Déclaration de M. Michel Sapin, ministre de l'économie et des finances, sur la politique budgétaire dans la zone euros et sur la dette grecque, à Bruxelles le 5 décembre 2016.

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Circonstance : Eurogroupe, à Bruxelles le 5 décembre 2016

Texte intégral

Michel SAPIN : Ce matin, nous avons travaillé de façon extrêmement constructive sur la question de savoir quelle doit être la bonne politique budgétaire dans la zone euro. Nous avons avancé dans les trois directions que la France souhaitait.
La première direction, c'est de confirmer que la démarche de la Commission européenne de travailler sur une vision agrégée, avant de travailler pays par pays, est la bonne démarche. Elle avait déjà été utilisée. Elle a été réaffirmée ce matin, et elle a été approuvée par l'ensemble de l'Eurogroupe.
La deuxième chose, c'est que nous considérions comme nécessaire que l'appréciation sur les besoins en termes de stimulation budgétaire soit modifiée. Nous ne voulions pas une révolution, mais nous voulions qu'elle soit légèrement modifiée.
D'une position de juillet dernier de neutralité, nous sommes passés à une situation différente, qui rend nécessaire –cela a été décrit dans le communiqué de l'Eurogroupe- que les pays qui ont des marges de manœuvre budgétaire les utilisent le plus possible pour stimuler globalement la croissance en Europe.
Enfin il y a un troisième point sur lequel la France avait fait connaître un certain désaccord : c'est qu'il ne nous paraissait pas nécessaire de chiffrer le montant de ce stimulus budgétaire, car dès que l'on chiffre, on crée des débats qui risquent d'entrainer des contradictions. Nous n'avons donc pas chiffré ce matin, à ma demande explicite, ce stimulus budgétaire.
Bref, la position de l'Eurogroupe a évolué ce matin. L'Eurogroupe considère que dans la situation d'aujourd'hui, avec une croissance qui reprend mais qui est encore trop faible, il convient d'utiliser au maximum les marges de manœuvre budgétaire pour stimuler la croissance.
Deuxième point : cet après-midi nous avons travaillé intensément sur le sujet de la Grèce. Mais nous avons avancé.
La première chose que vous constaterez, c'est que nous avons aujourd'hui adopté le plan de diminution du poids de la dette à court-terme. La dette va être restructurée à court-terme, avec des propositions qui ont été faites par le Mécanisme Européen de Stabilité, qui va nous permettre d'alléger de façon très substantielle le poids de la dette pour les prochaines années. Il y a donc eu une véritable avancée s'agissant de la dette.
Bien sûr il faut continuer à travailler s'agissant des mesures de moyen terme, qui sont des mesures plus délicates à élaborer, puisqu'elles rendent nécessaire qu'on se mette d'accord sur les objectifs budgétaires pour la Grèce. Sur ce point, nous avons demandé aux institutions, nous leur avons délégué le pouvoir d'avancer au cours de ces prochaines semaines, avec la volonté que d'ici à la fin de cette année, un accord entre la Grèce et les institutions -qui sera en fait un accord entre la Grèce et ses partenaires européens- puisse intervenir.
Q - Y aura-t-il une nouvelle réunion de l'Eurogroupe d'ici la fin de l'année ?
Nous avons délégué aux institutions le pouvoir de négocier, et de conclure cet accord. Il est possible qu'il n'y ait pas besoin de nouvel Eurogroupe d'ici à la fin de l'année pour que ces négociations puissent aboutir.
Q - Le FMI sera à bord d'ici la fin décembre ?
C'est l'objectif évidemment. Et nous avons travaillé en ce sens en dialogue avec le FMI. Nous avons pour de nombreuses raisons besoin que le FMI soit à bord. Nous travaillons en ce sens.
Q - Le FMI s'est prononcé ?
Vous verrez que le communiqué signale que nous travaillons de manière à ce que le FMI soit en capacité de proposer à son Conseil d'administration d'être avec nous en soutien de la Grèce. Cela dépendra des négociations qui sont encore devant nous.
Q - Tout le monde est tombé d'accord facilement sur les mesures de court-terme ?
Ici, chaque pas est un combat. Mais nous nous sommes mis d'accord pour décider de mettre en œuvre, dès la fin de cette réunion, les mesures de court-terme.
Q - Pouvez-vous les chiffrer ?
Tout cela vous sera donné, mais c'est substantiel. C'est plus substantiel que ce que nous avions pu entrevoir au tout début des réflexions sur le sujet.
Q - Et sur le moyen-terme ?
L'objectif est de travailler sur ce sujet. Vous savez qu'il y a un paquet global entre le niveau de surplus primaire, les mesures de moyen-terme sur la dette, et les mesures d'effort nécessaire de la part de la Grèce pour permettre d'atteindre ces objectifs.
Source http://www.rpfrance.eu, le 6 décembre 2016