Texte intégral
Monsieur le Ministre, Cher Martin Malvy,
Monsieur le Ministre, Cher Matthias Fekl,
Monsieur le Président d'Atout France,
Monsieur le Directeur général d'Atout France,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs les Professionnels du tourisme,
Mesdames et Messieurs,
Martin Malvy vient de nous faire un exposé qui est le résumé de son travail et c'est quelqu'un qui sait de quoi il parle. Martin Malvy est un homme d'expérience, c'est Laurent Fabius qui lui avait proposé de faire ce rapport et il a fait le bon choix. Le travail qu'il vient de présenter et qu'il a résumé montre à l'évidence qu'il y a encore dans le secteur de l'économie touristique, énormément de potentialité de progrès. Nous ne sommes pas au bout des capacités de la France pour atteindre les objectifs ambitieux que Laurent Fabius avaient fixés et que j'ai rappelés, et auxquels il faut se tenir. Nous le pouvons, mais cela nécessite effectivement une mobilisation encore plus forte. Je sais que c'est le souhait des professionnels du tourisme français qui ont, depuis longtemps, fait preuve de leurs compétences, et qui sont aussi conscients des défis, des enjeux et des nécessaires progrès que nous devons faire ensemble.
À cet instant, il est important de rappeler que le tourisme est l'un des moteurs de notre économie. Je ne suis pas partisan de ceux qui pensent qu'à l'avenir, même si nous vivons des mutations profondes de nos économies, nous allions vers moins d'emplois. Ce sera des emplois différents, mais il y a des secteurs, et je pense notamment au secteur du tourisme, où l'on n'ira pas vers moins d'emplois, mais vers plus. Ayons confiance.
Pour cela, il faut se donner les moyens de créer ces emplois supplémentaires et notamment mieux former comme cela a été évoqué dans la contribution de Martin Malvy. L'industrie du tourisme, c'est quand même près de 8% de notre PIB et c'est aussi près de deux millions d'emplois. Je rappelle ces chiffres souvent, mais il est important qu'ils s'impriment bien, au-delà des secteurs du tourisme et dans l'opinion publique en général, y compris parmi les décideurs politiques qui doivent être conscients que ce n'est pas un secteur secondaire. Son apport économique est considérable.
Pour la France, c'est aussi un vecteur d'influence, d'attractivité et de rayonnement. C'est un secteur qui a connu une période difficile en 2016, avec une fréquentation internationale en baisse par rapport à 2015 qui, elle, avait été une année record avec 85 millions de visiteurs, malgré les drames, malgré les difficultés économiques et malgré les intempéries.
J'ai eu l'occasion à Biarritz, lors d'une visite passionnante, de rappeler que ce secteur du tourisme avait une capacité de résilience considérable, qu'il avait su réagir et s'adapter, et que sa diversité déployée dans tous les territoires de la France avait permis d'atteindre un chiffre pour 2016 de près de 83 millions de visiteurs étrangers. C'est dire notre potentiel, nous sommes restés la première destination.
Même si le contexte difficile nous a secoués, je pense justement que c'est un atout qui doit continuer à nous rendre plus vigilants et plus mobilisés. Autour de nous, bien sûr, il y a des pays qui progressent et qui ont certainement su adapter leur offre et moderniser certaines de leurs capacités. C'est aussi notre devoir d'être lucides sur nos points forts, mais aussi nos points faibles et il en existe.
Vous avez travaillé sur un secteur où le potentiel est considérable. Nous avons plus de 14.000 monuments classés, 42 sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, c'est une spécificité pour la France, peu de pays sont dans cette situation. C'est donc une chance formidable que l'on trouve dans nos villes, dans nos villages qui, pour certains, sont d'exception en métropole mais aussi en Outremer, 8.000 musées, 1.000 musées nationaux au moins, 1.500 festivals, des théâtres, des salles de concert, des parcs et des jardins qui sont autant de trésors et qui doivent donner envie de venir en France. Pour ceux qui ne connaissent pas et qui viennent pour la première fois en France, ils sont surpris et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir s'intéresser, au-delà des grands sites, vous l'avez rappelé à juste titre, qui font la fierté de la France.
Au-delà des sites et des musées, notre patrimoine immatériel avec la gastronomie et l'opération «Goût de France» qui se poursuit, c'est aussi un puissant facteur d'attractivité touristique.
24.000 de nos concitoyens travaillent dans ces musées, plus de 100.000 actifs du secteur de la culture sont directement concernés par l'activité touristique, et, demain, avec l'augmentation du nombre de visiteurs, de nombreux emplois seront créés. Pourtant, ce patrimoine est sous-exploité aujourd'hui à l'échelle de notre territoire national.
