Texte intégral
A l'occasion de l'ouverture du site Internet Apollonia Echanges Artistiques Européens.
J'ai tenu à marquer de ma présence l'ouverture du site Internet d'Apollonia, car ce programme reflète de façon emblématique les grandes orientations que j'ai souhaité insuffler à la politique internationale du Ministère de la Culture dans le domaine des arts plastiques.
Né en 1995 de la volonté commune du Conseil de l'Europe et de l'Association des Directeur de FRAC (Fonds Régionaux d'Art Contemporain) de promouvoir les échanges artistiques avec les pays d'Europe Centrale et Orientale, le programme Apollonia s'est attaché à créer un réseau fédérant les artistes, les institutions et le public.
La diversité de ses activités : expositions, résidences d'artistes, rencontres, publications et, maintenant, l'ouverture de ce site, en font une plate-forme d'échange et de confrontation, destinée à diffuser et faire connaître la création artistique contemporaine auprès des publics les plus variés mais aussi à la dynamiser à l'échelle européenne.
Au moment où va être adopté le programme cadre " Culture 2000 ", je tiens à rappeler combien ce sujet de la construction culturelle européenne dans le respect de son pluralisme me tient à cur, l'Europe étant bien sur ici comprise dans son acception la plus dynamique qui englobe les cultures des pays de l'Est du continent appelés à rejoindre tôt ou tard l'Europe institutionnelle.
Si le Conseil de l'Europe a joué un rôle déterminant dans la mise en uvre d'Apollonia, le Ministère de la Culture a tenu très vite à marquer son intérêt pour ce projet qui a reçu par ailleurs le soutien du Ministère des Affaires Etrangères et de la Ville de Strasbourg.
Le Ministère de la Culture a été particulièrement attentif au développement des réseaux européens en matière artistique, lieux d'échanges privilégiés capables de tisser au-delà des frontières des liens qui sont les gages de nouvelles géographies culturelles.
Il encourage à ce titre les opérateurs français à se fédérer au sein de réseaux européens. C'est pourquoi j'avais tenu à assister l'an dernier à Helsinki au rassemblement du réseau ELIA. Je ne citerai qu'un autre exemple qui illustrera parfaitement mon propos, celui des Pépinières européennes pour jeunes artistes, ce réseau européen, né lui aussi en France en 1990 et à qui sa réussite a maintenant conféré une incontestable légitimité sur la scène européenne.
Je rappellerai enfin que le programme cadre " Culture 2000 " a prévu des mesures incitatives spécifiques pour encourager le développement de ce type de réseau.
Le Ministère de la Culture s'est toujours préoccupé de l'accueil et de la diffusion en France des cultures étrangères. Ainsi " l'autre moitié de l'Europe " sera à l'honneur cet automne au travers d'une importante exposition qui présentera au Jeu de Paume quarante artistes contemporains d'Europe Centrale et Orientale.
En région les centres d'art mènent une politique de plus en plus dynamique en affichant des artistes étrangers à leurs programmations. Certaines de ces expositions s'inscrivent dans le cadre des grandes saisons qui visent à mettre un pays à l'honneur au travers des manifestations destinées à faire connaître à Paris et en région les divers aspects de la culture du pays invité.
C'est ainsi que des artistes israéliens ont été accueillis l'an passé au Centre d'Art de Quimper et que des artistes ukrainiens seront accueillis en résidence prochainement dans le cadre d'Apollonia.
Qui dit pluralisme culturel parle de flux d'échanges dans les deux sens. Il est difficile, pour ne pas dire parfois impossible, de tracer une ligne de partage qui soit toujours bien tranchée entre ces deux volets d'une même politique d'échanges. J'ai tenu à ce que l'action particulièrement dynamique et inventive du Ministère de la Culture dans le domaine des arts plastiques trouve son prolongement dans des initiatives qui puissent soutenir la présence de nos artistes à l'étranger en liaison avec le Ministère des affaires Etrangères et l'Association Française d'Action Artistique.
Des aides sont ainsi accordées aux galeries françaises qui présentent au moins 50 % d'artistes français dans les grandes foires internationales d'art contemporain telles que Bâle, Chicago ou, cette année ARCO à Madrid dont la France était l'invité d'honneur.
Le Ministère de la Culture et de la Communication encourage par ailleurs la circulation à l'étranger d'expositions représentatives de la scène artistique contemporaine française : je ne citerai comme exemple que l'itinérance actuelle de l'exposition " Support-Surface " présentée en Espagne, en Belgique, en Pologne, en Italie, en Finlande, au Japon et au Brésil, après avoir été inaugurée au Jeu de Paume en 1998.
Les collections du Fonds National d'Art Contemporain et des Fonds Régional d'Art
Contemporain sont également régulièrement exposées hors des frontières ainsi que des uvres ayant fait l'objet de commandes publiques : je ne citerai à cet égard que l'exposition " L'état des lieux " présentée àTaïwan, au Japon et en Afrique du Sud ou l'exposition de la commande publique de quarante estampes " Heureux le visionnaire " présentée jusqu'ici dans plus de quinze pays. Une attention particulière est apportée aux expositions à l'étranger d'artistes qui pourront ainsi gagner une reconnaissance internationale. Ces opérations sont montées en collaboration avec les centres culturels français à l'étranger, mais aussi, pour ne citer que quelques autres exemples, dans le cadre d'opérations spécifiques comme celle qui se déroulera cet automne sur la côte Ouest des Etats-Unis ou toujours, pour citer les Etats-Unis, par le truchement du fonds franco-américain " Etant donné ". Dans le même ordre d'idées est encouragée la participation d'artistes français aux grandes manifestations internationales (biennales de Sao Paulo, de Sydney ou de Venise), alors que des systèmes d'aides variées soutiennent les programmes de résidences d'artistes français à l'étranger aussi bien que d'artistes étrangers en France. J'ai également souhaité que les écoles d'art développent leurs échanges internationaux en ouvrant largement leurs portes aux artistes, enseignants et étudiants étrangers.
Le lancement aux éditions Hazan d'une collection bilingue de monographies d'artistes, soutenue conjointement par le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère des Affaires Etrangères, et destinée en grande partie à accompagner les manifestations présentant ces artistes à l'étranger a rencontré un grand succès. Le huitième titre sortira pour La Biennale de Venise. Il sera consacré à Frabrice Hybert, artiste à qui la France a dû de voir son pavillon primé lors de la précédente biennale.
Enfin, je souhaite parler d'un projet qui me tient particulièrement à cur et qui devrait voir le jour l'an prochain : celui de la création à Paris d'un centre consacré à la jeune création destiné à servir de vitrine internationale à la scène artistique française et devant par là même favoriser la diffusion de nos artistes à l'étranger.
Je souhaite enfin mentionner l'attention particulière que mon Ministère a accordée à l'éclosion de nouvelles technologies dans le domaine des arts plastiques. C'est une des raisons pour lesquelles je suis particulièrement heureuse d'être associée au lancement de ce site Internet.
Il me reste enfin à accompagner de tous mes vux l'épanouissement d'Apollonia dont la programmation internationale ambitieuse et dynamique a déjà englobé les principaux pays de " l'autre moitié de l'Europe ", de la Baltique aux Balkans, de l'Europe transfrontalière à l'Europe orientale.
(Source http://www.webstub.com, le 11 juin 1999)