Déclaration de M. Michel Sapin, ministre de l'économie et des finances, sur la position de la France sur la dette grecque, sur les conséquences du Brexit, sur la situation politique en Italie, Bruxelles le 5 décembre 2016.

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Circonstance : Réunion de l'Eurogroupe, à Bruxelles le 5 décembre 2016

Texte intégral

Q - M. le ministre, après ce qui s'est passé en Italie, faut-il s'inquiéter pour la zone euro ?
Michel SAPIN : "Le référendum était une question de politique intérieure italienne. C'était une question de réforme de la Constitution. Ce référendum ne portait pas sur l'Europe, sur la politique européenne, sur la place de l'Italie en Europe.
L'Italie est un pays profondément européen, très attaché à la construction européenne. C'est un pays solide, un pays ancré dans la construction européenne, et je sais que tout cela n'aura pas d'effet sur notre volonté aujourd'hui de faire face aux difficultés européennes et notre volonté de construire une Europe plus dynamique.
Q - Et l'impact sur les banques, ce n'est pas un sujet aujourd'hui ?
C'est un sujet qui existait avant. C'est à ce sujet-là que l'on peut apporter des réponses. Mais c'est sans lien avec le résultat du référendum.
En Autriche, le fait que le candidat de l'extrême droite, très anti-européen, ait été battu, est en revanche un signe extrêmement positif. Dans le cas autrichien, une bonne partie du débat portait sur la question européenne. Et les Autrichiens ont tranché clairement : ils sont attachés à l'Autriche, ils sont attachés à la construction européenne, et c'est tant mieux.
Q - On parlera de la question des banques aujourd'hui à l'Eurogroupe ?
Il n'y a pas de raison particulière d'en parler. Ce sont des sujets qui sont traités tout à fait normalement et sans qu'il y ait besoin d'aborder ce sujet ici.
Q - M. Sapin, vous êtes parmi les favoris à la succession de Manuel Valls. Etes-vous prêt à prendre le poste ?
La liste est tellement longue. Il vaut mieux ne pas penser à ce genre de choses et faire son travail ici.
Q - Etes-vous prêt à annuler ou à réduire la dette grecque aujourd'hui ?
La question ne se pose pas comme cela. Nous allons discuter de la situation en Grèce. Vous connaissez la position de la France. La Grèce a fait de gros efforts. C'est le premier gouvernement grec qui met véritablement à exécution les engagements pris. La Grèce a encore des efforts à faire, et nous allons discuter justement des mesures nouvelles que le gouvernement grec doit pouvoir prendre dans des domaines qui ne sont pas forcément budgétaires d'ailleurs.
Et puisque la Grèce tient ses engagements, l'Europe doit tenir ses engagements vis-à-vis de la Grèce. Dans ces engagements, il y a la nécessité de parler des questions de soutenabilité de la dette et de prendre des mesures qui permettent d'alléger le poids de cette dette. Nous allons d'ailleurs, cet après-midi, parler des mesures de court-terme pour alléger la dette. Ce sont des mesures très importantes, qui auront un effet positif pour la Grèce. Je pense que nous aurons un accord sur ces mesures de court terme.
Et puis il faudra voir ensuite comment nous continuons à avancer sur le traitement de la dette grecque. Ce sont toujours des sujets délicats, difficiles, avec des contradictions. Mais j'ai bon espoir que nous trouvions un accord cet après-midi sur cette question.
Q - C'est essentiel de soutenir la Grèce sachant que l'Euro est au plus bas aujourd'hui ?
Ce sont d'autres raisons qui font qu'aujourd'hui l'Euro a une certaine valeur, après être monté très haut d'ailleurs, ce qui n'était pas forcément excellent pour notre économie et nos exportateurs.
Non, c'est important de soutenir la Grèce comme nous le faisons, parce que la Grèce est membre de la zone euro, est membre de l'Europe, que la Grèce souhaite rester membre de la zone euro, souhaite rester membre de l'Europe. Dans le contexte d'aujourd'hui, notre Europe doit être stable, doit être forte. Et elle est forte aussi parce que la Grèce est membre de l'Europe.
Q - L'Euro est au plus bas. Que peut faire l'Europe aujourd'hui pour éviter un risque systémique ?
Il n'y a aucun risque systémique particulier. Ca n'est pas une décision prise sur un sujet constitutionnel en Italie qui pourrait en quoi que ce soit créer un risque systémique.
Je pense qu'aujourd'hui c'est surtout le dollar qui est fort. C'est le dollar qui se renforce. Pour des raisons que vous connaissez : la politique monétaire américaine a pris une certaine voie et s'affirme de plus en plus dans cette voie.
Mais nous nous avons une politique stable, un euro stable. Nous avons la capacité à avancer et à travailler ainsi. C'est ce qu'il y a de mieux pour l'économie européenne qui a besoin d'accélérer sa croissance.
Q - Est-ce que l'UE n'est pas allée trop loin dans les pressions à l'encontre du gouvernement de Matteo Renzi, notamment en termes d'objectifs de déficit ?
Je pense qu'il ne faut pas analyser le référendum italien d'une autre manière qu'en constatant que c'était un référendum sur la constitution italienne et le changement de la constitution, des pouvoirs au sein du Parlement. Et c'est à cela que les Italiens ont répondu majoritairement non. Si on leur pose la question de l'Europe, ils sont farouchement favorables à la construction européenne et à une Italie au sein de cette Europe.
Merci beaucoup.
Source http://www.rpfrance.eu, le 6 décembre 2016