Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage aux combattants irlandais venus combattre en France, à Dublin le 13 novembre 2016.

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Circonstance : Inauguration du monument offert par la France à l’Irlande en hommage aux combattants irlandais venus combattre en France lors des guerres de 1870-71, 1914-18, 1939-45, à Dublin (Irlande) le 13 novembre 2016

Texte intégral

Madame la ministre,
Monsieur le Lord-Maire
Monsieur le Président de la Fondation Glasnevin,
Monsieur le Chef d'Etat-Major
Monsieur le Maire de Ginchy
Monsieur le Maire de Guillemont
Mesdames et messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le Directeur de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris,
Monsieur Patrice Alexandre,
Mesdames et messieurs les étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts,
Mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers et porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Il y a cent ans, au cœur des combats de la Grande Guerre, des hommes que rien ne prédestinait à se rencontrer, luttaient et souvent mourraient côte à côte.
Il s'appelait Désiré Beal, il était Français. Il s'appelait Tom Kettle, il était Irlandais. Tous deux sont morts à Ginchy en septembre 1916.
Au total, ils furent plus de 200 000 Irlandais venant de toute l'île d'Irlande, du monde entier, à servir dans les armées alliées, dont l'armée française, entre 1914 et 1918.
Cette fraternité d'armes s'illustre dès les premiers jours du conflit. Elle se poursuit sur tous les fronts. Dans les Flandres mais aussi à Gallipoli, à Salonique.
Sur le front de l'Ouest, la 36e division d'Ulster est décimée à Thiepval, le 1er juillet 1916, au tout début de l'offensive sur la Somme.
La 16e division irlandaise attaque le 9 septembre 1916 à Ginchy et y subit de lourdes pertes. Ces mêmes jours, à quelques kilomètres, à Chaulnes, le 92e régiment d'infanterie française, héritier des régiments irlandais de l'armée française, présent aujourd'hui avec son drapeau, se battait à leurs côtés.
La présence hautement symbolique en ce jour des maires des villages de Ginchy et Guillemont témoigne que n'avons jamais oublié ces sacrifices.
Entre 1914 et 1918, près de 35 000 Irlandais ont perdu leur vie au front. Autant d'itinéraires personnels et de destins dont beaucoup sont venus se briser sur le sol de France. Il nous appartient, à nous Irlandais et Français, d'entretenir leur mémoire.
Cette mémoire ne se nourrit pas seulement de l'engagement sur les fronts de la Grande Guerre.
A travers ma présence, la France salue aussi la mémoire des milliers d'Irlandais qui se sont spontanément portés volontaires pour la défense de la France en 1870-1871 comme tous ceux qui par dizaines de milliers ont combattu dans les armées alliées et jusque dans la résistance française pour la libération de notre pays entre 1939 et 1945.
Et le souvenir de cette fraternité est longtemps resté enfermé dans l'histoire. Trop longtemps.
Aujourd'hui, notamment à l'aune des grandes commémorations du Centenaire de la Grande Guerre, ce souvenir est revivifié et avec lui la mémoire partagée entre nos deux pays.
C'est au nom de toute cette histoire que j'ai souhaité me rendre à Dublin et traduire dans la pierre l'hommage de la France aux Irlandais.
C'est pourquoi nous inaugurons aujourd'hui ce Mémorial France-Irlande, hommage d'un peuple à un autre, en ce lieu de Glasnevin.
Je veux très sincèrement remercier et féliciter le sculpteur Patrice Alexandre et les étudiants de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris qui se sont investis dans ce projet mémoriel et artistique. Je salue tout particulièrement le rôle essentiel joué par la Fondation Glasnevin.
Je vous remercie chaleureusement madame la ministre Heather Humphreys, et à travers vous votre ministère et tous ceux qui en Irlande ont rendu ce projet possible, au nom de notre mémoire partagée. Et ensemble nous l'inscrirons dans la durée en signant une déclaration d'intention dans le domaine de la coopération mémorielle.
Mesdames et messieurs, en ce jour du souvenir, la France, aux côtés de l'Irlande, se souvient de l'engagement de tous les Irlandais dans la Grande Guerre, dans tous les conflits ou le sort de la France était en jeu, de l'amitié et de la solidarité de tous les Irlandais dans tous les moments difficiles, encore très récemment, et promet de veiller à ce que cette mémoire et cette reconnaissance ne s'éteignent jamais.
Vive l'Irlande !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-irlandaise !