Texte intégral
CONFERENCE DE PRESSE DE M. CHARLES JOSSELIN
Mesdames et Messieurs,
Merci d'être venus à cette rencontre que je vous avais proposée.
J'avais prévu depuis longtemps de venir en Ouzbékistan en ma qualité de ministre français de la Coopération. Je souhaitais ainsi consolider la coopération entre la France et l'Ouzbékistan que nous considérons comme un partenaire important dans cette partie du monde. L'actualité internationale m'a donné une raison de plus de venir en Ouzbékistan et ce matin, ici, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères de la coopération entre les deux pays. Nous avons également examiné avec lui la situation telle qu'elle se présente dans la région et, en particulier, la question de l'action humanitaire qu'il faut déployer en direction de l'Afghanistan.
C'est aussi de l'action humanitaire que je me suis entretenu avec le ministre chargé des situations d'urgence.
Avec les autorités ouzbèkes j'ai pu avoir confirmation de notre très grande convergence d'analyse pour ce qui est de la lutte antiterroriste. Je leur ai dit l'espoir de la France de voir une solution politique se mettre en place en Afghanistan qui garantisse une paix durable. J'ai dit aussi la solidarité du peuple français et son souhait de voir l'aide humanitaire atteindre le plus rapidement possible des populations qui en ont un très grand besoin. Nous avons abordé en particulier la question de l'acheminement de l'aide humanitaire à partir de Termez en direction de Mazar-i-Charif. Cette voie semblant la plus logique, celle qui permet dans les meilleures conditions d'acheminer un flot important d'aide humanitaire vers le nord de l'Afghanistan.
Je crois que le mieux serait que je réponde aux questions que vous voudriez me poser. Peut-être devrais-je conclure ce propos liminaire, en rappelant que le ministre Védrine a rencontré le ministre des Affaires étrangères d'Ouzbékistan à New York la semaine dernière. J'ai déjà rencontré moi-même à New York, vendredi dernier, l'ambassadeur d'Ouzbékistan. Je suis à votre disposition.
Q - Pourriez-vous préciser ce qu'a dit le ministre sur l'ouverture du pont ?
R - Le pont sera ouvert quand les conditions seront réunies pour réaliser le point de douane, ou un passage douanier. J'ai compris que les autorités ouzbèkes espéraient que la situation politique et administrative sur la rive afghane puisse rapidement permettre l'installation de ce passage douanier.
Q - Quels sont les délais que prévoient les autorités ouzbèkes ?
R - Cette question renvoie à celle de la solution politique globale en Afghanistan et cela pourrait représenter plusieurs jours.
Q - Est-ce que les autorités ouzbèkes vous ont assuré qu'avant l'ouverture du pont, les barges pourraient traverser l'Amou-Daria ?
R - Dans le cadre d'un arrangement entre les autorités ouzbèkes et les Nations Unies, les barges traversent déjà le fleuve en portant un tonnage non négligeable d'aide humanitaire. C'est dans ce cadre-là que j'ai bon espoir que le fret humanitaire français va, dans les jours qui viennent, pouvoir à son tour traverser le fleuve. J'aurai l'occasion demain à Termez de regarder d'un peu plus près les dispositions pratiques.
Q - Avant cela, quelle aide humanitaire la France avait accordé en Afghanistan ?
R - Pour instant, l'aide humanitaire à l'Afghanistan se déploie dans diverses directions. La France participe évidemment au PAM, elle apporte son aide aux organisations des Nations unies, qu'il s'agisse du HCR, qu'il s'agisse de l'UNICEF, qu'il s'agisse, en fait, de l'ensemble des organisations qui concourent à l'action humanitaire. Elle, de son côté, soutient évidemment les ONG qui interviennent déjà en Afghanistan et elle a pris un certain engagement qu'elle est prête évidemment à tenir dès lors que les conditions matérielles d'acheminement du fret humanitaire auront été améliorées. Je suis, entre autres, venu pour regarder comment lever les obstacles qui empêchaient que le fret humanitaire français puisse atteindre les populations auxquelles elle est destinée. N'oublions pas, parmi la contribution française, la part qui est la sienne dans l'aide européenne.
Q - Selon certains médias, les soldats français sont bloqués en Ouzbékistan. Où seront-ils à l'avenir ? Deuxième question : est-ce que la France a fourni et fournira-t-elle des armements à l'Ouzbékistan ?
R - Ce sont des questions très différentes. La France a proposé, si les Afghans le veulent, de participer à la sécurisation de l'aéroport de Mazar-i-Charif. Le premier détachement de soldats français est en effet en attente d'acheminement vers Mazar-i-Charif quand les conditions le permettront. Actuellement les discussions sont engagées entre les autorités ouzbèkes, les autorités américaines, les autorités françaises, mais aussi les autorités afghanes. Il faut qu'il y ait un accord entre l'ensemble de ces différents décideurs pour que la sécurisation de l'aéroport de Mazar-i-Charif puisse être réalisée ainsi que la réparation de la piste qui aujourd'hui n'est pas praticable et qui devrait faire normalement l'objet d'une intervention d'un moyen lourd que les Américains seraient disposés à mobiliser. Mais là encore, je le répète, quand les conditions seront réunies pour réussir cette opération.
