Texte intégral
JEROME CHAPUIS
Bonjour Thierry BRAILLARD.
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Vous êtes comme nous, vous avez vibré jusqu'au bout hier soir, jusqu'à cette dernière médaille d'or et dernière Marseillaise grâce au boxeur Tony YOKA.
THIERRY BRAILLARD
Oui. Elle est magnifique, cette dernière Marseillaise. D'une part, c'est le succès des boxeurs et des boxeuses et puis Tony YOKA a été chercher cette médaille, à l'instar de sa compagne Estelle MOSSELY qui l'a gagnée deux jours avant. C'est une des plus belles histoires des Jeux olympiques que ce couple qui repart de Rio avec, et l'un et l'autre, la médaille d'or olympique.
JEROME CHAPUIS
Parlons du bilan, Thierry BRAILLARD. Quarante-deux médailles, c'est un record pour la délégation française aux Jeux olympiques. Vous le mettez sur le compte de quoi ?
THIERRY BRAILLARD
Il y a beaucoup de paramètres. A titre personnel, je l'avais annoncé. Je le mets sur le fait qu'il y a les fédérations qui ont bien sûr bien préparé les Jeux. On avait une délégation où déjà on avait battu le record avec trois cent quatre-vingt-quinze athlètes, et puis on a travaillé. On a mis en place un statut pour les sportifs de haut niveau ; on a fait le Pacte de performance. Il faut savoir qu'un médaillé sur deux à Rio vient du Pacte de performance que j'ai mis en place.
JEROME CHAPUIS
Ça veut dire un travail avec les entreprises, c'est ça ?
THIERRY BRAILLARD
Ces entreprises qui ont décidé de soutenir les sportifs pendant leur carrière et de leur proposer une intégration dans l'entreprise après la carrière. Un médaillé sur deux vient de ce Pacte. Je pense qu'en faisant cela, alors que ces sportifs pour beaucoup connaissaient la grande précarité, ça leur a permis peut-être d'avoir un poids en moins et d'être mieux préparés et mieux performants pour les Jeux olympiques.
JEROME CHAPUIS
Vous nous dites que c'est évidemment le travail des sportifs, leur travail au quotidien, mais c'est aussi le résultat d'une stratégie globale.
THIERRY BRAILLARD
Une stratégie globale. Bien sûr, il faut dans ces cas-là aussi féliciter les directeurs techniques nationaux, les entraîneurs nationaux qui ont fait un travail remarquable. Maintenant, on vient d'avoir le record de médailles avec quarante-deux. Je crois que c'est un résultat très satisfaisant mais il faut réfléchir à Tokyo. Je pense qu'il faut réfléchir à transformer l'argent en or car je voulais qu'on soit dans le top 5 des nations, nous sommes septièmes au classement olympique puis que les médailles d'or comptent énormément. On a quasiment autant de médailles que l'Allemagne qui est cinquième, sauf que l'Allemagne a beaucoup plus de médailles d'or que nous. Je crois que d'ici Rio (sic), maintenant qu'on a franchi un palier, il faut transformer l'argent en or pour qu'on puisse atteindre cet objectif d'être dans les cinq meilleures nations du monde.
JEROME CHAPUIS
Ça tient à quoi ? Vous me parlez de l'Allemagne, mais on pense évidemment à l'incroyable bilan des Britanniques qui sont deuxièmes alors que c'est à peu près la même population et le même poids économique : vingt-sept médailles d'or contre dix pour la France. Est-ce qu'il faut s'inspirer des méthodes britanniques ?
THIERRY BRAILLARD
On va y réfléchir. C'est la raison pour laquelle je mets en place durant le mois d'octobre des états généraux sur le sport de haut niveau où tous les acteurs vont pouvoir participer : les sportifs bien sûr, les entraîneurs, les dirigeants fédéraux, les élus, le grand public qui pourra sur un site dédié amener des commentaires. Je crois qu'il faut réfléchir à se dire comment être encore meilleur qu'on ne l'a été à Rio. Je ne crois pas que c'est un aboutissement, Rio. C'est simplement un plus par rapport à ce qui se faisait d'habitude. Je vais vous donner un autre exemple. A Londres, nous n'avions eu que dix fédérations qui étaient médaillées ; à Rio, nous avons quatorze fédérations quand, dans le même temps, la Grande-Bretagne a vingt-deux fédérations médaillées. Vous voyez qu'il y a encore du travail pour que des fédérations se mettent au niveau olympique pour aller chercher des médailles.
