Déclaration de M. Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel, sur les orientations de l'enseignement professionnel, notamment la pédagogie, le statut des professeurs de lycèes professionnels et la négociation avec les partenaires sociaux, Paris le 4 avril 2000.

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Circonstance : Conférence de presse sur les orientations du ministère à l'enseignement professionnel à Paris le 4 avril 2000

Texte intégral

Merci Monsieur le Ministre,
L' essentiel ayant été dit, j'en viens au contexte. Le premier mot qui je crois compte, est de dire, que le mouvement social qui s'est déroulé dans les établissements d'enseignement professionnel a été entendu par le Gouvernement. Pardon pour l'immodestie, mais la première manifestation de ce fait, est la création du département ministériel qui m'a été confié et qui, je le dis tout de suite, puisque mes interlocuteurs y sont venus à plusieurs reprises, signifie tout à la fois la pleine intégration dans le cadre de l'Education nationale, qui explique pourquoi, je suis ministre délégué auprès du ministre de l'Education nationale. La pleine intégration dans le cadre de l'Education nationale et non pas le retranchement et la reconnaissance de la spécificité, des modes particuliers de transmission du savoir qui se concrétise par l'existence d'établissements de nature différente.
Quant au fond, un nouveau texte de statut des professeurs de lycées professionnels sera présenté au Comité technique paritaire ministériel et ce sera l'occasion de constater l'état des convergences et des désaccords. L'essentiel à mes yeux est, qu'il y ait à la fois progrès social, et progrès pédagogique. Il y a progrès social : les 18 heures sont acquises, c'est une très ancienne revendication. Dorénavant l'astreinte horaire des personnels de ces mêmes établissements est la même pour tous. Il y a d'autres aspects du progrès social. Et il y a aussi progrès pédagogique, parce que le principe du projet pédagogique pluridisciplinaire professionnel est clairement inscrit dans le statut.
D'abord sur le progrès social. Sans vouloir abasourdir cette assistance par les détails techniques qui le sont à la vérité, beaucoup je prononcerai seulement les mots que les enseignants avaient mis à l'ordre du jour de leur assemblée et qui concentraient leurs inquiétudes. Il n'y a pas d'annualisation, il n'y a pas de globalisation, il n'y a pas de flexibilité, il n'y a pas de pondération. De plus, nous avons procédé à une quantification des horaires consacrés au suivi des enfants en stage. C'est un progrès, parce que dans le travail spécifique du professeur de lycée professionnel, il y a une tâche dans ce mode d'enseignement. Il faut suivre l'élève en stage. Ce n'est pas à proprement parler, le travail d'enseignement, qui justifie pour le reste, le statut des enseignants et la durée de leurs heures de travail. Nous faisons entrer cette part de travail invisible dans le travail effectif. Nous avons au cours des dernières heures doublé la dotation sans pondération. Nous sommes donc passé à deux heures, le cadre du travail est un cadre de travail hebdomadaire, ce qui est extrêmement important pour les enseignants qui avaient craint que l'annualisation vienne à établir des horaires moyens, en sorte que le cadre hebdomadaire de travail aurait volé en éclats, il n'en est pas question.
En ce qui concerne maintenant le progrès pédagogique. Naturellement les enseignants s'inquiètent. Mais je n'ai pas rencontré un partenaire syndical qui ait condamné l'idée de projet pédagogique pluridisciplinaire professionnel. C'est l'imprécision du contenu de ce projet qui pose question. Puisqu'une circulaire d'application qui sera en vérité, une circulaire de définition doit être rédigée, nous en parlerons avec les partenaires syndicaux. J'ouvre donc, comme nous en sommes convenus avec Jack LANG les discussions sur ce sujet. De même que, j'ouvre les discussions sur le suivi des élèves en entreprise. Je parle uniquement pour la partie statut, de manière à ce que soit précisé comment s'opère ce suivi dans le cadre des deux heures prévues. J'en reste là pour l'instant, je crois que les mots essentiels attendus, je les ai prononcés.
Je voudrais dire que nous étions convenus avec Jack LANG que je reçois depuis hier les organisations syndicales. Je les reçois toutes. J'y ai passé toute la fin de l'après-midi et une partie de la soirée, toute la matinée et j'y retourne cet après-midi et sans doute encore ce soir. J'ai eu le sentiment avec mes partenaires de rencontrer des personnes fortement impliquées dans le goût pour l'avenir de l'enseignement professionnel. Je forme le vu que les éclaircissements que j'ai apportés et qui bien sûr engagent les deux ministres, que les précisions que j'ai données, que le soin que nous avons mis à discuter aussi longtemps qu'il le fallait, puisque nous avons passé par exemple avec le SNETAA ou la CGT plus de deux heures de discussion. Nous avons passé avec la CFDT plus d'une heure et demie de discussion, je forme le vu que ces organisations, - je pourrais aussi également évoquer le syndicat FO - trouvent dans toutes ces précisions, le motif d'encourager au moment du vote du CTPM l'effort que nous avons entrepris. Ce nouveau texte de décret est le résultat conjoint d'une coproduction, celle du mouvement social et de l'intervention des politiques.
Pour les nouveaux chantiers peut-être ? Oui, c'est le moment. Alors évidemment on ne peut pas en rester au statut, c'est très important, mais il n'y a pas que ça, il y a le reste. Alors je propose : pour ce qui concerne la vie enseignante, il va de soi qu'il faut ouvrir, très rapidement le chantier de la précarité. Il faut qu'on voit, comment tout ça peut être réglé, puisque c'est vrai, que nous avons été saisis de situation tout à fait insupportable.
De la même manière, il faut ouvrir le chantier des périodes en entreprise, que se passe t-il dans ces périodes, quelle est la forme de la contractualisation, comment peut-on les améliorer, mais aussi, je le dis très franchement et très clairement : mettre fin à l'insupportable discrimination raciale ou sexiste, qui se constate à ces occasions et qui est un affront pour notre système d'éducation qui lui est infligé, à travers nos enfants, parfois, les plus fragiles. Ajoutant une difficulté à toutes celles qu'ils peuvent déjà rencontrer. Voilà ce que je mets pour l'instant sur cette table.
http://www.education.gouv.fr, le 17 avril 2000).