Texte intégral
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer aujourd'hui. Cette visite est l'occasion de vous dire l'importance que j'attache au travail du centre de transfusion sanguine des armées et plus généralement à la mission du service de santé au sein de nos forces.
Héritier d'une longue tradition, le service de santé est en effet un élément indispensable à nos armées pour leurs actions. Nos soldats sont amenés à servir dans des situations particulières, dans des milieux hostiles et dangereux. La Nation qu'ils protègent leur doit une prise en charge médicale de qualité, et ne peut la leur assurer que par un système qui soit à la fois dédié et de la même qualité que l'ensemble du dispositif de santé publique français.
L'inauguration de ces nouveaux locaux me permet de rendre un hommage à tous les acteurs de ce projet, l'établissement du génie et le service de santé qui ont contribué à la réalisation d'un ensemble efficace et performant. Qu'ils en soient ici remerciés.
Comme le rappelait son directeur, l'histoire du Centre de Transfusion Sanguine des Armées (C.T.S.A) est très intimement liée à celle de la transfusion sanguine civile en France.
La fusion à l'Hôpital Saint-Antoine des organismes de réanimation et de transfusion militaires avec une structure transfusionnelle très modeste a constitué le premier centre de transfusion moderne. Au cours de la deuxième guerre mondiale, cette structure mixte fonctionne tant au profit des civils que des troupes en opération. Les premières " Journées du Sang " voient le jour à cette époque.
En 1945, les combats terminés, le centre de Saint-Antoine se dissocie en une entité à finalité civile, le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), restant sur place, et le Centre de Transfusion-réanimation de l'Armée qui est installé sur l'îlot Percy. Il prendra le nom du pionnier de la transfusion " Jean Julliard " en 1972.
Depuis son origine, les missions confiées au Centre de Transfusion Sanguine des Armées sont multiples :
La première est l'approvisionnement des forces
L'importance stratégique de la transfusion sanguine pour la survie des blessés de guerre est tellement cruciale que la maîtrise de l'approvisionnement est primordial pour le soutien opérationnel des interventions militaires. La coopération avec le milieu civil est bien sûr possible et, en pratique, il existe de nombreuses collaborations pour la thérapeutique des malades, mais la dépendance ne peut être acceptée, et la compétence ne peut se développer que dans l'action quotidienne.
La maîtrise des processus, et l'évolutivité du Centre de Transfusion Sanguine des Armées est là avant tout pour l'approvisionnement des forces. La capacité d'adapter ses pratiques aux conditions environnementales permet d'effectuer les choix scientifiques et technologiques adaptés à la situation particulière de la médecine de l'avant par la prise en compte des contraintes propres à chacun des métiers. Cette adaptation impose de connaître parfaitement tous les aspects de la transfusion, afin d'en maîtriser les limites et permettre une évolution raisonnée.
L'obligation de la discrétion est un aspect plus particulier, l'approvisionnement en sang d'une troupe en opération est informative quant à ses intentions ou son niveau de disponibilité : avant une opération, il est possible de pre-positionner des hommes, du matériel, des munitions, : en un mot effectuer une montée en puissance de l'opération. En aucun cas il n'est possible d'accumuler des produits sanguins thérapeutiques dont la péremption courte n'autorise pas une phase de conservation préalable à l'intervention.
La seconde est la Recherche
Le Centre de Transfusion Sanguine des Armées a été le premier centre de transfusion sanguine européen à développer la technique de lyophilisation du plasma thérapeutique avant tout comme méthode de conservation du plasma sous une forme aisément utilisable sur le terrain.
La conservation du sang humain a été un deuxième thème de recherche important pour disposer de délais de conservation plus longs mais aussi pour améliorer la qualité thérapeutique des globules rouges conservés, en particulier la validation de la conservation 42 jours à +4°C du concentré de globules rouges, ou 5 jours à température ambiante pour les plaquettes.
La cryobiologie a été initiée en France par un groupe au sein duquel le Centre de Transfusion Sanguine des Armées a occupé une place importante, même si nos conceptions ont évolué différemment de celles de nos alliés de l'OTAN concernant l'utilisation des concentrés de globules rouges congelés lors de conflits ; l'actualité en ce domaine est la greffe de moelle et de tissus.
Le Centre de Transfusion Sanguine, au même titre que les centres de transfusion de l'Etablissement Français du Sang (EFS) bénéficie de l'ensemble des inspections et audits des organismes de contrôle.
