Texte intégral
A. Hausser Vos journées parlementaires se sont résumées à un dîner de travail, qui s'est tenu hier soir à Paris. Vous avez parlé de la situation internationale et de la session parlementaire à venir. Mais je voudrais d'abord vous poser une question sur l'annonce de la nuit, c'est-à-dire la suspension du processus de Matignon par Corsica Nazione. Pensez-vous qu'il faudra tout reprendre après les élections ?
- "Je suis convaincu qu'il faudra reprendre, naturellement, ce dossier, car je ne suis pas surpris de ce qui se produit. Il ne peut pas y avoir de succès lorsqu'on est sur une loi d'exception et que cela procède d'une négociation de dupes. Manifestement, le Gouvernement voulait l'arrêt de la violence, il ne l'a pas obtenu, et manifestement, les Corses - en tout cas les négociateurs - souhaitent l'indépendance, souhaitent l'amnistie, souhaitent un certain nombre de choses qui, naturellement, ne sont pas dans le processus de Matignon. Donc, je ne crois pas que lorsqu'on ne poursuit pas les mêmes buts, qu'on puisse aboutir."
Le Premier ministre doit s'adresser au Parlement, la semaine prochaine, pour parler de la situation internationale. Il va peut-être consulter le Parlement, c'est-à-dire demander un vote. Quelle sera votre attitude ?
- "Nous aurons une attitude responsable, naturellement, car dans ces situations extrêmement graves, il faut se rassembler. Maintenant, je dois dire que ce débat est annoncé ici ou là, mais que le président de groupe parlementaire que je suis a reçu un ordre du jour, il y a maintenant 48 heures, où l'intervention du Premier ministre et le débat sur la situation internationale ne figurent pas. On a une série de textes, comme si rien ne s'était passé, ce que je trouve assez invraisemblable quand même !"
Vous imaginez que cela puisse se passer uniquement dans le cadre de questions d'actualité ?
- "J'ose espérer qu'il y aura un vrai débat et pas seulement une opportunité saisie à l'occasion d'une question dans le cadre des questions d'actualité. Nous avons besoin de débattre, nous avons besoin d'être informés, nous avons besoin de nous exprimer."
De vous exprimer et de vous prononcer ?
- "Nous aurons, naturellement, à nous prononcer. C'est peut-être un des moments de la politique plus intéressant parce que nous ne sommes plus dans les polémiques subalternes, nous ne sommes plus dans des discussions quelquefois un peu difficiles à saisir. Nous sommes sur l'essentiel, c'est-à-dire nous opposer au terrorisme, nous opposer au fanatisme, démontrer que malgré tout, ce qui prévaut dans un monde civilisé, c'est le respect de la vie et pas ce mépris que nous avons vu au cours de ces attentats."
Mais tout le monde est d'accord là-dessus. Le problème, si problème il y a, c'est sur la manière d'éradiquer le terrorisme.
- "Les choses sont très compliquées. Nous partons pour une nouvelle forme de conflit international. Personne ne se rend bien compte qu'on a changé de civilisation. Novembre 1989 : on a quitté l'ancien monde avec la chute du Mur de Berlin. 11 septembre 2001 : nous sommes rentrés dans un nouveau monde, c'est-à-dire un monde où finalement, les guerres nouvelles auront lieu essentiellement pour des idées. On disait que le XXIème siècle serait spirituel ou ne serait pas. On voit bien qu'ici on a le mauvais côté de la chose, à travers de nouvelles guerres saintes. Il faut bien faire attention, parce que c'est extrêmement difficile à faire. Cela veut dire aussi que tout ce que l'on peut développer en matière de sécurité doit être fait. C'est parce qu'on a eu un laxisme sur nos territoires, en grande partie, qu'on a pu avoir des réseaux qui se sont infiltrés. Et naturellement, il faut reprendre les choses en main."