Vous avez travaillé sur cette thématique. Il y a Paris, les grandes métropoles, les grands sites nationaux, mais il y a aussi les villes moyennes et les zones rurales qui recèlent de véritables pépites culturelles. Ces trésors souffrent parfois d'un déficit de notoriété. De plus, ils sont souvent à l'écart des circuits touristiques, vous avez eu raison de mentionner ce point sur lequel il nous faut travailler. Nous devons travailler sur le label. Je pense par exemple à l'association «Sites et cités remarquables de la France» et aussi à celles «des plus beaux villages de France» ou aux réseaux des grands sites de France. Plus nous développons cette labélisation, plus nous pourrons faciliter les démarches du touriste. Les touristes sont curieux et ils veulent découvrir, mais il faut leur faciliter les choses. L'enjeu est donc à la fois économique, mais c'est aussi celui de mieux protéger le patrimoine.
On parle beaucoup des secteurs et territoires périphériques, on parle beaucoup des territoires ruraux qui seraient oubliés, mais beaucoup de choses se font déjà, même avec de petits moyens. Il y a l'appui des départements, des régions, des intercommunalités, ils font des choses extraordinaires sur lesquelles nous pourrions nous appuyer. Il faut avoir l'ambition d'investir pour entretenir ce patrimoine. Il faut favoriser les échanges, la mixité sociale, la découverte, les réseaux de l'éducation et nous avons les capacités pour le faire.
La loi «liberté de la création architecture et patrimoine» du 16 juillet 2016 a été un jalon important, puisqu'elle recense 810 sites patrimoniaux remarquables qu'il faut protéger et développer. Yves Dauge en février dernier dans son rapport abondait également dans ce sens.
Je ne veux pas être plus long, Martin Malvy a déjà indiqué beaucoup de choses que je partage également, sa sensibilité, son expérience sur des sujets multiples. Nous nous connaissons depuis longtemps. Martin Malvy est une personnalité de la vie politique française à l'échelle nationale et enraciné dans un territoire qu'il a su encourager, projeter dans l'avenir, en présidant la région Midi-Pyrénées dont le potentiel est considérable. C'est l'une des très belles régions françaises qui fait aujourd'hui partie des régions les plus innovantes en France. Quand on regarde les créations d'emplois dans notre pays, c'est l'une des régions, sur différentes thématiques, qui a un solde positif sur le plan économique. Ce n'est pas venu tout seul, cela est dû aux capacités des gens qui vivent là-bas ou qui viennent s'y installer, dans un cadre de vie agréable dans les villes moyennes ou dans les territoires ruraux, correctement connectés mais dont les connexions peuvent encore s'améliorer.
Il y a des investissements et des partenariats privés qui ont pu rapprocher les centres de formations et de recherches publiques et privées et des entreprises. C'est un exemple d'écosystème qui fonctionne.
Vous avez votre expérience de maire, encore aujourd'hui président de votre communauté de communes et président de l'association «Sites et cités remarquables de la France». Vous avez toujours eu une passion : je me souviens un jour être allé à Figeac où vous présidiez le groupe parlementaire socialiste qui était tout petit, avec une cinquantaine de membres. Vous alliez terminer votre mandat et passer le relais, notamment à Laurent Fabius. Vous nous aviez accueilli et ce fut pour moi, pour nous tous un plaisir de découvrir cette très belle ville, ce beau patrimoine et cette ambiance où l'on sentait l'adhésion à un projet. Les habitants et les élus croyaient à leur ville, à leur territoire et ils en étaient fiers. Ils ne se contentaient pas de la contempler, ils voulaient au contraire la projeter dans l'avenir et l'encourager à se développer et à innover.
C'est un bel exemple de réussite française, à l'image de sa diversité.
Je le dis, ayons confiance dans les capacités de notre pays, ne nous résignons pas. Pourquoi vouloir nous flageller lorsque nous regardons des exemples comme celui que vous incarnez ? Au contraire, il faut avoir confiance. À partir de votre expérience, Cher Martin Malvy, à partir du travail que vous avez réalisé ici, avec ces 54 propositions, il faut prolonger, élargir et étendre à l'ensemble du pays les capacités qui sont les nôtres, en matière d'accueil, d'accessibilité, d'investissements, de formations, d'innovations et de transition numérique. Vous avez évoqué tous ces points que je ne reprendrai pas comme je viens de le dire, mais à partir de votre rapport, je crois qu'il est bon que nous nous engagions à tous nous en inspirer. Et vous tout particulièrement, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général d'Atout France, avec l'ensemble des professionnels - car vous êtes acteurs de l'État et vous travaillez avec eux - en réaffirmant la conviction pour le gouvernement que le tourisme est un secteur industriel à part entière qui doit être soutenu avec force, avec conviction et avec ambition.
Merci Monsieur le Ministre, Cher Martin, merci pour votre excellent travail et pour votre contribution.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2017