Texte intégral
YVES CALVI
Excellente journée à vous tous, qui nous écoutez. Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez ce matin le ministre de l'Economie, Bruno LE MAIRE.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup de faire votre rentrée sur RTL, c'est aussi la rentrée du gouvernement MACRON, et plus de trois mois après la victoire, c'est la douche froide, beaucoup de doutes, des mauvais sondages pires d'ailleurs pour Emmanuel MACRON que pour ses deux prédécesseurs au même stade. Quelle est votre explication ?
BRUNO LE MAIRE
Je crois qu'il y a une impatience française, une impatience des Français qui veulent une transformation en profondeur de leur économie, de leur modèle social, qui veulent des résultats tout de suite. Moi, je comprends parfaitement cette impatience. Et je pense que la seule bonne réponse à ces sondages, et donc à cette impatience, c'est l'action, l'action immédiate, l'action forte, pour obtenir des résultats.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, c'est amusant, enfin, entre guillemets, je me disais : Bruno LE MAIRE, à cette question, il va me répondre : la seule réponse, c'est l'explication. Or, c'est l'action, vous avez raison, c'est l'action qui compte, or, l'action, qu'est-ce que c'est ? C'est la baisse des APL, c'est la baisse des emplois aidés, c'est la baisse des dotations aux collectivités locales, vous comprenez qu'il y a un hiatus dans ces cas-là, effectivement entre les attentes des français et ce que vous faites en termes d'actions
BRUNO LE MAIRE
Ça, c'est l'action immédiate pour boucler un budget 2018 qui est forcément compliqué, puisque nous prenons les affaires
ELIZABETH MARTICHOUX
2017
BRUNO LE MAIRE
2018, pour boucler le budget de 2018, nous avons besoin de prendre en compte par définition les choix qui ont été faits précédemment. Maintenant, ce qui compte en cette rentrée
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, en ce qui concerne la baisse des APL
BRUNO LE MAIRE
Ce qui compte
ELIZABETH MARTICHOUX
Excusez-moi, juste une petite seconde, parce que c'est important, elle a beaucoup frappé les Français. La baisse des APL, par exemple, vous n'étiez pas obligé de prendre cette décision ?
BRUNO LE MAIRE
C'est une décision qui doit s'inscrire dans une transformation en profondeur du marché du logement français, du marché de l'immobilier, je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais on voit bien qu'on dépense beaucoup d'argent public pour avoir, au bout du compte, des prix immobiliers qui sont trop élevés pour les Français. Mais maintenant, rentrons de plein pied dans l'action, il va y avoir de l'action, il va y avoir des décisions, prenez les décisions fiscales, nous allons, dès cet automne, pour janvier 2018, prendre des décisions qui vont avoir directement un impact sur la vie quotidienne des Français, je pense par exemple à la suppression de toutes les charges sociales sur l'assurance-maladie et sur l'assurance-chômage pour les salariés, dès janvier 2018, les salariés auront une meilleure feuille de paie. Ce sont des décisions concrètes, dès janvier 2018, nous allons commencer
ELIZABETH MARTICHOUX
On rappelle que cette promesse, finalement, se fera en deux temps, les deux tiers du bénéfice en janvier
BRUNO LE MAIRE
Mais parce que nous sommes responsables, Elizabeth MARTICHOUX, mais
ELIZABETH MARTICHOUX
Le dernier tiers
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce qui fait que ce ne sera pas un bénéfice encore d'année pleine, en année pleine
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr, mais je vais vous dire, Elizabeth MARTICHOUX, ce sera un bénéfice pour les salariés dès janvier 2018. Et je voudrais vraiment que l'on mette fin à un certain nombre de fausses informations ou d'approximations. Dès janvier 2018, pour les salariés qui sont au niveau du SMIC, ce sera au bas de la feuille de paie un salaire plus élevé, on le fait en deux temps, mais bien sûr, parce que nous sommes responsables, Elizabeth MARTICHOUX, parce que nous devons
ELIZABETH MARTICHOUX
Il restera combien avec la hausse immédiate, elle, et complète de la CSG de 1.7, il restera combien pour le SMIC ?
