Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage au résistant Pierre Kaldor, à Châlons-en-Champagne le 25 novembre 2016.

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Circonstance : Dévoilement d’une plaque en hommage à Pierre Kaldor, résistant, à Châlons-en-Champagne (Marne) le 25 novembre 2016

Texte intégral


Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Président national du Secours populaire français,
Madame la Secrétaire générale de la fédération de la Marne,
Madame la Directrice de la Maison d'arrêt de Châlons-en-Champagne,
Monsieur le Conservateur du musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne,
Mesdames et messieurs les présidents et représentants d'associations,
Mesdames et messieurs membres de la famille de Pierre Kaldor,
Mesdames et messieurs,
Ici s'est déroulé un moment de vie qui fut aussi un moment d'histoire.
Ce moment d'histoire, c'est Pierre Kaldor qui l'a écrit.
Je sais combien le Secours populaire français avait à cœur de raviver cette histoire. Aujourd'hui, c'est chose faite. Le souvenir du parcours de Pierre Kaldor qui nous a été rappelé, son engagement, ses convictions, son courage sont à jamais inscrits dans la pierre et dans nos mémoires.
Pierre Kaldor, c'était un avocat, défenseur des droits et des valeurs que lesquels le nazisme tenta de piétiner.
La profession ne fut pas épargnée sous l'Occupation.
222 avocats juifs sont exclus du barreau de Paris dès 1941, persécution qui touche l'ensemble du barreau en novembre 1942 et atteint la profession en tant que telle.
C'est aussi cette année-là que la Résistance s'organise, notamment à travers l'impression et la distribution du journal clandestin Le Palais Libre.
Ils furent au total une centaine à connaître le sacrifice ultime de leur vie, dont les noms sont gravés sur la plaque de bronze de la bibliothèque et sur le monument aux morts du Palais de justice.
« Je finirai en soldat de la France et du droit que j'ai toujours été », écrit l'avocat Pierre Masse au Bâtonnier de Paris avant d'être déporté à Auschwitz où il mourra.
Une lettre que Robert Badinter, dans un discours prononcé en 2009 devant l'Ordre des avocats présenta comme « l'hommage le plus précieux qui ai jamais été rendu à la profession d'avocat ».
Pierre Kaldor, c'était aussi un communiste. Avec ses camarades, alors que l'ombre du totalitarisme et du fascisme allait s'abattre sur notre pays, il voulait être la France libre et insoumise. Il voulait être la France fraternelle.
Refuser la soumission. Penser, dire, agir librement. Contester, protester, combattre les injustices mais garder toujours confiance en l'humanité. Voilà ce qui animait les communistes. Et beaucoup ont payé de leur vie le courage d'avoir exprimé leurs convictions.
J'ai d'ailleurs rendu hommage au mois d'octobre aux fusillés de Châteaubriant.
C'est aussi pour des raisons politiques que Pierre Kaldor est interné à la prison de la Santé à Paris dès 1939.
Enfin, Pierre Kaldor, c'était un résistant. Il partageait avec ses compagnons de lutte cette foi en la France qu'il ne pouvait voir s'abandonner à un autre destin que celui que son histoire, ses valeurs et son esprit républicain lui avaient promis.
Le 19 août 1944, il est parmi les 4 résistants du Front national judiciaire à prendre possession du ministère de la justice, place Vendôme, accompagnés d'une quarantaine de membres des Forces Françaises de l'Intérieur
Avocat, communiste, résistant, Pierre Kaldor incarne à lui seul des valeurs qui doivent aujourd'hui nous servir d'enseignements.
Le courage de ne jamais trahir ses convictions.
C'est parce qu'il prit fait et cause pour ses codétenus de la centrale de Clairvaux, que Pierre Kaldor est transféré à la prison de Châlons-en-Champagne.
Le courage de poursuivre la lutte après son évasion en 1943.
L'esprit de solidarité aussi.
Celui dont il fit preuve à l'égard de ses compagnons de route, condamnés eux aussi à risquer chaque jour le sort le plus tragique. Celui dont fit preuve son épouse Charlotte décédée en ce début d'année 2016.
Je tenais à être présent ce jour, non seulement pour honorer la mémoire de Pierre Kaldor mais aussi pour saluer l'initiative prise par le Secours populaire français, avec le soutien de la maison d'arrêt de Châlons-en-Champagne.
Nous nous devons d'encourager les actions qui visent à inscrire dans la pierre le souvenir de l'engagement de nos aînés.
C'est pourquoi j'ai souhaité que le ministère de la défense conduise une politique patrimoniale volontariste et responsable.
Ainsi par exemple je soutiendrai, via les crédits du ministère de la défense, le projet de rénovation et d'extension du musée de la Résistance nationale de Champigny où est notamment exposée l'échelle de corde qui permit à Pierre Kaldor et ses compagnons de s'évader de la prison de Châlons.
C'est en faisant parler et témoigner nos lieux de mémoire que nous pourrons répondre à l'essentiel enjeu de transmission aux générations futures.
L'histoire de Pierre Kaldor vive et nous survive. Par votre engagement et votre action, vous y contribuez.
Aussi, il était normal que je sois à vos côtés ce matin, pour affirmer avec vous, que quelles que soient les circonstances, il y aura toujours des femmes et des hommes courageux pour résister à l'oppression et au totalitarisme.
Pierre Kaldor était de ceux-là, ne l'oublions jamais !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 29 novembre 2016