Texte intégral
Madame la Préfète à l'égalité des chances, Fadela Benrabia,
Mesdames, Messieurs,
Chère Sarah Ourahmoune.
Vous êtes déléguée du Gouvernement.
La petite dernière d'une famille de 11.
C'est une grande et belle responsabilité que vous vous êtes vue confier.
Votre mission est simple à énoncer, très difficile à réaliser : faire la démonstration d'une République en actes dans les quartiers prioritaires de la ville.
Comme nous savons que c'est difficile, c'est à vous que nous le demandons.
Nous avions besoin d'une championne, d'une battante, d'une femme engagée, d'une entrepreneuse : nous avions besoin de vous.
Vous ne serez pas seule. Vous serez sous l'autorité du Préfet et de la Préfète à l'égalité des chances, Fadela Benrabia. Autant dire que vous serez très bien accompagnée.
Vous serez également en lien avec vos dix autres collègues, avec lesquels je vous invite tant que possible à échanger sur vos pratiques, à confronter vos expériences.
En tant que coordinatrice des délégués du Gouvernement, Sylvie Feucher sera donc une autre de vos alliés dans votre mission.
Vous avez des alliés, vous avez un adversaire aussi.
Il n'a pas de nom, pas de visage, ne se présentera jamais aux élections non, ce n'est pas la finance, c'est le temps.
Votre adversaire, c'est le temps.
Le temps de l'action publique ; le temps de la décision politique et de son traitement administratif.
Le temps long dans un monde où tout est urgent.
Le temps institutionnel face au désarroi des individus.
Vous devez faire en sorte que l'action publique se voie, qu'elle se voie « à vue d'il ».
Que les habitants des quartiers qui ont des légitimes raisons de s'impatienter, de douter que la puissance publique est bien là pour eux, soient rassurés.
Et ils ne le seront que s'ils voient cette puissance publique prendre forme et se déployer devant eux.
Ils ne le seront que si cette puissance publique répond à leurs interpellations.
C'est pourquoi nous avons créé dans la loi égalité citoyenneté un droit d'interpellation pour les citoyens des quartiers prioritaires via les conseils citoyens.
Ce sera notamment à vous d'y répondre.
La politique de la ville a été profondément réformée ces dernières années : mieux ciblée, plus complète dans ses réponses notamment économiques, plus démocratique. Mais il est temps que les habitants bénéficient de tous ses effets.
Il est temps aussi que les dispositifs de droit commun soient davantage mobilisés dans ces territoires, car la politique de la ville n'a pas vocation à s'y substituer.
Elle vient en plus, pas en remplacement.
Vous exercerez une mission de proximité qui mobilisera l'ensemble des dispositifs d'appui au développement des quartiers. À ce titre, vous interviendrez spécifiquement sur les questions d'éducation, d'emploi, de mixité et de citoyenneté avec, comme fil rouge de vos actions, le sport.
C'est là qu'est votre valeur ajoutée pour ainsi dire.
Et cela tombe bien, car je vous ai nommé en qualité de Ministre de la ville, mais j'ai la conviction en tant que Ministre des sports que le sport est un formidable vecteur de cohésion sociale, d'éducation, de transmission de valeurs, comme en témoigne le programme Vivre en sport que vous animerez.
Utilisez tant que possible cette matière que vous maîtrisez pour donner dignité et fierté aux habitants de Seine-Saint-Denis, et singulièrement aux jeunes.
Mobilisez-les autour du projet Paris 2024 dont vous êtes l'une des figures de proue.
Si nous l'emportons, la Seine-Saint-Denis sera l'un des sites majeurs de ces Jeux.
Parmi tous les sujets auxquels vous serez confrontée, je vous demande d'avoir une vigilance particulière pour deux enjeux : la participation des habitants et la prévention de la radicalisation.
La participation des habitants car, vous l'avez compris, être à l'écoute des habitants fait déjà partie de la réponse attendue.
Ce que nous devons donner avant tout à nos concitoyens, à ceux qui se sentent oubliés, relégués, c'est de la considération.
Alors je compte sur vous pour apporter, avec d'autres bien entendu, cette considération, à faire vivre et circuler la parole dans vos territoires, à encourager la vitalité associative, à soutenir le développement des conseils citoyens et de tous les espaces de citoyenneté.
La prévention de la radicalisation car c'est un fléau qui exige la mobilisation de tous.
Elle n'est pas l'apanage des quartiers prioritaires, mais elle s'y répand avec une force particulière.
Dire cela, ce n'est certainement pas les stigmatiser ils le sont déjà tellement , ce n'est assurément pas faire un amalgame entre les habitants de ces quartiers et les prêcheurs de haine, c'est au contraire vouloir les en protéger.
Et je vous demande de les en protéger.
Là encore, je crois que le sport peut largement être mobilisé.
Nous devons mener une bataille sur un autre terrain que celui des armes et du renseignement : sur le terrain de l'idéologie.
Nous devons faire valoir les valeurs humanistes de la République.
Faites du sport un instrument de citoyenneté, d'éducation.
Faites du sport un instrument de l'égalité entre les garçons et les filles.
Faites du sport un instrument de compréhension de l'autre, de la différence.
Votre mission est difficile mais elle est belle et elle est impérieuse.
Le Gouvernement compte pleinement sur vous.
Source http://www.patrickkanner.fr, le 4 avril 2017