Vous dites qu'on débat de l'essentiel: est-ce que le budget c'est l'essentiel ? Le projet de loi de financement de la Sécu, est-ce l'essentiel ? Est-ce qu'il y a encore place à la critique aujourd'hui parce que le Premier ministre en appelle au "patriotisme économique", J.-J. Queyranne s'en est pris à l'opposition parce qu'elle a critiqué le budget irréaliste... Comment est-ce que vous allez manager cela ?
- "Il ne faut pas confondre les choses. Je l'ai dit à l'instant : il faut se rassembler, se réunir sur l'essentiel, car naturellement, nous avons des priorités, ce sont des priorités communes : ramener la paix, lutter contre le terrorisme. C'est clair. Pour autant, l'opposition n'est pas réduite au silence et il est fondé que l'opposition s'insurge et s'étonne qu'un budget soit présenté comme si rien ne s'était passé. Le budget que présente le ministre de l'Economie et des Finances aujourd'hui, c'est un budget qui ne tient pas compte de la récession économique qui se profile et de la diminution de la croissance économique dans le monde. Deuxièmement, il ne tient pas compte du triple choc qui vient de se produire par l'intermédiaire des attentats, qui est un choc psychologique, qui est un choc économique, qui est un choc diplomatique, et qui ne pourront pas, naturellement, ne pas se traduire dans le budget. Ce budget est donc complètement déconnecté de la réalité."
Ce triple choc va aussi se répercuter sur les échéances de l'année prochaine. Comment est-ce qu'à DL vous vivez cela ? Parce que vous avez un candidat - qui n'était pas là d'ailleurs, hier soir, il était à Toulouse. Les députés, les sénateurs, dans leur majorité, ne soutiennent pas A. Madelin ?
- "Pour l'instant, on ne peut pas dire que les députés, les sénateurs, soutiennent ou ne soutiennent pas tel ou tel. Tous les candidats ne se sont pas déclarés, et je crois qu'il est beaucoup trop tôt pour que chacun déclare son soutien. C'est trop tôt. Nous avons, en tout cas, un groupe à l'Assemblée nationale qui est très uni, qui est homogène, qui se réjouit de voir que ses idées sont des idées modernes, qui s'imposent ici ou là, et le moment venu nous verrons bien. Maintenant, il est clair que dans le cadre d'une crise internationale, on a tendance à privilégier l'exécutif, c'est-à-dire que le président de la République et le Premier ministre sont en situation assez privilégiée par rapport aux autres candidats, mais encore une fois nous sommes très loin de l'échéance."
J'ai trois questions à vous poser à propos de Marseille dont vous êtes élu député et adjoint au maire. Est-ce que Marseille est un terreau de l'islamisme comme on le dit ? D'autre part, vous avez un pôle chimie très important autour de la cité, est-ce que vous avez déjà pris en compte, examiné toutes les répercussions possibles et toutes les conséquences qu'aurait une explosion ? Est-ce que vous avez demandé le départ de certaines usines ? Et troisièmement - c'est plus anecdotique -, ce qui se passe à l'OM.
- "Sur la première question, nous n'avons aucun élément permettant de confirmer les dires quant à l'islamisme à Marseille. Je peux dire au contraire qu'à Marseille, contrairement à bien des banlieues, nous n'avons jamais eu de soulèvement. Nous avons une structure qui s'appelle " Marseille espérance " qui fait discuter entre elles les religions et notamment l'islam, les chrétiens, les juifs"
Oui, mais là ce sont les recrutements auprès des jeunes, ce n'est pas les notables...