Q - Où sont les soldats ?
R - Le premier détachement est en effet en Ouzbékistan. C'est une cinquantaine d'hommes, un nombre très limité. Si les Afghans, j'y insiste, sont d'accord, l'ensemble des moyens que nous étions susceptibles de mobiliser pour assurer la sécurisation, en particulier, de la piste, peut être aux environs de 250 personnes, 250 personnels. S'agissant de la coopération militaire entre la France et l'Ouzbékistan, elle est ancienne. Et il est vrai qu'à cette occasion, nous avons eu une mission d'expertise qui m'a précédé, a identifié les besoins exprimés par le ministre de la Défense ouzbek et pourrait faire l'objet d'une réponse positive de la part de la France.
Q - Est-ce que ces 250 hommes seront déployés en Ouzbékistan ou à Mazar-i-Charif ?
R - A Mazar-i-Charif. Ce n'est pas une présence militaire en Ouzbékistan. C'est pour participer à la sécurisation de Mazar-i-Charif et surtout de son aéroport car nous considérons que c'est aussi un moyen efficace d'acheminer l'aide humanitaire. Autorisez-moi à dire que je comprends et je respecte la volonté des autorités ouzbèkes de souligner leur souveraineté. C'est une attitude que je trouve normale de la part d'un Etat.
Q - Pourriez-vous parler des conditions pour déployer les militaires français ? Quelles sont exactement ces conditions et quels sont les obstacles pour leur envoi ?
R - Je ne sais pas, je n'étais pas chargé ici de rencontrer, en particulier, les autorités afghanes. S'agissant d'une présence militaire à Mazar-i-Charif, les autorités afghanes sont parmi les premières concernées. C'est donc bien à la suite de cette discussion, je le répète, qui implique aussi les autorités afghanes, que nous pourrons décider de la suite de cette proposition. La discussion avec les autorités ouzbèkes, renvoie aux problèmes de logistique et d'autorisation, en quelque sorte, de passage. Et en fait seulement cela.
Q - D'après certaines informations, l'Ouzbékistan a prêté aux soldats français l'aéroport de Chakhrisabz. Quelles étaient les conditions pour que l'Ouzbékistan autorise leur déploiement ?
R - Je crois qu'on n'a pas compris qu'il n'est pas question de déployer des Français en Ouzbékistan. Il s'agit simplement dans le cadre du déploiement éventuel de Français à Mazar-i-Charif, de prévoir la possibilité pour ce détachement français de trouver en Ouzbékistan des moyens logistiques de transport et de facilité de circulation. C'est seulement cela. Les Français en question sont à Karchi en ce moment avec d'ailleurs de nombreux Américains.
Q - A Khanabad ?
R - C'est la même chose, Karchi, Khanabad.
Q - Est-ce que vous avez parlé des relations bilatérales avec l'Ouzbékistan et quelles sont les orientations pour élargir cette coopération ?
R - La coopération entre la France et l'Ouzbékistan existe déjà sur le plan culturel et en particulier autour de l'enseignement du français. Il y a déjà une coopération technique et il y a une présence économique française assez importante à travers les entreprises qui sont en Ouzbékistan. Il y a aussi, déjà, un Institut de recherches qui a une activité très soutenue. Le directeur que j'ai rencontré ce midi s'intéresse en particulier à l'histoire de cette région. Nous avons identifié quelques secteurs qui pourraient faire l'objet d'un développement important. Il y a une coopération institutionnelle et déjà les contacts ont été engagés pour échanger des expériences autour de questions comme les finances publiques. Il y a la question de l'eau qui paraît un problème central, qui est très important en Ouzbékistan et pour laquelle la France revendique des capacités d'expertise un peu plus grandes. Nous avons probablement parmi les meilleures entreprises au monde pour ce qui est de l'exploitation de l'eau, de son traitement et de sa distribution. Et il y a là, je crois, un champ de coopération très important. La question de l'eau est plus généralement liée à celle de l'environnement. L'autre domaine de coopération, que nous avons identifié, est la santé. Et j'envisage un accord avec mon collègue, le ministre Bernard Kouchner, d'envoyer une mission d'expertise pour regarder en particulier si nous pourrions organiser ici une coopération directe entre hôpitaux français et hôpitaux ouzbeks.
Q - Au début de cette semaine il y a eu un retard de l'acheminement de l'aide humanitaire. Est-ce que les autorités ouzbèkes vous ont donné les raisons de ce retard ?