BRUNO LE MAIRE
Juste qu'on comprenne bien
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne répondez pas à ma question
BRUNO LE MAIRE
Il restera à la fin de l'année 2018
ELIZABETH MARTICHOUX
A la fin
BRUNO LE MAIRE
250 euros en plus par an pour un salarié au niveau du SMIC. Et pourquoi est-ce que nous le faisons en deux temps ? Tout simplement, parce qu'il faut aussi tenir les comptes publics, enfin, il faut être responsable, nous devons améliorer la situation des salariés, et je prendrai un certain nombre de décisions avec le Premier ministre
ELIZABETH MARTICHOUX
Par exemple
?
BRUNO LE MAIRE
Avec le président de la République, pour améliorer la rémunération des salariés, mais nous devons aussi, parce que nous sommes responsables, respecter nos engagements européens, et avoir des comptes publics bien tenus
ELIZABETH MARTICHOUX
Par exemple, vous me dites : on va prendre des décisions
BRUNO LE MAIRE
C'est ça le cap fixé par le président de la République.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour aider les salariés encore pour le pouvoir d'achat ?
BRUNO LE MAIRE
Pour les salariés, première décision, je le redis, la feuille de paie va augmenter dès janvier. Deuxième décision, nous ne toucherons pas à la fiscalité de l'épargne salariale, cette épargne salariale, elle n'est pas fiscalisée à l'impôt sur le revenu, nous ne toucherons pas à cela. Troisième décision, à partir de 2019, parce qu'il faut inscrire ça dans le temps long, ces transformations en profondeur s'inscrivent forcément sur la durée du quinquennat, même s'il faut décider vite, et que cette décision sera inscrite dès janvier 2018 dans le projet de Loi de finances. Nous aurons une bascule du CICE en allègement de charges direct. Qu'est-ce que ça va produire ? Ça va produire une plus grande profitabilité pour les entreprises, et ça va augmenter la réserve de participations pour les salariés, c'est-à-dire, la part du bénéfice qui va aux salariés parce qu'ils ont bien travaillé, parce qu'ils se sont engagés poru l'entreprise. Nous estimons que ça représente
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, si vous permettez, c'est un peu technique, ça donne plus de trésorerie effectivement aux entreprises, on rappelle que c'est pour 2019, pas pour 2018
BRUNO LE MAIRE
Mais ce sera décidé dès 2018, Elizabeth MARTICHOUX, et inscrit noir sur blanc dès 2018
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sera décidé en 2018, ce sera effectif en 2019. Et si les entreprises décident de flécher, si on peut dire, cette trésorerie nouvelle vers l'investissement, par exemple
BRUNO LE MAIRE
Ils ont d'autres moyens d'augmenter leur investissement parce que nous baissons l'impôt sur les sociétés dès janvier 2018, mais
ELIZABETH MARTICHOUX
Elles ne pourront pas le faire, elles ne pourront qu'augmenter leur réserve de participations et donc la participation aux salariés
BRUNO LE MAIRE
Non ! Ça revient aux salariés, ça restera aux salariés, et nous estimons que ça représente environ un milliard d'euros qui seront redistribués directement aux salariés, parce qu'une économie qui marche, c'est quoi ? C'est une économie qui innove et qui investit. C'est pour ça que nous baissons l'impôt sur les sociétés en 2018. Mais c'est aussi une économie qui récompense les salariés pour leur travail, et la baisse des charges, l'absence de transformation de l'épargne salariale et la réserve de participations qui augmentera d'un milliard d'euros pour les salariés, vont exactement dans ce sens ; c'est comme ça, Elizabeth MARTICHOUX, qu'on fait la transformation en profondeur de notre économie.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on voit bien effectivement votre feuille de route et votre feuille d'explication, on travaille pour l'avenir, la profondeur, vous avez le souci ce matin, au micro de RTL, de dire quels seront les bénéfices pour les salariés, je voudrais revenir à ce qui se passe aujourd'hui entre Emmanuel MACRON et l'opinion. Vous, vous avez connu des débuts difficiles par exemple du quinquennat SARKOZY, vous en avez un souvenir précis. Un début négatif de quinquennat, ça ne vous rappelle rien, il y a un parallèle ou ça n'a rien à voir ?