- "...Oui. Nous n'avons jamais eu en tout cas aucun élément permettant de le voir. Je crois qu'à Marseille la tolérance est la règle. Sur le problème de la sécurité : nous avons sur la commune de Marseille deux sites qui sont notamment classés Seveso. Au lendemain de la catastrophe de Toulouse, le maire J.-C. Gaudin, a pris contact avec le préfet, a pris contact avec les directeurs de ces entreprises, car naturellement, il ne saurait être toléré le moindre risque sur cette commune. Je pense même que le maire va demander le déplacement. Quant à l'OM, eh bien laissons le vivre sa vie, il y a des hauts, il y a des bas, vous voyez qu'il n'y a pas qu'en politique, ça existe aussi en football ! Je souhaite naturellement, étant marseillais, que l'OM retrouve une bonne santé le plus rapidement possible."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 septembre 2001)
- "Je suis convaincu qu'il faudra reprendre, naturellement, ce dossier, car je ne suis pas surpris de ce qui se produit. Il ne peut pas y avoir de succès lorsqu'on est sur une loi d'exception et que cela procède d'une négociation de dupes. Manifestement, le Gouvernement voulait l'arrêt de la violence, il ne l'a pas obtenu, et manifestement, les Corses - en tout cas les négociateurs - souhaitent l'indépendance, souhaitent l'amnistie, souhaitent un certain nombre de choses qui, naturellement, ne sont pas dans le processus de Matignon. Donc, je ne crois pas que lorsqu'on ne poursuit pas les mêmes buts, qu'on puisse aboutir."
Le Premier ministre doit s'adresser au Parlement, la semaine prochaine, pour parler de la situation internationale. Il va peut-être consulter le Parlement, c'est-à-dire demander un vote. Quelle sera votre attitude ?
- "Nous aurons une attitude responsable, naturellement, car dans ces situations extrêmement graves, il faut se rassembler. Maintenant, je dois dire que ce débat est annoncé ici ou là, mais que le président de groupe parlementaire que je suis a reçu un ordre du jour, il y a maintenant 48 heures, où l'intervention du Premier ministre et le débat sur la situation internationale ne figurent pas. On a une série de textes, comme si rien ne s'était passé, ce que je trouve assez invraisemblable quand même !"
Vous imaginez que cela puisse se passer uniquement dans le cadre de questions d'actualité ?
- "J'ose espérer qu'il y aura un vrai débat et pas seulement une opportunité saisie à l'occasion d'une question dans le cadre des questions d'actualité. Nous avons besoin de débattre, nous avons besoin d'être informés, nous avons besoin de nous exprimer."
De vous exprimer et de vous prononcer ?
- "Nous aurons, naturellement, à nous prononcer. C'est peut-être un des moments de la politique plus intéressant parce que nous ne sommes plus dans les polémiques subalternes, nous ne sommes plus dans des discussions quelquefois un peu difficiles à saisir. Nous sommes sur l'essentiel, c'est-à-dire nous opposer au terrorisme, nous opposer au fanatisme, démontrer que malgré tout, ce qui prévaut dans un monde civilisé, c'est le respect de la vie et pas ce mépris que nous avons vu au cours de ces attentats."
Mais tout le monde est d'accord là-dessus. Le problème, si problème il y a, c'est sur la manière d'éradiquer le terrorisme.
- "Les choses sont très compliquées. Nous partons pour une nouvelle forme de conflit international. Personne ne se rend bien compte qu'on a changé de civilisation. Novembre 1989 : on a quitté l'ancien monde avec la chute du Mur de Berlin. 11 septembre 2001 : nous sommes rentrés dans un nouveau monde, c'est-à-dire un monde où finalement, les guerres nouvelles auront lieu essentiellement pour des idées. On disait que le XXIème siècle serait spirituel ou ne serait pas. On voit bien qu'ici on a le mauvais côté de la chose, à travers de nouvelles guerres saintes. Il faut bien faire attention, parce que c'est extrêmement difficile à faire. Cela veut dire aussi que tout ce que l'on peut développer en matière de sécurité doit être fait. C'est parce qu'on a eu un laxisme sur nos territoires, en grande partie, qu'on a pu avoir des réseaux qui se sont infiltrés. Et naturellement, il faut reprendre les choses en main."
Vous dites qu'on débat de l'essentiel: est-ce que le budget c'est l'essentiel ? Le projet de loi de financement de la Sécu, est-ce l'essentiel ? Est-ce qu'il y a encore place à la critique aujourd'hui parce que le Premier ministre en appelle au "patriotisme économique", J.-J. Queyranne s'en est pris à l'opposition parce qu'elle a critiqué le budget irréaliste... Comment est-ce que vous allez manager cela ?