JEROME CHAPUIS
La méthode britannique est ultra compétitive. S'il n'y a pas de médailles, il n'y a pas de financement dans les années qui suivent. Est-ce que c'est ça qu'il faut faire ?
THIERRY BRAILLARD
Elle l'est peut-être un peu trop quand on connaît la philosophie française et la façon dont on travaille. Mais au demeurant, il y a des choses qui se font en Angleterre sur les technologies, sur tout ce qui est le travail par rapport à la nutrition, à la performance, qui méritent vraiment qu'on s'y attache.
JEROME CHAPUIS
En tout cas Thierry BRAILLARD, vous nous dites qu'on peut faire mieux à Tokyo dans quatre ans et cela commence dès maintenant.
THIERRY BRAILLARD
Oui, je vous l'ai dit. Dès le mois d'octobre, une phase de réflexion. La mission d'optimisation de la performance qui est liée au ministère va voir toutes les fédérations pour que chacune explique pourquoi, comment ils ont eu ces résultats, ce qui a bien marché.
JEROME CHAPUIS
Et notamment les nageurs ? Parce qu'il faut aussi parler de ce qui n'a pas fonctionné, la natation.
THIERRY BRAILLARD
Les nageurs, les cyclistes, les tennismen. C'est quand même les trois fédérations qui n'ont pas rempli les objectifs qu'on leur avait assignés. Bien sûr qu'il va falloir qu'on nous explique pourquoi, comment. On va vraiment faire une profonde réflexion pour ensuite se lancer dans une perspective de dire : « Et si à Tokyo on était vraiment ce coup-là dans le top 5 ? » On a montré qu'on en avait en tout cas les capacités à tous ceux qui doutaient. Vous l'avez rappelé, au bout de deux jours nous étions les plus mauvais, la France était un pays nul, et cætera, et cætera. Qu'est-ce que nous n'avons pas entendu ! On a donc montré qu'on en avait les capacités et en tout cas, dans les mois qui viennent, je vais m'atteler à ce qu'on travaille là-dessus.
JEROME CHAPUIS
Nous en parlions tout à l'heure avec Tony YOKA et Estelle MOSSELY : il va y avoir des conséquences dans les clubs. Nous sommes à quelques jours de la rentrée scolaire ; vous vous attendez, vous, à un afflux, à un surcroît d'inscriptions dans les disciplines qui ont connu le succès ?
THIERRY BRAILLARD
Bien sûr. Et puis vous savez qu'en ce qui concerne la boxe, je travaille depuis des mois à ce que dans le premier semestre 2017, nous allons créer une ligue professionnelle de boxe qui n'existe pas. C'est-à-dire que c'est un sport où, lorsque vous expliquiez que vous étiez boxeur professionnel, vous avez plus de quatre cent cinquante références en France sauf qu'il y en a moins de quatre qui vivent de leur sport. Donc avec cette ligue de boxe professionnelle, nous allons protéger les boxeurs, leur donner un statut et leur permettre d'avoir des revenus qui leur permettent d'avoir de belles carrières.
JEROME CHAPUIS
Ces quinze jours à Rio ont été utiles à la candidature de Paris pour les Jeux de 2024 ?
THIERRY BRAILLARD
Ils ont été très utiles puisque la conférence de presse qui a été montée en début d'Olympiade en présence du président de la République a remis vraiment Paris au coeur des candidatures. C'est vrai qu'avec ce qu'on a vu à Rio, la candidature de Paris a de vrais bons atouts. Le fait par exemple que 80 % des infrastructures soient sur un périmètre de dix kilomètres et à moins de quinze minutes du Village olympique, quand on discute avec des sportifs, des dirigeants, c'est un atout considérable.
