Texte intégral
AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour à tous. Bonjour Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
AUDREY CRESPO-MARA
Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement. Alors, ça y est, on y est, le gouvernement a révélé les ordonnances sur la réforme du Code du travail, et alors depuis, les syndicats disent : « ça aurait pu être pire », le patronat dit « ça aurait pu être mieux ». Décidément, vous êtes toujours dans un entre-deux, et en même temps.
CHRISTOPHE CASTANER
Vous auriez préféré quoi ? Que tout le monde dise : « C'est une catastrophe, ça va mal » ? Que tout le monde ait envie de descendre dans la rue et de bloquer la réforme ?
AUDREY CRESPO-MARA
Donc, c'était recherché cet entre-deux ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, parce qu'on a u peu cette culture en France, de penser que pour montrer qu'on réforme, il faut faire mal, mal au sens de la violence. Non, on peut aussi chercher ce qui est efficace, et ce qui est efficace c'est un coût favorable à l'employeur, et sur une autre mesure, ce sera favorable aux salariés. Ce qu'on veut, c'est retourner vers l'emploi.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc on ménage la rue ainsi.
CHRISTOPHE CASTANER
Evidemment ! On ne veut pas bloquer le système, non pas empêcher la rue, mais montrer, et c'est aussi notre responsabilité maintenant, de faire de la pédagogie sur pourquoi ce texte est bon pour le travail.
AUDREY CRESPO-MARA
Certains parlent de stratégie d'eau tiède.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais parce qu'on a ce sentiment que justement il aurait fallu que tout le monde soit contre, alors là ça n'aurait pas été de l'eau tiède, ou alors que ce soit uniquement le texte du patronat, et que le MEDEF dise « c'est bien », et que tous les syndicats soient contre, ou l'inverse. Non, l'objectif c'est de trouver ce point d'équilibre, qui permet de transformer en profondeur notre Code du travail, et vous voyez bien qu'aujourd'hui on a une révolution qui est proposée dans ce texte, un changement de stratégie.
AUDREY CRESPO-MARA
Une évolution, simplement, vous ne faites pas une révolution.
CHRISTOPHE CASTANER
Non mais une révolution dans le climat. Ce qui compte, et c'est très important, c'est aussi de montrer qu'aujourd'hui, il est possible d'employer en France, il est possible de prendre le risque, parce que les employeurs le voyaient comme ça, de recruter quelqu'un, parce que derrière ça ne menacera pas, s'il y a un problème, l'ensemble de l'activité de l'entreprise. C'est ça l'enjeu.
AUDREY CRESPO-MARA
L'entre-deux typiquement macronien, semble avoir même contaminé le secrétaire d'Etat de Force ouvrière (phon), Jean-Claude MAILLY, étonnement modéré dans ses critiques. On a obtenu des choses, on en a évidé d'autres. Qu'est-ce que vous avez réussi, qu'est-ce qu'il a réussi, lui, à vous faire lâcher ? Les accords de branches ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, il y a eu plus d'une centaine de réunions de travail avec les partenaires sociaux, avec tous les partenaires sociaux, avec Jean-Claude MAILLY et comme avec d'autres, et donc c'est aussi la méthode qui permet d'avoir une certaine forme de neutralité aujourd'hui. Si on avait été dans la brutalité politique, comme on l'a été avec la loi El Khomri, c'est-à-dire qu'il n'y a pas...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais sur Jean-Claude MAILLY, précisément, c'est les accords de branches qu'il a réussi à vous faire lâcher, clairement.
CHRISTOPHE CASTANER
La CFDT et FO étaient très attachés aux accords de branches, parce qu'effectivement c'est aussi une sécurité pour les employés, et c'est aussi un outil de management pour le patronat. Donc oui, ça fait parie des sujets sur lesquels nous nous sommes mobilisés et nous avons entendu cet équilibre entre la branche et l'entreprise, sans négliger l'entreprise.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous êtes soulagé que Force ouvrière ne rejoigne pas la CGT dans la rue.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais, évidemment que nous sommes attentifs aux mobilisations, et nous serons attentifs aux deux qui seront prévues, celle de la CGT, et l'autre, très politique, prête à tous contester et quel que soit le texte, qui aurait de toute façon été dans la rue, qui est celle de la France Insoumise.
AUDREY CRESPO-MARA
On a été étonné par la clémence de Force ouvrière et par le mécontentement de la CFDT. Que s'est-il passé ? La CFDT a tellement joué votre jeu, que vous avez fini par la négliger ? Ou finalement elle vous rend bien service en faisant, en donnant l'air fâché ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ne soyez pas que dans la stratégie. Ce qui compte c'est le texte, ce qui compte c'est la capacité que nous donnerons demain au marché du travail, à se libérer et à protéger aussi.
AUDREY CRESPO-MARA
Et comment vous l'expliquez, alors, ce mécontentement de la CFDT, qui est surprenant ?
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que la CFDT considère qu'il y a un certain nombre de sujets, sur lesquels elle aurait aimé que nous allions plus loin, et elle aurait pu, mais si nous l'avions fait, là c'est le MEDEF qui nous aurait expliqué qu'on fragilise les entreprises. Et en plus, la particularité de cette réforme, c'est que pour la première fois c'est un Code du travail pour les petites et moyennes entreprises. Et au fond, la présence syndicale est faible dans ces organisations-là. Aujourd'hui, par exemple, quand on prévoit le mandatement, c'est-à-dire la représentation dans les moins de 50 employés, vous avez seulement 4 % des entreprises qui répondent présentes. Donc l'objectif c'est effectivement de renforcer la présence syndicale. Mais comme elles sont assez peu présentes, elles avaient des demandes qui portaient sur d'autres cibles, que nous n'avons pas retenues.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, pour Pierre GATTAZ, cette réforme est quand même une première étape, une étape importante, mais une première étape. Pourquoi, il va y avoir une suite ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, Pierre GATTAZ n'est pas membre du gouvernement ou chef du gouvernement. Il a espéré, lui, que nous allions beaucoup plus loin sur les revendications du patronat. Au fond, cet équilibre, que vous pensez nous reprocher en disant « c'est de l'eau tiède », c'est équilibre c'est justement ce qui permet d'avancer suffisamment pour retrouver de la confiance et redonner la possibilité aux chefs d'entreprise, pou 98 % de petits entrepreneurs, des Alpes-de-Haute-Provence, chez moi, par exemple, la possibilité d'embaucher.
