Texte intégral
La France se dit prête à suivre les Etats-Unis pour riposter et pour punir les auteurs des attentats, avec quelques nuances.
Vous êtes rattaché au ministre de la Défense. La riposte devra être réfléchie et mesurée, a dit Alain Richard. Est-ce une façon, pour la France, de prendre ses distances avec ce que pourraient entreprendre les Etats-Unis ?
Non, pas du tout. Mais c'est une possibilité pour la France à la fois de participer et de prendre entièrement ses responsabilités. Nous sommes liés aux Etats-Unis dans le cadre de l'OTAN . L'article 5 de L'OTAN, que nous avons accepté conduit la France à suivre un certain nombre de démarches politiques et diplomatiques. En ce qui concerne les démarches militaires, il est évident que la France a sa propre autonomie. C'est elle qui décidera ce qu'elle fera en matière militaire.
Est-ce que cette autonomie n'a pas été mise à mal depuis la Guerre du Golfe ?
Non, on ne peut pas dire cela. Déjà à l'époque du général de Gaulle, la France avait pris une certaine autonomie vis-à-vis de l'OTAN et des décisions militaires. Nous ne pouvons pas être la remorque d'une puissance, quelle qu'elle soit ! Nous avons notre autonomie de défense, et celle-ci doit être affirmée autant que nécessaire. En même temps, nous ne pouvons pas nous engager en matière militaire sur tout et n'importe quoi. D'autre part, le problème est extrêmement difficile. Ce sont les Etats-Unis qui ont été attaqués. Il leur appartient de proposer une riposte. A nous de nous associer à eux pour lutter contre le terrorisme. C'est une autre forme de débat, difficile avec les nations.
C'est dans ce contexte, hasard de l'actualité et nous en revenons directement à votre fonction de Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, que vendredi prochain aura lieu une journée en hommage aux Harkis, des Musulmans qui avaient choisi la France pendant la Guerre d'Indépendance en Algérie. Ils avaient été expulsés de leur pays et l'on parle, aujourd'hui, 40 ans après, au vu des événements aux Etats-Unis, de fracture entre deux mondes. Est-ce que vous relieriez les deux événements ? Et est-ce que l'histoire se ressemble quelque part ?
Oui et non. L'histoire des Harkis est une histoire triste, abominable et la France n'a pas joué le rôle qu'elle devait jouer dans cette affaire. En mars 1962, lorsque le cessez-le-feu a été décidé en Algérie, il a été dit que toutes les populations seraient protégées, quelles que soient leurs prises de position pendant la Guerre d'Algérie. Malheureusement, les Harkis ont été abandonnés, par la France, par la population algérienne, dont ils étaient issus, et ont été soumis à la vindicte populaire. Contrairement à ce que vous venez de dire, justement, ils n'ont pas été rapatriés. S'ils l'avaient été, un grand nombre d'entre eux n'auraient pas été massacrés. Ils ont été abandonnés sur place et désarmés. La France les a désarmés de crainte que la majorité d'entre eux rejoignent l'OAS. A l'époque, c'était la guerre civile en Algérie. Le gouvernement de l'époque, que présidait le général de Gaulle, n'avait pas voulu rapatrier les Harkis. Aujourd'hui, les Harkis ou leurs enfants, demandent des comptes à la France. Certains vont même jusqu'à déposer une plainte pour crime contre l'humanité, contre la France. La plainte n'est pas recevable mais historiquement, la France doit garder en mémoire ce qu'elle a fait. Et je crois que cette journée sera l'occasion de rappeler aux Français, quelle que soit leur origine, ce qu'ont été les Harkis, et ce qu'ils ont souffert. En même temps, nous entamerons les débats avec les Harkis eux-mêmes, pour leur assurer une fin de vie honorable et décente.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 octobre 2001)
Vous êtes rattaché au ministre de la Défense. La riposte devra être réfléchie et mesurée, a dit Alain Richard. Est-ce une façon, pour la France, de prendre ses distances avec ce que pourraient entreprendre les Etats-Unis ?
Non, pas du tout. Mais c'est une possibilité pour la France à la fois de participer et de prendre entièrement ses responsabilités. Nous sommes liés aux Etats-Unis dans le cadre de l'OTAN . L'article 5 de L'OTAN, que nous avons accepté conduit la France à suivre un certain nombre de démarches politiques et diplomatiques. En ce qui concerne les démarches militaires, il est évident que la France a sa propre autonomie. C'est elle qui décidera ce qu'elle fera en matière militaire.
Est-ce que cette autonomie n'a pas été mise à mal depuis la Guerre du Golfe ?
Non, on ne peut pas dire cela. Déjà à l'époque du général de Gaulle, la France avait pris une certaine autonomie vis-à-vis de l'OTAN et des décisions militaires. Nous ne pouvons pas être la remorque d'une puissance, quelle qu'elle soit ! Nous avons notre autonomie de défense, et celle-ci doit être affirmée autant que nécessaire. En même temps, nous ne pouvons pas nous engager en matière militaire sur tout et n'importe quoi. D'autre part, le problème est extrêmement difficile. Ce sont les Etats-Unis qui ont été attaqués. Il leur appartient de proposer une riposte. A nous de nous associer à eux pour lutter contre le terrorisme. C'est une autre forme de débat, difficile avec les nations.
C'est dans ce contexte, hasard de l'actualité et nous en revenons directement à votre fonction de Secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, que vendredi prochain aura lieu une journée en hommage aux Harkis, des Musulmans qui avaient choisi la France pendant la Guerre d'Indépendance en Algérie. Ils avaient été expulsés de leur pays et l'on parle, aujourd'hui, 40 ans après, au vu des événements aux Etats-Unis, de fracture entre deux mondes. Est-ce que vous relieriez les deux événements ? Et est-ce que l'histoire se ressemble quelque part ?
Oui et non. L'histoire des Harkis est une histoire triste, abominable et la France n'a pas joué le rôle qu'elle devait jouer dans cette affaire. En mars 1962, lorsque le cessez-le-feu a été décidé en Algérie, il a été dit que toutes les populations seraient protégées, quelles que soient leurs prises de position pendant la Guerre d'Algérie. Malheureusement, les Harkis ont été abandonnés, par la France, par la population algérienne, dont ils étaient issus, et ont été soumis à la vindicte populaire. Contrairement à ce que vous venez de dire, justement, ils n'ont pas été rapatriés. S'ils l'avaient été, un grand nombre d'entre eux n'auraient pas été massacrés. Ils ont été abandonnés sur place et désarmés. La France les a désarmés de crainte que la majorité d'entre eux rejoignent l'OAS. A l'époque, c'était la guerre civile en Algérie. Le gouvernement de l'époque, que présidait le général de Gaulle, n'avait pas voulu rapatrier les Harkis. Aujourd'hui, les Harkis ou leurs enfants, demandent des comptes à la France. Certains vont même jusqu'à déposer une plainte pour crime contre l'humanité, contre la France. La plainte n'est pas recevable mais historiquement, la France doit garder en mémoire ce qu'elle a fait. Et je crois que cette journée sera l'occasion de rappeler aux Français, quelle que soit leur origine, ce qu'ont été les Harkis, et ce qu'ils ont souffert. En même temps, nous entamerons les débats avec les Harkis eux-mêmes, pour leur assurer une fin de vie honorable et décente.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 octobre 2001)