R - Parmi les raisons annoncées il y a eu le fait que les ONG qui doivent accompagner ce fret humanitaire n'avaient pas toutes reçu leur accréditation. C'est pourquoi j'ai apprécié les promesses qui ont été faites en ce qui concerne l'accréditation prochaine de ces différentes ONG. Pour le reste, je crois l'avoir dit tout à l'heure, l'arrangement était intervenu entre les Nations unies et les autorités ouzbèkes et c'est dans le cadre de cet arrangement que nous allons, je pense, régler cette question. Je ne vous cache pas que j'aurais préféré, en venant ici, avoir des résultats plus immédiats. Mais je donne acte aux autorités ouzbèkes de la bonne volonté qu'elles ont exprimée ce matin. J'ai un espoir que néanmoins cette volonté sera traduite en actes dans ces prochains jours.
Q - Est-ce que l'Afghanistan conditionne la sécurité fournie par la France pour l'aéroport de Mazar-i-Charif ? Et s'il y a des conditions, quelles sont-elles ?
R - Si j'ai bien compris la question, ce ne sont pas vraiment des conditions. J'observe que la situation politique n'est pas complètement stabilisée en Afghanistan, que la guerre n'est pas encore terminée, que des discussions vont avoir lieu dans les jours qui viennent, entre l'ensemble des composantes de la société afghane pour définir des procédures et permettre à l'Afghanistan d'avoir un gouvernement, qui, j'espère, un jour sera légitimé par les élections. C'est cette incertitude dans l'organisation politique et administrative qui est largement la cause des difficultés pour mettre en exécution cette sécurisation. Voilà ce que je peux répondre. On ne peut pas parler des conditions de la partie afghane. Il est difficile de rencontrer les autorités afghanes qui sont capables de prendre un engagement.
Q - Quel est le volume et le montant total du fret humanitaire fourni par la France ?
R - S'agissant de l'avion qui s'est posé dimanche dernier, c'est environ 30 tonnes de fret qui a été débarqué. Mais il y a d'autres arrivages qui sont prévus. Les ONG attendent que les conditions de transfert et de transport soient résolues pour faire venir d'autres frets humanitaires qui attendent actuellement en France. C'est vrai que la situation actuelle empêche en quelque sorte la générosité et la solidarité françaises de s'exprimer. C'est évidemment regrettable, il faut que nous trouvions très vite une solution. Je ne parle que du fret envoyé à Termez, il y avait d'autres frets envoyés à Douchanbé. C'est très difficile d'estimer le coût total du fret. La valeur de ce premier avion n'a pas beaucoup de signification. Cela comprend des vêtements, des tentes, des médicaments, ce qui correspond exactement aux besoins de la population afghane. Mais l'engagement global de la France dans un cadre bilatéral, c'est 200 millions de FF, et si ajoute environ 100 millions, si on comptabilise ce qui est l'aide par la voie multilatérale. Sachant que ceci ne comptabilise pas de l'aide publique ce que les familles françaises donnent par le biais des organisations non-gouvernementales, et qu'il est très difficile de comptabiliser.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2001)
ENTRETIEN DE M. CHARLES JOSSELIN AVEC LCI et FRANCE-INTER
J'espère que ma visite aura pour effet de lever les obstacles qui demeurent. Je les ai assez bien identifiés ce matin avec les Ouzbeks, il y avait la question de l'accréditation des ONG, je pense que ceci sera réglé rapidement.
Il y a aussi la question du dialogue avec l'autre rive, ce qui renvoie à un problème d'évaluation des besoins et d'identification des correspondants afghans. C'est un problème dont il faut que je parle avec les ONG elles-mêmes. Il y a là, plus généralement, un problème qui procède de l'absence, encore aujourd'hui, d'une organisation politique et administrative qui soit totalement capable de dialoguer sur la rive afghane.
Nous sommes encore en guerre, je crois qu'il ne faut pas oublier cette réalité-là.
Je pense que les choses ont bien avancé. Mes hôtes ouzbeks m'ont dit leur intention de faciliter le passage, par bateaux, de l'aide humanitaire, ils ont dit leur intention de sécuriser sur la rive ouzbek, l'aide humanitaire française avant qu'elle ne puisse franchir le fleuve. J'aurai demain l'occasion d'aller sur place à Termez pour avoir une idée plus précise de cette réalité.
Q - Avez-vous l'impression que votre message est passé pour permettre enfin aux ONG qui sont là depuis trois semaines d'être aidées vraiment ?
R - Si je suis là, c'est avec l'espoir, en effet, que ces dialogues que j'ai pu avoir avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre chargé des situations d'urgence va faire avancer la solution. Mais, je le répète, on est, comme souvent dans ces situations, face à des interlocuteurs qui ont des préoccupations tout à fait légitimes de sécurité par exemple, pour ce qui les concerne. Ils ont probablement aussi, dans le cadre du dialogue qu'ils entretiennent avec l'Alliance du Nord, convenus du besoin de maîtriser l'afflux, l'irruption du côté de Mazar-i-Charif, d'éléments étrangers. Tout cela compte et je les respecte comme arguments. Il faut pourtant en débattre.