AUDREY CRESPO-MARA
Au fond, c'est quand même le MEDEF qui a gagné, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, ce n'est pas le MEDEF qui a gagné, parce que sinon la CFDT qui dit « on ne va pas assez loin »...
AUDREY CRESPO-MARA
Pierre GATTAZ est très content.
CHRISTOPHE CASTANER
... ou FO, bloqueraient le système. Et puis vous avez d'autres partenaires, et pas seulement le MEDEF, les petites et moyennes entreprises sont représentées aussi et approuvent cette réforme.
AUDREY CRESPO-MARA
La France Insoumise dénonce un massacre à la tronçonneuse du Code du travail, par deux social-killers.
CHRISTOPHE CASTANER
Faut-il commenter ? Faut-il commenter ces caricatures ? Avant même d'avoir le texte, de toute façon, vous aviez la bonne formule. Je n'ai pas entendu Jean-Luc MELENCHON, peut-être s'exprimera-t-il dans les jours qui viennent, mais cette caricature de parler, même à un moment donné, de « retour de l'esclavagisme en France », de parler de « coup d'Etat », ils ont osé parler de coup d'Etat pour notre pays, parce que nous faisons une loi qui tente de s'adresser aux 5,6 millions de personnes qui aujourd'hui sont soit au chômage, soit mal-employées, parce que le Code du travail les bride. C'est ça la vérité.
AUDREY CRESPO-MARA
Si vous deviez vous adresser à cette France inquiète, soit 60 % des Français. Quelles garanties tangibles pourriez-vous lui donner ? Cette réforme, c'est plus de travail dans combien de temps ?
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, c'est plus de travail tout de suite, parce que c'est le retour de la confiance. Et ce que l'on voit bien ces dernières semaines, ces derniers mois, c'est qu'on a aujourd'hui un milieu économique qui est confiant, on a un milieu international qui est confiant dans la France, ça c'est important, parce que ce sont des retours d'investissements, dans nos villages, mais aussi dans des grandes entreprises. Ensuite...
AUDREY CRESPO-MARA
Concrètement, demain il y a plus d'emplois.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais moi je... c'est évidemment ce que nous souhaitons par le retour de la confiance. Ensuite, la traduction de cette réforme du travail, qui est un élément d'une réforme plus profonde, celle de la formation, celle de l'assurance chômage, qui viendront dans les semaines et dans les mois qui viennent, elles se traduiront dans les deux, trois années qui viennent, mais elles ont des effets immédiats, notamment celle du retour de la confiance.
AUDREY CRESPO-MARA
Les deux manifestations dont vous parliez, la CGT et la France Insoumise, est-ce que vous les attendez vraiment avec sérénité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, il n'y a jamais de sérénité face à une manifestation. D'abord il y a du respect, il y a du respect sur le droit de manifester dans ce pays et de contester. A charge pour nous de faire de la pédagogie. Il y a des mesures sur lesquelles aujourd'hui on voit que par exemple il n'y a pas de... il y a une inquiétude des Français. La barémisation des Prud'hommes, vous savez, sur les dommages et intérêts. Voilà une mesure qu'il nous faut expliquer, parce qu'elle n'est pas comprise, alors que c'est un élément de sécurité pour les employés.
AUDREY CRESPO-MARA
Mais, pour la CGT, la France Insoumise, qui connaissent vos mesures, qu'est-ce que vous faites ? Laquelle redoutez-vous le plus de ces manifestations, qui auront lieu ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais de toute façon, vous savez comme moi que je ne veux pas convaincre la France Insoumise, parce que quel que soit le texte, le discours aurait été le même, et la CGT est sur une position contre, mais pas brutalement contre, et donc, pour nous, d'apporter un certain nombre de réponses, mais aux Français, c'est aux Français que nous devons parler. Et donc, la mesure, par exemple, sur laquelle nous devons agir, c'est celle sur la barémisation, vous savez, pour les dommages et intérêts.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous ne me répondez pas sur ce que vous redoutez vraiment de la rue, j'imagine, mais enfin...
CHRISTOPHE CASTANER
Ah, non mais...
AUDREY CRESPO-MARA
J'imagine que l'on n'est pas si serein que ça au gouvernement, même si c'est passé.
CHRISTOPHE CASTANER
Je vais faire simple. Un, je respecte les manifestations. Deux, je suis toujours inquiet contre les risques de blocage du pays, et donc évidemment il faut que nous soyons attentifs à cela. Et donc, à l'heure qu'il est, nous avons le sentiment que la mobilisation, parce qu'elle n'est portée que par un principal syndicat, la CGT, n'est pas extrêmement forte, n'est pas attendue comme extrêmement forte, et la CGT ne souhaite pas bloquer le pays. Voilà ce que je note. Mais ensuite, vous savez, dans les manifestations, dans les mouvements, dans les appels à l'insurrection, je reprends là le vocabulaire de la France Insoumise, il y a toujours des risques, il y a toujours des risques de dérapage à un moment donné et d'embrasement. Ils le souhaitent, c'est ce qu'ils veulent, l'embrasement pour la France Insoumise. Nous ne souhaitons pas.
AUDREY CRESPO-MARA
L'autre actualité, c'est l'interview donnée par Emmanuel MACRON à l'hebdomadaire Le Point. Alors évacuons les deux pourquoi de cette interview, avant de parler du fond. Pourquoi l'interview est sortie le même jour que la présentation des ordonnances de la réforme du travail ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ce n'est pas lié, mais c'est la rentrée et le président de la République a choisi...
