Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur l'Union européenne face au conflit syrien, à Luxembourg le 17 octobre 2016.

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Circonstance : Conseil de l'UE, à Luxembourg le 17 octobre 2016

Texte intégral


Les Européens font passer un message très clair, très ferme : ce qui se passe à Alep est une catastrophe humanitaire. Tout doit être fait pour que les bombardements cessent et que l'aide humanitaire - et l'UE est très engagée - puisse accéder aux populations, et pour reprendre le processus de paix. Il n'y a pas d'autre voie. Aujourd'hui la situation est terriblement bloquée.
Il faut dire clairement que la Russie est engagée aux côtés du régime de Bachar al-Assad dans une logique de destruction. On pense bien sûr à l'expérience de Grozny. Cela ne peut pas être une option. On ne peut pas fermer les yeux sur cette situation. On fait tout pour nous encourager à nous taire et à fermer les yeux, mais ce ne sera pas le sens de cette réunion.
L'objectif de la France c'est de poursuivre notre lutte contre le terrorisme, contre Daech - nous faisons partie de la coalition, comme vous le savez- mais aussi contre les autres groupes qui participent aussi au terrorisme : al-Qaïda, al-Nosra, qui font partie de cette famille.
Pour nous, la situation est claire en ce qui concerne l'Irak, la bataille pour reprendre Mossoul à Daech est engagée. C'est une bataille difficile, avec le gouvernement irakien et l'armée irakienne en première ligne, mais avec le soutien de la coalition internationale dont la France fait partie. Évidemment, il faut tout faire pour préparer l'aide humanitaire, car elle sera nécessaire, avec des réfugiés qui fuiront Mossoul pour se protéger. Les Nations unies n'ont cessé de le rappeler : il faut que l'aide humanitaire soit organisée. En tout cas la France, avec l'UE, souhaite que nous prenions toutes nos responsabilités. Enfin il y a aussi la dimension politique : que se passe-t-il après la prise de Mossoul et la défaite de Daech ? Il faut que les termes d'une gestion politique inclusive soient discutés avec l'Irak, et qu'après la bataille de Mossoul, on puisse construire la paix après avoir gagné la guerre.
Q - Étant donné la situation catastrophique à Alep, ne faudrait-il pas aussi parler de sanctions contre la Russie ?
R - Nous avons un débat aujourd'hui durant lequel nous examinerons toutes les options qui permettront de faire, bien plus encore, pression sur le régime de Bachar al-Assad, mais aussi sur ses alliés. La France a saisi le conseil de sécurité, comme vous le savez, qui a montré l'isolement de la Russie, mais il faut persévérer, il faut poursuivre. Il faut que la pression soit forte. Plus l'UE manifestera son unité et sa détermination, plus nous pourrons faire avancer ce qui est une exigence morale, qui est l'exigence que nous devrions tous défendre : l'arrêt du massacre de la population d'Alep. Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 octobre 2016