Texte intégral
L'actualité vient éclairer ces Rencontres sous un jour particulier. Nous allons travailler sur la relation entre mondialisation et énergie. L'organisation des marchés, le caractère fini des ressources de notre planète, la très grande échelle des catastrophes de type Tchernobyl justifiaient déjà de placer la réflexion sur l'énergie à l'échelle du globe. Mais les événements du 11 septembre et la riposte américaine viennent encore renforcer la nécessité de prendre en compte la nouvelle vulnérabilité des systèmes énergétiques.
Dans ce contexte, la notion de maîtrise de l'énergie doit encore être élargie. Le domaine de l'énergie conjugue des inerties très lourdes et une grande vulnérabilité aux aléas. Les inerties liées aux nuisances de l'énergie relèvent des usages et des comportements, mais aussi aux changements climatiques, qui portent sur une échelle de temps encore plus grande. L'importance des aléas qui portent sur les coûts et les approvisionnements est bien connue. L'actualité des marchés ou les menaces ont tôt fait de nous les remettre en mémoire. L'explosion récente à Toulouse a cependant tragiquement rappelé la grande vulnérabilité des installations dangereuses, dont font souvent partie les installations énergétiques. Les attentats aux États-Unis ont démontré une nouvelle vulnérabilité, dont il nous faut tenir compte dans l'élaboration de notre politique énergétique.
Ces questions se posent à l'échelle mondiale et appellent donc des réponses à l'échelle mondiale. Pour autant, elles doivent aussi s'organiser à l'échelle de la France et de ses collectivités. La France n'a pas attendu les résultats de certaines négociations internationales pour agir. Elle a procédé, depuis 1997, à la relance de la politique de maîtrise de l'énergie, par l'amélioration de l'efficacité énergétique et le développement des sources d'énergie renouvelables. On oppose trop souvent une technologie à l'autre, sans vraiment se préoccuper de l'efficacité énergétique. Dans de nombreux pays, en Europe orientale ou dans les pays du sud notamment, la suppression des gaspillages énergétiques pourrait grandement améliorer la situation. Depuis le premier choc pétrolier, l'amélioration de l'efficacité énergétique a permis d'économiser cinq fois plus d'énergie que le parc nucléaire. L'intensité énergétique, qui a déjà beaucoup diminué dans les pays de l'OCDE, doit encore pouvoir baisser.
Quant aux énergies renouvelables, elles ont également fait l'objet d'initiatives nombreuses ces dernières années, comme le programme national de lutte contre les changements climatiques, ou encore le programme national d'amélioration de l'efficacité énergétique. Ce dernier, lancé en décembre 2000, retient cinq objectifs. Favoriser les investissements en faveur de l'efficacité énergétique, transformer en profondeur les habitudes en matière de transports, maîtriser la consommation d'énergie des activités industrielles et tertiaires en font partie. La directive européenne sur la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables fixe un objectif de 10 % pour 2010. La mise en place de tarifs d'achat de long terme est le principal instrument économique qui doit nous permettre de l'atteindre. Mais la formation, la motivation des acteurs et des collectivités locales seront également essentielles.
La LOADDT de 1999 (loi Voynet) a quant à elle mis en place des schémas de services collectifs qui permettent d'organiser la contribution des collectivités locales à l'atteinte des objectifs nationaux en matière d'amélioration de l'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Nous avons également défini des procédures applicables à la création d'installations de production de l'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables. Le développement de l'énergie éolienne, en particulier, est avant tout une question industrielle, qui doit être soutenue par une réelle volonté politique.
Une part importante de la politique énergétique reste en marge des travaux parlementaires. Des choix majeurs doivent encore être débattus. Si l'option nucléaire reste ouverte aujourd'hui, rien n'empêche de réfléchir de façon rationnelle à une sortie du nucléaire en France. Il existe, à l'intérieur même de cette option, des alternatives. Ce ne sont pas des critères purement économiques qui permettront d'arrêter les choix énergétiques futurs. Il faut penser non seulement aux ruptures d'approvisionnement, mais aussi à d'autres risques nouveaux pesant sur les installations industrielles. Face à ces aléas, je note une évolution positive avec la multiplication des prises de position en faveur d'une politique énergétique "plurielle". Du point de vue de ces vulnérabilités, les énergies renouvelables offrent évidemment des garanties supérieures, et dans de bonnes conditions économiques, au moins à terme.
A l'échelle mondiale, l'Union européenne s'est engagée sur plusieurs axes simultanés :
la libéralisation des marchés ;
la réflexion sur les sources traditionnelles d'énergie et d'approvisionnement ;
la production d'énergie par les énergies renouvelables, à travers une récente directive.
Malgré les difficultés de mise en uvre du protocole de Kyoto, il est encore possible d'avancer. Au plan mondial, la question de l'énergie est un enjeu majeur du développement durable. L'offre de services énergétiques est encore insuffisante. Ces sujets ont fait l'objet de discussions difficiles dans les instances et les conférences internationales. Je suis évidemment favorable à une initiative forte de l'Union européenne en faveur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, qui pourrait être annoncée lors du sommet mondial qui se tiendra au Cap en 2002.
