Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Ministre, Député, Président du Conseil départemental,
Monsieur le Député
Monsieur le maire, vice-président de la Région,
Monsieur le directeur de l'Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense,
Monsieur le directeur adjoint de la mémoire, du patrimoine et des archives, mon général,
Monsieur l'adjoint au chef du Service historique de la Défense,
Madame Marie Chominot que je remercie pour la présentation de l'exposition,
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux d'être aujourd'hui, pour la première fois depuis ma prise de fonctions, parmi vous aux Rendez-vous de l'Histoire de Blois, pour une invitation à « Partir ».
Je tenais à être présent au nom du riche patrimoine historique du ministère de la défense mais aussi pour saluer et remercier l'ensemble des partenaires et historiens avec qui je travaille quotidiennement au service de la diffusion des mémoires de notre pays.
C'est plus précisément au cur de l'histoire de la guerre d'Algérie que nous sommes invités à partir. Je salue cette initiative et j'en profite pour remercier le président du conseil départemental d'accueillir ici un pan de notre histoire, celle de la France.
« Partir en Algérie », comme ce fut le cas à partir de 1954 pour les appelés puis les rappelés du contingent.
« Partir d'Algérie », en 1962, à l'image des rapatriés, des harkis puis des troupes militaires. Un retour en métropole pour certains. La découverte d'une terre inconnue pour d'autres, qui allait pourtant devenir celle de leur vie future.
« Partir ». Ce terme renferme à lui seul toutes les mémoires de la guerre d'Algérie que nous avons à cur de rassembler. Sans les confondre. De respecter. Sans les opposer. Car l'histoire est une, mais la mémoire est plurielle.
C'est le message adressé par le Président de la République à l'ensemble des victimes civiles et militaires et des témoins de cette guerre, le 19 mars au quai Branly et le 25 septembre dans la cour des Invalides, à l'occasion de l'hommage national rendu aux harkis.
La guerre d'Algérie a mobilisé 2 millions de soldats sous le drapeau français, partis de l'autre côté de la Méditerranée entre 1955 et 1962. Elle a vu des centaines de milliers de rapatriés partir d'Algérie au lendemain de la signature des accords d'Evian.
Autant de parcours douloureux et d'itinéraires singuliers qui ont rencontré le destin de la France, et qui sont mis à l'honneur à travers ces photographies.
Le très riche fonds iconographique du ministère de la défense est le témoignage que cette histoire, qui ne demande qu'à être transmise, doit être mieux valorisée.
C'est pourquoi je veux remercier et féliciter toute l'équipe de l'Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense pour la réalisation de cette magnifique exposition présentée en réalité augmentée.
Elle rend à chacun sa place dans l'histoire et dans la mémoire nationale. Elle témoigne, sans juger. Elle reflète la complexité des situations dans laquelle la guerre d'Algérie a plongé toutes ces femmes et tous ces hommes.
Parce que leurs mémoires familiales font celle de la France, la ministre de l'éducation nationale, la ministre de la culture et moi-même lancerons du 18 au 20 novembres, comme l'a souhaité le Président de la République, une grande collecte afin de recueillir auprès des Français qui le souhaitent, tous les documents authentiques présentant un intérêt historique et illustrant la relation entre la France et l'Afrique.
Aujourd'hui, je le dis, il est temps d'apaiser ces mémoires. J'entends les douleurs d'hier. Je sais les cicatrices non refermées aujourd'hui. Je comprends les angoisses qui peuvent perdurer demain, plus de 60 ans après la fin de la guerre.
Mais l'heure est au dépassement des souffrances du passé. Nous devons tous y travailler.
La République a fait le choix d'affronter cette histoire avec le souci du respect de la vérité historique, exigence sans laquelle il ne peut y avoir de politique mémorielle.
C'est au nom de ce devoir de transparence que le Président de la République a présidé la cérémonie du 19 mars, rappelant alors que « le sens de cette journée nationale, c'est d'honorer toutes les douleurs et de reconnaître toutes les souffrances ».
C'est au nom de ce même devoir de transparence que nous sommes ici aujourd'hui.
Que l'Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense valorise ses fonds d'archives.
Que la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du Ministère coédite, avec la maison Gallimard, l'ouvrage « Regards sur l'Algérie ».
Parce que l'image est frappante de vérité, elle devient objet d'histoire. Votre objet d'histoire, Marie Chominot, décrivant la violence de ce qui n'était alors que « des événements ».
L'histoire est un outil pour faire de la connaissance un premier pas vers la reconnaissance.
Les Rendez-vous de l'Histoire sont le témoignage de ce que cette discipline, qui exige rigueur et perpétuelle remise en question, peut apporter à notre société.
L'ouverture d'esprit et la tolérance.
L'esprit critique.
Le sentiment d'appartenance à un destin commun.
Aujourd'hui, 64 ans après les faits, les archives photographiques nous invitent à une approche renouvelée de l'histoire de la guerre d'Algérie, mais respectueuse de la diversité des mémoires nées de ce conflit qui a marqué profondément notre pays.
Telle est la noble ambition de la politique mémorielle et culturelle du ministère de la défense. Telle est mon ambition. Et c'est pour moi un plaisir et une fierté d'avoir eu l'occasion aujourd'hui de le rappeler.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 octobre 2016