Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur le conflit syrien, à Paris le 14 octobre 2016.

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Circonstance : Rencontre avec des personnalités du monde culturel et associatif engagées pour la paix en Syrie, à Paris le 14 octobre 2016

Texte intégral

Voilà, avec le président de la République, nous venons de rencontrer des personnalités du monde de la culture, des associations et des représentants de la société civile, à la fois des Français et des Syriens qui montrent à quel point l'indignation dans notre pays est en train de monter avec force contre ce qui se passe à Alep ; le massacre d'une population, plus de 250.000 habitants sous les bombes qui vivent dans des conditions épouvantables privés de tous soins, privés d'eau potable et qui sont menacés de mort tout simplement. Et donc ce que nous redisons avec force, c'est l'obligation morale d'arrêter les bombardements sur Alep.
Le prétexte utilisé par le régime de Bachar al-Assad et ses soutiens russes et iraniens, que ce serait un combat contre des terroristes qui seraient engagés là-bas, eh bien parmi cette population, parmi ces 250.000 personnes, il y a des hommes, des femmes, des enfants qui voient aujourd'hui leur vie détruite. Et ça, nous ne l'acceptons pas : nous appelons encore une fois avec force à la négociation, à la négociation politique pour la paix et ça passe par un préalable ; le préalable, c'est l'arrêt des bombardements.
Beaucoup d'autres initiatives vont être prises, la France en a déjà pris ces derniers jours et nous serons toujours en première ligne avec la même détermination, avec la même force, avec la même conviction pour faire reculer la barbarie. Il n'est jamais trop tard pour faire la paix et donc pour ça, nous avons besoin non seulement du soutien politique des autres États, des autres gouvernements, d'abord de l'Union européenne mais aussi de la communauté internationale mais nous avons aussi besoin de la mobilisation citoyenne et cette mobilisation citoyenne, elle s'est manifestée aujourd'hui avec force, avec beaucoup d'émotion mais avec conviction à l'occasion de cette rencontre avec le président de la République. Et donc je voudrais saluer à mon tour l'immense effort qui est fait par ces hommes et ces femmes remarquables qui aujourd'hui à Alep - je pense aux Casques blancs qui travaillent tous les jours, toutes les nuits pour sauver des vies dans des conditions de plus en plus difficiles, mais aussi ces hommes et ces femmes de la société civile qui essaient de faire fonctionner ce qui reste de service public pour les écoles, les centres de soins, sauver des vies encore, il en est encore temps - donc nous ne renoncerons pas à exprimer concrètement, politiquement, humainement notre solidarité avec le peuple syrien, avec ces millions et millions de réfugiés, de déplacés - c'est près de la moitié de la population de la Syrie aujourd'hui, 10 millions - et puis aussi ces morts de plus en plus nombreux, plus de 300.000 déjà, ces prisonniers dans des conditions épouvantables dans les prisons syriennes souvent sans nouvelles de leur famille.
Ce combat, c'est un combat au nom des droits de l'Homme que nous menons, au nom de la liberté et cela, pour nous, la France, nous le menons aussi avec force contre le terrorisme puisque c'est l'argument qui est invoqué par la Russie et le régime de Bachar al-Assad ; nous le menons sans ambiguïté ; nous le menons contre Daech, nous le menons contre al-Nosra, al-Qaïda, mais la France a été elle-même tellement violemment touchée qu'on ne peut pas la soupçonner de faire preuve de manque d'engagement sur ce sujet mais le combat contre le terrorisme, mais c'est aussi le combat pour la paix, c'est le combat pour la sécurité, la sécurité de Syriens mais aussi la sécurité des Européens. Donc nous ne renoncerons pas et la rencontre de cet après-midi est un message, à la fois un message de douleur, un message de colère mais aussi un message d'espoir.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 octobre 2016