Je souhaite que vos travaux vous permettent d'avancer vers une analyse réaliste et sans parti pris des enjeux que je viens d'évoquer.
(source http://www.industrie.gouv.fr, le 29 novembre 2001)
Dans ce contexte, la notion de maîtrise de l'énergie doit encore être élargie. Le domaine de l'énergie conjugue des inerties très lourdes et une grande vulnérabilité aux aléas. Les inerties liées aux nuisances de l'énergie relèvent des usages et des comportements, mais aussi aux changements climatiques, qui portent sur une échelle de temps encore plus grande. L'importance des aléas qui portent sur les coûts et les approvisionnements est bien connue. L'actualité des marchés ou les menaces ont tôt fait de nous les remettre en mémoire. L'explosion récente à Toulouse a cependant tragiquement rappelé la grande vulnérabilité des installations dangereuses, dont font souvent partie les installations énergétiques. Les attentats aux États-Unis ont démontré une nouvelle vulnérabilité, dont il nous faut tenir compte dans l'élaboration de notre politique énergétique.
Ces questions se posent à l'échelle mondiale et appellent donc des réponses à l'échelle mondiale. Pour autant, elles doivent aussi s'organiser à l'échelle de la France et de ses collectivités. La France n'a pas attendu les résultats de certaines négociations internationales pour agir. Elle a procédé, depuis 1997, à la relance de la politique de maîtrise de l'énergie, par l'amélioration de l'efficacité énergétique et le développement des sources d'énergie renouvelables. On oppose trop souvent une technologie à l'autre, sans vraiment se préoccuper de l'efficacité énergétique. Dans de nombreux pays, en Europe orientale ou dans les pays du sud notamment, la suppression des gaspillages énergétiques pourrait grandement améliorer la situation. Depuis le premier choc pétrolier, l'amélioration de l'efficacité énergétique a permis d'économiser cinq fois plus d'énergie que le parc nucléaire. L'intensité énergétique, qui a déjà beaucoup diminué dans les pays de l'OCDE, doit encore pouvoir baisser.
Quant aux énergies renouvelables, elles ont également fait l'objet d'initiatives nombreuses ces dernières années, comme le programme national de lutte contre les changements climatiques, ou encore le programme national d'amélioration de l'efficacité énergétique. Ce dernier, lancé en décembre 2000, retient cinq objectifs. Favoriser les investissements en faveur de l'efficacité énergétique, transformer en profondeur les habitudes en matière de transports, maîtriser la consommation d'énergie des activités industrielles et tertiaires en font partie. La directive européenne sur la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables fixe un objectif de 10 % pour 2010. La mise en place de tarifs d'achat de long terme est le principal instrument économique qui doit nous permettre de l'atteindre. Mais la formation, la motivation des acteurs et des collectivités locales seront également essentielles.
La LOADDT de 1999 (loi Voynet) a quant à elle mis en place des schémas de services collectifs qui permettent d'organiser la contribution des collectivités locales à l'atteinte des objectifs nationaux en matière d'amélioration de l'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Nous avons également défini des procédures applicables à la création d'installations de production de l'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables. Le développement de l'énergie éolienne, en particulier, est avant tout une question industrielle, qui doit être soutenue par une réelle volonté politique.
Une part importante de la politique énergétique reste en marge des travaux parlementaires. Des choix majeurs doivent encore être débattus. Si l'option nucléaire reste ouverte aujourd'hui, rien n'empêche de réfléchir de façon rationnelle à une sortie du nucléaire en France. Il existe, à l'intérieur même de cette option, des alternatives. Ce ne sont pas des critères purement économiques qui permettront d'arrêter les choix énergétiques futurs. Il faut penser non seulement aux ruptures d'approvisionnement, mais aussi à d'autres risques nouveaux pesant sur les installations industrielles. Face à ces aléas, je note une évolution positive avec la multiplication des prises de position en faveur d'une politique énergétique "plurielle". Du point de vue de ces vulnérabilités, les énergies renouvelables offrent évidemment des garanties supérieures, et dans de bonnes conditions économiques, au moins à terme.
A l'échelle mondiale, l'Union européenne s'est engagée sur plusieurs axes simultanés :
la libéralisation des marchés ;
la réflexion sur les sources traditionnelles d'énergie et d'approvisionnement ;
la production d'énergie par les énergies renouvelables, à travers une récente directive.
Malgré les difficultés de mise en uvre du protocole de Kyoto, il est encore possible d'avancer. Au plan mondial, la question de l'énergie est un enjeu majeur du développement durable. L'offre de services énergétiques est encore insuffisante. Ces sujets ont fait l'objet de discussions difficiles dans les instances et les conférences internationales. Je suis évidemment favorable à une initiative forte de l'Union européenne en faveur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, qui pourrait être annoncée lors du sommet mondial qui se tiendra au Cap en 2002.
Je souhaite que vos travaux vous permettent d'avancer vers une analyse réaliste et sans parti pris des enjeux que je viens d'évoquer.
(source http://www.industrie.gouv.fr, le 29 novembre 2001)