Texte intégral
Mesdames,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monseigneur,
Chers concitoyens,
Je suis très ému au moment où je m'adresse à vous, d'abord parce que nous venons de procéder à une simple cérémonie en souvenir des agents du Consulat général qui ont payé de leur vie l'exercice de leur activité professionnelle au service de la relation sans pareille qui unit l'Algérie et la France.
Ensuite parce qu'il se trouve que j'ai hanté ces lieux dans une vie antérieure. J'étais stagiaire de l'ENA à un moment où ici, à l'époque, l'ambassadeur s'appelait M. Gorce avec lequel je suis resté en relation amicale. Puis il y en a eu d'autres : M. Hulot, de La Rosière, M. Daumel et quelques autres encore que je ne peux pas les citer tous. Je me souviens de ces ombrages, l'impression de me retrouver trente-sept ans en arrière. Et puis, je vous vois, c'est la troisième raison de mon émotion. Je vous vois, valeureux, qui maintenez et développez la présence de la France en Algérie - relation que je qualifiais d' "unique" à bien des égards, qui s'est forgée dans l'Histoire.
L'Histoire est ce qu'elle est. Nous ne l'avons pas choisie, mais elle a créé des liens qui ne peuvent pas s'effacer, qui ne s'effaceront pas et que vous maintenez, je dirais, de façon méritoire. Je vois que vous êtes de plus en plus nombreux, je crois, 8.500 aujourd'hui, en nette progression par rapport aux années précédentes et je crois que c'est important pour la vie de cette grande nation moderne qu'est et que doit être, de plus en plus, l'Algérie qui, a tant d'égards, est pour nous une nation vis-à-vis de laquelle on ne peut pas être, quoiqu'on ait pu dire, indifférent. On n'est jamais indifférent à l'égard de ce qui se passe en Algérie. Et puis, il y a là nos intérêts, non seulement politiques, mais aussi commerciaux, culturels, techniques ; une coopération, à beaucoup d'égards exemplaire, et qui se manifeste à travers vous, car elle passe toujours par des femmes et par des hommes qui font vivre cette relation à laquelle, moi, j'ai cru, tout jeune homme - j'étais jeune militaire, appelé du contingent. J'ai pensé qu'elle devait subsister entre la France et l'Algérie, au-delà des souffrances du moment. J'ai toujours pensé que la vie maintiendrait et fortifierait cette relation. Je vois qu'elle a connu des hauts et des bas. Espérons qu'elle reparte vers le haut, grâce à vous et puis, grâce à l'effort qui est fait, je crois, des deux côtés.
Ma venue coïncide avec, vous le savez, la réunion des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée occidentale. Elle est aussi l'occasion d'une rencontre avec les plus hautes autorités algériennes, avec le désir que je crois, - je l'espère -, partagé, de mettre notre relation sur une orbite ascendante. Elle peut l'être, elle l'est déjà dans le domaine des visas, et je tiens à rendre hommage à l'excellent travail qui est fait ici. J'ai pu visiter avec M. l'ambassadeur et M. le Consul général, ces nouveaux locaux qui sont très remarquables, d'une belle conception, disons que cela peut se prolonger dans les mois et les années qui viennent pour que la relation franco-algérienne retrouve son étiage normal.
Il y a 800.000 Algériens en France. Il y a au bas mot, un million et demi de Français d'origine algérienne et, naturellement, tous ces liens sont des liens humains, il faut les faciliter. Il faut les faciliter, naturellement en tenant compte des intérêts des deux pays. Nous sommes distincts car nous ne sommes pas à la même place, enfin, nous ne sommes pas non plus très loin l'un de l'autre, il faut bien le dire, et il y a beaucoup d'intérêts communs, beaucoup de raisons qui font que nous devons créer une zone de stabilité, de coopération, de développement, d'amitié aussi. Je crois beaucoup à cela. Je le dis d'autant plus volontiers que j'ai gardé en Algérie des amis très chers. Je pourrais évoquer beaucoup de souvenirs, mais ce serait trop personnel, donc je ne le ferai pas et chacun d'entre vous a, je crois, beaucoup investi, ici.
Je tiens à vous en remercier, à vous rendre hommage, car vous le méritez, du travail que vous faites, soit dans l'administration, soit dans les affaires, soit dans l'enseignement, la formation, soit dans d'autres domaines qui, je crois, peuvent fortifier cette relation très précieuse. En tout cas, j'espère que ma venue, vous permettra d'examiner toute une série de sujets que vous connaissez bien - il suffit de lire les journaux donc je ne m'étends pas, - sera l'occasion de développer la relation franco-algérienne et de lui faire retrouver le niveau qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Bien entendu, c'est lié aussi à ce qui se passe en Algérie. On peut néanmoins former des voeux et être raisonnablement optimiste, je dis "bien raisonnablement optimiste" pour que les conditions de la stabilité et du développement se recréent progressivement. Cela passe par des mutations qui sont quelquefois douloureuses. Depuis dix ans, on vit quelque chose qui est très difficile. Je crois que si la relation entre la France et l'Algérie se développe, c'est aussi un élément de la stabilité de l'identité de la France.
J'étais venu à Alger en 1993 et j'avais donné une conférence à l'invitation de l'INESG. Il y avait là le ban et l'arrière-ban. Je leur avais dit que la France est un pays dont le peuplement était majoritairement celtique. La langue nous vient d'Italie, la religion de Palestine, et son nom est un nom germanique. Donc, nous avons fait la France avec tout cela, un peu de bric et de broc. Je n'ai pas à rajouter que vous avez affaire avec tout ce qui fait l'Algérie, mais évidemment c'était ma pensée et je pense qu'elle est comprise, et je crois que ce que vous faites est très utile.
