Texte intégral
Je vous remercie pour votre invitation à intervenir en clôture de ce comité des Silver régions.
Vous le savez, mieux que quiconque, la Silver économie est un enjeu particulier pour le Gouvernement auquel j'appartiens, car elle est à la fois un impératif institutionnel, et un impératif économique
Un impératif institutionnel, car il s'agit d'apporter une réponse ambitieuse et humaine face à un défi démographique. Il s'agit de prendre ses responsabilités, face à une situation que connaissent la plupart des pays de monde, un vieillissement des populations sans précédent.
Un impératif économique, car c'est une opportunité pour la France de développer une industrie d'anticipation. Une opportunité de démontrer, dans le même temps, nos savoir-faire au-delà de nos frontières, et, bien sûr, de créer de l'emploi. En mettant à l'uvre l'intelligence humaine et, parfois, les performances technologiques, la silver économie peut nous permettre, va nous permettre, non seulement de répondre à des besoins locaux, mais aussi d'exporter ce savoir-faire, en l'adaptant aux exigences territoriales, qu'elles soient nationales ou internationales.
Hier encore, on pensait que la vie s'arrêtait avec la retraite. Que « les vieux » étaient une population homogène ayant des attentes uniformes, voire pas d'attente. Or, il n'en est rien.
Cette révolution démographique nous oblige à appréhender autrement le vieillissement, à réfléchir et à inventer de nouvelles réponses, de nouveaux modes de vie, de gouvernance, de soins et d'attentions. C'est une question centrale.
La loi d'adaptation de la société au vieillissement, adoptée en décembre 2015, est le fruit d'une vision et d'un engagement au service de nos concitoyens.
Co-construite avec l'ensemble des partenaires, elle fixe les orientations d'une approche inclusive du vieillissement de la population. Elle apporte des solutions nouvelles et des financements pérennes, pour permettre aux différents acteurs de s'en saisir, de la manière la plus efficiente possible.
Nous sommes engagés, chacune et chacun dans nos domaines respectifs, dans l'aventure passionnante de l'adaptation de la société au vieillissement.
C'est un véritable défi, que nous relevons, car la tâche est immense. Pour autant, nous avons les moyens de faire bouger les lignes.
La Silver économie est une des réponses au vieillissement de nos aînés. Le Gouvernement en a pleinement conscience. C'est pourquoi, dès 2012, nous avons engagé d'importants travaux pour structurer la filière, débouchant sur l'installation d'un comité de filière et la signature d'un contrat de filière dès 2013.
Beaucoup d'avancées ont eu lieu depuis, avec la structuration d'écosystèmes régionaux complets, autour de Conseils régionaux, d'agences régionales de développement, de gérontopôles ou de clusters. Ils proposent des outils d'accompagnement et de financement aux entreprises de leur territoire.
De nombreux départements ou villes se sont aussi saisis de cette question, s'efforçant d'adopter une approche globale des besoins de leur population.
Les industriels aussi appréhendent de mieux en mieux cette question du vieillissement, en s'intéressant aux différents profils de retraités.
Nous pouvons encore aller plus loin.
Nous aurons très prochainement, avec Christophe Sirugue, secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie, l'occasion d'annoncer une nouvelle feuille de route pour la Silver économie.
Il s'agit de réaffirmer notre ambition, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté autour de la Silver économie. Et il s'agit de mettre en place l'organisation opérationnelle permettant d'accélérer, tant l'amélioration des politiques de l'autonomie, que notre développement industriel.
Ma conviction est en effet que la constitution de cette industrie ne pourra se faire efficacement dans la durée que si les acteurs en présence partagent une même ambition, celle de mettre la personne au centre du système.
Je parle bien de s'intéresser à ses besoins, à ses envies, à ses moyens, et de lui proposer des solutions globales, qui respectent sa citoyenneté.
Car tous les seniors n'ont pas le même âge, ni les mêmes besoins, les mêmes envies ou les mêmes moyens financiers
Il s'agit d'élargir le champ des possibles.
La Silver économie concerne tous les domaines : l'urbanisme, la mobilité, l'entretien des capacités cognitives ou de la forme physique, l'exercice des métiers des secteurs social, médico-social et sanitaires.