AUDREY CRESPO-MARA
Enfin, c'est le même jour.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais comme le président de la République avait choisi un hebdo.
AUDREY CRESPO-MARA
Ce n'est pas un hasard.
CHRISTOPHE CASTANER
Et donc le texte est sorti mercredi soir pour son contenu, et en version imprimée jeudi. Il n'y a pas de stratégie, parce qu'au fond l'une a chassé l'autre.
AUDREY CRESPO-MARA
Ce n'est pas un hasard de calendrier.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui mais alors, vous pourriez me dire oui mais c'est parce qu'on a fait l'interview pour masquer les ordonnances ou l'inverse. Dans les deux cas...
AUDREY CRESPO-MARA
Pour faire diversion.
CHRISTOPHE CASTANER
Dans les deux cas, ça n'était pas une stratégie, parce que l'interview a été au fond un peu effacée par les ordonnances, mais ça n'est pas grave, parce que c'est une interview de fond qui a vocation à être lue dans la durée.
AUDREY CRESPO-MARA
Mais alors, justement, quand Emmanuel MACRON dit : « La France est un pays qui n'accepte les changements que lorsqu'on lui explique les yeux dans les yeux » et qu'il donne une interview de 20 pages à la Presse écrite, c'est quand même étonnant.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais nous sommes là aussi. La réforme et la transformation du pays c'est celle voulue, portée, incarnée par Emmanuel MACRON, mais que nous mettons en oeuvre, et cette invitation elle est collective. Emmanuel MACRON il parle...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais quand on veut parler les yeux dans les yeux des changements est-ce qu'on ne peut pas s'adresser à des millions de téléspectateurs. Vous connaissez beaucoup de Français qui vont prendre le temps ce week-end, de lire les 20 pages de l'entretien ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais on sait bien que le lectorat est faible, par contre c'est l'écho médiatique qui va autour de cette interview qui est important, ce dont nous parlons à l'instant présent. Mais ensuite, ce que vous me reprochez c'est que le président de la République ne vienne pas sur un grand plateau de télévision...
AUDREY CRESPO-MARA
Pour s'adresser, dans un média de masse, ou.
CHRISTOPHE CASTANER
... selon les formules classiques.
AUDREY CRESPO-MARA
S'adresser les yeux dans les yeux, c'est sa formule.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais parce qu'Emmanuel MACRON ne s'interdit rien sur ses formes de communication et donc aujourd'hui il a choisi d'aller dans le fond des choses, parce que vous avez dit, cette interview fait 24 pages, quelque chose qu'un plateau télé ne lui aurait pas permis, mais il reviendra si nécessaire devant un autre forme de média, dans les jours, dans les semaines, dans les mois qui viennent, ne vous inquiétez pas.
AUDREY CRESPO-MARA
Eh bien on l'attend. Emmanuel MACRON dit avoir tourné la page de trois décennies d'inefficacité. Après trois mois d'exercice du pouvoir, c'est un peu prétentieux quand même ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais la première des inefficacités, c'est celle du blocage politique. La vraie révolution que nous aurons mis en oeuvre dans les premiers jours de ce quinquennat, c'est le dépassement politique, c'est le fait de sortir du vieux jeu gauche-droite qui s'immobilisait.
AUDREY CRESPO-MARA
J'entends bien, mais au bout de trois mois, de dire « on tourne la page de trois décennies », enfin, c'est...
CHRISTOPHE CASTANER
Mais on tourne la page sur la méthode qui a bloqué le système, ou quand la gauche faisait quelque chose parce qu'elle est au pouvoir c'était immédiatement condamné par la droite et inversement. Le système que nous opposent tous nos opposants politiques. Vous avez qu'hier, sur les ordonnances, la tonalité est à peu près la même de, Eric WOERTH aux représentant du Parti socialiste, du Parti communiste, et je laisse de côté la France Insoumise qui sait toujours en rajouter un peu.
AUDREY CRESPO-MARA
Trois décennies d'inefficacité, ça nous fait d'un coup d'un seul CHIRAC-JOSPIN, SARKOZY-HOLLANDE, c'est la réponse du berger à la bergère après les critiques formulées par François HOLLANDE ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, c'est un constat, c'est le constat d'échec, notamment sur le chômage, et sur le chômage des jeunes depuis 30 ans, nous sommes décrochés par rapport à notre partenaire européen sur la question du chômage. Et donc c'est ce constat là.
AUDREY CRESPO-MARA
Il a été vexé, Emmanuel MACRON, des critiques de François HOLLANDE ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je ne crois pas qu'il ait été vexé, mais à un moment donné il y répond, d'ailleurs, dans l'interview, donc il les a bien entendues, et il a rappelé à l'ancien président de la République que ce n'est pas parce qu'il n'était pas en mesure de présenter son propre bilan, qu'il fallait qu'il dresse aujourd'hui déjà le bilan de son successeur.
AUDREY CRESPO-MARA
Emmanuel MACRON annonce la fin de l'Université pour tous. Bon. C'est le début de quoi, alors ?
CHRISTOPHE CASTANER
Au fond, il annonce la fin d'un mythe, parce que l'université pour tous, elle n'existe pas. Quand aujourd'hui 60 % des étudiants, au bout de quatre ans, n'ont pas leur licence et sont un peu perdus à l'université, c'est un échec collectif. C'est un échec collectif de l'université et c'est un échec individuel de celui qui est dans cette impasse-là.
