Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les relations entre la France et la Guinée, à Conakry le 11 novembre 2016.

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Circonstance : Déplacement en Guinée, signature de la Convention d'aide budgétaire AFD, à Conakry le 11 novembre 2016

Texte intégral

La France est un partenaire historique et nous avons été présents au plus fort de l'épidémie mais aussi dans la phase post-Ebola avec 300 millions d'assistance au total.
Je sais que les Guinéens ont été particulièrement sensibles à la visite en 2014 du président de la République française, François Hollande, c'était en pleine crise et c'était d'abord un message fort de soutien, de solidarité mais aussi de fraternité. Et c'est dans le même esprit que je suis venu aujourd'hui vous dire que la France poursuivra son soutien à la Guinée dans ses efforts considérables de relance.
Nous aurons l'occasion, Monsieur le Président, tout à l'heure, de poser des premières pierres, celles de l'Institut Pasteur et du Centre d'études pour les maladies infectieuses, qui seront un premier symbole de cette solidarité.
Je connais les efforts qui sont les vôtres pour améliorer la situation financière du pays. Je voudrais saluer vos réalisations politiques : des élections ont eu lieu, le dialogue politique que vous avez voulu relancer. Le chemin parcouru par votre pays est si important, vous qui avez connu la dictature de l'État, les violences politiques, et vous, personnellement, qui avez mené le combat avec détermination pour inscrire la Guinée dans la démocratie.
L'apaisement du dialogue politique, la fin d'Ebola, vont permettre à votre pays de réaliser un formidable atout économique et vous m'en avez parlé encore il y a quelques instants. Après la rencontre bilatérale en tête-à-tête, vous m'avez parlé de l'histoire de votre pays après l'indépendance en me disant que «le moment de la Guinée était venu», que la Guinée pouvait représenter aussi une partie de l'avenir de l'Afrique. Et la France est parfaitement consciente de ses devoirs de solidarité au travers de son aide au développement mais aussi au travers des savoir-faire des entreprises françaises présentes en Guinée qui sont prêtes à faire encore davantage et à investir à vos côtés.
Vous pouvez compter sur ma détermination personnelle. Je me souviens que, lorsque j'ai été nommé par le président pour revenir au gouvernement, vous m'avez appelé et vous avez été un des premiers chefs d'État africains, sinon le premier, à m'adresser un message de félicitations et d'encouragement parce que vous avez bien compris la mission qui est la mienne. Je sais que vous avez bien compris aussi que j'aimais l'Afrique et que je voulais aider l'Afrique, aider ses dirigeants, ses gouvernements, ses peuples qui s'engagent dans les voies de l'avenir.
Vous m'avez fait passer quelques messages et je peux vous dire que ces messages, je les ai entendus et nous aurons l'occasion très prochainement d'en reparler. Vous allez vous rendre à Marrakech où vous rencontrerez le président François Hollande, vous viendrez bientôt à Paris, et nous aurons l'occasion de parler de choses concrètes.
Le directeur de l'AFD, Rémy Rioux, qui était jusqu'à présent secrétaire général adjoint du ministère des affaires étrangères et du développement international, a pris ses fonctions pour donner une nouvelle impulsion à cette agence qui va disposer de davantage de moyens. J'y ai veillé lors de la préparation de la loi budgétaire 2017. J'espère qu'on pourra ainsi mieux aider votre pays. Et, dès mon retour, je ferai une réunion, pas plus tard que le 18 novembre, avec Rémy Rioux et les services du ministère des affaires étrangères et du développement international pour regarder précisément comment nous pourrons vous donner un élan supplémentaire.
Mais la Guinée c'est aussi un pays qui est engagé avec la France, au service de la paix, au service du climat. Et maintenant que le relais a été pris par le Maroc après la COP21, le président Alpha Condé, que je tiens à saluer ici, joue un rôle éminent dans la mise en oeuvre des engagements des accords de Paris. Sans attendre même la ratification par au moins 55 états représentant 55% des émissions de CO2, vous étiez, Monsieur le Président, engagé pour les énergies renouvelables en Afrique. Dès ma première rencontre avec vous, vous m'avez parlé de cette ambition. Et ce n'est pas un hasard si vous avez également joué un rôle au moment de la COP21. Maintenant les engagements ont été pris, en particulier des engagements financiers. La France, avec le président François Hollande, a été particulièrement active. Il faut donner à l'Afrique et aux pays qui le veulent, qui sont en première ligne comme c'est le cas de la Guinée, les moyens de réussir ce que j'ai appelé cette révolution à la fois technologique et climatique.
Vous avez beaucoup d'atouts dans votre pays pour le faire mais il faut aussi une impulsion politique et j'ai compris que cette impulsion politique qui vous anime pour réussir ce programme des énergies renouvelables - surtout dans un pays qui dispose de la ressource hydrologique mais aussi bien sûr solaire -, vous l'aviez parce que vous vouliez jouer ce rôle, non pas seulement pour la Guinée, mais pour tout le continent africain.
La France est donc vigilante, sans réserve à vos côtés, pour que les engagements financiers substantiels et significatifs soient effectivement tenus.
Vous vous êtes engagés également fortement en faveur de la stabilité et de la paix. Je salue, comme je l'ai fait ce matin à l'occasion des cérémonies du 11 novembre, l'effort important de la Guinée pour la stabilisation du Mali au travers de votre participation à la MINUSMA dans un environnement difficile, nous le savons, avec des pertes humaines que vous avez subies vous aussi. C'est l'occasion de rappeler le sacrifice des hommes et des fils de Guinée comme de France. Ce combat est difficile mais il ne se gagnera pas seulement sur le plan militaire, il se gagnera aussi par l'appui politique que nous continuerons d'apporter au président Keita dans la mise en oeuvre des accords d'Alger, qui est un programme difficile et exigeant. Mais, nous les savons tous les deux, il est conscient des réformes qu'il faut faire et de celles qu'il faut engager. Nous sommes à ses côtés et aux côtés du peuple malien.
Nous faisons face aux mêmes défis, aux mêmes menaces et c'est pourquoi notre solidarité, notre dialogue politique est si intense, si étroit. Cela n'a pas toujours été le cas dans le passé, au moment de l'indépendance, mais aujourd'hui le climat est totalement différent, vous êtes en poste à la tête de ce pays avec toutes les chances qu'il a.
Il faut évidemment vous apporter toute notre solidarité, je le redis en conclusion, nous sommes à vos côtés, les amis de la Guinée, en respectant, bien sûr, vos choix stratégiques, économiques, politiques, sociaux et environnementaux, toujours dans un esprit d'égalité, de respect mais surtout d'amitié et de fraternité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 novembre 2016