Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration au Musée de l'Armée,
Je suis particulièrement heureux en compagnie du ministre d'Etat de participer aujourd'hui à l'inauguration de l'exposition "Les Tsars et la République" destinée à commémorer le centenaire de l'alliance franco-russe.
La Russie et la France sont chacun de vieux pays ; il leur fut donné, dans leur histoire, de se croiser souvent et de répondre ainsi aux affinités que leurs peuples semblent éprouver l'un pour l'autre. Cette exposition nous offre l'occasion de porter notre regard sur l'une des périodes privilégiées du rapprochement entre la Russie et la France.
C'est en réalité de 1887 à 1893 que ce qu'il est convenu d'appeler l'Alliance franco-russe s'est nouée. Elle reposait sur une profonde complémentarité entre les deux pays. La France, soigneusement isolée depuis 1875 par l'Allemagne, avait besoin d'une alliance militaire "de revers" conforme aux nécessités de sa défense. La Russie, soucieuse de son développement, recherchait à la fois épargne et technologie. Mais c'est aussi l'époque où un intérêt réciproque naît entre les deux cultures ; celle où la France découvre le roman russe et où la presse moscovite ne cesse de parler de notre pays.
Par delà la différence de régime qui soulevait parfois des réserves chez les républicains français, les deux pays ont un intérêt commun à se rapprocher. De façon exemplaire, diplomates et militaires travaillent étroitement pour négocier puis resserrer progressivement cette alliance qui a pour notre pays deux conséquences majeures : elle rompt son isolement et le fait réintégrer le concert des nations européennes. A peine vingt ans plus tard, le peu de l'alliance franco-russe permet à la France de tenir face à l'offensive allemande. En accueillant les navires de l'escadre russe de la Méditerranée en octobre 1893 dans un mouvement populaire sans précédent, la population de Toulon avait mesuré avec perspicacité la portée de cette alliance qui fut un événement essentiel de notre histoire récente. Je rends hommage aux conservateurs du Musée de l'armée qui nous permettent aujourd'hui de mieux le comprendre.
Cent ans plus tard, la société internationale dans laquelle nous vivons a connu d'étonnants bouleversements. Elle est toujours instable et dangereuse mais elle ne repose plus exclusivement sur les jeux de coalitions ou d'alliances qui étaient la règle au XIXème siècle et qui avaient pour conséquence d'exacerber les rivalités et de pousser les ambitions opposées à l'affrontement.
Pour la première fois depuis bien longtemps, la chance s'offre au continent européen dans son ensemble de renouer avec une tradition d'ouverture réciproque des pays qui le composent et d'échanges de toute nature. La nouvelle Russie aspire, comme aux meilleurs moments de son histoire, à prendre pleinement la mesure de sa dimension européenne. Le moment est venu cette fois-ci, au-delà d'un nouveau renforcement des liens entre la Russie et la France, de développer une relation privilégiée entre Moscou et une Europe occidentale dont le monde soviétique avait tenu à s'isoler de façon si sévère depuis près de 76 ans. Cette fois-ci, ce rapprochement n'est dirigé contre personne et il nous revient aujourd'hui de lui donner sa réelle dimension politique, économique aussi bien que culturelle, au moment même où la transition du communisme au libéralisme s'avère si pleine d'aléas. C'est la raison pour laquelle la France a soutenu les efforts courageux du Président ELTSINE, élu au suffrage universel et confirmé par le référendum du 25 avril pour mener à bien le processus de réformes politiques et économiques en Russie.
La France et la Communauté européenne à laquelle elle appartient doivent oeuvrer à la stabilité du continent européen tout entier. C'est une responsabilité que leur confère leur niveau de développement économique, que leur dicte leur intérêt, que leur impose leur souci de la paix, leur souci de coopération avec tous les peuples européens. Dans le projet de Pacte sur la stabilité en Europe, dont j'ai pris l'initiative, j'ai tenu à ce que la Russie soit partie prenante, à part entière.
Je tiens pour essentiel que nous arrivions rapidement à créer un concert des nations européennes dont l'esprit serait à l'opposé de celui du XIXème siècle. Au lieu qu'elles rivalisent pour gagner des avantages territoriaux, qu'elles cherchent à assurer la primauté d'une ethnie ou d'une religion ou encore s'efforcent de réunir les conditions d'une domination économique, la détente, l'entente et la coopération deviendraient la règle d'or de leurs relations. Tous les pays européens, dégagés des chimères frontalières ou ethniques qui les ont si longtemps divisées, seraient alors libres de rivaliser dans une émulation raisonnable, pour contribuer chacun à leur place au progrès de leurs peuples.
Le grand effort d'aide à la Russie qui a été fait ces dernières années par la Communauté européenne, comme les négociations qui s'engageront bientôt pour préparer un pacte de stabilité, ont montré, et je l'espère montreront que cette ambition n'est pas hors d'atteinte.C'est dans cet esprit que nous devons mettre en oeuvre la grande ambition de paix et de progrès que nous avons pour le continent européen.