AUDREY CRESPO-MARA
Et que faites-vous alors, face aux étudiants ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien l'objectif c'est, mais c'est en cour de discussions par la ministre, l'objectif c'est de faire en sorte que l'on puisse, le plus en amont possible, travailler sur l'orientation, pour que l'on cesse de dire à un étudiant qui a un bac littéraire, sans mention, qui veut aller faire médecine, qu'il a toutes les chances de réussir, ça n'est pas vrai. Il y a 0 % de taux de réussite. Et à l'inverse, parce que vous avez un étudiant qui a fait un bac scientifique, qui a une mention très bien, il ne peut pas aller en médecine, parce qu'on a appliqué le tirage au sort. Voilà le système le plus idiot dans lequel nous pouvons être, qui met tout le monde dans l'impasse. Donc il faut orienter et il faut assumer que dans certaines conditions, il faut des pré-requis. Les pré-requis ça peut être le fait de passer le mois d'août à travailler, à préparer, à être encadré et accompagné pour cela, pour rentrer à l'université plus ciblée qu'on a choisi au mois de septembre. C'est cette évolution-là qui est nécessaire.
AUDREY CRESPO-MARA
Emmanuel MACRON a aussi déclaré : « Les emplois aidés sont des subventions déguisées pour les collectivités ». Et l'exemple de ces classes qui n'ouvriront pas la semaine prochaine, faute d'emplois aidés. C'est un déguisement aussi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Attendez, deux choses. D'abord, si elles n'ouvrent pas, c'est la responsabilité des maires. J'étais maire il y a un mois encore, à Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence. La loi de finance, votée par le gouvernement précédent, prévoyait 280 000 emplois aidés, nous les avons portés à 320 000, c'est ça la réalité, et qu'aucun maire ne vienne me dire, à moi, qui connais bien ce métier là, cet engagement-là, qu'ils ne savaient pas, parce que la loi de finance elle a été votée en décembre de l'année dernière, nous savions tous qu'il y avait moins d'emplois aidés cette année, le gouvernement le a augmentés.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous dites qu'ils sont de mauvaise foi, c'est ça ?
CHRISTOPHE CASTANER
Donc l'irresponsabilité des maires, qui n'ont pas prévu la rentrée scolaire, ne doit pas porter sur l'action qui a créé des emplois aidés en faveur de nos territoires et de celles et ceux qui aujourd'hui en bénéficient. Mais, Emmanuel MACRON dit la chose suivante : ces emplois aidés ont remplacé les emplois de titulaires dans la Fonction publique, c'est la vérité, je l'ai utilisé comme maire. Et surtout, la difficulté, c'est qu'au bout du deuxième renouvellement, nous n'avons pas gardé, et nous ne gardions pas celles et ceux qui sont rentrés, qui ont fait ces services dans nos écoles, par exemple, parce qu'on les virait pour en prendre d'autres. Eh bien l'essentiel maintenant c'est d'investir dans la formation de ces agents, pour faire en sorte que, eux, ils aient un emploi durable.
AUDREY CRESPO-MARA
Pour qu'ils aient un emploi durable. Il a aussi déclaré : « Les pauvres d'aujourd'hui sont moins les retraités que les jeunes ». Alors c'est vrai que le taux de pauvreté est élevé chez les jeunes, mais pourquoi opposer les jeunes aux vieux ? Est-ce que ce ne serait pas mieux de rendre plus riches les jeunes plutôt que d'appauvrir les vieux, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Votre remarque est un peu caricaturale, y compris celle « d'appauvrir les vieux », je reprends vos mots. Non, pour parler de la CSG, la CSG on avait dit, y compris pendant la campagne, il avait dit lui même dès le 10 décembre, avant l'élection présidentielle, « la mise en place de la CSG a comme vocation d'améliorer le pouvoir d'achat des salariés, de tous les salariés français, des indépendants, des agriculteurs, par une suppression de charges. C'est ça l'objectif. Et donc il n'y a pas un gain pour la fiscalité globale nationale, vous avez 20 milliards qui sont transférés vers la CSG, pour faire en sorte que dès le début de l'année prochaine, chaque salarié voit sa feuille de paie augmenter. Et donc oui, il y a une moitié, une grosse moitié des personnes retraitées qui aujourd'hui vont avoir une baisse de pouvoir d'achat du fait de l'augmentation de 1,7 point de la CSG. Et le président de la République a dit quelque chose qui est une évidence, c'est que la moitié des retraités les plus aisés, qui pour l'essentiel sont déjà propriétaire de leur logement, peuvent contribuer à cet effort pour que toutes celles et ceux qui travaillent en France, aient une augmentation de leur pouvoir d'achat.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins je pose une question récurrente, la question off, mais devant les caméras. C'est off, hein, entre nous. Vous n'avez pas peur que le nouveau venu, Bruno ROGER-PETIT, porte-parole d'Emmanuel MACRON, vienne marcher sur vos platebandes ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non. Non, parce que...
AUDREY CRESPO-MARA
On est en off, vous pouvez me dire la vérité.
CHRISTOPHE CASTANER
Il va parler au nom de l'Elysée, de la présidence de la République et donc nous allons travailler ensemble, avec d'autres. Moi j'ai besoin et on l'a bien vu dans ces premiers mois, d'avoir une parole politique renforcée. Elle est vraie pour l'Elysée, elle est vrai pour le groupe majoritaire, elle est vraie pour le parti la République En Marche ! aussi. Ce besoin de renfort est une évidence, et donc nous serons demain, plus nombreux encore à expliquer, à faire de la pédagogie. Non, il n'y a pas de difficultés.
AUDREY CRESPO-MARA
Ça ne vous a pas énervé, un peu.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, parce que c'est un sujet dont j'ai parlé, pour vous faire une confidence, vu que c'est en off, c'est un sujet dont j'ai pu parler avec Emmanuel MACRON, dès le début de l'été, et nous avons même échangé sur les qualités de celui qu'Emmanuel MACRON a choisi.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous l'avez choisi.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, le président de la République l'a choisi, mais nous avons échangé sur ses qualités.
AUDREY CRESPO-MARA
Merci Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2017
Bonjour à tous. Bonjour Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Bonjour.
