Déclaration de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, sur le coût des discriminations dans l'emploi, Paris le 20 septembre 2016.

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Nous avons reçu ce matin-même, avec Laurence Rossignol, un rapport sur le coût des discriminations dans l'emploi. Ce document montre le gâchis collectif considérable que représentent les discriminations faites essentiellement aux femmes et aux descendants d'immigrés dans notre pays.
Ce travail commis par France stratégie n'est pas sans lien avec celui qui nous réunit cet après-midi : le combat pour l'égalité des sexes est loin d'être terminé.
Des progrès importants ont été accomplis ces dernières années, et ce Gouvernement y a contribué, mais pas de langue de bois : il reste fort à faire.
Le constat est relativement bien connu concernant l'espace politique, l'espace économique, mais la prise de conscience est aussi nécessaire pour ce qui est de l'espace urbain.
Oui, la ville est souvent pensée par des hommes, et comme souvent, s'il n'y a pas de volonté d'exclure, c'est malheureusement ce à quoi aboutit notre organisation sociale.
C'est pourquoi la question démocratique est toujours liée à la question de l'égalité.
Tant de situations injustes s'expliquent par l'éviction, intentionnelle ou non, des personnes concernées.
Donner à chacun voix au chapitre, c'est s'assurer que les intérêts de tous soient pris en compte.
Et dès lors que chacun a pu s'exprimer, être écouté, on peut faire le pari que les décisions s'en trouveront plus équilibrées.
Pour résumer ma conviction : plus de citoyenneté, c'est plus d'égalité. Deux notions qui constituent le nom du projet de loi que je porte, et qui précisément ouvre de nouvelles perspectives d'expression pour tous les citoyens, particulièrement ceux des quartiers prioritaires.
La création obligatoire d'un conseil citoyen dans chaque quartier est par exemple une avancée importante de la politique de la ville dans ce quinquennat. Et je me félicite que ces instances de démocratie participative soit paritaires. C'est comme cela que les femmes pourront prendre la parole et changer la donne.
Nous devons multiplier les occasions et les cadres dans lesquels les femmes peuvent dire librement ce qu'elles vivent au quotidien, ce qui fonctionne et ce qui dysfonctionne.
Les pressions dont elles sont l'objet, parfois les agressions qu'elles subissent, les aberrations qu'elles doivent surmonter.
Donc au-delà des conseils citoyens qui jouent leur rôle et qui ont vocation à monter encore en charge, je souhaite développer d'autres dispositifs et notamment les marches exploratoires.
J'en ai fait plusieurs, je peux juger concrètement de leur intérêt et de leur utilité.
Elles sont à la fois un outil démocratique, un outil de socialisation et de partage, un outil de réassurance pour certaines femmes.
Le très bon rapport qui nous est remis aujourd'hui par France Médiation me conforte dans mon jugement. Certes, des limites existent, et elles sont pointées avec lucidité, mais les avantages sont incontestablement plus forts et plus nombreux.
Je souhaite que les marches exploratoires deviennent une démarche systématique.
Chaque contrat de ville – c'est-à-dire ce contrat qui lie l'Etat, les collectivités et d'autres partenaires à l'échelle d'une territoire autour d'un plan d'action pour les quartiers – chacun de ces contrats est doté d'un volet sur l'égalité entre femmes et les hommes.
Je demanderai, dans ce cadre, aux Préfets d'organiser, directement ou si possible par le biais d'associations, dans tous les quartiers politique de la ville sans exception, des marches exploratoires.
Il est primordial que les femmes se sentent à l'aise dans leur quartier.
Je crois par ailleurs qu'en prenant la place qui est la leur dans l'espace public de la ville, elles seront aussi renforcées dans leur rôle social, citoyen, économique, et même familial.
Avec la systématisation des marches exploratoires, nous disons clairement notre refus d'une répartition inégalitaire de l'espace : le privé pour les femmes, le public pour les hommes.
La ville, ses commerces, ses lieux culturels, ses clubs sportifs, appartiennent également aux femmes et aux hommes.
Là où des barrières existent, nous les lèverons. Avec le concours des femmes, et notamment grâce aux marches exploratoires.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 26 septembre 2016