Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage aux soldats indiens venus combattre en France pendant la Première Guerre mondiale, à Paris le 26 septembre 2016.

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Circonstance : Ouverture de l’avant-première du film « Mademoiselle France pleure » du réalisateur indien Vijay Singh, à Paris le 26 septembre 2016

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur Vijay Singh, réalisateur du film,
Mesdames et messieurs les personnalités,
Mesdames et messieurs,
J'ai tenu à être avec vous ce soir à l'occasion de la projection du film « Mademoiselle France pleure ». Je souhaitais par ma présence vous délivrer un message et remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce docu-fiction et à la valorisation d'une histoire mal connue des Français.
Je veux aussi dès à présent remercier la Délégation à l'Information et à la Communication de la Défense ainsi que la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives qui ont permis à ce lieu d'accueillir cette histoire.
Histoire tue. Mémoire perdue.
Histoire tue pendant des années au profit d'autres soldats, d'autres héros, d'autres victimes. Histoire tue dans les expositions, dans les documentaires.
Mémoire perdue, de générations en générations, les enfants nés de l'union de soldats indiens et de femmes françaises étant devenus à leur tour des oubliés de l'histoire. Oubliés parce qu'on ne voulait pas entendre leur histoire.
Mémoire perdue aussi au regard du peu de ressources dont nous disposons.
Depuis 2013, le Centenaire de la Grande Guerre trouve sa force dans ces milliers de petites histoires qui émergent soudainement de la grande Histoire dans laquelle elles furent trop longtemps enfermées, pour rejoindre la mémoire collective.
Il est aussi l'occasion de valoriser des histoires méconnues, et l'engagement des Indiens dans la Grande Guerre a d'ailleurs fait l'objet en 2014 d'un ouvrage coédité par Gallimard et le ministère de la défense, en partenariat avec la mission du centenaire. C'était notre responsabilité de le faire.
C'est à vous, monsieur Vijay Singh, qui nous faites l'honneur de votre présence à Paris, que nous devons aujourd'hui la réémergence de cette histoire.
En tant que Secrétaire d'Etat chargé de la mémoire, je me devais d'être présent et de vous en remercier.
Votre film ne se contente pas d'honorer la mémoire de ces 140 000 hommes, soldats et travailleurs. Il réécrit leur histoire. Il leur rend un parcours, une identité, un visage. Ils étaient Bengalis, Birmans, Baluchis ou encore Népalais.
Parmi ces hommes, 10 000 ne sont jamais revenus sur leur terre natale. Ils sont tombés à Neuve-Chapelle. Ils sont tombés à Ypres. Ils sont tombés dans l'Artois.
Autant de lieux qui témoignent du sacrifice commun.
Plus de 5 000 noms sont inscrits sur l'Indian Memorial de Neuve-Chapelle. D'autres sont inscrits dans l'anneau de la mémoire de Notre-Dame-de-Lorette inauguré par le Président de la République le 11 novembre 2014.
Des noms à jamais gravés dans l'éternité de la pierre qui disent la reconnaissance éternelle de la France.
Et je veux à cet instant avoir une pensée pour les soldats indiens de Pondichéry dont plusieurs dizaines sont tombés sur le sol de France métropolitaine.
Mais « Mademoiselle France pleure » n'est pas qu'un film sur la guerre. C'est d'abord un film sur l'humanité. Celle qui se lit à l'aune des lettres de soldats indiens envoyés à leur famille et qui ont nourri ce documentaire. Celle qui fait le ciment des relations entre Indiens, Britanniques et Français.
C'est un film aussi sur l'amour car la participation de ces hommes à la Grande Guerre a engagé leur destin, qui a croisé celui de jeunes femmes françaises.
L'histoire de la Grande Guerre a engendré des histoires familiales qui sont aujourd'hui autant de témoignages.
Je tiens à m'excuser très sincèrement de ne pouvoir finalement pas assister à cette projection. J'ai néanmoins eu la chance de visionner ce magnifique documentaire fiction et je remercie une dernière fois le réalisateur et toute l'équipe du film d'œuvrer à la valorisation et à la transmission de cette mémoire.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 octobre 2016