Q - Et vos arguments, pensez-vous qu'ils vont faire avancer les choses ?
R - J'ai fait part d'arguments que j'ai utilisés ce matin, c'est que l'opinion française a besoin de comprendre pourquoi son aide est là à Termez, et n'arrive pas à passer le fleuve pour aller vers la population qu'elle est sensée aider à sortir de sa souffrance. C'est l'argument politique, et je m'efforce aussi de convaincre mes interlocuteurs que cette aide humanitaire contribue à la mise en sécurité de l'autre rive du fleuve, donc à la sécurité de l'Ouzbékistan quelque part.
Q - Avez-vous eu l'impression qu'il y a eu une bonne écoute ?
R - Je pense que l'écoute était bonne, j'espère que dans les jours qui viennent les promesses faites, l'accréditation des ONG par exemple, vont être vérifiées mais, je savais en venant ici que ce n'est pas forcément dans l'heure qui suivrait mon entretien que la solution serait définitivement trouvée.
Q - Quand les soldats français sécuriseront-ils l'aéroport de Mazar-i-Charif ? Cela dépend-il également des autorités ouzbeks ou de nous ?
R - Cela dépend de beaucoup d'acteurs ; les Ouzbeks bien sûr puisque la question que nous leur posons est celle d'une facilité de transit des Français en Ouzbékistan, à côté des Américains qui ont obtenu, mais ce fut long, un accord de stationnement.
Il est vrai aussi que Mazar-i-Charif est la rive afghane et il est normal que les autorités afghanes, y compris les autorités locales, aient leur mot à dire également. Autrement dit, le dialogue engagé met en jeu à la fois les Ouzbeks, les Afghans, les Américains, les Français, c'est au terme de cet échange que l'on pourra faire avancer les choses.
Nous voulons évidemment l'arrivée sur Mazar-i-Charif de l'aide humanitaire dont les populations ont besoin, et comme vous le savez, sous sécurité française puisque nous sommes d'accord pour qu'un détachement de l'armée française sécurise en particulier la piste, ce qui est essentiel pour l'arrivée des gros porteurs d'aide alimentaire.
Q - Vendredi dernier, c'était un point très fort que l'arrivée de l'aide à Mazar-i-Charif et comment explique-t-on aujourd'hui que tout est à faire en terme de négociation avec les Ouzbeks et les Afghans ?
R - C'est vrai que la communication est une affaire de temps et il y a peut-être eu une légère avance sur le rythme auquel ces choses-là se mettent en place. Mais, nous y pourvoirons.
Q - En même temps, on sait que de l'autre côté, il y a urgence, les populations sont menacées de famine, c'est aussi pour cela que vous êtes ici, pour uvrer dans cette direction ?
R - C'est toujours difficile d'apprécier ce concept d'urgence humanitaire. Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un nombre très important de populations déplacées, elles le sont pour parties parce que la sécheresse les a privées de leurs ressources traditionnelles, elles sont déplacées parce que le conflit les a mises en insécurité, les a obligées à se mettre en mouvement. Bref, elles n'ont pas une source normale d'approvisionnement, y compris sur le plan de l'alimentation. Il y a donc un besoin d'aide alimentaire, je disais à l'instant qu'elle a commencé de parvenir à Mazar-i-Charif car Termez n'est pas le seul point de passage de l'aide alimentaire. Certains convois sont arrivés du Tadjikistan.
Q - C'est long ?
R - C'est long, difficile mais néanmoins possible. D'autres sont venus du Turkménistan mais il est vrai que si nous avons tendance à insister sur l'axe Termez-Mazar-i-Charif, c'est qu'il offre, incontestablement, du point de vue de sa logistique, beaucoup d'avantages, une arrivée ferroviaire, un pont qui finira par rouvrir, lorsque, là encore, les conditions seront réunies pour un passage en douane, c'est l'expression qu'a employée notre hôte ce matin, ce qui renvoie à une discussion avec l'autorité d'en face, donc l'Alliance du Nord ou l'organisation politique qui va se mettre en place dans le cadre des discussions qui sont en cours.
Tout ceci ne peut donc pas se faire immédiatement comme vous le voyez. Je reste convaincu que Termez est un lieu qui offre beaucoup d'avantages du point de vue de cette aide humanitaire, mais j'ai compris ce matin que les Ouzbeks en sont également conscients et qu'ils ne souhaitent pas que l'aide humanitaire évite en quelque sorte Termez et cet axe que nous considérons comme privilégié.
Q - Que conseillez-vous aux personnes qui veulent vraiment faire de l'urgence aujourd'hui ? Par exemple de passer par le Tadjikistan ou le Turkménistan en l'état actuel des choses ?
R - Dans quelques instants, je vais rencontrer les associations qui sont, plus directement que moi, confrontées aux réalités du terrain. Vous comprendrez donc qu'avant de répondre à une telle question, j'attend de les avoir rencontrées
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2001)
Mesdames et Messieurs,
Merci d'être venus à cette rencontre que je vous avais proposée.
