Texte intégral
Monsieur le Maire de Rufisque, merci de m'accueillir ici dans votre ville avec vos adjoints et membres du conseil municipal. J'ai reconnu quelques visages, c'est émouvant pour moi de me retrouver ici dans cette ville jumelée avec Nantes en 1992. Je salue toutes ces personnalités présentes : le préfet, le président du Conseil départemental, l'ensemble des autorités de Rufisque, de la région et du Sénégal, en présence de ma délégation et en particulier de M. l'ambassadeur de France.
Je me rappelle mes premières visites - et ma femme qui a passé un moment de l'après-midi à discuter avec des femmes de Rufisque vient de nous rejoindre -, ma femme Brigitte était à mes côtés lorsque nous avons signé le jumelage, avec Jacques Mbaye Diop qui, malheureusement, nous a quitté il y a peu temps, au mois de septembre je crois. Je voudrais saluer sa mémoire parce qu'il avait su me faire partager et partager aux Nantais sa passion pour Rufisque, son ambition pour Rufisque et m'avait donné l'occasion de découvrir la population de Rufisque, de ses habitants, de sa jeunesse aussi dynamique, aussi généreuse mais en même temps porteuse de projet et d'exigences pour l'avenir.
Donc je ne pouvais pas venir en visite officielle au Sénégal sans venir ici à Rufisque. J'ai été maire de Nantes pendant 23 ans, aujourd'hui c'est une jeune femme de 38 ans qui est maire, je l'ai rencontrée quelques jours avant mon départ, elle m'a dit de transmettre l'amitié des Nantais en m'assurant que la solidarité avec Rufisque allait se poursuivre et s'inscrire dans la continuité.
Je disais que j'avais des souvenirs, je me souviens d'une visite un jour qui s'est traduite aussi par l'inauguration d'une école, une école ici dans le quartier de Chérif.
Chérif, c'est par là que le jumelage avec Nantes a commencé, puisqu'il y a un quartier à Nantes - je ne sais pas s'il y a des habitants de Chérif là dans la salle -, je me souviens que c'est un autre quartier de Nantes, le quartier Les Dervallières, qui avait noué des relations d'amitié avec Rufisque, avec le quartier de Chérif et qui m'avait dit un jour : «Vous savez, on fait un travail formidable d'échanges entre les jeunes surtout, des associations. On vient, nos amis de Chérif viennent nous voir. Ce serait bien que vous fassiez un jumelage avec Rufisque».
Quand j'ai été élu maire de Nantes en 1989, dans mon programme j'avais pris un engagement. C'était de préparer un jumelage avec une ville du Sénégal. J'avais une expérience avant, j'avais été maire d'une autre commune pendant douze ans, Saint-Herblain et l'expérience que j'avais, c'était un jumelage avec une communauté rurale à coté de Mbour à l'intérieur des terres, dans le pays sérère, la communauté rurale de Ndiaganiao. Alors j'avais ce souvenir là aussi, il y a sûrement des habitants de Ndiaganiao qui sont là aussi ; je les salue bien sûr. J'avais le souvenir de cette chaleur de l'amitié, de cette volonté de réussir le développement mais on sait que c'est difficile et je retrouvais la même ambition, la même détermination ici à Rufisque.
Alors je ne vais pas parler longtemps, mais avant de venir, je me suis arrêté après avoir été reçu par Mankeur Ndiaye, mon collègue ministres des affaires étrangères et avoir assisté à la cérémonie en hommage aux forces armées sénégalaises sous la présidence du président Macky Sall. J'ai été reçu et j'ai été très honoré puisque j'ai reçu cette décoration qui m'a fait très plaisir, qui m'honore et qui honore la France.
Et puis, nous avons ensuite eu une longue discussion, un long échange et un déjeuner. Nous avons parlé de tous les projets du Sénégal, de coopération avec la France dans tous les domaines. Et il y a un projet qui lui tient à coeur et je crois qu'il vous est cher aussi, c'est d'améliorer la communication, la liaison entre Dakar et Rufisque et le reste du territoire à travers ce projet de train express régional. Donc, en venant à Rufisque, je me suis arrêté au début du chantier, à la gare où sera bientôt ouvert un centre d'exposition expliquant le projet de lien ferroviaire pour les passagers et aussi pour les marchandises. Et ce sont des bureaux d'études français, des entreprises françaises avec le soutien de l'agence française de développement et une société d'État du Sénégal, la société APIX, qui portent ce projet. C'est un projet très ambitieux. Je sais que cela fait des années que vous l'entendez. Vous vous dites qu'il ne viendra jamais mais, là, je crois qu'il va venir. Il y a un engagement qui est pris, les études sont faites, l'entreprise est prête à démarrer les travaux. Mais quand il sera en service, l'objectif c'est qu'il soit en service à la fin de l'année 2018, c'est bientôt, j'espère que les délais seront tenus, cela changera la vie. Cela permettra une meilleure circulation, cela donnera un peu de souffle, cela donnera un peu d'élan et je crois que vous avez besoin de vous déplacer pour travailler, pour commercer, pour étudier. C'est donc vital, c'est un beau projet et je suis heureux qu'il puisse se réaliser et qu'il y ait enfin une gare qui fonctionne bien à Rufisque.