BRUNO LE MAIRE
Vous êtes en train de dire que je suis déjà très âgé dans la vie politique, que j'ai beaucoup d'expérience, mais après tout, oui, mais j'ai connu
mais je vais vous dire
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez déjà connu un début de quinquennat difficile qui aura marqué tout le mandat de Nicolas SARKOZY, il ne s'en est jamais sorti, c'est comme ça
BRUNO LE MAIRE
J'ai connu beaucoup de difficultés, j'ai connu effectivement le début du quinquennat de Nicolas SARKOZY
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que ça vous rappelle quelque chose ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons connu aussi avec Dominique de VILLEPIN des crises sociales importantes, et quelle est la leçon que j'en retire, la leçon politique ? C'est qu'il faut aller plus loin, c'est qu'il faut transformer plus en profondeur le pays, c'est qu'il ne faut reculer devant aucune des décisions nécessaires pour que ça aille mieux, à terme, pour notre pays. Oui, on a des chiffres
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a des décisions malheureuses, excusez-moi, je reviens
BRUNO LE MAIRE
Non, non, non, il peut y avoir toujours
ELIZABETH MARTICHOUX
Si, je reviens sur les APL, pourquoi vous
BRUNO LE MAIRE
Elizabeth MARTICHOUX, il peut toujours y avoir des maladresses au début
ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, c'est une maladresse ?
BRUNO LE MAIRE
Il peut toujours y avoir des maladresses au début du quinquennat
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est une maladresse, la baisse des APL ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points, et surtout, Elizabeth MARTICHOUX
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais pour être honnête, pour être honnêtes avec les auditeurs
BRUNO LE MAIRE
Nous sommes à la rentrée, et ce qui m'intéresse, ce n'est pas les petites maladresses qu'il a pu y avoir parce qu'on arrive au pouvoir, parce qu'on doit prendre des décisions, ce qui m'intéresse, c'est le temps long, c'est la transformation économique, du modèle économique français, pour qu'il produise plus d'emplois, pour qu'il affronte la révolution technologique d'une puissance invraisemblable qui nous attend, et pour que nous restions une des grandes nations économiques leaders dans le monde. C'est ça qui m'intéresse.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, dans notre sondage ODOXA, les Français sont d'accord pour réformer la loi Travail, qui sera la première grande loi de transformation, si elle va jusqu'au bout, mais ils anticipent une contestation massive. Est-ce que vous redoutez des manifestations spectaculaires ? Jean-Luc MELENCHON, hier, à Marseille, a appelé le peuple à déferler dans les rues de Paris le 23 septembre.
BRUNO LE MAIRE
Mais toute décision difficile appelle des réactions, des manifestations, ça s'appelle la démocratie. Ensuite, quand on a le pouvoir, ce qui compte, c'est de montrer aux Français que nous avons un cap, et que nous allons le tenir ; est-ce qu'il faut
ELIZABETH MARTICHOUX
Il peut tenir, Emmanuel MACRON, est-ce que le gouvernement tiendra face à une contestation de rue qui peut être massive, les Français l'anticipent ?