J'avais prévu depuis longtemps de venir en Ouzbékistan en ma qualité de ministre français de la Coopération. Je souhaitais ainsi consolider la coopération entre la France et l'Ouzbékistan que nous considérons comme un partenaire important dans cette partie du monde. L'actualité internationale m'a donné une raison de plus de venir en Ouzbékistan et ce matin, ici, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères de la coopération entre les deux pays. Nous avons également examiné avec lui la situation telle qu'elle se présente dans la région et, en particulier, la question de l'action humanitaire qu'il faut déployer en direction de l'Afghanistan.
C'est aussi de l'action humanitaire que je me suis entretenu avec le ministre chargé des situations d'urgence.
Avec les autorités ouzbèkes j'ai pu avoir confirmation de notre très grande convergence d'analyse pour ce qui est de la lutte antiterroriste. Je leur ai dit l'espoir de la France de voir une solution politique se mettre en place en Afghanistan qui garantisse une paix durable. J'ai dit aussi la solidarité du peuple français et son souhait de voir l'aide humanitaire atteindre le plus rapidement possible des populations qui en ont un très grand besoin. Nous avons abordé en particulier la question de l'acheminement de l'aide humanitaire à partir de Termez en direction de Mazar-i-Charif. Cette voie semblant la plus logique, celle qui permet dans les meilleures conditions d'acheminer un flot important d'aide humanitaire vers le nord de l'Afghanistan.
Je crois que le mieux serait que je réponde aux questions que vous voudriez me poser. Peut-être devrais-je conclure ce propos liminaire, en rappelant que le ministre Védrine a rencontré le ministre des Affaires étrangères d'Ouzbékistan à New York la semaine dernière. J'ai déjà rencontré moi-même à New York, vendredi dernier, l'ambassadeur d'Ouzbékistan. Je suis à votre disposition.
Q - Pourriez-vous préciser ce qu'a dit le ministre sur l'ouverture du pont ?
R - Le pont sera ouvert quand les conditions seront réunies pour réaliser le point de douane, ou un passage douanier. J'ai compris que les autorités ouzbèkes espéraient que la situation politique et administrative sur la rive afghane puisse rapidement permettre l'installation de ce passage douanier.
Q - Quels sont les délais que prévoient les autorités ouzbèkes ?
R - Cette question renvoie à celle de la solution politique globale en Afghanistan et cela pourrait représenter plusieurs jours.
Q - Est-ce que les autorités ouzbèkes vous ont assuré qu'avant l'ouverture du pont, les barges pourraient traverser l'Amou-Daria ?
R - Dans le cadre d'un arrangement entre les autorités ouzbèkes et les Nations Unies, les barges traversent déjà le fleuve en portant un tonnage non négligeable d'aide humanitaire. C'est dans ce cadre-là que j'ai bon espoir que le fret humanitaire français va, dans les jours qui viennent, pouvoir à son tour traverser le fleuve. J'aurai l'occasion demain à Termez de regarder d'un peu plus près les dispositions pratiques.
Q - Avant cela, quelle aide humanitaire la France avait accordé en Afghanistan ?
R - Pour instant, l'aide humanitaire à l'Afghanistan se déploie dans diverses directions. La France participe évidemment au PAM, elle apporte son aide aux organisations des Nations unies, qu'il s'agisse du HCR, qu'il s'agisse de l'UNICEF, qu'il s'agisse, en fait, de l'ensemble des organisations qui concourent à l'action humanitaire. Elle, de son côté, soutient évidemment les ONG qui interviennent déjà en Afghanistan et elle a pris un certain engagement qu'elle est prête évidemment à tenir dès lors que les conditions matérielles d'acheminement du fret humanitaire auront été améliorées. Je suis, entre autres, venu pour regarder comment lever les obstacles qui empêchaient que le fret humanitaire français puisse atteindre les populations auxquelles elle est destinée. N'oublions pas, parmi la contribution française, la part qui est la sienne dans l'aide européenne.
Q - Selon certains médias, les soldats français sont bloqués en Ouzbékistan. Où seront-ils à l'avenir ? Deuxième question : est-ce que la France a fourni et fournira-t-elle des armements à l'Ouzbékistan ?
R - Ce sont des questions très différentes. La France a proposé, si les Afghans le veulent, de participer à la sécurisation de l'aéroport de Mazar-i-Charif. Le premier détachement de soldats français est en effet en attente d'acheminement vers Mazar-i-Charif quand les conditions le permettront. Actuellement les discussions sont engagées entre les autorités ouzbèkes, les autorités américaines, les autorités françaises, mais aussi les autorités afghanes. Il faut qu'il y ait un accord entre l'ensemble de ces différents décideurs pour que la sécurisation de l'aéroport de Mazar-i-Charif puisse être réalisée ainsi que la réparation de la piste qui aujourd'hui n'est pas praticable et qui devrait faire normalement l'objet d'une intervention d'un moyen lourd que les Américains seraient disposés à mobiliser. Mais là encore, je le répète, quand les conditions seront réunies pour réussir cette opération.
