Texte intégral
Q - Six morts et une cinquantaine de blessés, nouvelle attaque terroriste hier soir à Londres, la troisième en Grande-Bretagne en l'espace de 3 mois, moins de 3 mois. L'édition spéciale de France Info continue.
Nous sommes maintenant en ligne avec le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, bonjour Jean-Yves Le Drian.
R - Bonjour !
Q - Et merci d'être avec nous. Quelle est votre première réaction ?
R - D'abord une réaction d'horreur, mais en même temps une réaction de solidarité. Cela fait trois fois que nos amis britanniques sont touchés en très peu de temps par un terrorisme lâche et criminel et il faut leur apporter tout le soutien qu'ils méritent et les renforcer dans leur détermination. Nous avons activé dès hier soir au Quai d'Orsay le centre de crise pour être à la disposition des Françaises et des Français qui voulaient avoir des renseignements supplémentaires. Nous sommes toujours en vigilance et en appui à ces Françaises et Français qui veulent avoir des informations particulières ; nous avons malheureusement quatre compatriotes blessés pour l'instant avec qui nous sommes en relation très étroite et la cellule de crise continuera sa vigilance pendant le temps qu'il faudra.
Q - Jean-Yves Le Drian, je vous coupe un instant. Vous dites 4 compatriotes blessés jusqu'à présent on disait 2, est-ce que vous avez plus d'éléments ?
R - Quatre compatriotes blessés avec qui nous sommes directement en relation par le biais des hôpitaux et des médecins du consulat.
Q - Vous savez combien d'entre eux sont gravement touchés...
R - Il y a semble-t-il à une personne particulièrement touchée mais je n'ai pas d'autres informations immédiatement à vous délivrer. Nous sommes en vigilance auprès d'eux en permanence.
Q - Pourquoi est-ce que la Grande-Bretagne semble particulièrement visée ces derniers mois ?
R - Ce qui est frappant dans ce type d'attentats, c'est le fait que ce sont des moments de convivialité qui sont touchés, c'est-à-dire que c'est au moment où les Britanniques - mais c'était aussi le cas pour la France antérieurement - sont dans des moments de loisir, de détente, voire de fête que les attentats se produisent. Et puis, ils se produisent aussi pour essayer de disloquer la démocratie puisque tout le monde le sait, les Britanniques vont voter dans quelques jours. Les terroristes veulent mettre la peur au coeur de la démocratie ; c'est pourquoi nous devons résister solidairement parce que si les Britanniques sont touchés, ce sont aussi tous les Européens qui sont touchés et donc cela suppose à la fois de renforcer notre solidarité, d'affirmer notre détermination et de montrer aux terroristes que la démocratie ne cédera pas.
Q - La Grande-Bretagne est un peu divisée, suite au vote sur le Brexit qui a profondément divisé les Britanniques, est-ce que vous pensez que c'est pour ça que le groupe État islamique essaye de frapper ce pays ?
R - Non, je ne pense pas que ce soit la raison, je pense que la raison c'est que il y a une réaction lâche des terroristes à la manière dont la coalition essaye de réduire Daech à néant au Levant. Ces attaques font suite à d'autres attaques qui ont eu lieu dans d'autres pays, en particulier en France. Donc nous devons affirmer notre solidarité et notre détermination à pousser jusqu'au bout et à éradiquer totalement le terrorisme.
Je voudrais ajouter un point qui n'est pas secondaire à Londres, c'est que, aujourd'hui, comme dans d'autres pays du monde, les Français votent par anticipation pour les élections législatives. Et je voudrais leur dire qu'il faut qu'ils aillent voter aujourd'hui à Londres au Lycée Charles-de-Gaulle ; toutes les mesures de sécurité ont été prises et renforcées pour assurer le bon déroulement du scrutin et la manière de répondre au terrorisme, c'est d'affirmer la démocratie, c'est donc d'aller voter aujourd'hui. Nos amis Français à Londres le feront.
Q - Jean-Yves Le Drian, Theresa May a suggéré à un moment que la coopération entre services de renseignements pourrait être une monnaie d'échange, d'une certaine manière, dans les négociations sur le Brexit. Ne craignez-vous pas que cette collaboration entre services soit affectée par une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ?
R - Non, je n'envisage absolument pas cette hypothèse. Les relations entre la France et la Grande-Bretagne dans le domaine de la sécurité et de la défense sont très étroites. Elles sont marquées par un traité, qui s'appelle le Traité de Lancaster House, et il n'est nullement affecté par la décision prise par le peuple britannique de sortir de l'Union européenne. Cette collaboration a lieu, elle est très forte, y compris très transparente et très confiante, en particulier entre nos services, et elle se poursuivra.
Q - Jean-Yves Le Drian, est-ce qu'aujourd'hui la France peut apporter son aide à la Grande-Bretagne ?
R - Nous l'apportons par tous les moyens à notre disposition, et en particulier dans l'échange d'informations. Mais c'est une relation réciproque qui est, je vous l'ai dit, tout à fait confiante, et tout à fait déterminée parce que notre ennemi est commun, c'est le terrorisme djihadiste.
Q - Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, merci d'avoir été ce matin sur France Info. Et vous nous l'avez appris, il y a 4 Français blessés qui figurent parmi les victimes, l'un de ces blessés est gravement touché. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2017