Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les efforts en faveur des droits des femmes, à Paris le 4 avril 2017.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Marc Ayrault - Ministre des affaires étrangères et du développement international

Circonstance : 7e édition des trophées de la réussite au féminin, à Paris le 4 avril 2017

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadrices et Ambassadeurs,
Madame la Sénatrice,
Mesdames et Messieurs les Présidents du Jury,
Madame la Présidente de France Euro Méditerranée,
Mesdames les Lauréates,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
D'abord je suis très heureux d'accueillir ici au ministère des affaires étrangères - au quai d'Orsay - cette nouvelle édition des trophées de la réussite au féminin. Il s'agit des 7èmes éditions. C'est l'occasion de rendre hommage à des femmes engagées comme il y en a beaucoup en France et dans le monde.
Et en tout cas c'est votre conviction, Madame la Présidente, celle de votre association - France Euro Méditerranée - qui organise ces trophées, mais c'est aussi la mienne, et je voulais vous le dire. Ici, il y a peu de temps, a eu lieu une conférence internationale avec des femmes engagées qui partout dans le monde se battent pour les droits des femmes à l'égalité. Notre combat pour l'égalité, c'est un combat global, à l'échelle internationale, mais qui commence ici, chez nous. Et il n'y a pas d'égalité s'il n'y a pas d'égalité entre les femmes et les hommes. C'est le même combat et la devise de la France «Liberté, égalité, fraternité», nous la proclamons, bien sûr. Mais il faut agir pour que cela devienne une réalité partout.
Ce soir ce sont les femmes qui vont recevoir ces trophées et qui, parmi beaucoup d'autres, sont des actrices incomparables de la vie de leur pays. Elles agissent dans des sphères très différentes : économique, culturelle, sociale. Elles se distinguent dans le domaine scientifique ou sportif. Elles innovent aussi en matière d'éducation, de coopération ou de solidarité internationale. Les femmes sont actives. Elles sont engagées. Elles le sont avec talent, persévérance et générosité. Je crois que c'est important de le rappeler. Mais, nous le savons, c'est vrai aussi qu'elles le font en se battant et elles le font en franchissant souvent des obstacles plus durs à franchir parfois que les hommes, aussi.
Car ce chemin de l'égalité, je l'évoquais à l'instant, est long à parcourir. Ces femmes, talentueuses et engagées - je l'ai dit, mais je le répète parce qu'il est nécessaire de le rappeler - sont pourtant moins nombreuses que les hommes à exercer des responsabilités politiques. Nous le savons. Même si en France nous avons adopté une loi sur la parité pour les mandats politiques et que le gouvernement est un gouvernement paritaire. Mais, on voit bien que dans de nombreux postes de responsabilités, il y a encore énormément de progrès à faire.
Et c'est vrai aussi dans l'univers du pouvoir économique. Il m'arrive parfois de constater, avec surprise, que dans les délégations de chefs d'entreprise ou des dirigeants d'entreprise qui m'accompagnent il n'y ait pas une seule femme parmi les 40 représentants des entreprises. Pourtant les femmes exercent des responsabilités dans les entreprises. Elles sont partout. Mais elles ne sont pas toujours au niveau le plus élevé des responsabilités. Pourtant elles en ont autant les compétences que les hommes. Et parfois plus.
Nous sommes obligés de constater que la tâche est immense. Et pour cela il faut mobiliser toutes les énergies et avoir des convictions fortes. Il faut aussi être déterminés pour que partout dans chaque entreprise, dans toutes les organisations de la société civile - fussent-elles modestes - ou dans l'administration, tel que ce ministère des affaires étrangères et du développement international, il y ait cette égalité. Nous y veillons mais c'est vrai que c'est un combat. Il y a des résistances et des préjugés parfois. Mais enfin, les choses progressent. Car l'égalité entre les femmes et les hommes est une condition de la réussite de notre modèle républicain et de la crédibilité de nos proclamations politiques. Et puis c'est aussi une garantie du bien-vivre et de la cohésion dans nos sociétés.
Et c'est justement grâce à des initiatives comme les vôtres - il y en a d'autres aussi mais celles-ci sont à l'honneur ce soir - de montrer la réussite au féminin, de montrer que toutes les femmes apparaissent de plus en plus sur le devant de la scène. Et, elles ont raison de l'affirmer sans complexe, avec fierté, en parfaite cohérence avec leurs compétences et leurs talents.
Je disais : il y a des préjugés. Je vais vous donner un exemple : pourquoi emploie-t-on encore le mot «ambassadeur» lorsqu'il s'agit d'une femme en fonction. Et cela m'a beaucoup frappé et je me bats pour que l'on dise «ambassadrice». Et il n'y a pas à se battre, cela fait partie des évidences. Mais, l'autre jour quelqu'un disait à la presse : «Moi je préfère encore qu'on m'appelle «ambassadeur» parce qu'une fois je me suis retrouvé dans une situation où l'on disait : «Bonjour Madame l'Ambassadrice» et quelqu'un a dit «Mais il est où l'ambassadeur ?»». Mais c'est du passé et c'est en train de changer. Il faut avoir la volonté de changer. C'est une anecdote mais elle est révélatrice des résistances, qui sont parfois liées à des complexes. Mais il ne faut pas en avoir. En tout cas, moi, je le dis ici ce soir.
C'est pourquoi il est important que chaque année ces trophées continuent d'encourager et de reconnaître la réussite de femmes. Bien entendu, ce n'est qu'un petit panel, mais représentatif de ces femmes. Ici, ce soir ce sont neuf femmes de tous les continents et dont la richesse du parcours professionnel et de la diversité représentent des modèles, des références pour les jeunes générations.
Et cette année ce sont donc neuf femmes de la société civile que vous avez décidé de récompenser. Ces femmes sont franco-algérienne, tunisienne, russe, franco-sénégalaise, norvégienne, française, franco-palestinienne, franco-marocaine, franco-brésilienne. Elles agissent, elles créent et elles avancent. Elles vont continuer d'avancer. Et ce soir, justement, à celles et ceux qui doutent parfois, vous allez redonner, Mesdames et Messieurs, Madame la Présidente, beaucoup d'espoir et beaucoup d'encouragements.
Merci de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 avril 2017