AUDREY CRESPO-MARA
Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement. Alors, ça y est, on y est, le gouvernement a révélé les ordonnances sur la réforme du Code du travail, et alors depuis, les syndicats disent : « ça aurait pu être pire », le patronat dit « ça aurait pu être mieux ». Décidément, vous êtes toujours dans un entre-deux, et en même temps.
CHRISTOPHE CASTANER
Vous auriez préféré quoi ? Que tout le monde dise : « C'est une catastrophe, ça va mal » ? Que tout le monde ait envie de descendre dans la rue et de bloquer la réforme ?
AUDREY CRESPO-MARA
Donc, c'était recherché cet entre-deux ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, parce qu'on a u peu cette culture en France, de penser que pour montrer qu'on réforme, il faut faire mal, mal au sens de la violence. Non, on peut aussi chercher ce qui est efficace, et ce qui est efficace c'est un coût favorable à l'employeur, et sur une autre mesure, ce sera favorable aux salariés. Ce qu'on veut, c'est retourner vers l'emploi.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc on ménage la rue ainsi.
CHRISTOPHE CASTANER
Evidemment ! On ne veut pas bloquer le système, non pas empêcher la rue, mais montrer, et c'est aussi notre responsabilité maintenant, de faire de la pédagogie sur pourquoi ce texte est bon pour le travail.
AUDREY CRESPO-MARA
Certains parlent de stratégie d'eau tiède.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais parce qu'on a ce sentiment que justement il aurait fallu que tout le monde soit contre, alors là ça n'aurait pas été de l'eau tiède, ou alors que ce soit uniquement le texte du patronat, et que le MEDEF dise « c'est bien », et que tous les syndicats soient contre, ou l'inverse. Non, l'objectif c'est de trouver ce point d'équilibre, qui permet de transformer en profondeur notre Code du travail, et vous voyez bien qu'aujourd'hui on a une révolution qui est proposée dans ce texte, un changement de stratégie.
AUDREY CRESPO-MARA
Une évolution, simplement, vous ne faites pas une révolution.
CHRISTOPHE CASTANER
Non mais une révolution dans le climat. Ce qui compte, et c'est très important, c'est aussi de montrer qu'aujourd'hui, il est possible d'employer en France, il est possible de prendre le risque, parce que les employeurs le voyaient comme ça, de recruter quelqu'un, parce que derrière ça ne menacera pas, s'il y a un problème, l'ensemble de l'activité de l'entreprise. C'est ça l'enjeu.
AUDREY CRESPO-MARA
L'entre-deux typiquement macronien, semble avoir même contaminé le secrétaire d'Etat de Force ouvrière (phon), Jean-Claude MAILLY, étonnement modéré dans ses critiques. On a obtenu des choses, on en a évidé d'autres. Qu'est-ce que vous avez réussi, qu'est-ce qu'il a réussi, lui, à vous faire lâcher ? Les accords de branches ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, il y a eu plus d'une centaine de réunions de travail avec les partenaires sociaux, avec tous les partenaires sociaux, avec Jean-Claude MAILLY et comme avec d'autres, et donc c'est aussi la méthode qui permet d'avoir une certaine forme de neutralité aujourd'hui. Si on avait été dans la brutalité politique, comme on l'a été avec la loi El Khomri, c'est-à-dire qu'il n'y a pas...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais sur Jean-Claude MAILLY, précisément, c'est les accords de branches qu'il a réussi à vous faire lâcher, clairement.
CHRISTOPHE CASTANER
La CFDT et FO étaient très attachés aux accords de branches, parce qu'effectivement c'est aussi une sécurité pour les employés, et c'est aussi un outil de management pour le patronat. Donc oui, ça fait parie des sujets sur lesquels nous nous sommes mobilisés et nous avons entendu cet équilibre entre la branche et l'entreprise, sans négliger l'entreprise.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc vous êtes soulagé que Force ouvrière ne rejoigne pas la CGT dans la rue.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais, évidemment que nous sommes attentifs aux mobilisations, et nous serons attentifs aux deux qui seront prévues, celle de la CGT, et l'autre, très politique, prête à tous contester et quel que soit le texte, qui aurait de toute façon été dans la rue, qui est celle de la France Insoumise.
AUDREY CRESPO-MARA
On a été étonné par la clémence de Force ouvrière et par le mécontentement de la CFDT. Que s'est-il passé ? La CFDT a tellement joué votre jeu, que vous avez fini par la négliger ? Ou finalement elle vous rend bien service en faisant, en donnant l'air fâché ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ne soyez pas que dans la stratégie. Ce qui compte c'est le texte, ce qui compte c'est la capacité que nous donnerons demain au marché du travail, à se libérer et à protéger aussi.
AUDREY CRESPO-MARA
Et comment vous l'expliquez, alors, ce mécontentement de la CFDT, qui est surprenant ?
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que la CFDT considère qu'il y a un certain nombre de sujets, sur lesquels elle aurait aimé que nous allions plus loin, et elle aurait pu, mais si nous l'avions fait, là c'est le MEDEF qui nous aurait expliqué qu'on fragilise les entreprises. Et en plus, la particularité de cette réforme, c'est que pour la première fois c'est un Code du travail pour les petites et moyennes entreprises. Et au fond, la présence syndicale est faible dans ces organisations-là. Aujourd'hui, par exemple, quand on prévoit le mandatement, c'est-à-dire la représentation dans les moins de 50 employés, vous avez seulement 4 % des entreprises qui répondent présentes. Donc l'objectif c'est effectivement de renforcer la présence syndicale. Mais comme elles sont assez peu présentes, elles avaient des demandes qui portaient sur d'autres cibles, que nous n'avons pas retenues.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, pour Pierre GATTAZ, cette réforme est quand même une première étape, une étape importante, mais une première étape. Pourquoi, il va y avoir une suite ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, Pierre GATTAZ n'est pas membre du gouvernement ou chef du gouvernement. Il a espéré, lui, que nous allions beaucoup plus loin sur les revendications du patronat. Au fond, cet équilibre, que vous pensez nous reprocher en disant « c'est de l'eau tiède », c'est équilibre c'est justement ce qui permet d'avancer suffisamment pour retrouver de la confiance et redonner la possibilité aux chefs d'entreprise, pou 98 % de petits entrepreneurs, des Alpes-de-Haute-Provence, chez moi, par exemple, la possibilité d'embaucher.