Ce très haut niveau de qualité exigée est lourd de contrainte et d'expérience pour le personnel mais la sécurité est à ce prix.
Vous êtes animés ici d'un esprit d'équipe particulier, d'un sens profond de la relation humaine et vous faites face avec une compétence et un dévouement qui forcent l'admiration. Ceci explique l'excellence reconnue de cet établissement et la qualité de votre action au service des forces armées. Je veux parler de ce souci que vous manifestez de maintenir un niveau de technicité comparable à celui des établissements publics, mais aussi de votre attention à adapter chaque progrès fait dans les conditions de la pratique de la transfusion aux formations de l'avant projetées sur les théâtres d'opérations extérieures.
La fonctionnalité des infrastructures est indispensable et l'inauguration d'aujourd'hui témoigne de l'importance de disposer de locaux permettant un niveau d'excellence dans la conservation du précieux produit.
La transfusion sanguine n'existerait pas sans les donneurs et il convient aujourd'hui de rendre hommage à ceux d'entre nous qui possèdent cet élan de don éthique et bénévole.
Au delà de la collectivité militaire cette approche humaine de la Solidarité entre individus est tout particulièrement estimable.
Qu'il me soit donné aujourd'hui, grâce aux diplômes que je vais remettre, la possibilité de témoigner de l'estime que vous porte la Nation toute entière.
Je voudrais vous redire à tous la reconnaissance de la communauté nationale pour votre action quotidienne, mais aussi mon admiration pour la difficulté de cette tâche que vous assumez avec conviction et courage et qui exige une double compétence. Médecins, infirmiers, techniciens, civils et militaires, vous participez à une aventure qui fait rêver beaucoup d'entre nous : celle de la vie à protéger, à sauver. Militaires, vous êtes engagés dans une autre grande aventure : protéger la Nation, servir vos camarades sur terre, sur mer et au-delà des mers. Il y a là pour vous beaucoup de combats à mener, souvent difficiles, mais toujours passionnants.
Je vous fais entièrement confiance pour mener à bien ces missions si précieuses, pour maintenir et transmettre l'héritage de qualité et de savoir-faire de notre service de santé.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2001)
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer aujourd'hui. Cette visite est l'occasion de vous dire l'importance que j'attache au travail du centre de transfusion sanguine des armées et plus généralement à la mission du service de santé au sein de nos forces.
Héritier d'une longue tradition, le service de santé est en effet un élément indispensable à nos armées pour leurs actions. Nos soldats sont amenés à servir dans des situations particulières, dans des milieux hostiles et dangereux. La Nation qu'ils protègent leur doit une prise en charge médicale de qualité, et ne peut la leur assurer que par un système qui soit à la fois dédié et de la même qualité que l'ensemble du dispositif de santé publique français.
L'inauguration de ces nouveaux locaux me permet de rendre un hommage à tous les acteurs de ce projet, l'établissement du génie et le service de santé qui ont contribué à la réalisation d'un ensemble efficace et performant. Qu'ils en soient ici remerciés.
Comme le rappelait son directeur, l'histoire du Centre de Transfusion Sanguine des Armées (C.T.S.A) est très intimement liée à celle de la transfusion sanguine civile en France.
La fusion à l'Hôpital Saint-Antoine des organismes de réanimation et de transfusion militaires avec une structure transfusionnelle très modeste a constitué le premier centre de transfusion moderne. Au cours de la deuxième guerre mondiale, cette structure mixte fonctionne tant au profit des civils que des troupes en opération. Les premières " Journées du Sang " voient le jour à cette époque.
En 1945, les combats terminés, le centre de Saint-Antoine se dissocie en une entité à finalité civile, le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), restant sur place, et le Centre de Transfusion-réanimation de l'Armée qui est installé sur l'îlot Percy. Il prendra le nom du pionnier de la transfusion " Jean Julliard " en 1972.
Depuis son origine, les missions confiées au Centre de Transfusion Sanguine des Armées sont multiples :
La première est l'approvisionnement des forces
L'importance stratégique de la transfusion sanguine pour la survie des blessés de guerre est tellement cruciale que la maîtrise de l'approvisionnement est primordial pour le soutien opérationnel des interventions militaires. La coopération avec le milieu civil est bien sûr possible et, en pratique, il existe de nombreuses collaborations pour la thérapeutique des malades, mais la dépendance ne peut être acceptée, et la compétence ne peut se développer que dans l'action quotidienne.
