Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur l'utilisation des technologies de l'information par les industries culturelles, notamment la mise en place d'un programme de recherche développement (PRIAMM) dans l'audiovisuel et le multimédia, Paris le 3 juin 1999.

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Circonstance : Présentation du programme pour l'innovation dans l'audiovisuel et le multimédia (PRIAMM) à Paris le 3 juin 1999

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire d'Etat,
Mesdames, Messieurs,
Comme Christian PIERRET et avec lui, je voudrais d'abord me féliciter de cette coopération que nous souhaitons, tous les deux, renforcer et développer entre le Secrétariat d'Etat à l'Industrie et le ministère de la Culture et de la Communication, dans le domaine des industries culturelles, en particulier autour du soutien à l'utilisation des technologies de l'information par ces industries culturelles.
Les bases de cette coopération sont solides parce qu'elles reposent sur une double analyse que nous partageons.
Le premier constat - et Christian PIERRET vient de le rappeler - est celui de l'importance des industries culturelles, et particulièrement de leur rôle stratégique dans l'économie de la société de l'information. C'est ce qu'on appelle la production et la diffusion des contenus qui doit accompagner celle des supports et des réseaux.
Le deuxième constat, le deuxième point de départ, c'est la reconnaissance de la spécificité de ces industries culturelles, en raison de leur relation avec le processus de création, et de leur place tout à fait centrale dans l'espace public de nos sociétés. Il ne saurait être question pour moi de se cantonner à une vision purement défensive de l'exception culturelle. Bien au contraire l'offre de contenus de qualité est un gage de succès pour le développement de la société de l'information dans notre pays.
A cet égard, je crois que nous ne pouvons pas nous contenter d'une présentation réductrice et parfois fallacieuse qui oppose mécaniquement le développement des activités économiques des acteurs de la société de l'information à divers obstacles de nature législative et réglementaire.
Vous savez que le gouvernement a entrepris de rénover le cadre législatif des réseaux numériques. Mais il me semble aussi que nous devons, en même temps, faciliter la mise en place d'un cadre économique favorable à la création et à l'édition de contenus de qualité et aux technologies qui leur sont nécessaires.
J'insiste sur ce point : pour les industries culturelles de la société de l'information, les contenus de qualité exigent des technologies qui soient elles-mêmes de qualité. Nous ne devons pas nous contenter de l'existant, et encore moins nous satisfaire du retard relatif de l'Europe dans ce secteur. Il s'agit là d'un objectif économique, mais tout autant d'un objectif culturel. Des technologies de l'information mieux adaptées aux besoins des industries de contenu sont la meilleure garantie de voir se développer de nouvelles pratiques culturelles de qualité.
C'est dans ce cadre général qu'il nous faut placer le Programme pour l'innovation dans l'audiovisuel et le multimedia.
De quoi s'agit il ?
D'abord, de permettre aux entreprises de l'audiovisuel et du multimédia, soit de bénéficier des technologies développées dans les organismes de recherche publique, comme l'INRIA, le LIMSI, l'INA et bien d'autres, soit d'intensifier leur propre effort de recherche développement.
L'organisation de ce programme - ce sera notamment le rôle du comité d'orientation et de prospective - favorisera la mise en place d'un réseau de la recherche développement dans le secteur de l'audiovisuel et du multimédia .
J'espère enfin que PRIAMM sera l'occasion pour les différents membres du programme de pouvoir identifier et maîtriser les grandes technologies génériques qui vont à la fois structurer le marché et conditionner les pratiques culturelles de demain.
J'en donnerai un seul exemple : les grilles de programme, les instruments de navigation hypermédia sont indispensables au développement des contenus en image sur les réseaux numériques. Mais ils préfigurent aussi ce que seront demain les pratiques d'écriture et de lecture, de création et de consultation des images par le public. Ce sont les technologies génériques de demain, comme peut l'être aujourd'hui le traitement de texte.
Un programme de recherche développement ne vaut pas seulement par la pertinence des projets qui seront soutenus, mais aussi par sa cohérence, la qualité de son travail de veille, d'observatoire, de mise en réseau. PRIAMM doit permettre aux différents partenaires d'identifier les applications stratégiques et les technologies génériques.
Je me réjouis donc de voir aujourd'hui se mettre en place ce réseau qui avait été annoncé dans le PAGSI et qui se concrétise aujourd'hui grâce à la coopération entre les partenaires de l'Industrie, de la Culture et la Communication. Cette coopération est organisée à tous les niveaux de conduite du programme : entre la Direction Générale de l'Industrie, des Technologies de l'Information et des Postes, et le Centre National du Cinéma qui assureront la présidence du comité d'orientation et de prospective ; entre les différentes institutions de recherche, notamment l'INRIA et l'INA ; entre les industries de contenu et les industries technologiques.
J'adresse mes félicitations à tous ceux qui ont contribué à la préparation et au lancement de ce programme et je les assure de l'adhésion et de la participation active du ministère de la Culture et de la Communication.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 8 juin 1999)