Point de presse conjoint de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et de Mme Benita Ferrero-Waldner, ministre autrichienne des affaires étrangères, sur l'élargissement de l'Union européenne et les questions liées à ce sujet à savoir la sûreté nucléaire et les transports, les relations bilatérales entre ces deux pays, Paris le 24 octobre 2001.

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Circonstance : Visite de Mme Benita Ferrero-Waldner, ministre autrichienne des affaires étrangères le 24 octobre 2001 : déjeuner de travail avec M. Hubert Védrine

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je viens de recevoir pour un déjeuner de travail Mme Ferrero-Waldner et sa délégation. Nous avons eu de nombreuses occasions de nous rencontrer dans les réunions communautaires, dans les réunions européennes mais j'ai estimé normal et utile que nous ayons ce déjeuner de travail pour approfondir, sur un plan bilatéral, un certain nombre de sujets, soit internationaux, soit européens, soit bilatéraux. Nous avons, au cours de cette discussion, abordé avec Mme la Ministre et sa délégation, la question de la suite des attentats du 11 septembre et de la lutte contre le terrorisme, la question de l'Afghanistan et des perspectives politiques pour ce pays, la question du Proche-Orient que nous suivons en France de très près et Mme Ferrero-Waldner y va souvent, y a été il y a peu de temps ; la question des Balkans, bien sûr, en matière européenne, sur les questions dont on parle très souvent, et dans toutes les réunions européennes elles sont traitées de près.
Nous connaissons donc bien les positions des uns et des autres mais nous avons, en particulier, évoqué la question de l'élargissement et notamment deux sujets qui sont très importants pour l'Autriche dans le cadre des négociations actuelles : la question de la sûreté nucléaire et la question des transports. Mme Ferrero-Waldner a eu un entretien très positif, aujourd'hui, avec M. Gayssot. Nous ne sommes pas revenus sur l'avenir de l'Europe parce que nous en avons beaucoup parlé dans les réunions européennes récentes et nous avons abordé un certain nombre de questions bilatérales où il est souhaitable que, soit les actions de coopération, soit les échanges, soit les actions menées dans chaque pays pour mieux faire connaître l'autre pays, se poursuivent.
Voilà un résumé de nos sujets. Nous avons des positions tout à fait convergentes sur la grande question "lutte contre le terrorisme". D'ailleurs, cela s'est exprimé dans toutes les réunions européennes. Et en matière d'élargissement, c'est la négociation, ce sont des sujets qui sont parfois difficiles et le but de la négociation que nous souhaitons rapide et fructueuse pour tous les candidats, c'est précisément d'aborder de front, sans les éviter, les questions sérieuses pour leur apporter de bonnes solutions, car il faudra, aussi bien dans l'intérêt des pays candidats, dans l'intérêt des Etats membres, que dans l'intérêt de l'Union européenne en tant que telle, qu'on apporte à tous ces problèmes des solutions solides. C'est tout le sens de la négociation chapitre par chapitre.
Q - Est-ce que le sujet de la centrale tchèque de Temelin a été abordé et notamment les tentatives du partenaire de coalition (parti de M. Haider) de lancer un référendum contre l'admission de la République tchèque à l'Union européenne si jamais on n'arrivait pas à régler cette question de la centrale ?
R - Pas comme cela, mais enfin elle a été abordée. En ce qui me concerne, j'ai dit à Mme la Ministre que nous partageons l'insistance mise par l'Autriche sur l'importance d'assurer un niveau élevé de sûreté nucléaire, ce qui était les termes d'Helsinki. Pour nous le niveau élevé de sûreté nucléaire, ce sont les normes telles qu'elles existent à l'intérieur de l'Union européenne. J'ai écouté naturellement les arguments et les préoccupations autrichiennes. Il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion de recevoir le ministre tchèque qui me disait que, pour sa part, la République tchèque pensait avoir répondu aux attentes légitimes de l'Autriche en matière de sécurité. Du point de vue autrichien, on estime que les réponses ne sont pas complètes, cela dépend des sujets. Je ne suis pas en mesure de trancher sur ce point. C'est la négociation elle-même qui doit permettre d'avancer et c'est surtout ce processus de consultation bilatérale, qui doit, je l'espère, apporter une solution satisfaisante.
Q - Nous savons tous qu'il y a eu cette période des mesures contre le gouvernement autrichien de la part des 14. Ces mesures ont été levées. Néanmoins on voit que côté français il y a comme un traitement différencié par rapport aux autres ministres autrichiens puisqu'on voit que Mme Ferrero-Waldner accomplit aujourd'hui un petit peu la tâche de son homologue, responsable des Transports qui, elle, fait partie du parti de M. Haider et qui n'a pas été accueillie par son homologue français, M. Gayssot. Est-ce que l'on peut dire que la politique française par rapport au gouvernement actuel autrichien se différencie selon qu'il s'agit de membres du parti conservateur de M. Schüssel ou qu'il s'agit de membres d'extrême droite du parti de M. Haider ?
R - Ce que je peux dire c'est que nous agissons dans le cadre des décisions qui ont été arrêtées par les 14 en septembre et que, sur cette base, nous travaillons sans problème particulier. Le fait que Mme Ferrero-Waldner aille voir M. Gayssot n'a rien d'étonnant. Les ministres des Affaires étrangères ont une compétence globale et il est très fréquent dans des consultations de ce type ou dans des visites, comme cela m'arrive, moi aussi, à l'étranger, que l'on traite d'autres sujets. On peut traiter l'ensemble des sujets internationaux.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)