La maîtrise des processus, et l'évolutivité du Centre de Transfusion Sanguine des Armées est là avant tout pour l'approvisionnement des forces. La capacité d'adapter ses pratiques aux conditions environnementales permet d'effectuer les choix scientifiques et technologiques adaptés à la situation particulière de la médecine de l'avant par la prise en compte des contraintes propres à chacun des métiers. Cette adaptation impose de connaître parfaitement tous les aspects de la transfusion, afin d'en maîtriser les limites et permettre une évolution raisonnée.
L'obligation de la discrétion est un aspect plus particulier, l'approvisionnement en sang d'une troupe en opération est informative quant à ses intentions ou son niveau de disponibilité : avant une opération, il est possible de pre-positionner des hommes, du matériel, des munitions, : en un mot effectuer une montée en puissance de l'opération. En aucun cas il n'est possible d'accumuler des produits sanguins thérapeutiques dont la péremption courte n'autorise pas une phase de conservation préalable à l'intervention.
La seconde est la Recherche
Le Centre de Transfusion Sanguine des Armées a été le premier centre de transfusion sanguine européen à développer la technique de lyophilisation du plasma thérapeutique avant tout comme méthode de conservation du plasma sous une forme aisément utilisable sur le terrain.
La conservation du sang humain a été un deuxième thème de recherche important pour disposer de délais de conservation plus longs mais aussi pour améliorer la qualité thérapeutique des globules rouges conservés, en particulier la validation de la conservation 42 jours à +4°C du concentré de globules rouges, ou 5 jours à température ambiante pour les plaquettes.
La cryobiologie a été initiée en France par un groupe au sein duquel le Centre de Transfusion Sanguine des Armées a occupé une place importante, même si nos conceptions ont évolué différemment de celles de nos alliés de l'OTAN concernant l'utilisation des concentrés de globules rouges congelés lors de conflits ; l'actualité en ce domaine est la greffe de moelle et de tissus.
Le Centre de Transfusion Sanguine, au même titre que les centres de transfusion de l'Etablissement Français du Sang (EFS) bénéficie de l'ensemble des inspections et audits des organismes de contrôle.
Ce très haut niveau de qualité exigée est lourd de contrainte et d'expérience pour le personnel mais la sécurité est à ce prix.
Vous êtes animés ici d'un esprit d'équipe particulier, d'un sens profond de la relation humaine et vous faites face avec une compétence et un dévouement qui forcent l'admiration. Ceci explique l'excellence reconnue de cet établissement et la qualité de votre action au service des forces armées. Je veux parler de ce souci que vous manifestez de maintenir un niveau de technicité comparable à celui des établissements publics, mais aussi de votre attention à adapter chaque progrès fait dans les conditions de la pratique de la transfusion aux formations de l'avant projetées sur les théâtres d'opérations extérieures.
La fonctionnalité des infrastructures est indispensable et l'inauguration d'aujourd'hui témoigne de l'importance de disposer de locaux permettant un niveau d'excellence dans la conservation du précieux produit.
La transfusion sanguine n'existerait pas sans les donneurs et il convient aujourd'hui de rendre hommage à ceux d'entre nous qui possèdent cet élan de don éthique et bénévole.
Au delà de la collectivité militaire cette approche humaine de la Solidarité entre individus est tout particulièrement estimable.
Qu'il me soit donné aujourd'hui, grâce aux diplômes que je vais remettre, la possibilité de témoigner de l'estime que vous porte la Nation toute entière.
Je voudrais vous redire à tous la reconnaissance de la communauté nationale pour votre action quotidienne, mais aussi mon admiration pour la difficulté de cette tâche que vous assumez avec conviction et courage et qui exige une double compétence. Médecins, infirmiers, techniciens, civils et militaires, vous participez à une aventure qui fait rêver beaucoup d'entre nous : celle de la vie à protéger, à sauver. Militaires, vous êtes engagés dans une autre grande aventure : protéger la Nation, servir vos camarades sur terre, sur mer et au-delà des mers. Il y a là pour vous beaucoup de combats à mener, souvent difficiles, mais toujours passionnants.
Je vous fais entièrement confiance pour mener à bien ces missions si précieuses, pour maintenir et transmettre l'héritage de qualité et de savoir-faire de notre service de santé.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 novembre 2001)