Q - Où sont les soldats ?
R - Le premier détachement est en effet en Ouzbékistan. C'est une cinquantaine d'hommes, un nombre très limité. Si les Afghans, j'y insiste, sont d'accord, l'ensemble des moyens que nous étions susceptibles de mobiliser pour assurer la sécurisation, en particulier, de la piste, peut être aux environs de 250 personnes, 250 personnels. S'agissant de la coopération militaire entre la France et l'Ouzbékistan, elle est ancienne. Et il est vrai qu'à cette occasion, nous avons eu une mission d'expertise qui m'a précédé, a identifié les besoins exprimés par le ministre de la Défense ouzbek et pourrait faire l'objet d'une réponse positive de la part de la France.
Q - Est-ce que ces 250 hommes seront déployés en Ouzbékistan ou à Mazar-i-Charif ?
R - A Mazar-i-Charif. Ce n'est pas une présence militaire en Ouzbékistan. C'est pour participer à la sécurisation de Mazar-i-Charif et surtout de son aéroport car nous considérons que c'est aussi un moyen efficace d'acheminer l'aide humanitaire. Autorisez-moi à dire que je comprends et je respecte la volonté des autorités ouzbèkes de souligner leur souveraineté. C'est une attitude que je trouve normale de la part d'un Etat.
Q - Pourriez-vous parler des conditions pour déployer les militaires français ? Quelles sont exactement ces conditions et quels sont les obstacles pour leur envoi ?
R - Je ne sais pas, je n'étais pas chargé ici de rencontrer, en particulier, les autorités afghanes. S'agissant d'une présence militaire à Mazar-i-Charif, les autorités afghanes sont parmi les premières concernées. C'est donc bien à la suite de cette discussion, je le répète, qui implique aussi les autorités afghanes, que nous pourrons décider de la suite de cette proposition. La discussion avec les autorités ouzbèkes, renvoie aux problèmes de logistique et d'autorisation, en quelque sorte, de passage. Et en fait seulement cela.
Q - D'après certaines informations, l'Ouzbékistan a prêté aux soldats français l'aéroport de Chakhrisabz. Quelles étaient les conditions pour que l'Ouzbékistan autorise leur déploiement ?
R - Je crois qu'on n'a pas compris qu'il n'est pas question de déployer des Français en Ouzbékistan. Il s'agit simplement dans le cadre du déploiement éventuel de Français à Mazar-i-Charif, de prévoir la possibilité pour ce détachement français de trouver en Ouzbékistan des moyens logistiques de transport et de facilité de circulation. C'est seulement cela. Les Français en question sont à Karchi en ce moment avec d'ailleurs de nombreux Américains.
Q - A Khanabad ?
R - C'est la même chose, Karchi, Khanabad.
Q - Est-ce que vous avez parlé des relations bilatérales avec l'Ouzbékistan et quelles sont les orientations pour élargir cette coopération ?
R - La coopération entre la France et l'Ouzbékistan existe déjà sur le plan culturel et en particulier autour de l'enseignement du français. Il y a déjà une coopération technique et il y a une présence économique française assez importante à travers les entreprises qui sont en Ouzbékistan. Il y a aussi, déjà, un Institut de recherches qui a une activité très soutenue. Le directeur que j'ai rencontré ce midi s'intéresse en particulier à l'histoire de cette région. Nous avons identifié quelques secteurs qui pourraient faire l'objet d'un développement important. Il y a une coopération institutionnelle et déjà les contacts ont été engagés pour échanger des expériences autour de questions comme les finances publiques. Il y a la question de l'eau qui paraît un problème central, qui est très important en Ouzbékistan et pour laquelle la France revendique des capacités d'expertise un peu plus grandes. Nous avons probablement parmi les meilleures entreprises au monde pour ce qui est de l'exploitation de l'eau, de son traitement et de sa distribution. Et il y a là, je crois, un champ de coopération très important. La question de l'eau est plus généralement liée à celle de l'environnement. L'autre domaine de coopération, que nous avons identifié, est la santé. Et j'envisage un accord avec mon collègue, le ministre Bernard Kouchner, d'envoyer une mission d'expertise pour regarder en particulier si nous pourrions organiser ici une coopération directe entre hôpitaux français et hôpitaux ouzbeks.
Q - Au début de cette semaine il y a eu un retard de l'acheminement de l'aide humanitaire. Est-ce que les autorités ouzbèkes vous ont donné les raisons de ce retard ?