JEROME CHAPUIS
Il y a des leçons à tirer de ce que vous avez vu à Rio ?
THIERRY BRAILLARD
Beaucoup. Nous allons d'ailleurs débriefer avec les membres de la candidature. Tony ESTANGUET, Bernard LAPASSET, Guy DRUT bien sûr ont passé tout leur séjour ici. Anne HIDALGO a passé aussi un long moment, Valérie PECRESSE, de la région, est venue. Nous allons donc nous voir pour là aussi faire un bon bilan et voir comment agrémenter encore cette candidature de Paris 2024 qui a quand même de bons atouts.
JEROME CHAPUIS
De ce que vous avez pu voir et entendre là-bas à Rio, vous avez des raisons supplémentaires d'y croire ?
THIERRY BRAILLARD
Oui, parce qu'on a suivi aussi l'exemple de Rio qui a essayé de maintenir et de tenir le budget. Vous savez que la candidature de Paris est extrêmement ferme sur ces questions budgétaires. Il est hors de question d'avoir des dépenses inconsidérées ou des dépenses qui n'auraient pas d'héritage, ça veut dire qui n'auraient pas une utilité après les Jeux. On y est extrêmement attentif et je crois que là aussi on a pris des bons exemples à Rio.
JEROME CHAPUIS
Thierry BRAILLARD, évidemment vous étiez loin de ça hier dimanche, mais l'autre compétition dont on parle ici, c'est la présidentielle et la primaire socialiste. Arnaud MONTEBOURG, officiellement candidat depuis ce dimanche, demande à François HOLLANDE de renoncer à se présenter. Vous lui répondez quoi ?
THIERRY BRAILLARD
Vous savez, je sors du sport. Quand on sort du sport, il y a des camps. Moi, j'ai toujours soutenu la France contre l'adversaire et je pense qu'il faut qu'Arnaud MONTEBOURG dise dans quel camp il est. S'il fait tout cela pour que François HOLLANDE perde pour des perspectives qui lui seraient propres cinq ans plus tard, je pense que c'est un mauvais service qu'il rend à la gauche. Arnaud MONTEBOURG a été ministre, et pas n'importe quel ministre puisqu'il était ministre de l'Economie. Il ne doit pas s'affranchir du bilan, surtout des deux premières années du quinquennat. Ce n'est pas beau d'oublier cela et de vouloir après jouer des stratégies à deux ou trois bandes, où après souvent d'ailleurs les personnes qui mettent en place ces stratégies n'arrivent plus à savoir et à déterminer véritablement où cela les amène.
JEROME CHAPUIS
Vous dites Arnaud MONTEBOURG ancien ministre. Il n'est pas le seul, il y a aussi Benoît HAMON, Cécile DUFLOT, trois anciens ministres qui se présentent contre le président qui les a nommés, c'est complètement inédit.
THIERRY BRAILLARD
Et Aurélie FILIPPETTI. C'est surtout surprenant. C'est-à-dire que c'est des personnes qui étaient au gouvernement et qui avaient l'air d'y être bien. Et puis là maintenant, parce que peut-être les aspects politiciens reprennent le dessus, il faudrait absolument faire battre François HOLLANDE. Ce n'est pas ma conception de la politique, ce n'est pas ce qui me fait m'engager d'ailleurs aux côtés du président en étant membre du gouvernement. Je crois que quand on est au gouvernement, on travaille et quand on est dans une majorité, on fait en sorte que cette majorité réussisse. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a la présidentielle, puis ensuite il y a les législatives et monsieur HAMON, Arnaud MONTEBOURG peut-être seront bien candidats d'aller en campagne et puis peut-être d'être derrière le président nouvellement élu que pourrait être François HOLLANDE.
JEROME CHAPUIS
Merci Thierry BRAILLARD d'avoir été avec nous en direct du Club France RTL pour la fin de ces Jeux olympiques de Rio.
THIERRY BRAILLARD
Merci à vous.
JEROME CHAPUIS
Très bonne journée et très bonne nuit surtout.
THIERRY BRAILLARD
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2016