Texte intégral
Madame la Ministre,
Madame la Secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation,
Mesdames et Messieurs,
Par l'organisation de cette journée de travail dédiée à la lutte contre la radicalisation des jeunes, j'ai voulu donné une traduction concrète à la Déclaration signée avec les trois communautés de Belgique à l'occasion du Conseil de l'UE sur la jeunesse en mai dernier.
En vertu de cette déclaration, la France et la Belgique ont convenu d'échanger étroitement et de mutualiser leurs forces pour gagner la bataille de la vie.
Car nous en sommes là : c'est l'idée même de la vie que nous devons défendre et promouvoir face à une idéologie morbide, à l'obscurantisme, au fanatisme violent.
Contre la radicalisation et le terrorisme, la France a adopté un vaste plan de 80 actions qui a été présenté par le Premier ministre le 9 mai dernier.
Ce plan comprend des mesures sécuritaires car c'est la responsabilité première de l'Etat que de protéger ses concitoyens. Mais également des mesures de prévention et d'éducation.
Il faut prendre le mal à la racine, mener une vaste action d'éducation au sens le plus large afin que nos jeunes ne basculent pas entre les mains des islamistes.
Mon ministère agit principalement dans quatre directions :
Développer l'esprit critique des adolescents
Renforcer la présence des adultes
Contrôler les associations et les clubs sportifs
Coordonner l'action de terrain
Développer l'esprit critique des jeunes, c'est notamment l'un des objectifs du Plan Priorité Jeunesse du gouvernement.
Nos politiques en faveur des jeunes sont transversales et visent à les rendre autonomes, en développant leur employabilité, leur ouverture au monde par des expériences de mobilité à l'international et leur sens de la solidarité par la généralisation du service civique.
La présence d'adultes mieux formés est renforcée, notamment quand les services publics sont en retrait, en soirée et le week-end. Nous avons dégagé un million d'euros pour soutenir cette expérimentation.
La France est consciente de la nécessité de former les acteurs qui ont vocation à s'investir dans la prévention de la radicalisation et a décidé de renforcer cette action par un plan national de formation aux valeurs de la République et de la laïcité : 10 000 professionnels de terrain seront formés en 2016 et 2017.
Autre aspect : le contrôle.
Dans chaque département, un inspecteur jeunesse et sport sera chargé du contrôle des associations et clubs sportifs en matière de radicalisation.
La diffusion d'un guide à l'attention des acteurs du sport et de l'animation intitulé « mieux connaître, mieux comprendre et mieux prévenir les phénomènes de radicalisation » a vocation à faire prendre conscience aux acteurs du sport et de l'animation que chacun d'entre eux peut constituer un relais décisif en matière de prévention de la radicalisation.
La politique de la ville est par essence une politique préventive, une politique de proximité à destination des plus fragiles, en particulier les jeunes en rupture.
Chacun des 435 contrats de ville en France sera complété en 2016 par un plan d'actions sur la prévention de la radicalisation.
La radicalisation n'est évidemment pas que l'affaire des quartiers de la politique de la ville et je combattrai tout amalgame.
Mais il faut faire preuve de lucidité face à ce phénomène, et reconnaître que certains territoires sont plus visés que d'autres par ce que j'appelle des « prédateurs ».
Les 317 délégués du préfet, présents dans les quartiers, qui ont tous été formés à la prévention de la radicalisation, ont vocation à jouer un rôle d'appui pour élaborer et mettre en uvre des actions de proximité.
Ces actions s'appuieront sur les acteurs et dispositifs susceptibles d'être mobilisés pour prévenir la radicalisation dans les champs éducatif, social, sanitaire, de l'insertion professionnelle, de la citoyenneté et de l'accès au droit, de la prévention de la délinquance.
Ainsi des « référents radicalisation » au sein des services déconcentrés jeunesse et sports constitueront un réseau de prévention, de veille et de signalement des situations de radicalisation dans une logique de partenariat avec toutes les institutions concernées sur le territoire (collectivités territoriales, mouvement associatif et sportif).
Beaucoup de dispositifs n'ont pas pour vocation première de prévenir la radicalisation mais peuvent utilement y concourir.
C'est également le cas dans le champ du soutien à la parentalité. Le rôle de la famille est essentiel dans la prévention de la radicalisation.
Le financement de ces plans d'action au niveau local repose pour l'essentiel sur les crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance, qui ont été largement abondés à cet effet.
Depuis 2015, c'est près de 20 millions d'euros de crédits qui ont été affectés à la prévention de la radicalisation.
Face à un phénomène d'une nature et d'une ampleur inédites, nous devons unir nos énergies et nos compétences au service des valeurs humanistes qui sont les nôtres.
La France et la Belgique ont connu l'horreur, mais nos deux pays refusent de se laisser terroriser.
Je remercie les participants à ce séminaire, la direction de la jeunesse pour son organisation et nos amis belges pour avoir effectué le déplacement.
La prochaine réunion aura lieu, je crois, en Belgique dans quelques mois afin de poursuivre cette collaboration.
J'invite maintenant la ministre belge à prendre la parole.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 26 septembre 2016