R - Parmi les raisons annoncées il y a eu le fait que les ONG qui doivent accompagner ce fret humanitaire n'avaient pas toutes reçu leur accréditation. C'est pourquoi j'ai apprécié les promesses qui ont été faites en ce qui concerne l'accréditation prochaine de ces différentes ONG. Pour le reste, je crois l'avoir dit tout à l'heure, l'arrangement était intervenu entre les Nations unies et les autorités ouzbèkes et c'est dans le cadre de cet arrangement que nous allons, je pense, régler cette question. Je ne vous cache pas que j'aurais préféré, en venant ici, avoir des résultats plus immédiats. Mais je donne acte aux autorités ouzbèkes de la bonne volonté qu'elles ont exprimée ce matin. J'ai un espoir que néanmoins cette volonté sera traduite en actes dans ces prochains jours.
Q - Est-ce que l'Afghanistan conditionne la sécurité fournie par la France pour l'aéroport de Mazar-i-Charif ? Et s'il y a des conditions, quelles sont-elles ?
R - Si j'ai bien compris la question, ce ne sont pas vraiment des conditions. J'observe que la situation politique n'est pas complètement stabilisée en Afghanistan, que la guerre n'est pas encore terminée, que des discussions vont avoir lieu dans les jours qui viennent, entre l'ensemble des composantes de la société afghane pour définir des procédures et permettre à l'Afghanistan d'avoir un gouvernement, qui, j'espère, un jour sera légitimé par les élections. C'est cette incertitude dans l'organisation politique et administrative qui est largement la cause des difficultés pour mettre en exécution cette sécurisation. Voilà ce que je peux répondre. On ne peut pas parler des conditions de la partie afghane. Il est difficile de rencontrer les autorités afghanes qui sont capables de prendre un engagement.
Q - Quel est le volume et le montant total du fret humanitaire fourni par la France ?
R - S'agissant de l'avion qui s'est posé dimanche dernier, c'est environ 30 tonnes de fret qui a été débarqué. Mais il y a d'autres arrivages qui sont prévus. Les ONG attendent que les conditions de transfert et de transport soient résolues pour faire venir d'autres frets humanitaires qui attendent actuellement en France. C'est vrai que la situation actuelle empêche en quelque sorte la générosité et la solidarité françaises de s'exprimer. C'est évidemment regrettable, il faut que nous trouvions très vite une solution. Je ne parle que du fret envoyé à Termez, il y avait d'autres frets envoyés à Douchanbé. C'est très difficile d'estimer le coût total du fret. La valeur de ce premier avion n'a pas beaucoup de signification. Cela comprend des vêtements, des tentes, des médicaments, ce qui correspond exactement aux besoins de la population afghane. Mais l'engagement global de la France dans un cadre bilatéral, c'est 200 millions de FF, et si ajoute environ 100 millions, si on comptabilise ce qui est l'aide par la voie multilatérale. Sachant que ceci ne comptabilise pas de l'aide publique ce que les familles françaises donnent par le biais des organisations non-gouvernementales, et qu'il est très difficile de comptabiliser.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2001)
ENTRETIEN DE M. CHARLES JOSSELIN AVEC LCI et FRANCE-INTER
J'espère que ma visite aura pour effet de lever les obstacles qui demeurent. Je les ai assez bien identifiés ce matin avec les Ouzbeks, il y avait la question de l'accréditation des ONG, je pense que ceci sera réglé rapidement.
Il y a aussi la question du dialogue avec l'autre rive, ce qui renvoie à un problème d'évaluation des besoins et d'identification des correspondants afghans. C'est un problème dont il faut que je parle avec les ONG elles-mêmes. Il y a là, plus généralement, un problème qui procède de l'absence, encore aujourd'hui, d'une organisation politique et administrative qui soit totalement capable de dialoguer sur la rive afghane.
Nous sommes encore en guerre, je crois qu'il ne faut pas oublier cette réalité-là.
Je pense que les choses ont bien avancé. Mes hôtes ouzbeks m'ont dit leur intention de faciliter le passage, par bateaux, de l'aide humanitaire, ils ont dit leur intention de sécuriser sur la rive ouzbek, l'aide humanitaire française avant qu'elle ne puisse franchir le fleuve. J'aurai demain l'occasion d'aller sur place à Termez pour avoir une idée plus précise de cette réalité.
Q - Avez-vous l'impression que votre message est passé pour permettre enfin aux ONG qui sont là depuis trois semaines d'être aidées vraiment ?
R - Si je suis là, c'est avec l'espoir, en effet, que ces dialogues que j'ai pu avoir avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre chargé des situations d'urgence va faire avancer la solution. Mais, je le répète, on est, comme souvent dans ces situations, face à des interlocuteurs qui ont des préoccupations tout à fait légitimes de sécurité par exemple, pour ce qui les concerne. Ils ont probablement aussi, dans le cadre du dialogue qu'ils entretiennent avec l'Alliance du Nord, convenus du besoin de maîtriser l'afflux, l'irruption du côté de Mazar-i-Charif, d'éléments étrangers. Tout cela compte et je les respecte comme arguments. Il faut pourtant en débattre.
