Texte intégral
* Irak - Mossoul - Aide humanitaire
Après la défaite espérée et attendue, de Daech, il faut créer des conditions pour une paix durable, une paix civile et que cela ne se traduise pas ensuite par des affrontements entre minorités, entre milices, donc c'est la préparation de la suite politique, de la gestion politique et qui nécessite un dialogue avec des nombreux partenaires, en particulier avec ceux de la coalition et, bien sûr, un dialogue avec le gouvernement irakien. Donc, cette conférence est co-présidée par le ministre des affaires étrangères irakien et moi-même et sera ouverte par le président de la République.
Q - Et dans un premier temps, et pas de présence d'Iraniens ?
R - Pour l'instant, nous procédons par étape. Nous voulons un dialogue et il faut d'abord créer les conditions de ce dialogue et donc évidemment nous n'excluons personne, mais c'est la première initiative qui est prise de ce type et elle est indispensable.
Q - Quelle est votre plus grande crainte actuellement : Mossoul a commencé, les combats ont commencé, on a une crainte humanitaire, on a une crainte de voir une dispersion des gens de Daech, il y a aussi Raqqa derrière. Quels sont pour vous les points principaux ?
R - En Irak, il faut tout faire pour battre Daech qui s'est emparé de Mossoul, qui en a fait son fief, et sa capitale terroriste en Irak. Donc c'est une bataille indispensable, qui a été préparée minutieusement avec l'armée irakienne et le gouvernement irakien dans le cadre de la coalition - la France en fait partie - et cette bataille il faut la gagner. Cela n'est pas sans conséquence. Les conséquences, ce sont les réfugiés et il faut faire extrêmement attention à la sécurité des populations civiles, les protéger. L'ONU a d'ailleurs annoncé des chiffres très importants s'agissant du risque de population civile fuyant les combats : un million. La France contribuera donc à l'aide humanitaire. Et puis il y a aussi la question des terroristes qui vont fuir les combats. Où vont-ils aller ? Certains, paraît-il, partent vers le désert, la coalition pourra continuer de les poursuivre. D'autres iraient vers la Syrie, vers Raqqa et là, le risque, c'est de renforcer ce foyer de Daech, ce foyer terroriste. C'est pour cela que la coalition internationale - et cela fait partie des discussions que nous avons déjà eues, notamment avec les Américains - doit préparer aussi la bataille de Raqqa, battre Daech partout. C'est vrai que Daech recule en Irak, en Syrie, en Libye également avec les initiatives du gouvernement libyen, mais reste ce foyer qui risque de se renforcer. Donc il faut vraiment que l'on continue le combat jusqu'au bout et créer pour cela toutes les conditions pour y parvenir.
Q - Et préparer le jour d'après vous avez dit ?
R - Préparer le jour d'après, cela veut dire qu'il ne faut pas simplement gagner la guerre, il faut gagner la paix. C'est essentiel et cela se prépare politiquement par la manière dont on va gouverner. Là, il s'agit en l'occurrence de la ville de Mossoul, de son administration : est-ce qu'elle sera suffisamment inclusive ? Est-ce que toutes les minorités y seront ? Est-ce que toutes les garanties seront données pour éviter des affrontements ? Donc c'est à cela qu'il faut travailler et il faut y travailler vite.
* République démocratique du Congo
Q - En République démocratique du Congo le dialogue national ne prévoit pas d'élections avant 2018 et ne stipule pas formellement que le président Kabila s'en ira, qu'elle est votre réaction ?
R - C'est extrêmement dangereux. Nous, nous voulons éviter tout affrontement, ou risque d'affrontements, de violence, dans le pays. Cela passe par un respect scrupuleux de la Constitution et la Constitution prévoit que le président Kabila ne peut pas se représenter. Son mandat s'arrête avant la fin de l'année 2016 et il faut prévoir les prochaines élections présidentielles. Aujourd'hui, il y a un semblant d'accord qui, s'il est accepté par une petite partie de l'opposition, ne fait pas consensus. Nous mettons en garde que si rien n'est fait, alors la communauté internationale devra prendre ses responsabilités. Nous espérons que la raison l'emportera. C'est pour cela que nous ne cessons de le répéter : respect de la Constitution, date des élections pour que la démocratie dans ce pays fonctionne vraiment.
Q - Envisagez-vous des sanctions au niveau de l'Union européenne ?
R - Nous n'excluons rien, mais nous espérons que, encore une fois, le sens des responsabilités l'emportera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 octobre 2016