Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil départemental,
Monsieur le député, maire de Bourg-en-Bresse,
Monsieur le Président de Bourg en Bresse Agglomération,
Mesdames et messieurs les conseillers régionaux,
Madame la Directrice générale de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre,
Monsieur le Président du Souvenir français,
Monsieur le Président de la FNACA, cher Guy Darmanin,
Mesdames et messieurs,
Je me devais d'être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de ce grand rassemblement, rendez-vous régulier qui vous réunit tous les deux ans. C'est ma responsabilité.
C'est l'occasion pour moi de revenir sur deux ans durant lesquels nous avons construit ensemble, à travers votre président Guy Darmanin, une relation étroite de confiance.
C'est ma responsabilité de travailler en concertation avec l'ensemble des associations représentants le monde combattant. Je ne conçois pas ma fonction autrement.
C'est cette confiance qui nous a permis d'avancer ensemble sur le chemin de la reconnaissance et de la réparation.
Ce chemin est souvent jonché d'obstacles, parfois de déceptions. J'en ai conscience.
Mais il se fraye à l'aune de ma volonté d'accorder une juste reconnaissance à toutes les générations combattantes, dans le respect des mémoires et avec le souci de la justice sociale.
Ce sont des choix politiques qui apparaissent dans le prochain budget de la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation » que j'ai eu l'occasion de présenter aux membres du G12 le 28 septembre.
Il est le résultat d'un long travail alliant volontarisme politique et souci de répondre aux attentes du monde combattant. Avec 2,445 Md, soit une baisse nettement inférieure aux années précédentes, ce budget non seulement préserve mais aussi renforce les dispositifs qui témoignent de la politique de réparation, de reconnaissance et de solidarité à l'égard du monde combattant.
Il est aussi le dernier budget du quinquennat et vient confirmer une ligne politique cohérente traduite dans l'ensemble des projets de loi de finances adoptés depuis 2012.
D'abord nous avons fait des choix budgétaires visant à réparer les inégalités sociales qui existaient parmi les anciens combattants et parmi les veuves.
Je pense notamment aux mesures prises en faveur des conjoints survivants des grands invalides et à l'augmentation de l'enveloppe dédiée à la politique sociale de l'ONAC-VG, notamment pour les anciens combattants démunis. J'ai également étendu le bénéfice de la campagne double aux anciens d'Afrique du Nord, répondant à une revendication ancienne et légitime.
Parmi les avancées du quinquennat, il y eut ensuite l'élargissement du bénéfice de la retraite du combattant à un plus grand nombre, notamment à travers la mise en place de la « carte à cheval » qui impactait 10 000 personnes ou encore la carte OPEX qui pourrait concerner jusqu'à 150 000 personnes.
Dans la continuité des années précédentes, j'ai fait le choix pour 2017 d'une grande mesure forte et générale, concernant le plus grand nombre.
C'est ainsi que la retraite du combattant sera revalorisée de 11% en seulement un an, soit 4 points en 2017 : 2 points dès le 1er janvier pour atteindre plus de 700 euros, 2 autres points au 1er septembre. Elle s'élèvera ainsi en fin d'année prochaine à plus de 750 euros.
C'est une mesure phare, destinée à améliorer le quotidien de l'ensemble des générations combattantes qui en bénéficient, des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale aux soldats engagés dans les opérations extérieures qui ont atteint l'âge de 65 ans, en passant par les anciens d'Indochine et d'Afrique du Nord.
A cette grande mesure s'ajoutent trois autres mesures de revalorisation ou d'équité.
D'abord l'augmentation de 100 euros de l'allocation de reconnaissance pour les harkis, conjoints et ex conjoints survivants, qui s'inscrit dans le prolongement du plan harkis lancé en 2014.
Je n'oublie pas non plus les populations les plus en difficultés, l'action de mon ministère s'étant toujours concentrée sur les plus faibles.
C'est ainsi que les moyens alloués à l'action sociale de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre connaîtront une nouvelle revalorisation de 1 M, soit une augmentation totale de 31% depuis 2012.