Soyez-en remerciés.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juin 1999)
Monsieur l'Ambassadeur,
Monseigneur,
Chers concitoyens,
Je suis très ému au moment où je m'adresse à vous, d'abord parce que nous venons de procéder à une simple cérémonie en souvenir des agents du Consulat général qui ont payé de leur vie l'exercice de leur activité professionnelle au service de la relation sans pareille qui unit l'Algérie et la France.
Ensuite parce qu'il se trouve que j'ai hanté ces lieux dans une vie antérieure. J'étais stagiaire de l'ENA à un moment où ici, à l'époque, l'ambassadeur s'appelait M. Gorce avec lequel je suis resté en relation amicale. Puis il y en a eu d'autres : M. Hulot, de La Rosière, M. Daumel et quelques autres encore que je ne peux pas les citer tous. Je me souviens de ces ombrages, l'impression de me retrouver trente-sept ans en arrière. Et puis, je vous vois, c'est la troisième raison de mon émotion. Je vous vois, valeureux, qui maintenez et développez la présence de la France en Algérie - relation que je qualifiais d' "unique" à bien des égards, qui s'est forgée dans l'Histoire.
L'Histoire est ce qu'elle est. Nous ne l'avons pas choisie, mais elle a créé des liens qui ne peuvent pas s'effacer, qui ne s'effaceront pas et que vous maintenez, je dirais, de façon méritoire. Je vois que vous êtes de plus en plus nombreux, je crois, 8.500 aujourd'hui, en nette progression par rapport aux années précédentes et je crois que c'est important pour la vie de cette grande nation moderne qu'est et que doit être, de plus en plus, l'Algérie qui, a tant d'égards, est pour nous une nation vis-à-vis de laquelle on ne peut pas être, quoiqu'on ait pu dire, indifférent. On n'est jamais indifférent à l'égard de ce qui se passe en Algérie. Et puis, il y a là nos intérêts, non seulement politiques, mais aussi commerciaux, culturels, techniques ; une coopération, à beaucoup d'égards exemplaire, et qui se manifeste à travers vous, car elle passe toujours par des femmes et par des hommes qui font vivre cette relation à laquelle, moi, j'ai cru, tout jeune homme - j'étais jeune militaire, appelé du contingent. J'ai pensé qu'elle devait subsister entre la France et l'Algérie, au-delà des souffrances du moment. J'ai toujours pensé que la vie maintiendrait et fortifierait cette relation. Je vois qu'elle a connu des hauts et des bas. Espérons qu'elle reparte vers le haut, grâce à vous et puis, grâce à l'effort qui est fait, je crois, des deux côtés.
Ma venue coïncide avec, vous le savez, la réunion des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée occidentale. Elle est aussi l'occasion d'une rencontre avec les plus hautes autorités algériennes, avec le désir que je crois, - je l'espère -, partagé, de mettre notre relation sur une orbite ascendante. Elle peut l'être, elle l'est déjà dans le domaine des visas, et je tiens à rendre hommage à l'excellent travail qui est fait ici. J'ai pu visiter avec M. l'ambassadeur et M. le Consul général, ces nouveaux locaux qui sont très remarquables, d'une belle conception, disons que cela peut se prolonger dans les mois et les années qui viennent pour que la relation franco-algérienne retrouve son étiage normal.
Il y a 800.000 Algériens en France. Il y a au bas mot, un million et demi de Français d'origine algérienne et, naturellement, tous ces liens sont des liens humains, il faut les faciliter. Il faut les faciliter, naturellement en tenant compte des intérêts des deux pays. Nous sommes distincts car nous ne sommes pas à la même place, enfin, nous ne sommes pas non plus très loin l'un de l'autre, il faut bien le dire, et il y a beaucoup d'intérêts communs, beaucoup de raisons qui font que nous devons créer une zone de stabilité, de coopération, de développement, d'amitié aussi. Je crois beaucoup à cela. Je le dis d'autant plus volontiers que j'ai gardé en Algérie des amis très chers. Je pourrais évoquer beaucoup de souvenirs, mais ce serait trop personnel, donc je ne le ferai pas et chacun d'entre vous a, je crois, beaucoup investi, ici.
Je tiens à vous en remercier, à vous rendre hommage, car vous le méritez, du travail que vous faites, soit dans l'administration, soit dans les affaires, soit dans l'enseignement, la formation, soit dans d'autres domaines qui, je crois, peuvent fortifier cette relation très précieuse. En tout cas, j'espère que ma venue, vous permettra d'examiner toute une série de sujets que vous connaissez bien - il suffit de lire les journaux donc je ne m'étends pas, - sera l'occasion de développer la relation franco-algérienne et de lui faire retrouver le niveau qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Bien entendu, c'est lié aussi à ce qui se passe en Algérie. On peut néanmoins former des voeux et être raisonnablement optimiste, je dis "bien raisonnablement optimiste" pour que les conditions de la stabilité et du développement se recréent progressivement. Cela passe par des mutations qui sont quelquefois douloureuses. Depuis dix ans, on vit quelque chose qui est très difficile. Je crois que si la relation entre la France et l'Algérie se développe, c'est aussi un élément de la stabilité de l'identité de la France.
J'étais venu à Alger en 1993 et j'avais donné une conférence à l'invitation de l'INESG. Il y avait là le ban et l'arrière-ban. Je leur avais dit que la France est un pays dont le peuplement était majoritairement celtique. La langue nous vient d'Italie, la religion de Palestine, et son nom est un nom germanique. Donc, nous avons fait la France avec tout cela, un peu de bric et de broc. Je n'ai pas à rajouter que vous avez affaire avec tout ce qui fait l'Algérie, mais évidemment c'était ma pensée et je pense qu'elle est comprise, et je crois que ce que vous faites est très utile.
Soyez-en remerciés.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juin 1999)