Texte intégral
Caisse nationale d'allocations familiales : cette désignation ne rend pas complètement justice à la diversité des missions de la CNAF.
Elle a été pour le Ministre de la jeunesse et de la ville que je suis, un partenaire précieux.
Le plan d'action « jeunesse » de la CNAF témoigne de la consistance de son engagement dans les politiques à destination des jeunes, et singulièrement des jeunes qui vivent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Si, par-delà les différences sociales qui la composent, on peut parler de la jeunesse, c'est qu'il existe à cet âge des expériences et des aspirations communes.
Deux me semblent particulièrement fondamentales : celle de s'émanciper du monde parental et de mener une vie autonome d'une part ; celle de découvrir les attributs de la citoyenneté et d'en faire bon usage d'autre part.
Les deux projets devenir un individu autonome et devenir un citoyen pour résumer se rejoignent d'ailleurs en partie.
Et par rapport à ces deux projets, qui sont finalement la base d'une vie réussie, c'est-à-dire d'une vie libre et articulée à celle des autres, la CNAF apporte de nombreux supports aux adolescents et aux jeunes.
Avec la CNAF, nous cherchons à faciliter l'expression et l'initiative associative des jeunes.
Cela se traduit entre autres par des fonds départementaux qui financent des projets de jeunes ou par un soutien aux foyers de jeunes travailleurs.
Nous voulons qu'ils s'engagent et qu'ils acquièrent de nouvelles compétences. C'est l'objet du développement du service civique, ou du BAFA.
Nous voulons qu'ils sortent de leur environnement habituel et qu'ils découvrent de nouveaux lieux et de nouvelles activités. Pour cela, nous sommes attachés aux colos et aux départs en vacances.
Nous avons d'ailleurs lancé il y a quelques jours une campagne « 100% Colo » pour promouvoir ce type de séjours auprès des adolescents et des parents.
Après demain, elle sera sur les bus des dix plus grandes agglomérations.
Nous nous efforçons d'asseoir l'autonomie des jeunes sur une certaine indépendance financière.
De nombreuses aides existent mais la CNAF est particulièrement mobilisée sur la prime d'activité. Elle est un complément de revenu substantiel pour les travailleurs modestes, dont beaucoup sont des jeunes.
Des travailleurs qui gagnent en moyenne moins de 1500 euros par mois et qui peuvent prétendre à une aide d'environ 140 euros.
Et enfin nous n'aurions pas imaginé devoir mener une telle action il y a encore trois ou quatre nous sommes résolument engagés dans la prévention de la radicalisation.
Aux attentats que la France a subis, nul n'était préparé. Aujourd'hui, nous sommes sur le qui-vive.
L'Etat s'est organisé en conséquence. Mais rien ne nous préparait à cela.
Rien dans nos modes de vie, de penser, dans nos manières de nous représenter le monde, ne pouvait nous laisser imaginer que des hommes seraient prêts à tuer, et à se tuer, au nom d'une idéologie religieuse.
Dans une France largement sécularisée, en tout cas laïque, dans la France des Droits de l'Homme qui a placé, à juste titre, la vie humaine en valeur ultime, ces actes de violence n'ont pour nous aucun sens.
Et pourtant. C'est une nouvelle réalité à laquelle nous devons faire face.
Faire face, en assurant la protection de nos concitoyens. C'est la première responsabilité de l'Etat.
Mais faire face en prévenant la radicalisation elle-même. Car, si je puis m'exprimer ainsi, il convient de s'attaquer au stock mais aussi au flux.
Les adolescents, parce qu'ils sont à l'âge de se forger une personnalité, de s'interroger sur le sens de l'existence, parce qu'ils sont en demande de paroles et d'expériences fortes, sont particulièrement vulnérables aux discours radicaux.
Pour les en protéger, je ne connais qu'un seul moyen : qu'il y ait plus d'adultes autour d'eux.
Des adultes bienveillants, formés, attentifs.
Des adultes qui leur fixent un cadre et des repères pour leur éviter de se perdre.
Des adultes présents à la fois près de chez eux mais aussi sur les réseaux sociaux, qui est un autre espace de vie et de socialisation.
Nous avons donc renforcé la présence associative par un soutien financier et une coordination territoriale de la prévention autour des Préfets.
Nous avons fait en sorte de ne pas céder le terrain aux prêcheurs de haine le soir et le week-end, dans les temps où les services publics se retirent.
Nous étendons les horaires d'ouverture des structures publiques et associatives pour ne pas laisser les jeunes esseulés.
Et nous déployons des réponses aussi sur internet, en l'occurrence avec la CNAF autour des promeneurs du net, mais d'autres initiatives existent et viennent compléter ce dispositif.
Dans toute cette politique à destination des jeunes, dans ces différentes dimensions : autonomie, citoyenneté, prévention de la radicalisation, il y a un autre partenaire que je veux aujourd'hui saluer et remercier : ce sont les centres sociaux et la fédération nationale des centres sociaux.
Le travail qui est effectué par eux est un travail remarquable, un travail de proximité, un travail tout en finesse, en adéquation avec les besoins du quartier.
C'est pourquoi nous avons avec la CNAF souhaité que chaque quartier de la politique de la ville dispose d'un centre social.
Cela implique de soutenir la création et le démarrage de presque 300 centres sociaux.
C'est un investissement, mais un investissement utile et juste.
C'est dans ce contexte que nous signons aujourd'hui un accord-cadre avec la fédération nationale des centres sociaux.
Il est une reconnaissance de la qualité du réseau, et de l'opportunité de le consolider.
Merci pour le travail accompli, mais nous n'avons pas le droit de nous reposer : il reste tant à faire.
Alors on compte sur vous.
source http://www.patrickkanner.fr, le 28 mars 2017