Là aussi, cette action sociale vise l'ensemble des ressortissants identifiés comme les plus fragiles : les Anciens combattants eux-mêmes, les conjoints survivants et les victimes d'actes du terrorisme qui depuis 1990 sont des victimes de guerre.
A cet instant, je veux dire un mot des victimes du terrorisme, désormais explicitement nommées dans le Code des Pensions Militaires d'Invalidité et des Victimes de Guerre pour lesquelles une médaille a été créée à la demande de la grande chancellerie par le Président de la République.
Elle est le témoignage de l'hommage incontournable de la Nation à ses victimes. Elle vient aussi saluer le courage avec lequel les blessés du terrorisme et les familles endeuillées doivent se reconstruire.
Certains dans le monde combattant s'émeuvent de la création de cette médaille. Je comprends cette émotion.
Mais je veux leur dire qu'elle ne remet pas en cause l'hommage que la Nation vous rend pour les sacrifices consentis. La France honore toutes ses victimes. Sans les opposer.
La succession d'attentats perpétrés contre notre pays ces dernières années impose aussi un renforcement de nos dispositifs et de nos structures pour accompagner l'ensemble des victimes sur le long terme. C'est le travail de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre.
Oui, les victimes des attentats sont des ressortissants de l'Office national, que nous devons reconnaître et accompagner.
La maison des combattants, qui fête en 2016 ses cent ans, a plus que jamais sa raison d'être tant les anciens combattants et victimes de guerre, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui, ont besoin de soutien moral et financier, d'accompagnement social et d'écoute.
Si les attaques terroristes ont nécessité une implication exceptionnelle des forces armées sur le territoire métropolitain, l'engagement opérationnel à l'extérieur de nos frontières n'est pas moins exceptionnel.
C'est pourquoi le projet de loi de finances pour 2017 est aussi l'occasion de confirmer l'attention toute particulière portée à la 4e génération combattante.
D'abord sur le plan de la réparation, avec cette 4e mesure de mon projet de budget. Jusqu'à aujourd'hui, les conjoints de plus de 40 ans de militaires blessés ou morts en opérations bénéficiaient d'une pension revalorisée s'ils avaient un enfant à charge. Désormais, la condition d'âge de 40 ans est supprimée, cette mesure bénéficiant alors à tous.
Ensuite sur le plan de la reconnaissance avec le lancement en février/mars 2017 des travaux du monument en hommage aux soldats morts pour la France en opérations extérieures, parc André Citroën à Paris. Le concours a été lancé la semaine dernière, le jury est désormais constitué.
C'est l'un des grands chantiers de l'année mémorielle 2017. C'est pourquoi j'ai tenu à préserver le budget de la politique de mémoire à hauteur de 22,2 M, afin de poursuivre une politique ambitieuse et moderne.
Une politique tournée vers la jeunesse. L'enveloppe dédiée à la politique de mémoire est en partie consacrée au soutien et à la valorisation de projets pédagogiques 500 ont été soutenus financièrement par le ministère de la défense en 2016 - mais aussi au développement de supports multimédias dans les lieux de mémoire pour attirer un public plus jeune.
En 2017 se poursuivra le cycle du centenaire de la Grande Guerre, avec les cérémonies commémorant notamment l'entrée en guerre des Etats-Unis et le Chemin des Dames, avec le souci de continuer à valoriser les autres mémoires : celle de la Résistance, des combattants engagés en Indochine et en Afrique du Nord et des soldats ayant participé aux opex.
Il permettra aussi de mener une politique forte et volontariste de valorisation des lieux de mémoire à l'image du mémorial du Mont Faron en cours de rénovation que le Président de la République inaugurera en 2017.
Mesdames et messieurs, une seule chose me guide dans la conduite de la politique mémorielle : le respect de la diversité de nos mémoires.
Cette diversité, qui fait aussi la richesse de notre histoire, se manifeste partout et pour tous les conflits.
Le souvenir de certaines guerres est encore douloureux et source de crispations, de rancurs, de désillusions. Je le regrette.