Monsieur le Président du Conseil d'Administration au Musée de l'Armée,
Je suis particulièrement heureux en compagnie du ministre d'Etat de participer aujourd'hui à l'inauguration de l'exposition "Les Tsars et la République" destinée à commémorer le centenaire de l'alliance franco-russe.
La Russie et la France sont chacun de vieux pays ; il leur fut donné, dans leur histoire, de se croiser souvent et de répondre ainsi aux affinités que leurs peuples semblent éprouver l'un pour l'autre. Cette exposition nous offre l'occasion de porter notre regard sur l'une des périodes privilégiées du rapprochement entre la Russie et la France.
C'est en réalité de 1887 à 1893 que ce qu'il est convenu d'appeler l'Alliance franco-russe s'est nouée. Elle reposait sur une profonde complémentarité entre les deux pays. La France, soigneusement isolée depuis 1875 par l'Allemagne, avait besoin d'une alliance militaire "de revers" conforme aux nécessités de sa défense. La Russie, soucieuse de son développement, recherchait à la fois épargne et technologie. Mais c'est aussi l'époque où un intérêt réciproque naît entre les deux cultures ; celle où la France découvre le roman russe et où la presse moscovite ne cesse de parler de notre pays.
Par delà la différence de régime qui soulevait parfois des réserves chez les républicains français, les deux pays ont un intérêt commun à se rapprocher. De façon exemplaire, diplomates et militaires travaillent étroitement pour négocier puis resserrer progressivement cette alliance qui a pour notre pays deux conséquences majeures : elle rompt son isolement et le fait réintégrer le concert des nations européennes. A peine vingt ans plus tard, le peu de l'alliance franco-russe permet à la France de tenir face à l'offensive allemande. En accueillant les navires de l'escadre russe de la Méditerranée en octobre 1893 dans un mouvement populaire sans précédent, la population de Toulon avait mesuré avec perspicacité la portée de cette alliance qui fut un événement essentiel de notre histoire récente. Je rends hommage aux conservateurs du Musée de l'armée qui nous permettent aujourd'hui de mieux le comprendre.
Cent ans plus tard, la société internationale dans laquelle nous vivons a connu d'étonnants bouleversements. Elle est toujours instable et dangereuse mais elle ne repose plus exclusivement sur les jeux de coalitions ou d'alliances qui étaient la règle au XIXème siècle et qui avaient pour conséquence d'exacerber les rivalités et de pousser les ambitions opposées à l'affrontement.
Pour la première fois depuis bien longtemps, la chance s'offre au continent européen dans son ensemble de renouer avec une tradition d'ouverture réciproque des pays qui le composent et d'échanges de toute nature. La nouvelle Russie aspire, comme aux meilleurs moments de son histoire, à prendre pleinement la mesure de sa dimension européenne. Le moment est venu cette fois-ci, au-delà d'un nouveau renforcement des liens entre la Russie et la France, de développer une relation privilégiée entre Moscou et une Europe occidentale dont le monde soviétique avait tenu à s'isoler de façon si sévère depuis près de 76 ans. Cette fois-ci, ce rapprochement n'est dirigé contre personne et il nous revient aujourd'hui de lui donner sa réelle dimension politique, économique aussi bien que culturelle, au moment même où la transition du communisme au libéralisme s'avère si pleine d'aléas. C'est la raison pour laquelle la France a soutenu les efforts courageux du Président ELTSINE, élu au suffrage universel et confirmé par le référendum du 25 avril pour mener à bien le processus de réformes politiques et économiques en Russie.
La France et la Communauté européenne à laquelle elle appartient doivent oeuvrer à la stabilité du continent européen tout entier. C'est une responsabilité que leur confère leur niveau de développement économique, que leur dicte leur intérêt, que leur impose leur souci de la paix, leur souci de coopération avec tous les peuples européens. Dans le projet de Pacte sur la stabilité en Europe, dont j'ai pris l'initiative, j'ai tenu à ce que la Russie soit partie prenante, à part entière.
Je tiens pour essentiel que nous arrivions rapidement à créer un concert des nations européennes dont l'esprit serait à l'opposé de celui du XIXème siècle. Au lieu qu'elles rivalisent pour gagner des avantages territoriaux, qu'elles cherchent à assurer la primauté d'une ethnie ou d'une religion ou encore s'efforcent de réunir les conditions d'une domination économique, la détente, l'entente et la coopération deviendraient la règle d'or de leurs relations. Tous les pays européens, dégagés des chimères frontalières ou ethniques qui les ont si longtemps divisées, seraient alors libres de rivaliser dans une émulation raisonnable, pour contribuer chacun à leur place au progrès de leurs peuples.
Le grand effort d'aide à la Russie qui a été fait ces dernières années par la Communauté européenne, comme les négociations qui s'engageront bientôt pour préparer un pacte de stabilité, ont montré, et je l'espère montreront que cette ambition n'est pas hors d'atteinte.C'est dans cet esprit que nous devons mettre en oeuvre la grande ambition de paix et de progrès que nous avons pour le continent européen.