AUDREY CRESPO-MARA
Au fond, c'est quand même le MEDEF qui a gagné, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, ce n'est pas le MEDEF qui a gagné, parce que sinon la CFDT qui dit « on ne va pas assez loin »...
AUDREY CRESPO-MARA
Pierre GATTAZ est très content.
CHRISTOPHE CASTANER
... ou FO, bloqueraient le système. Et puis vous avez d'autres partenaires, et pas seulement le MEDEF, les petites et moyennes entreprises sont représentées aussi et approuvent cette réforme.
AUDREY CRESPO-MARA
La France Insoumise dénonce un massacre à la tronçonneuse du Code du travail, par deux social-killers.
CHRISTOPHE CASTANER
Faut-il commenter ? Faut-il commenter ces caricatures ? Avant même d'avoir le texte, de toute façon, vous aviez la bonne formule. Je n'ai pas entendu Jean-Luc MELENCHON, peut-être s'exprimera-t-il dans les jours qui viennent, mais cette caricature de parler, même à un moment donné, de « retour de l'esclavagisme en France », de parler de « coup d'Etat », ils ont osé parler de coup d'Etat pour notre pays, parce que nous faisons une loi qui tente de s'adresser aux 5,6 millions de personnes qui aujourd'hui sont soit au chômage, soit mal-employées, parce que le Code du travail les bride. C'est ça la vérité.
AUDREY CRESPO-MARA
Si vous deviez vous adresser à cette France inquiète, soit 60 % des Français. Quelles garanties tangibles pourriez-vous lui donner ? Cette réforme, c'est plus de travail dans combien de temps ?
CHRISTOPHE CASTANER
D'abord, c'est plus de travail tout de suite, parce que c'est le retour de la confiance. Et ce que l'on voit bien ces dernières semaines, ces derniers mois, c'est qu'on a aujourd'hui un milieu économique qui est confiant, on a un milieu international qui est confiant dans la France, ça c'est important, parce que ce sont des retours d'investissements, dans nos villages, mais aussi dans des grandes entreprises. Ensuite...
AUDREY CRESPO-MARA
Concrètement, demain il y a plus d'emplois.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais moi je... c'est évidemment ce que nous souhaitons par le retour de la confiance. Ensuite, la traduction de cette réforme du travail, qui est un élément d'une réforme plus profonde, celle de la formation, celle de l'assurance chômage, qui viendront dans les semaines et dans les mois qui viennent, elles se traduiront dans les deux, trois années qui viennent, mais elles ont des effets immédiats, notamment celle du retour de la confiance.
AUDREY CRESPO-MARA
Les deux manifestations dont vous parliez, la CGT et la France Insoumise, est-ce que vous les attendez vraiment avec sérénité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, il n'y a jamais de sérénité face à une manifestation. D'abord il y a du respect, il y a du respect sur le droit de manifester dans ce pays et de contester. A charge pour nous de faire de la pédagogie. Il y a des mesures sur lesquelles aujourd'hui on voit que par exemple il n'y a pas de... il y a une inquiétude des Français. La barémisation des Prud'hommes, vous savez, sur les dommages et intérêts. Voilà une mesure qu'il nous faut expliquer, parce qu'elle n'est pas comprise, alors que c'est un élément de sécurité pour les employés.
AUDREY CRESPO-MARA
Mais, pour la CGT, la France Insoumise, qui connaissent vos mesures, qu'est-ce que vous faites ? Laquelle redoutez-vous le plus de ces manifestations, qui auront lieu ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais de toute façon, vous savez comme moi que je ne veux pas convaincre la France Insoumise, parce que quel que soit le texte, le discours aurait été le même, et la CGT est sur une position contre, mais pas brutalement contre, et donc, pour nous, d'apporter un certain nombre de réponses, mais aux Français, c'est aux Français que nous devons parler. Et donc, la mesure, par exemple, sur laquelle nous devons agir, c'est celle sur la barémisation, vous savez, pour les dommages et intérêts.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous ne me répondez pas sur ce que vous redoutez vraiment de la rue, j'imagine, mais enfin...
CHRISTOPHE CASTANER
Ah, non mais...
AUDREY CRESPO-MARA
J'imagine que l'on n'est pas si serein que ça au gouvernement, même si c'est passé.
CHRISTOPHE CASTANER
Je vais faire simple. Un, je respecte les manifestations. Deux, je suis toujours inquiet contre les risques de blocage du pays, et donc évidemment il faut que nous soyons attentifs à cela. Et donc, à l'heure qu'il est, nous avons le sentiment que la mobilisation, parce qu'elle n'est portée que par un principal syndicat, la CGT, n'est pas extrêmement forte, n'est pas attendue comme extrêmement forte, et la CGT ne souhaite pas bloquer le pays. Voilà ce que je note. Mais ensuite, vous savez, dans les manifestations, dans les mouvements, dans les appels à l'insurrection, je reprends là le vocabulaire de la France Insoumise, il y a toujours des risques, il y a toujours des risques de dérapage à un moment donné et d'embrasement. Ils le souhaitent, c'est ce qu'ils veulent, l'embrasement pour la France Insoumise. Nous ne souhaitons pas.
AUDREY CRESPO-MARA
L'autre actualité, c'est l'interview donnée par Emmanuel MACRON à l'hebdomadaire Le Point. Alors évacuons les deux pourquoi de cette interview, avant de parler du fond. Pourquoi l'interview est sortie le même jour que la présentation des ordonnances de la réforme du travail ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ce n'est pas lié, mais c'est la rentrée et le président de la République a choisi...
AUDREY CRESPO-MARA
Enfin, c'est le même jour.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais comme le président de la République avait choisi un hebdo.