BRUNO LE MAIRE
Mais, nous avons décidé que la transformation du code du travail était nécessaire pour que les entreprises embauchent plus. Nous avons estimé, et les Français ont voté pour cela, que donner plus de sécurité aux entrepreneurs, lorsqu'ils embauchent, sur les conditions de licenciement, permettrait à des dizaines de milliers de PME d'embaucher davantage, je crois profondément que c'est dans l'intérêt général, cette modification du code du travail que porte Muriel PENICAUD, parce que ça donnera de la sécurité aux PME pour qu'elles embauchent plus, et parce que ça ne touche en rien aux droits fondamentaux des salariés. Mais à un moment donné, il faut juste se poser la question : est-ce que nous voulons rester avec près de 10 % de taux de chômage dans notre pays, ou est-ce qu'on prend le taureau par les cornes et on fait les transformations nécessaires ; nous voulons faire les transformations nécessaires
ELIZABETH MARTICHOUX
Les Français ne font pas confiance ce matin à Emmanuel MACRON pour aller jusqu'au bout de la réforme. Est-ce que vous lui faites confiance ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je lui fais une confiance totale, je fais confiance à sa détermination, à celle du gouvernement, à celle du Premier ministre, Edouard PHILIPPE, pour accomplir ces transformations. Reprenons le champ économique, enfin, tout le monde, tous nos auditeurs voient bien que la révolution digitale, que l'intelligence artificielle vont modifier complètement notre rapport au travail, l'emploi en France. On fait quoi ? On reste les bras croisés ou on aide nos PME, nos entreprises, à intégrer ces révolutions technologiques, pour innover, avoir de meilleurs produits, conquérir des marchés extérieurs et créer des emplois, moi, mon choix est fait, c'est celui de cette transformation
ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, Bruno LE MAIRE, alors, votre choix est fait aussi, c'est d'assumer la hausse de la CSG, notamment pour les retraités, qui avez-vous répété devront faire l'effort, par parenthèses, on se rappelle qu'il y a un an, quand vous entamiez votre campagne pour la présidence de la République et pour la primaire LR, vous étiez totalement hostile à la hausse de la CSG, on a le droit de changer d'avis. La hausse de la participation par exemple, dont vous nous avez parlé tout à l'heure, ce n'est pas pour tous les salariés, et notamment les retraités, évidemment ne sont pas concernés, et sont concernés par une hausse de la CSG plein pot, sans baisse de cotisations. C'est eux les dindons de la farce ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord, vous me permettrez de revenir sur votre remarque, je n'ai pas changé d'avis sur le fait que le travail devait payer. Simplement, le moyen que l'on emploie n'est pas forcément le même
ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, oui, c'est le moyen, le moyen, vous y étiez très hostile
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas forcément le même moyen dans le projet
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais c'est difficile de plaider en faveur d'une réforme quand on a été à ce point contre
BRUNO LE MAIRE
Non, parce que ce qui compte, c'est le cap, pas du tout, parce que si ça me posait un problème, je vous le dirais avec toute ma sincérité, je vous dis simplement que ce qui compte dans notre pays, c'est que le travail paie, c'est que ceux qui se lèvent le matin se disent : on va gagner plus d'argent à la fin du mois, et qu'il vaut mieux aller travailler que rester chez soi à vivre des allocations, voilà ce qui compte aujourd'hui, pour les Français. S'agissant des retraités, je le dis avec beaucoup de simplicité, je sais que nous leur demandons un effort, ceux qui sont les plus modestes ne seront pas touchés, puisque je rappelle que ceux qui ont une retraite de 1.200 euros par mois, 1.800 euros pour un couple, ne seront pas concernés, je rappelle que beaucoup vont bénéficier de la suppression de la taxe d'habitation, mais nous leur demandons un effort, pourquoi ? Parce que, il faut aider les nouvelles générations à mieux travailler et avoir une meilleure rémunération au travail, c'est ça le choix de société que nous leur proposons
ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut qu'ils comprennent qu'ils aident les jeunes. Dernière question, dix secondes de réponse, François FILLON quitte la politique pour la finance, un petit commentaire.
BRUNO LE MAIRE
On a beaucoup dit que la finance était notre ennemie, et je pense qu'on a fait du tort au pays, à notre économie, à nos entreprises, en disant que la finance était notre ennemie, après, c'est le choix de François FILLON, je ne commente pas son choix personnel, je tiens juste à dire que la finance, nous en avons besoin pour faire grandir nos entreprises et pour réussir dans le monde de demain.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le ministre de l'Économie était ce matin au micro de RTL. Merci à vous, Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
YVES CALVI
Il y a une impatience des Français. Et la seule réponse, c'est l'action, vient de nous dire Bruno LE MAIRE. Dès janvier 2018, les salariés au SMIC auront une fiche de paie augmentée. Et concernant les manifestations annoncées, le gouvernent tiendra bon, notamment sur le code du travail, dont nos entreprises ont besoin, vient de nous dire le ministre de l'Économie.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2017