Texte intégral
* Union européenne - Allemagne
Merci Sigmar. Je suis très heureux de faire à Berlin ma première visite bilatérale depuis ma prise de fonction comme ministre de l'Europe et des affaires étrangères de la République française. Compte tenu de partenariats majeurs, il m'est paru indispensable et souhaitable de venir ici pour cette première visite et pour te rencontrer. Alors, il est vrai que ce n'est pas ma première visite à Berlin.
À de nombreuses reprises, j'ai eu l'occasion de venir ici comme ministre de la défense, puisque je l'ai été cinq ans, et de rencontrer à la fois M. Thomas de Maizière et Mme Ursula von der Leyen encore il y a peu de temps ici même à Berlin. Nous avons pu, dans ce domaine particulier, avoir un partenariat très fécond. Maintenant c'est pour moi une autre page qui s'insère dans la nouvelle période politique en France avec l'arrivée du président Macron. Le soutien qu'il a obtenu pour l'élection présidentielle va encore davantage renforcer notre partenariat et va encore davantage nous mettre devant notre responsabilité commune de la nécessité de l'Europe. Le rôle que nous allons avoir tous les deux sera, je le pense, très déterminant. Dans l'immédiat, nous allons essayer de mettre en oeuvre, le mieux possible, l'impulsion qui a été donnée par la chancelière et le président Macron lors de leur rencontre la semaine dernière à la fois sur l'Europe qui protège et l'Europe qui investit. Et, je suis convaincu que nous aurons une qualité de relation tout à fait exceptionnelle l'un et l'autre dans ce nouveau cadre qui nous est fixé.
Je voudrais dire aussi que nous avons eu un échange très fructueux sur les crises du monde, de ce monde instable sur lequel nos positions communes sont fortes. Nous avons pu aussi constater l'avancée de la qualité de notre travail ensemble au Sahel, en Afrique et de cette volonté partagée de faire en sorte que ce continent bénéficie à la fois de la sécurité et du développement. Nous avons constaté notre détermination commune à avancer dans ce domaine et je voulais vous dire que je souhaite vraiment qu'une étroite collaboration franco-allemande se poursuive sur toutes les grandes crises internationales que nous avons évoquées tout à l'heure.
Parmi les sujets sur lesquels notre dialogue doit se poursuivre figurent notamment les questions de défense et de sécurité puisque la prochaine réunion des chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN ce jeudi à Bruxelles sera l'occasion de rappeler l'implication de l'Europe au sein de l'Alliance. Par ailleurs, nous devons poursuivre sans relâche nos efforts dans le cadre du format de Normandie pour aboutir, avec ténacité, au règlement de la crise ukrainienne. En tout cas, notre première rencontre s'est déroulée dans une atmosphère de grande confiance et de grande détermination sur des objectifs que nous partageons.
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Q - Voyez-vous dans le ton indulgent sur Athènes un bon signal au regard des exigences vis-à-vis des réformes en France ?
R - Moi, je n'ai pas senti d'indulgence. En tout cas, ma conviction c'est que ce qui s'est passé en France était essentiel pour la France mais aussi pour l'Europe et donc pour l'Allemagne. C'était essentiel pour le moteur franco-allemand, qui est historique, mais qui va passer à une phase d'accélération et de renforcement parce que la confiance existe. Ce qu'il y a de nouveau en France depuis l'élection du président Macron, c'est que les Français ont repris confiance en eux-mêmes et que les spirales déclinistes qui étaient développées par certains ont été cassées par l'élection du président Macron.
Nous sommes dans une démarche vivifiante et dans cette démarche vivifiante, il y a aussi le partenariat renforcé avec l'Allemagne. Moi je n'ai entendu que du soutien, du soutien bien compris, au sens où c'est notre intérêt commun de renforcer notre dynamique commune. Je pense que la France sera au rendez-vous à la fois de ses réformes, mais aussi de son engagement européen, à commencer par son engagement avec l'Allemagne./
Iran - États-Unis - Allemagne
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Q - Une question à vous deux à propos de l'Iran. Après les dernières déclarations du président américain Donald Trump, quel est votre sentiment ? Est-ce que ce sont des propos qui vous inquiètent, qui sont de nature à peut-être encore envenimer la situation dans la région ?
R - Nous écoutons et nous portons une attention toute particulière aux différents messages qui seront développés par le président Trump au cours de son déplacement au Moyen-Orient. Nous allons en suivre les différentes étapes et les différents propos.
En ce qui concerne l'Iran, le président de la République française, Emmanuel Macron, a transmis ses salutations au président Rohani à l'occasion de sa réélection. Notre souhait est de pouvoir travailler avec les autorités iraniennes à approfondir nos relations, à intensifier nos liens et nous sommes convaincus qu'avec la réélection du président Rohani, l'Iran jouera un rôle important dans la pacification du cadre régional.
Par ailleurs, cette réélection renforce l'espoir que le gouvernement du président Rohani applique rigoureusement l'accord historique du 14 juillet 2015 qui a permis de régler par la diplomatie un différend nucléaire majeur et qui normalement devrait engager une nouvelle étape entre l'Iran et la communauté internationale. Donc, nous serons très vigilants sur ce point et sur le président Trump, nous regardons avec beaucoup d'attention la série de messages qu'il développe en ce moment dans son déplacement. (...).
Syrie - Allemagne
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Q - Qu'est-ce qui va changer dans la politique syrienne de la France sous le président Macron ?
R - A plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de dire que pour la France, Daech était notre ennemi et que Bachar al-Assad était l'ennemi de son peuple. Daech est notre ennemi et il faut le combattre et le réduire. C'est ce qui se passe aujourd'hui. La France va poursuivre ce travail au sein de la coalition, dont elle est l'un des acteurs majeurs, que ce soit dans l'action de la coalition en Irak et en Syrie et plus particulièrement dans la nécessité de réduire la présence de Daech à Raqqa et d'aboutir à l'élimination de Daech en Syrie. Ces dispositions sont en cours et je suis tout à fait convaincu que nous y aboutirons d'ici la fin de l'année.
Mais la solution en Syrie ne peut être uniquement militaire. Il y a ce préalable sur Raqqa, mais, parallèlement, il faut en même temps préparer une solution politique. La France estime qu'une solution politique, d'abord provisoire, doit être trouvée pour permettre au cessez-le-feu de se maintenir et même de s'étendre, puis que cette solution devra évoluer vers une solution politique plus définitive négociée sous l'égide des Nations unies et dans le cadre du forum de Genève. Toute l'action du président Macron sera de faire en sorte que celui-ci puisse être inclusif et permette d'aboutir à une solution politique, nécessaire pour arriver enfin à l'arrêt des massacres et donner un peu d'espoir pour le peuple syrien, victime depuis plusieurs années de cette tragédie. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mai 2017