La mémoire de la guerre d'Algérie est pour certains une cicatrice encore ouverte. Mais nous avons travaillé à l'apaisement des mémoires pour panser les plaies non refermées.
C'est le message que le Président de la République a délivré le 19 mars au quai Branly, rappelant que le sens de cette journée nationale est d'honorer toutes les souffrances. Appelés et rappelés du contingent, soldats de l'armée française, harkis, rapatriés, Français et Algériens vivant en métropole ou de l'autre côté de la Méditerranée, chacun a pu lire son histoire le 19 mars dernier. Chacun a reçu l'hommage de la France.
Vous avez souhaité que cette date s'inscrive dans le calendrier commémoratif de la France. C'est chose faite depuis 2012, après l'adoption de la proposition de loi par le Parlement.
Remettre en cause cette date reviendrait à nier toute l'histoire dont elle témoigne et les mémoires qu'elle invite à commémorer. L'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy en a émis le souhait, annonce qui a encouragé votre président Guy Darmanin à interroger tous les candidats à la primaire « Les Républicains » sur leurs intentions quant à cette journée nationale.
Les gestes d'hommage aux victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie se sont multipliés ces dernières années pour n'oublier personne. Je pense par exemple aux disparus dont la mémoire est désormais inscrite dans l'éternité de la pierre sur la stèle du Père Lachaise et je sais combien vous y étiez attachés.
Les gestes d'hommage et de reconnaissance passent aussi par les remises de décorations.
S'agissant de la Légion d'Honneur par exemple, le Président de la République a signé les décrets triennaux 2015-2017, faisant passer le contingent de 500 croix par an à 1800 pour les anciens combattants 1939-1945, sur les théâtres extérieurs et en Afrique du Nord. S'agissant de la médaille militaire qui concerne à 90% les anciens d'Afrique du Nord, le contingent a augmenté de 1500 croix en 2015.
Au-delà de l'hommage, tous ces gestes concourent à une meilleure connaissance et compréhension de la guerre d'Algérie, étape sans laquelle il ne peut y avoir de reconnaissance.
Aujourd'hui, grâce aux historiens, nous en savons plus sur la guerre d'Algérie. L'Etat doit prendre toute sa responsabilité dans la diffusion de cette histoire.
C'est pourquoi avec la ministre de l'Education nationale et la ministre de la culture, j'ai lancé la semaine dernière la Grande Collecte. Toutes les archives de France recueilleront du 18 au 20 novembre tous les objets que les anciens combattants d'Afrique voudront bien leur confier.
C'est pourquoi aussi le Président a annoncé le 19 mars dernier le rassemblement, dans un futur musée de l'histoire de la France et de l'Algérie de l'ensemble des collections témoignant de cette mémoire partagée.
Voilà les messages que je suis venu vous délivrer aujourd'hui. Ce sont des messages de justice sociale et d'apaisement.
Oui notre mémoire est plurielle et se décline en des milliers d'histoire. Mais elle est trop belle et riche pour se laisser manipuler, pour devenir objet de concurrence.
Depuis 2012, nous faisons le choix du rassemblement en honorant toutes les mémoires et en ayant le souci d'accorder une juste réparation à l'ensemble du monde combattant, en ne laissant de côté aucune population, ni aucune génération.
Le défi était grand. Nous l'avons relevé. Il reste toujours à faire, je le sais. Mais le monde combattant est aujourd'hui plus fort parce que nous l'avons servi avec le souci de traduire ces valeurs qui font la noblesse de la République :
- la liberté de commémorer toute notre histoire, avec ses heures de gloire et ses zones d'ombre ;
- l'égalité avec laquelle nous devons mener l'uvre de réparation et de solidarité à l'égard du monde combattant ;
- la fraternité afin. Celle des armes qui unissent nos combattants d'hier et d'aujourd'hui. Celle que l'on vous doit au nom de votre engagement, de vos sacrifices.
Et je sais pouvoir compter sur la FNACA et son président pour continuer de défendre les droits du monde combattant, avec l'ambition de respecter ses trois piliers de notre République.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 19 octobre 2016