Déclaration de M. Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, en réponse à des questions sur le conflit israélo-palestinien, à l'Assemblée nationale le 2 novembre 2016.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 2 novembre 2016

Texte intégral

Monsieur le Député, je vous réponds car le ministre des affaires étrangères est actuellement retenu par des obligations. La France est l'amie d'Israël et elle cherche la paix au Proche-Orient.
Permettez-moi tout d'abord de rappeler les faits : le conseil exécutif de l'UNESCO a examiné un projet de résolution portant sur la vieille ville de Jérusalem. À l'issue d'échanges avec nos partenaires, certaines formules qui avaient fait polémique et nous avaient précédemment conduits à contester ce texte ont été retirées.
Ce projet de résolution a par ailleurs repris des éléments que nous soutenons : la nécessité de protéger le patrimoine, l'importance de la vieille ville de Jérusalem pour les trois religions monothéistes et la suppression de la mention de soi-disant fausses tombes juives, qui était inacceptable.
Néanmoins, la mention de termes déséquilibrés a conduit une majorité de pays européens à s'abstenir. La France a aussi fait le choix de l'abstention, tout comme l'Espagne ou la Suède, par exemple.
La position traditionnelle de la France quant au conflit israélo-palestinien est immuable : pour nous, la paix, la solution à deux États et la reconnaissance mutuelle entre Israéliens et Palestiniens sont la priorité. Concernant Jérusalem, ville fondamentale pour les trois grandes religions monothéistes, notre priorité est le maintien du statu quo. Juifs, chrétiens et musulmans doivent y voir leurs lieux saints respectés.
Par ailleurs, Monsieur le Député, nous condamnons la colonisation sous toutes ses formes, non seulement parce qu'elle est contraire au droit international, mais aussi parce qu'elle constitue le principal obstacle à l'établissement de la paix. Quand la colonisation progresse, la solution à deux États s'éloigne.
Au-delà de cette polémique, l'objectif essentiel que nous poursuivons - et qu'il ne faut pas perdre de vue - est la relance de la mobilisation internationale autour du conflit israélo-palestinien et la reprise d'un dialogue entre les deux parties.
La recherche d'une solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité est en effet la seule voie qui permettra de parvenir à un règlement définitif de ce conflit.
Monsieur le Député, je veux vous l'assurer, la politique de la France au Proche-Orient est mue par la recherche inlassable d'une solution négociée entre Israéliens et Palestiniens. Jamais, dans le vote des résolutions à l'Unesco, la France n'acceptera que puissent être contestées la présence et l'histoire juives à Jérusalem.
C'est pour cette raison que, malgré l'amélioration du texte soumis au vote du Conseil exécutif de l'UNESCO, nous nous sommes abstenus. Nous avons fait retirer les formules qui étaient inacceptables, mais nous ne pouvions pas voter le texte.
En revanche, c'est vrai, nous devons le répéter inlassablement : ce n'est pas par la colonisation que l'on créera les conditions de la reprise du dialogue entre Israël et la Palestine et c'est évidemment un élément de ce texte. Ensuite, c'est en respectant le statut de la ville de Jérusalem, ville sainte pour les trois religions monothéistes, mais aussi en recherchant une solution pour les deux États. Une solution négociée, qui permette la réconciliation, la sécurité et la justice pour les Palestiniens, que l'on trouvera l'apaisement dans cette région, et que l'on combattra les extrémistes, ceux qui s'opposent à la paix.
C'est pourquoi, vous le savez, la France a pris une initiative pour réunir une conférence internationale de paix.
C'est pourquoi le ministre des affaires étrangères a réuni déjà, de façon préparatoire, l'ensemble des partenaires qui veulent cette conférence de paix. Et c'est pourquoi je pense que la représentation nationale doit soutenir la France dans cette position immuable, intangible, qui dépasse les alternances politiques et qu'il faudra conserver, quoi qu'il en soit.
Oui, la voix de la France, c'est celle de la réconciliation et de la paix indispensables au Proche-Orient.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 novembre 2016