Texte intégral
Q - Pierre Moscovici, vous êtes à Boston et vous avez, tout à l'heure, survolé New York et Washington, vous étiez en avion...
R - C'est exact, j'étais dans l'avion entre Washington et Boston à l'heure précise où l'avion qui partait de Boston est venu percuter Washington et, c'est vrai, il y avait un feu impressionnant sur New York, de la fumée en tout cas. Ici, aux Etats-Unis, il y a une ambiance de traumatisme formidable. Le pays est en état de choc. Je crois que la comparaison qui vient à l'esprit c'est Pearl Harbour. Je pense que, depuis 60 ans, les Etats-Unis n'ont pas ressenti cela. Ils ont l'impression d'être en guerre face à un ennemi invisible. Les hautes personnalités sont protégées, le président n'est pas encore, à l'heure où je vous parle, rentré à Washington. C'est assez impressionnant.
Q - vous-mêmes êtes à Boston, un peu loin maintenant des lieux de l'attentat. Quel est le climat ?
R - Je ne suis plus tout à fait à Boston mais à Cambridge, à coté d'Harvard, dans la résidence du Consul général car on fait évacuer la ville. Boston est une ville financière, administrative, et le gouverneur du Massachusetts a demandé que tous les bâtiments administratifs soient évacués. Cette ville, qui est d'ordinaire extraordinairement passante, est vide. Les Américains vivent chez eux. Au-dessus de nous il y a des chasseurs qui passent, car on continue de craindre que d'autres avions détournés puissent tomber ici ou là. C'est vraiment un climat très étrange : c'est le traumatisme qui l'emporte, c'est l'état de choc. Et puis je crois qu'il y a aussi des blessures, des traumatismes psychologiques absolument énormes, et quand on apprendra le nombre de victimes, combien de centaines, combien de milliers, les choses vont être impressionnantes.
Q - Dans l'avion que vous occupiez cet après-midi, les passagers se sont tous rendus compte qu'il se passait quelques chose d'exceptionnel ?
R - Non, absolument pas. On survolait New York, ce qui est toujours très beau. J'étais dans un avion d'American Airways. Le pilote nous a tout simplement indiqué " regardez en bas, il y a de la fumée ". Nous nous sommes tournés de ce coté là de l'avion, mais rien de plus, on ne savait pas ; cela s'est vraiment passé en temps réel.
Q - C'est une fois au sol qu'on vous a informé ?
R - Absolument, c'est vrai que le traumatisme ici est indescriptible. Les images, diffusées en France, que je peux voir sur TV5, sont impressionnantes. Mais on n'arrive pas à sentir à quel point les Américains sont abattus et en même temps en colère.
Q - A Boston la vie s'est arrêtée ?
R - La vie est totalement paralysée, il y a un air de gravité sur les visages qui frappe. La réaction, ici aux Etats-Unis, est extrêmement forte.
Q - Est-ce que vous avez eu des contacts avec des officiels américains ?
R - Non. Par contre j'ai appelé, comme c'est normal, notre Consul général à New York, où je devais me rendre ce soir même. Il va de soi que les services du ministère des Affaires étrangères sont très mobilisés, et qu'ils pensent notamment aux Français qui pouvaient travailler au World Trade Center dans des entreprises françaises. Il y avait aussi des Français qui travaillaient dans des firmes américaines. Des cellules d'urgence ont été installées et les services diplomatiques sont mobilisés. Ils sont eux-mêmes en contact avec les autorités américaines. Les autorités locales, d'une part, et puis aussi les autorités nationales : vous savez d'ailleurs que le pays est totalement fermé, les frontières, l'espace aérien, les aéroports.
Q - Qu'est ce qu'on peut conseiller ce soir aux Français, aux familles qui peuvent nous écouter et qui ont des connaissances ou de la famille qui travaillait dans ces immeubles. On sait que les communications sont extrêmement difficiles avec les Etats-Unis. Il est difficile d'appeler dés maintenant les services consulaires. Qu'est ce qu'on peut leur conseiller ?