Q - Et vos arguments, pensez-vous qu'ils vont faire avancer les choses ?
R - J'ai fait part d'arguments que j'ai utilisés ce matin, c'est que l'opinion française a besoin de comprendre pourquoi son aide est là à Termez, et n'arrive pas à passer le fleuve pour aller vers la population qu'elle est sensée aider à sortir de sa souffrance. C'est l'argument politique, et je m'efforce aussi de convaincre mes interlocuteurs que cette aide humanitaire contribue à la mise en sécurité de l'autre rive du fleuve, donc à la sécurité de l'Ouzbékistan quelque part.
Q - Avez-vous eu l'impression qu'il y a eu une bonne écoute ?
R - Je pense que l'écoute était bonne, j'espère que dans les jours qui viennent les promesses faites, l'accréditation des ONG par exemple, vont être vérifiées mais, je savais en venant ici que ce n'est pas forcément dans l'heure qui suivrait mon entretien que la solution serait définitivement trouvée.
Q - Quand les soldats français sécuriseront-ils l'aéroport de Mazar-i-Charif ? Cela dépend-il également des autorités ouzbeks ou de nous ?
R - Cela dépend de beaucoup d'acteurs ; les Ouzbeks bien sûr puisque la question que nous leur posons est celle d'une facilité de transit des Français en Ouzbékistan, à côté des Américains qui ont obtenu, mais ce fut long, un accord de stationnement.
Il est vrai aussi que Mazar-i-Charif est la rive afghane et il est normal que les autorités afghanes, y compris les autorités locales, aient leur mot à dire également. Autrement dit, le dialogue engagé met en jeu à la fois les Ouzbeks, les Afghans, les Américains, les Français, c'est au terme de cet échange que l'on pourra faire avancer les choses.
Nous voulons évidemment l'arrivée sur Mazar-i-Charif de l'aide humanitaire dont les populations ont besoin, et comme vous le savez, sous sécurité française puisque nous sommes d'accord pour qu'un détachement de l'armée française sécurise en particulier la piste, ce qui est essentiel pour l'arrivée des gros porteurs d'aide alimentaire.
Q - Vendredi dernier, c'était un point très fort que l'arrivée de l'aide à Mazar-i-Charif et comment explique-t-on aujourd'hui que tout est à faire en terme de négociation avec les Ouzbeks et les Afghans ?
R - C'est vrai que la communication est une affaire de temps et il y a peut-être eu une légère avance sur le rythme auquel ces choses-là se mettent en place. Mais, nous y pourvoirons.
Q - En même temps, on sait que de l'autre côté, il y a urgence, les populations sont menacées de famine, c'est aussi pour cela que vous êtes ici, pour uvrer dans cette direction ?
R - C'est toujours difficile d'apprécier ce concept d'urgence humanitaire. Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un nombre très important de populations déplacées, elles le sont pour parties parce que la sécheresse les a privées de leurs ressources traditionnelles, elles sont déplacées parce que le conflit les a mises en insécurité, les a obligées à se mettre en mouvement. Bref, elles n'ont pas une source normale d'approvisionnement, y compris sur le plan de l'alimentation. Il y a donc un besoin d'aide alimentaire, je disais à l'instant qu'elle a commencé de parvenir à Mazar-i-Charif car Termez n'est pas le seul point de passage de l'aide alimentaire. Certains convois sont arrivés du Tadjikistan.
Q - C'est long ?
R - C'est long, difficile mais néanmoins possible. D'autres sont venus du Turkménistan mais il est vrai que si nous avons tendance à insister sur l'axe Termez-Mazar-i-Charif, c'est qu'il offre, incontestablement, du point de vue de sa logistique, beaucoup d'avantages, une arrivée ferroviaire, un pont qui finira par rouvrir, lorsque, là encore, les conditions seront réunies pour un passage en douane, c'est l'expression qu'a employée notre hôte ce matin, ce qui renvoie à une discussion avec l'autorité d'en face, donc l'Alliance du Nord ou l'organisation politique qui va se mettre en place dans le cadre des discussions qui sont en cours.
Tout ceci ne peut donc pas se faire immédiatement comme vous le voyez. Je reste convaincu que Termez est un lieu qui offre beaucoup d'avantages du point de vue de cette aide humanitaire, mais j'ai compris ce matin que les Ouzbeks en sont également conscients et qu'ils ne souhaitent pas que l'aide humanitaire évite en quelque sorte Termez et cet axe que nous considérons comme privilégié.
Q - Que conseillez-vous aux personnes qui veulent vraiment faire de l'urgence aujourd'hui ? Par exemple de passer par le Tadjikistan ou le Turkménistan en l'état actuel des choses ?
R - Dans quelques instants, je vais rencontrer les associations qui sont, plus directement que moi, confrontées aux réalités du terrain. Vous comprendrez donc qu'avant de répondre à une telle question, j'attend de les avoir rencontrées
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2001)