par les politiques et non par les militaires. Elle est prise au plus haut niveau par le Président de la République, chef des Armées."
Ce n'est pas une décision facile à prendre.
- "Non, ce n'est pas une décision très facile à prendre. Je pense que les Etats-Unis ont eu à prendre de type de décision hier"
Vous pensez que le quatrième avion a été descendu
- "Je pense que le quatrième avion - on n'a pas d'informations précises - a probablement été abattu par les Américains."
Alors, on vient d'entendre à l'instant que Ben Laden, que l'on soupçonne d'être à l'origine de toute cette affaire, dément catégoriquement. Vous y croyez à ce démenti ?
- "Non, moi, je ne crois pas du tout au démenti. Je crois que, parmi les gens capables d'organiser ce type d'attentat, probablement pas seul, je ne crois pas du tout qu'il ait pu faire ça seul"
Avec qui alors ?
- "Peut-être avec le soutien d'un Etat ou d'une organisation"
L'Iran ?
- "Je ne sais pas, moi, je ne vais pas me mettre à citer les noms de pays, c'est trop lourd de conséquences. Mais une telle opération nécessite, en tous les cas, au moins des mois de préparation et le rassemblement de moyens, aussi bien humains, etc."
Les récentes tentatives d'attentat contre le commandant Massoud, dont on sait qu'il est opposé aux Talibans, cela n'a rien à voir avec ce qui s'est passé ou c'était une sorte de
- "Je ne sais pas. On ne peut pas dire que ce soit directement lié mais enfin l'attentat contre Massoud est directement - comment dirais-je ? - attribué à Ben Laden. C'est, en quelque sorte, une bonne manière envers les Talibans qui l'hébergent et tout cela dénote le même état d'esprit, c'est-à-dire la disposition de gens suffisamment motivés pour accepter de perdre la vie dans ce type d'attentat. Un seul mot encore, je crois que ce qui serait intéressant, c'est également d'avoir la réaction des responsables religieux musulmans..."
Ils condamnent, pour l'instant.
- "Non, mais je ne parle pas d'Arafat. Ces attentats vont à l'encontre des principes de la religion musulmane. Alors, il faudra bien voir comment réagissent les responsables de la religion musulmane."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 septembre 2001)
- "Oui, au niveau de la préparation, de la mobilisation des moyens et du choix des cibles, oui, mais ça reste dans le domaine du terrorisme. Je veux dire par-là que le terrorisme nécessite une veille permanente. Je ne suis pas certain que cette veille ait été exercée comme elle devait l'être. Je suis à peu près convaincu aussi qu'il y a un manque de coordination entre tous les services de renseignement, notamment occidentaux, et je pense qu'il faut tirer les leçons de tout cela."
Cela veut dire quoi, qu'on avait baissé la garde ?
- "En dehors du choc émotionnel, en dehors de la compassion que l'on éprouve, en dehors de la solidarité envers les Etats-Unis - ce qui est normal - je pense que le terrorisme est une donnée permanente de nos sociétés. Nous savons aussi que le terrorisme est utilisé par un certain nombre de mouvements qui considèrent que c'est l'arme dont ils disposent par rapport aux grandes puissances. Il faut moins de moyens. Là, manifestement, on a changé d'échelle, c'est clair."
Mais cela veut dire qu'en matière de renseignements, on a baissé la garde et qu'on n'a pas été suffisamment attentif parce que, manifestement, les Américains, pas une seconde, n'ont imaginé qu'on pouvait s'attaquer à leur territoire
- "Les Américains savaient que les Etats-Unis étaient une cible. Ils pensaient probablement que c'était les intérêts américains à l'étranger qui étaient plus faciles à atteindre mais ils avaient aussi l'exemple des attentats qui avaient déjà eu lieu sur leur sol. De là à imaginer un scénario catastrophe comme celui d'hier, il y a naturellement de la marge mais le propre des services de renseignement, c'est non seulement d'essayer de recueillir des informations au travers de leurs oreilles ouvertes en permanence, c'est aussi d'infiltrer. L'important, c'est d'avoir des renseignements à l'avance. Moi, j'ai connu une situation un peu du même ordre, sauf que nous avons pu la neutraliser avant, mais nous avions eu des informations nous disant qu'effectivement, l'avion qui s'était posé à Marseille, en réalité, était destiné à exploser à Paris. C'est pour cela qu'on a bloqué les choses à Marseille et que, finalement, on a donné l'assaut."
Cela aurait pu être un attentat du même type que celui-là ?
- "Oui, je crois. Enfin, les renseignements que nous avions à l'époque et les confirmations que nous avions eues, depuis, nous ont confirmé que c'était bien dans cet esprit que l'avion avait été détourné et qu'il avait été pris comme otage."
On a entendu le porte-parole du Gouvernement dire que toutes les dispositions avaient été prises, que des avions étaient en alerte pour intercepter éventuellement. Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là si jamais il y a, effectivement, un avion de ligne qui ne répond pas ? On fait quoi ? On le descend ?
- "Hier soir, le chef d'état-major de l'armée de l'air a expliqué les choses. Il a dit qu'effectivement si un avion n'est plus sous contrôle et qu'il se dirige vers une zone habitée très importante, etc, les appareils sont susceptibles d'abattre cet avion, mais la décision est prise par les politiques et non par les militaires. Elle est prise au plus haut niveau par le Président de la République, chef des Armées."
Ce n'est pas une décision facile à prendre.
- "Non, ce n'est pas une décision très facile à prendre. Je pense que les Etats-Unis ont eu à prendre de type de décision hier"
Vous pensez que le quatrième avion a été descendu
- "Je pense que le quatrième avion - on n'a pas d'informations précises - a probablement été abattu par les Américains."
Alors, on vient d'entendre à l'instant que Ben Laden, que l'on soupçonne d'être à l'origine de toute cette affaire, dément catégoriquement. Vous y croyez à ce démenti ?
- "Non, moi, je ne crois pas du tout au démenti. Je crois que, parmi les gens capables d'organiser ce type d'attentat, probablement pas seul, je ne crois pas du tout qu'il ait pu faire ça seul"
Avec qui alors ?
- "Peut-être avec le soutien d'un Etat ou d'une organisation"
L'Iran ?
- "Je ne sais pas, moi, je ne vais pas me mettre à citer les noms de pays, c'est trop lourd de conséquences. Mais une telle opération nécessite, en tous les cas, au moins des mois de préparation et le rassemblement de moyens, aussi bien humains, etc."
Les récentes tentatives d'attentat contre le commandant Massoud, dont on sait qu'il est opposé aux Talibans, cela n'a rien à voir avec ce qui s'est passé ou c'était une sorte de
- "Je ne sais pas. On ne peut pas dire que ce soit directement lié mais enfin l'attentat contre Massoud est directement - comment dirais-je ? - attribué à Ben Laden. C'est, en quelque sorte, une bonne manière envers les Talibans qui l'hébergent et tout cela dénote le même état d'esprit, c'est-à-dire la disposition de gens suffisamment motivés pour accepter de perdre la vie dans ce type d'attentat. Un seul mot encore, je crois que ce qui serait intéressant, c'est également d'avoir la réaction des responsables religieux musulmans..."
Ils condamnent, pour l'instant.
- "Non, mais je ne parle pas d'Arafat. Ces attentats vont à l'encontre des principes de la religion musulmane. Alors, il faudra bien voir comment réagissent les responsables de la religion musulmane."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 septembre 2001)