R - Notre consulat à New York est mobilisé. Une cellule a été en effet organisée pour répondre aux familles qui peuvent s'inquiéter. D'ailleurs tous les Français enregistrés à ce consulat sont systématiquement contactés. Pour le reste, vu d'ici, je crois que la réaction en France va être une réaction de vigilance. Le gouvernement, réuni autour du président de la République, a aussitôt pris les mesures qui s'imposaient.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2001)
R - C'est exact, j'étais dans l'avion entre Washington et Boston à l'heure précise où l'avion qui partait de Boston est venu percuter Washington et, c'est vrai, il y avait un feu impressionnant sur New York, de la fumée en tout cas. Ici, aux Etats-Unis, il y a une ambiance de traumatisme formidable. Le pays est en état de choc. Je crois que la comparaison qui vient à l'esprit c'est Pearl Harbour. Je pense que, depuis 60 ans, les Etats-Unis n'ont pas ressenti cela. Ils ont l'impression d'être en guerre face à un ennemi invisible. Les hautes personnalités sont protégées, le président n'est pas encore, à l'heure où je vous parle, rentré à Washington. C'est assez impressionnant.
Q - vous-mêmes êtes à Boston, un peu loin maintenant des lieux de l'attentat. Quel est le climat ?
R - Je ne suis plus tout à fait à Boston mais à Cambridge, à coté d'Harvard, dans la résidence du Consul général car on fait évacuer la ville. Boston est une ville financière, administrative, et le gouverneur du Massachusetts a demandé que tous les bâtiments administratifs soient évacués. Cette ville, qui est d'ordinaire extraordinairement passante, est vide. Les Américains vivent chez eux. Au-dessus de nous il y a des chasseurs qui passent, car on continue de craindre que d'autres avions détournés puissent tomber ici ou là. C'est vraiment un climat très étrange : c'est le traumatisme qui l'emporte, c'est l'état de choc. Et puis je crois qu'il y a aussi des blessures, des traumatismes psychologiques absolument énormes, et quand on apprendra le nombre de victimes, combien de centaines, combien de milliers, les choses vont être impressionnantes.
Q - Dans l'avion que vous occupiez cet après-midi, les passagers se sont tous rendus compte qu'il se passait quelques chose d'exceptionnel ?
R - Non, absolument pas. On survolait New York, ce qui est toujours très beau. J'étais dans un avion d'American Airways. Le pilote nous a tout simplement indiqué " regardez en bas, il y a de la fumée ". Nous nous sommes tournés de ce coté là de l'avion, mais rien de plus, on ne savait pas ; cela s'est vraiment passé en temps réel.
Q - C'est une fois au sol qu'on vous a informé ?
R - Absolument, c'est vrai que le traumatisme ici est indescriptible. Les images, diffusées en France, que je peux voir sur TV5, sont impressionnantes. Mais on n'arrive pas à sentir à quel point les Américains sont abattus et en même temps en colère.
Q - A Boston la vie s'est arrêtée ?
R - La vie est totalement paralysée, il y a un air de gravité sur les visages qui frappe. La réaction, ici aux Etats-Unis, est extrêmement forte.
Q - Est-ce que vous avez eu des contacts avec des officiels américains ?
R - Non. Par contre j'ai appelé, comme c'est normal, notre Consul général à New York, où je devais me rendre ce soir même. Il va de soi que les services du ministère des Affaires étrangères sont très mobilisés, et qu'ils pensent notamment aux Français qui pouvaient travailler au World Trade Center dans des entreprises françaises. Il y avait aussi des Français qui travaillaient dans des firmes américaines. Des cellules d'urgence ont été installées et les services diplomatiques sont mobilisés. Ils sont eux-mêmes en contact avec les autorités américaines. Les autorités locales, d'une part, et puis aussi les autorités nationales : vous savez d'ailleurs que le pays est totalement fermé, les frontières, l'espace aérien, les aéroports.
Q - Qu'est ce qu'on peut conseiller ce soir aux Français, aux familles qui peuvent nous écouter et qui ont des connaissances ou de la famille qui travaillait dans ces immeubles. On sait que les communications sont extrêmement difficiles avec les Etats-Unis. Il est difficile d'appeler dés maintenant les services consulaires. Qu'est ce qu'on peut leur conseiller ?
R - Notre consulat à New York est mobilisé. Une cellule a été en effet organisée pour répondre aux familles qui peuvent s'inquiéter. D'ailleurs tous les Français enregistrés à ce consulat sont systématiquement contactés. Pour le reste, vu d'ici, je crois que la réaction en France va être une réaction de vigilance. Le gouvernement, réuni autour du président de la République, a aussitôt pris les mesures qui s'imposaient.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2001)