Et puis il y a un autre projet : quand je suis arrivé, j'ai demandé à l'ambassadeur où l'on en était sur les problèmes d'assainissement de Rufisque. Et si j'ai posé la question, c'est parce que c'était déjà un sujet dont nous discutions avec Jacques Mbaye Diop et il désespérait, il avait l'impression qu'on n'allait jamais y arriver. Et, là, il y a eu un accord qui est intervenu en octobre dernier, entre les autorités sénégalaises, l'agence française de développement, qui va permettre enfin de lancer le projet d'assainissement de la baie de Hann. On va rentrer dans le concret.
Il y a encore beaucoup d'autres problèmes à régler, mais je suis convaincu que cette vieille ville de Rufisque les règlera. Je dis «vieille» parce que c'est vrai, c'est une ville chargée d'histoire. Monsieur le Maire, vous avez présenté votre projet de développement. Vous avez raison, il faut une ambition, un plan global, un plan cohérent. Cette vieille ville historique, au début du 20e siècle, avait même, comme Dakar, Gorée et Saint Louis, envoyé des députés à l'Assemblée nationale française avant que le Sénégal connaisse enfin son indépendance et élise ses députés à l'Assemblée nationale sénégalaise et son président et il est vrai qu'il y avait un lien particulier.
Rufisque c'est justement une ville qui a toujours revendiqué son originalité, mais faut-il encore lui donner les moyens de se développer, d'améliorer les conditions de vie et d'améliorer les conditions d'assainissement, de propreté, de traitement de déchets mais aussi de mieux permettre à la jeunesse de se former. C'est cela l'ambition.
Alors je ne suis pas venu avec plein de solutions, mais je suis venu avec quelques points précis qui correspondent à des attentes fortes depuis si longtemps, pour vous dire qu'en tant que ministre des affaires étrangères, j'aurais été vraiment frustré de ne pas pouvoir venir sur le terrain non seulement pour revoir des amis ceux de Rufisque, j'aurais aimé retourné à Ndiaganiao mais c'était trop loin et je n'avais pas assez de temps. Mais je voulais voir les Sénégalais, les habitants du pays, pas seulement des autorités pour qui j'ai beaucoup d'estime et d'amitié mais voir le peuple sénégalais et voir une ville qui a envie de réussir.
Et je voulais vous dire, pour conclure, que le Sénégal est un grand pays. On me posait la question tout à l'heure, les journalistes me disaient : mais pourquoi tant de visites ministérielles, pourquoi les ministres, le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères, bientôt celui de la défense au Sénégal ? Parce que le Sénégal est un grand pays qui reçoit d'autres pays, pas seulement la France, mais c'est un pays qui joue également son rôle, pas seulement pour son peuple mais dans la région, qui aide aussi à régler des conflits.
Tout à l'heure, je vais me recueillir dans ce cimetière de Thiaroye où des soldats sénégalais qui s'étaient battus pour la France sont morts dans des circonstances injustes, profondément injustes, et puis rendre aussi hommage à travers eux aux forces sénégalaises qui sont engagées dans les opérations de maintien de la paix.
Donc, le Sénégal est un pays qui veut jouer son rôle. Et je suis sûr, au moment où s'ouvre à Marrakech la COP22 après l'accord de Paris de la COP21, que le Sénégal va être en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique et le règlement de la question énergétique. L'Afrique a besoin d'énergie et vous avez une chance formidable, à condition que les moyens soient là, c'est l'énergie du soleil.
Et demain je suis sûr, dans les années à venir et beaucoup plus vite que l'on ne le pense, le Sénégal comme beaucoup de pays d'Afrique, va vivre une révolution. Et cette révolution, c'est celle que vous connaissez déjà avec la technologie qui permet, par exemple, avec le téléphone de remplacer les paiements par billet. Mais cela ira beaucoup plus loin. Moi, j'ai confiance en l'Afrique. Mais cette confiance, elle vient de loin. Elle vient de la connaissance que j'ai des Africains. J'ai dit modestement que je les ai connus grâce à vous et je suis fier de les rencontrer à nouveau. Bien sûr il y a beaucoup de nouveaux, il y a beaucoup de jeunes que je n'ai pas connus à l'époque, mais c'était un message d'amitié, de fraternité et de solidarité que je voulais vous adresser.
Vive Rufisque, vive Nantes. vive le Sénégal, vive la France, vive l'amitié franco-sénégalaise.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2016