AUDREY CRESPO-MARA
Ce n'est pas un hasard.
CHRISTOPHE CASTANER
Et donc le texte est sorti mercredi soir pour son contenu, et en version imprimée jeudi. Il n'y a pas de stratégie, parce qu'au fond l'une a chassé l'autre.
AUDREY CRESPO-MARA
Ce n'est pas un hasard de calendrier.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui mais alors, vous pourriez me dire oui mais c'est parce qu'on a fait l'interview pour masquer les ordonnances ou l'inverse. Dans les deux cas...
AUDREY CRESPO-MARA
Pour faire diversion.
CHRISTOPHE CASTANER
Dans les deux cas, ça n'était pas une stratégie, parce que l'interview a été au fond un peu effacée par les ordonnances, mais ça n'est pas grave, parce que c'est une interview de fond qui a vocation à être lue dans la durée.
AUDREY CRESPO-MARA
Mais alors, justement, quand Emmanuel MACRON dit : « La France est un pays qui n'accepte les changements que lorsqu'on lui explique les yeux dans les yeux » et qu'il donne une interview de 20 pages à la Presse écrite, c'est quand même étonnant.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais nous sommes là aussi. La réforme et la transformation du pays c'est celle voulue, portée, incarnée par Emmanuel MACRON, mais que nous mettons en oeuvre, et cette invitation elle est collective. Emmanuel MACRON il parle...
AUDREY CRESPO-MARA
Mais quand on veut parler les yeux dans les yeux des changements est-ce qu'on ne peut pas s'adresser à des millions de téléspectateurs. Vous connaissez beaucoup de Français qui vont prendre le temps ce week-end, de lire les 20 pages de l'entretien ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, mais on sait bien que le lectorat est faible, par contre c'est l'écho médiatique qui va autour de cette interview qui est important, ce dont nous parlons à l'instant présent. Mais ensuite, ce que vous me reprochez c'est que le président de la République ne vienne pas sur un grand plateau de télévision...
AUDREY CRESPO-MARA
Pour s'adresser, dans un média de masse, ou.
CHRISTOPHE CASTANER
... selon les formules classiques.
AUDREY CRESPO-MARA
S'adresser les yeux dans les yeux, c'est sa formule.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais parce qu'Emmanuel MACRON ne s'interdit rien sur ses formes de communication et donc aujourd'hui il a choisi d'aller dans le fond des choses, parce que vous avez dit, cette interview fait 24 pages, quelque chose qu'un plateau télé ne lui aurait pas permis, mais il reviendra si nécessaire devant un autre forme de média, dans les jours, dans les semaines, dans les mois qui viennent, ne vous inquiétez pas.
AUDREY CRESPO-MARA
Eh bien on l'attend. Emmanuel MACRON dit avoir tourné la page de trois décennies d'inefficacité. Après trois mois d'exercice du pouvoir, c'est un peu prétentieux quand même ?
CHRISTOPHE CASTANER
Mais la première des inefficacités, c'est celle du blocage politique. La vraie révolution que nous aurons mis en oeuvre dans les premiers jours de ce quinquennat, c'est le dépassement politique, c'est le fait de sortir du vieux jeu gauche-droite qui s'immobilisait.
AUDREY CRESPO-MARA
J'entends bien, mais au bout de trois mois, de dire « on tourne la page de trois décennies », enfin, c'est...
CHRISTOPHE CASTANER
Mais on tourne la page sur la méthode qui a bloqué le système, ou quand la gauche faisait quelque chose parce qu'elle est au pouvoir c'était immédiatement condamné par la droite et inversement. Le système que nous opposent tous nos opposants politiques. Vous avez qu'hier, sur les ordonnances, la tonalité est à peu près la même de, Eric WOERTH aux représentant du Parti socialiste, du Parti communiste, et je laisse de côté la France Insoumise qui sait toujours en rajouter un peu.
AUDREY CRESPO-MARA
Trois décennies d'inefficacité, ça nous fait d'un coup d'un seul CHIRAC-JOSPIN, SARKOZY-HOLLANDE, c'est la réponse du berger à la bergère après les critiques formulées par François HOLLANDE ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non, c'est un constat, c'est le constat d'échec, notamment sur le chômage, et sur le chômage des jeunes depuis 30 ans, nous sommes décrochés par rapport à notre partenaire européen sur la question du chômage. Et donc c'est ce constat là.
AUDREY CRESPO-MARA
Il a été vexé, Emmanuel MACRON, des critiques de François HOLLANDE ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je ne crois pas qu'il ait été vexé, mais à un moment donné il y répond, d'ailleurs, dans l'interview, donc il les a bien entendues, et il a rappelé à l'ancien président de la République que ce n'est pas parce qu'il n'était pas en mesure de présenter son propre bilan, qu'il fallait qu'il dresse aujourd'hui déjà le bilan de son successeur.
AUDREY CRESPO-MARA
Emmanuel MACRON annonce la fin de l'Université pour tous. Bon. C'est le début de quoi, alors ?
CHRISTOPHE CASTANER
Au fond, il annonce la fin d'un mythe, parce que l'université pour tous, elle n'existe pas. Quand aujourd'hui 60 % des étudiants, au bout de quatre ans, n'ont pas leur licence et sont un peu perdus à l'université, c'est un échec collectif. C'est un échec collectif de l'université et c'est un échec individuel de celui qui est dans cette impasse-là.
AUDREY CRESPO-MARA
Et que faites-vous alors, face aux étudiants ?