Il s'agit de soutenir l'approche du design universel.
Développer des solutions adaptées à tous et à toutes les fragilités, c'est développer des solutions pour nos âgés sans les ramener à leur perte d'autonomie. L'approche du design universel permet à la fois d'éviter de stigmatiser une population, et de consolider un modèle économique en s'adressant au plus grand nombre.
Il s'agit d'adopter une logique d'offre de services, en réponse à des besoins individuels.
L'organisation de la Silver économie doit se faire au cur des territoires, et amener chacun à s'interroger sur son approche de l'autonomie, sur l'organisation mise en place pour répondre aux besoins des usagers. C'est prioritairement aux départements, aux communes et aux EPCI de se pencher sur cette question.
Et je voudrais insister sur ce dernier point.
Il s'agit de reconnaitre la place des écosystèmes locaux.
Il est important de rappeler que les régions et les départements ont un rôle essentiel dans le développement de la Silver économie, avec des responsabilités qui leur sont propres.
Vous le savez, la région est en charge du développement économique. Elle contribue à ce titre à la structuration de l'offre, avec les autres régions. Les régions sont ainsi l'échelon pertinent d'installation de dynamiques locales, portées par les conseils régionaux, les agences régionales de développement ou tout autre acteur qui y serait étroitement lié.
Vous avez donc vocation à développer un écosystème favorable au développement des entreprises de votre territoire.
Le département est, quant à lui, chef de file de la politique de l'autonomie sur son territoire, il a été réaffirmé en ce sens. Il contribue, à ce titre, à structurer la demande et à organiser la déclinaison de l'offre disponible pour son propre territoire, en lien étroit avec les autres parties prenantes, à travers notamment la conférence des financeurs de la perte d'autonomie.
Les communes et les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ont également un rôle essentiel à jouer, et il revient aux départements de les associer étroitement.
Vous jouez donc un rôle de premier plan dans la structuration de l'offre de ce pays, dans sa capacité à accompagner sa propre transition démographique, dans sa capacité à développer des relations commerciales avec d'autres pays pour accompagner leur transition démographique.
Venons-en à l'organisation opérationnelle.
Nous allons dans les prochains jours préciser cette nouvelle organisation de la Silver économie.
Mais je souhaite vous le dire aujourd'hui : Les acteurs de la Silver économie ont partagé ce constat que les régions tenaient un rôle clé, que vous teniez un rôle clé.
C'est pourquoi nous avons souhaité confier une mission spécifique à France Silver Eco dans la gouvernance opérationnelle de la Silver économie, en lien étroit avec l'Association des régions de France (ARF).
Il s'agit en effet de mobiliser l'ensemble des acteurs publics et économiques autour de la constitution de filières industrielles sur les territoires, des « Silver régions ». Comme je le disais, cela se fait déjà, à travers des Comités stratégiques régionaux de filière, des clusters, des laboratoires d'idées innovantes, instituts de l'Autonomie, des chaires universitaires. J'ai eu moi-même l'occasion de signer une convention, en corse du Sud, en mai dernier, pour lancer le Pôle Silver économie Corsica, réunissant services de l'Etat, collectivités et universités. Je me rendrai également dans la région Nouvelle Aquitaine, fin janvier, aux côtés d'Alain Rousset.
L'ancrage de cette gouvernance régionale pourra désormais s'appuyer sur un centre de ressources dédié, vous permettant de suivre le développement des filières régionales sur l'ensemble du territoire national, de disposer de données de veille, de partager vos pratiques, voire d'articuler vos champs respectifs de développement afin d'assurer une complémentarité propice à l'émergence de pôles d'expertise.
De votre dynamisme et de votre ambition dépendra en partie la capacité de notre pays à accompagner dignement ses citoyens les plus âgés.
Notre politique de l'autonomie intéresse déjà à l'international, en Wallonie, au Canada, en Chine. Nous pouvons concrétiser cet intérêt par le développement de relations commerciales fructueuses, j'en suis persuadée.
Avançons ensemble dans ce sens.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 9 décembre 2016