- "Il ne faut pas confondre les choses. Je l'ai dit à l'instant : il faut se rassembler, se réunir sur l'essentiel, car naturellement, nous avons des priorités, ce sont des priorités communes : ramener la paix, lutter contre le terrorisme. C'est clair. Pour autant, l'opposition n'est pas réduite au silence et il est fondé que l'opposition s'insurge et s'étonne qu'un budget soit présenté comme si rien ne s'était passé. Le budget que présente le ministre de l'Economie et des Finances aujourd'hui, c'est un budget qui ne tient pas compte de la récession économique qui se profile et de la diminution de la croissance économique dans le monde. Deuxièmement, il ne tient pas compte du triple choc qui vient de se produire par l'intermédiaire des attentats, qui est un choc psychologique, qui est un choc économique, qui est un choc diplomatique, et qui ne pourront pas, naturellement, ne pas se traduire dans le budget. Ce budget est donc complètement déconnecté de la réalité."
Ce triple choc va aussi se répercuter sur les échéances de l'année prochaine. Comment est-ce qu'à DL vous vivez cela ? Parce que vous avez un candidat - qui n'était pas là d'ailleurs, hier soir, il était à Toulouse. Les députés, les sénateurs, dans leur majorité, ne soutiennent pas A. Madelin ?
- "Pour l'instant, on ne peut pas dire que les députés, les sénateurs, soutiennent ou ne soutiennent pas tel ou tel. Tous les candidats ne se sont pas déclarés, et je crois qu'il est beaucoup trop tôt pour que chacun déclare son soutien. C'est trop tôt. Nous avons, en tout cas, un groupe à l'Assemblée nationale qui est très uni, qui est homogène, qui se réjouit de voir que ses idées sont des idées modernes, qui s'imposent ici ou là, et le moment venu nous verrons bien. Maintenant, il est clair que dans le cadre d'une crise internationale, on a tendance à privilégier l'exécutif, c'est-à-dire que le président de la République et le Premier ministre sont en situation assez privilégiée par rapport aux autres candidats, mais encore une fois nous sommes très loin de l'échéance."
J'ai trois questions à vous poser à propos de Marseille dont vous êtes élu député et adjoint au maire. Est-ce que Marseille est un terreau de l'islamisme comme on le dit ? D'autre part, vous avez un pôle chimie très important autour de la cité, est-ce que vous avez déjà pris en compte, examiné toutes les répercussions possibles et toutes les conséquences qu'aurait une explosion ? Est-ce que vous avez demandé le départ de certaines usines ? Et troisièmement - c'est plus anecdotique -, ce qui se passe à l'OM.
- "Sur la première question, nous n'avons aucun élément permettant de confirmer les dires quant à l'islamisme à Marseille. Je peux dire au contraire qu'à Marseille, contrairement à bien des banlieues, nous n'avons jamais eu de soulèvement. Nous avons une structure qui s'appelle " Marseille espérance " qui fait discuter entre elles les religions et notamment l'islam, les chrétiens, les juifs"
Oui, mais là ce sont les recrutements auprès des jeunes, ce n'est pas les notables...
- "...Oui. Nous n'avons jamais eu en tout cas aucun élément permettant de le voir. Je crois qu'à Marseille la tolérance est la règle. Sur le problème de la sécurité : nous avons sur la commune de Marseille deux sites qui sont notamment classés Seveso. Au lendemain de la catastrophe de Toulouse, le maire J.-C. Gaudin, a pris contact avec le préfet, a pris contact avec les directeurs de ces entreprises, car naturellement, il ne saurait être toléré le moindre risque sur cette commune. Je pense même que le maire va demander le déplacement. Quant à l'OM, eh bien laissons le vivre sa vie, il y a des hauts, il y a des bas, vous voyez qu'il n'y a pas qu'en politique, ça existe aussi en football ! Je souhaite naturellement, étant marseillais, que l'OM retrouve une bonne santé le plus rapidement possible."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 septembre 2001)