CHRISTOPHE CASTANER
Eh bien l'objectif c'est, mais c'est en cour de discussions par la ministre, l'objectif c'est de faire en sorte que l'on puisse, le plus en amont possible, travailler sur l'orientation, pour que l'on cesse de dire à un étudiant qui a un bac littéraire, sans mention, qui veut aller faire médecine, qu'il a toutes les chances de réussir, ça n'est pas vrai. Il y a 0 % de taux de réussite. Et à l'inverse, parce que vous avez un étudiant qui a fait un bac scientifique, qui a une mention très bien, il ne peut pas aller en médecine, parce qu'on a appliqué le tirage au sort. Voilà le système le plus idiot dans lequel nous pouvons être, qui met tout le monde dans l'impasse. Donc il faut orienter et il faut assumer que dans certaines conditions, il faut des pré-requis. Les pré-requis ça peut être le fait de passer le mois d'août à travailler, à préparer, à être encadré et accompagné pour cela, pour rentrer à l'université plus ciblée qu'on a choisi au mois de septembre. C'est cette évolution-là qui est nécessaire.
AUDREY CRESPO-MARA
Emmanuel MACRON a aussi déclaré : « Les emplois aidés sont des subventions déguisées pour les collectivités ». Et l'exemple de ces classes qui n'ouvriront pas la semaine prochaine, faute d'emplois aidés. C'est un déguisement aussi ?
CHRISTOPHE CASTANER
Attendez, deux choses. D'abord, si elles n'ouvrent pas, c'est la responsabilité des maires. J'étais maire il y a un mois encore, à Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence. La loi de finance, votée par le gouvernement précédent, prévoyait 280 000 emplois aidés, nous les avons portés à 320 000, c'est ça la réalité, et qu'aucun maire ne vienne me dire, à moi, qui connais bien ce métier là, cet engagement-là, qu'ils ne savaient pas, parce que la loi de finance elle a été votée en décembre de l'année dernière, nous savions tous qu'il y avait moins d'emplois aidés cette année, le gouvernement le a augmentés.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous dites qu'ils sont de mauvaise foi, c'est ça ?
CHRISTOPHE CASTANER
Donc l'irresponsabilité des maires, qui n'ont pas prévu la rentrée scolaire, ne doit pas porter sur l'action qui a créé des emplois aidés en faveur de nos territoires et de celles et ceux qui aujourd'hui en bénéficient. Mais, Emmanuel MACRON dit la chose suivante : ces emplois aidés ont remplacé les emplois de titulaires dans la Fonction publique, c'est la vérité, je l'ai utilisé comme maire. Et surtout, la difficulté, c'est qu'au bout du deuxième renouvellement, nous n'avons pas gardé, et nous ne gardions pas celles et ceux qui sont rentrés, qui ont fait ces services dans nos écoles, par exemple, parce qu'on les virait pour en prendre d'autres. Eh bien l'essentiel maintenant c'est d'investir dans la formation de ces agents, pour faire en sorte que, eux, ils aient un emploi durable.
AUDREY CRESPO-MARA
Pour qu'ils aient un emploi durable. Il a aussi déclaré : « Les pauvres d'aujourd'hui sont moins les retraités que les jeunes ». Alors c'est vrai que le taux de pauvreté est élevé chez les jeunes, mais pourquoi opposer les jeunes aux vieux ? Est-ce que ce ne serait pas mieux de rendre plus riches les jeunes plutôt que d'appauvrir les vieux, non ?
CHRISTOPHE CASTANER
Votre remarque est un peu caricaturale, y compris celle « d'appauvrir les vieux », je reprends vos mots. Non, pour parler de la CSG, la CSG on avait dit, y compris pendant la campagne, il avait dit lui même dès le 10 décembre, avant l'élection présidentielle, « la mise en place de la CSG a comme vocation d'améliorer le pouvoir d'achat des salariés, de tous les salariés français, des indépendants, des agriculteurs, par une suppression de charges. C'est ça l'objectif. Et donc il n'y a pas un gain pour la fiscalité globale nationale, vous avez 20 milliards qui sont transférés vers la CSG, pour faire en sorte que dès le début de l'année prochaine, chaque salarié voit sa feuille de paie augmenter. Et donc oui, il y a une moitié, une grosse moitié des personnes retraitées qui aujourd'hui vont avoir une baisse de pouvoir d'achat du fait de l'augmentation de 1,7 point de la CSG. Et le président de la République a dit quelque chose qui est une évidence, c'est que la moitié des retraités les plus aisés, qui pour l'essentiel sont déjà propriétaire de leur logement, peuvent contribuer à cet effort pour que toutes celles et ceux qui travaillent en France, aient une augmentation de leur pouvoir d'achat.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins je pose une question récurrente, la question off, mais devant les caméras. C'est off, hein, entre nous. Vous n'avez pas peur que le nouveau venu, Bruno ROGER-PETIT, porte-parole d'Emmanuel MACRON, vienne marcher sur vos platebandes ?
CHRISTOPHE CASTANER
Non. Non, parce que...
AUDREY CRESPO-MARA
On est en off, vous pouvez me dire la vérité.
CHRISTOPHE CASTANER
Il va parler au nom de l'Elysée, de la présidence de la République et donc nous allons travailler ensemble, avec d'autres. Moi j'ai besoin et on l'a bien vu dans ces premiers mois, d'avoir une parole politique renforcée. Elle est vraie pour l'Elysée, elle est vrai pour le groupe majoritaire, elle est vraie pour le parti la République En Marche ! aussi. Ce besoin de renfort est une évidence, et donc nous serons demain, plus nombreux encore à expliquer, à faire de la pédagogie. Non, il n'y a pas de difficultés.
AUDREY CRESPO-MARA
Ça ne vous a pas énervé, un peu.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, parce que c'est un sujet dont j'ai parlé, pour vous faire une confidence, vu que c'est en off, c'est un sujet dont j'ai pu parler avec Emmanuel MACRON, dès le début de l'été, et nous avons même échangé sur les qualités de celui qu'Emmanuel MACRON a choisi.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous l'avez choisi.
CHRISTOPHE CASTANER
Non, le président de la République l'a choisi, mais nous avons échangé sur ses qualités.
AUDREY CRESPO-MARA
Merci Christophe CASTANER.
CHRISTOPHE CASTANER
Merci à vous.Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2017